La Géorgie fournit prefque toutes les efpèces de Virginie et quelques
autres de plus, néanmoins dans l’automne les chenilles font beaucoup
plus communes en Virginie qu’en Géorgie. Dans ce dernier pays ce
feroit une peine infruétueufe que de creufer pour chercher des infeétes
dans l’état de chryfalide, moyen efficacement employé en Europe
pour fe procurer tant d’efpèces curieufes; car la Géorgie eft un pays
de bois, et les infectes y font clair-femés.
Dans l’été plufieurs papillons fréquentent les endroits humides ou
aqueux ; on les trouve dans les cours, près des maifons et aux gués
des ruiffeaux, prenant plaifir à pomper l’humidité de la terre.
Il y a peu de phalènes qu’on puiffe prendre fur le foir. On rencontre
alors, il eft vrai, plufieurs efpèces de Sphinx fur les fleurs de
gourdes, et on voit quelquefois différentes efpèces de phalènes voler
dans les maifons vers la lumière; on peut auffi les attraper à l’aide
d’un flambeau fur les fleurs des arbres fruitiers; mais ils y font moins
multipliés qu’en Angleterre.
Plufieurs chenilles Américaines piquent comme feroit une ortie, et
de cette piqûre s’élèvent des petites tumeurs blanches fur la peau,
furtout quand on vient à les toucher par hafard ou légèrement; c’eft
pourquoi on les a généralement en grande horreur. M. Abbot néanmoins
obferve qu’il n’a jamais rencontré de chenilles qu’il fiât réellement
dangereux de toucher, et il a fouvent laiffé tomber fur fa main
ou dans fon foin les efpèces qui piquoient le plus, au grand étonnement
des nègres ainfi que des blancs de cette contrée.
Les vers des Scarabtei reflèmblent à celui du hanneton Anglois,
et tous vivent en terre. Us ont généralement le corps blanc et la tête
noire ou brune, les diverfes efpèces différant principalement par la
taille. Les larva du genre Cerambix et celles du Lepturee font toutes
à peu près de la même forme et de la même couleur. Elles vivent
dans des troncs d’arbres, fouvent immédiatement fous l’écorce. La
larva et la pupa néanmoins du Cerambix coriarius, reflèmblent à celles
des Scarabai. Les Coccinellte et Chryfomellæ dans leurs premiers
états reflèmblent beaucoup à ceux d’Europe.
M. Abbot décrit , comme très curieufe la chenille de la petite
mouche porte-lanterne trouvée dans du bois pourri; mais il n’a point
fait mention du nom fyftématique de l’infeéle parfait. Cette larva
eft longue d’environ un pouce et demi,,i’et tout fon corps répand une
clarté pareille à celle du bois pourri phofphorique,' oü à celle de la
lune. On la rencontre rarement; mais-la mouche, quoiqu’elle ne
foit pas très commune pendant le jour, paraît en fi grande abondance
dans certaines nuits chaudes, que les bois paroiflènt couverts d’étincelles
de feu. Cette lumière eft occasionnée par une dilatation ou
expanfion de l’abdomen, la matière luifante fe trouvant logée dans les
deux derniers anneaux; de manière que, quand ces deux anneaux
viennent a le.contracter, linlèéte ne répand plus de lumière.
Les vers du genre de la demoifellé font, et pour la forme et pour
la couleur,, femblables à ceux d’Angleterre. M. Abbot a obfervé que
la plupart des elpeces differentes fubiflènt leurs transformations durant
tout le cours de l’été..
L ouvrage fuivant neanmoins contient feulement ce qui a rapport
à. quelques-uns des Lepidoptera les'plus rares et les plus curieux. Les
descriptions exaétes de M. Abbot doivent rendre, fes remarques ultérieures
fur les infeétes extrêmement intéreflàntes.