INTRODUCTIOS.
( l u d i o n animale esl álablie snr ces bases chez nos voisins. Suivaiil les
c o n d i t i o n s locales de l'agricnllnre el renfonn-agenienl des expioitalions,
o n lient pnre [elle o n telle race améliorée ou en voie d'amélioration, ou
bien on se livre à la production d'animaux de croisement entre les races
d u pays et les races parfaites. Là, comme en France, quelques éleveurs
onl d'abord songé à croiser, à métisser leurs races avec les souches les
] ) l n s distinguées; mais bientôl on s'est heureusement arrêté dans cette
voie. iUnsi l'on a bien vite renoncé à lirer plusieurs générat ions success
i v e s de croisements entre les Durha m et les West -Higl i land, parce que
l e s pj'oduits étaient inférieurs à la fois au bétail de la jjlaine et au bétail
d e la montagne; mais on poursuit l'opération lucrative qui consiste à
f o r m e r , entre les deux mêmes races, des produi t s de p remier croisement,
qui se placent avanlageusement pour la boucher ie . Ce qui a eu lieu pour
la race We s t -Highl and est arrivé pour la race écossaise d'/Vngus, pour
la race irlandaise du Kerry, et pour beaucoup d'autres. Je donnerai, à
p r o p o s des Iles Britanni([ues, des preuves qui mont rent que la distinction
i'iUre les animaux produits et les animaux reproducteurs y est parfaitement
l ' o c o n n n e et observée.
D a n s ces vues sur l'organisation de la production animale se trouvent
r é s u m é e s et coordonnées les notions que j'ai présentées, dans cette Int
r o d u c t i o n , sur la natur e propre et le rôle de la sélection et du croisem
e n t , sur le but de la perfection en économie du bétad, c'est-à-dire, sur
la spécial isat ion et s u r l 'ensembl e des caractères qui forment , pou r chaque
s o r t e d e service, le type le p lus accompli. Les considérat ions sur lesquelles
¡e me suis appuyé ne sont pas tontes celles qui se pourraient invoquer
s u r ces questions complexes; mais j e les ai crues sullisantes, autant que
n é c e s s a i r e s , pour guider dans l'histoire des races, ramener les faits à
l ' u n i t é d'une doctrine, vérifier la théorie de l'application par l'appréciation
des procédés, des succès et des revers du passé. L'enseignement et
l e contrôle vont résulter de l'étude individuelle de chaque race et de
c h a q u e pays.
L a partie descriptive de cet ouvrage e.Kigeait des l igur e s qui permi s sent ui» >1« n ,™
a u lecteur de se faire u n e idée des diverses races et de les compa r e r entre
e l l e s . Un atlas de quatre-vingt-sept planches accompagne le texte. Toutes
l e s races dont il est traité n'y sont pas représentées; c'est seulement
p a r m i celles qui ont f igur é à Paris, au concours universel de i 8 5 6 , que
j ' a i pris mes modèles. Je n'ai voulu montrer que les animaux que j'avais
m o i - m ê m e étudiés et mesurés.
P o u r obtenir des figures aussi fidèles que possible, j 'ai fait reproduire
les animaux par la photographie , sous différents aspects. Ce travail a été
e.xécuté par M. Tournachon jeune; il a été accompli avec une habileté
q u ' i l est juste de reconnaître en rappelant son nom sur la gravure.
C e p e n d a n t d'habiles artistes ont gardé, par des croquis et des pochades,
d e s souvenirs qui devaient leur permettre de compléter et d'interpréter
les données fournies p a r la photogr aphi e sur les animaux qu'ils auraient
à dessiner. Tous ces matériaux ont été recueillis en quatre jours.
. \ f i n de donner immédiatement une idée des dimensions des diverses
r a c e s , et d'en rendr e le rapprochement plus aisé, j'ai ramené moi-môme
t o u t e s les images photographiques à une même échelle, à l'aide des proc
é d é s de la photographie. J'ai cru ([u'on saisirait mieux ainsi les différ
e n c e s entre les tailles et les rapports entre les part ies, en môme temps
q u ' o n serait exempté de la nécessité d'employer les ins t rument s de mesnr
a g e pour déterminer les proport ions. Outre l'avantage d'une exactitude
r i g o u r e u s e , je trouvais aussi celui de fournir au dessinateur un calque
([ui l'empêchât de s'écarter trop des renseignements bruts de la photog
r a p h i e , sans gêner cependant ses allures.
L ' é c h e l l e à laquel l e ont été rédui tes toutes les ligures est de 7 6 millim
è t r e s pour 1 mètre.
iN'rnoDtiCTiOK.
Avant tout, j 'ai désiré que les dessinateurs respectassent scrupuleusem
e n t les formes et le caractère de chaque individu; j e n'ai rien corrigé do
ce qu'on aurait pu considérer comme défectueux, p o u r arriver à u n spéc
i m e n plus parfait, qui donnât de la race une plus haute idée, ou, du
m o i n s , une idée plus conforme à l'idéal qu'on en aurait p u concevoir. J'ai
v o u l u éviter de tondjer, de rectification en rectilication, dans ces peintures
d e fantaisie qui arrivent jusqu' à l'impossible. Peut-être les modèles pour
c h a q u e race aui-aient-ils p u ôtre plus parfaits; j e m'en suis tenu, pour le
d e s s i n , à ce que j'avais sous les yeux, me réservant de dire en (pioi les
a n i m a u x qui ont posé pouvaient laisser ipielque chose à dés i rer , et jusqu' à
q u e l point ils représentaient bien leur race. J'ai essayé, en u n mot, d'obt
e n i r des portraits fidèles, oti l'on retrouvât l'individu d'abord, puis la
r a c e sous l'individu.
L e s artistes, qui onl bien voulu accejiter ces vues, ont pi'oduit des dess
i n s oil se révélait toute l'habileté de leur crayon, et un sentiment prof
o n d de la vérité spéciale qu'il s'agissait de traduire. Quand j'aurai
n o m m é , avec Mademoiselle Rosa Bonheur, AfM. Barye, Troyon, Van
M a r c k e , Mélin, Isidore Bonheur etVillalniil, on avouera que je ne pouv
a i s andjitionner le concours do talents plus éprouvés et même plus ill
u s t r e s .
C'est à la gravur e que j e demandai la reproduct ion des beaux dessins
q u e j e réunis. J'avais à coeur de conserver fidèlement toutes les indicat
i o n s du crayon des artistes, et même de donner une idée aussi rapp
r o c h é e que possible de leur faire. Je songeai à utiliser l'héliographie
p o u r obtenir cette fidélité du fac-siiuile. Par malheur l'héliographie
n ' e s t pas assez avancée aujourd'hui pour donner une empreinte suivie et
r é g u l i è r e du dessin sur l'acier, de façon à ce ([u'il n'y ait plus qu'à faire
m o r d r e l'acide. Telle (|u'ellc est, elle a, cependant, donné des résultats
p r é c i e u x entre les mains de SI. Ridant , qui n'en exigeait pas plus que ce
q u ' e l l e peut l'cndre, mais utilisait tout ce qu'elle olli'c de ressources, et
c o m p l é t a i t , par une combinaison intelligente des dilférents genres de
g r a v u r e , ce que l'héliographie laissait d'imparfait. M. Bilfaut était, d'aill
e u r s , un habile g raveur à la manièr e du crayon, et a p rodui t , suivant ce
p r o c é d é , des séries de planches remarquables. Il i-oiilut bien entrep
r e n d r e la g r avur e des dessins de cet ouvrage, il y j-éussit. Mais la mal
a d i e vint suspendr e son travail, et la mort l 'enlei a sans (|u'il l'eût terminé.
C i n q u a n t e - s i x planches ont été achevées par Ini; les autres ont été trait
é e s par des graveurs, qui se sont tenus le |)lns possibl e dans les mêmes
v o i e s , et ont atténué, chacun de son côté, le disparate (pii pouvait rés
u l t e r de l'emploi de moyens divers.
O n regrettera peut-être que les ligures ne donnent jkis la couleur
d e s robes. C'est là, en effet, u n renseignement coni|)lénientaire qui n'eût
pas été sans intérêt; mais j'ai fait, pour l'obtenir, des essais qui n'oni
p a s été satisfaisants. La lithocbromie ne m'a domi é ([ue des tons loui'ds,
o p a q u e s , et d 'une exactitude toujours douteuse. Le coloriage restait as.sez
l o in d'une vérité suffisante, et surtout masquait toutes les finesses du
c r a y o n ; ses retouches et ses gouaches donnaient 1111 air d'images à îles
d e s s i n s d'une certaine valeur artistique. line peinture seule eût été
c a p a b l e de rendre les effets cherchés , de respecter les formes en traduis
a n t fidèlement le ton de la robe; mais, d'abord, la difficulté consistait à
t r o u v e r des mains assez habiles dans ce genre, puis il eût été très-lent el
t r è s - d i s p e n d i e u x de soumettre à uii pareil lra^•ail un nombre consid
é r a b l e d'exemplaires. J'ai donc cru devoir m'en lenir pur ement et simp
l e m e n t à une reproduction des dessins par la g ravure, il me semblait
c [ u a i n s i se trouvaient à la fois satisfaites les exigences d'une descrijition
p r é c i s e et celles du goût. D'ailleurs, rien n'est plus facile que de donn
e r , par la parole, une idée de la couleur d'une race; il suffit de proc
é d e r p a r comparaison, et de faire connaîlre quelles sont les races semb
l a b l e s on analogues ])ar la robe qui se trouvent dans les différents
p a y s .