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INTRODUCTION.
<rnú sur rétal. de santé el réncrçio des ancêtres, parce qu'on a passò pardessus
des indications morbides, quon a aussi trouvé, dans l'espèce
humaine, des exemples contraires à la consan<juinilé. Il est. vrai ([uoii
en coiinaîl aussi bon nombre, ceux-là circonstanciés, qui démontrent
rinnocuilé absolue des unions consan(ruines. ])es travaux sérieux ont été
faits sur les temps primitifs du monde, et ont établi que íes mariages
entn' les plus proches parents n ont exercé aucune iniluence fâcheuse sur
noire espèce. De nombreuses observations ont prouvé qu'il en est encore
ainsi de nos jours. Si je parle de l'espèce humaine, ce n'est pas que je
pi'élende (ju'on peut toujours lui appli(|uer les conséquences rigoureuses
des h)is pliysiolo}]'iqucs auxquelles on soumet impunément les animaux;
(•"esl (|ue le ])réju((é sur les pernicieux efl'ets de la consang-uinité a pris
naissance dans les prescriptions légales ([ui défendent les alliances entre
parents à degrés rapprochés. Les législateurs ont été guidés, pour formuler
ces proliibitions, par des considérations morales et sociales tout
à fait indépendantes de la physiologie, qui reste de son côté com])létemcnt
déji'îigéc de tout lien a\'cc des i'ails et des idées d'un ordre entièremenl
(lilii'rent. Les animaux ne sont régis que parles lois physiologiques. '.
Oe que j'ai dit de l'atavisme et de l'hérédité peul permettre de comprL'udre
Tinfluence réelle, l'essence même de la consanguinité, et rendre
raison de l'opposition cjui seinble exister entre les faits qui s'y rattachent.
()uand l'union consanguine a lieu entre reproducteurs appartenant à
une même race, à une même famille, bien définie et bien constante, cotte
union ne saurait produire aucune altération dans les caractères acquis;
rhérédité et l'atavisme agissent absolument dans le même sens, et la
consanguinité ne pourrait qu'en resserrer plus étroitement l'accord. Mais
quand, par l'emploi de moyens appropriés, les éleveurs sont parvenus à
réaliser sur un certain nombre d'individus les modifications qu'ils poursuivaient,
il leui' l'aut employer ces individus à la perpétuation des nouveaux
caractères. Or les sujets qu'ils peuvent employer comme reproducteurs
sont en petit nombre an milieu de la race dont ils se détachent;
le rôle qui leur est confié consiste à faire triompher l'hérédité, leur pin'ssance
récennneni acquise sur l'atavisme, sur la force de résistance accun
»ulée par le temps. L'alliance répétée en proche parenté amène ce
résultat; elle réunit jusqu'à les confondre les influences individuelles
semblables, forme un faisceau des hérédités qui peuvent agir dans le
même sens, et parvient à constituer ainsi la nouvelle famille, qui deviendra
une nouvelle race.
La consanguinité n'est donc autre chose ([u'un mode d'alliance propre
à concentrer l'hérédité, et à lui permettre d'agir avec une énergie proportionnée
à cette concentration. Elle a nécessairement une puissance
égale pour le mal et pour le bien. Si les reproducteurs sont irréprochables
par eux-mêmes et par leurs ancêtres, les accouplements consanguins assurent
la transmission de leurs caractères. S'ils ont quel([ue défaut caché,
ou s'ils tiennent de leurs ascendants quelque tendance fâcheuse, ils les
transmettent avec la même certitude. De là les dilîérences entre les résultats
attribués à la consanguinité. C'est donc avec la plus grande prudence
qu'on doit unir les proches parents; le scrupule ne saurait aller trop
oin; il ne faut pas que les reproducteurs puissent être seulement soupt'onnés.
Aussi la consanguinité ne saurait-elle jamais être pratiquée tlaiis
l'esj^èco humaine avec la même sécurité que chez les animaux. Ceiix-ci
peuvent être bien connus, individuellement et dans leur ascendance, et
c'est seulement d'après les convenances physiologiques que leur accouplement
est décidé. Chez l'homme, au contraire, on prend en considéralion
des convenances d'un tout autre ordre pour former les alliances; on
s'enquiert rarement de l'état de santé habituel et des tendances des conjoints;
on ne remonte jamais quelques générations pour se renseigner
sur leurs familles. 1 1 est vrai (|ue, la j ) l u p a r t du temps, on est dans Tiinpossibilité
de prendre, sur tous ces points, des renseignements précis,
tant les mélanges de sang ont été variés dans le passé, tant les maladies
INTIîODUGTION.
dont l'homme pent être frappé ou peul hériter sont nombreuses, tant leurs
complications et leurs transformations sont diverses. Aussi, conformément
aux principes physiologiques seulement, et indépendamment de toul
autre motif, les mariages entre proches parents présentent des dangers
qui doivent les faire généralement craindre.
D'après sa nature propj'e, la consanguinité est un procédé (|ue l'éleveur
ne peut appliquer ([ue lorsque les reproducteurs lui offrent, déjà
bien étal)lis, les caractères qu'il s'agit de perpétuer. I'm and in n'est pas
une méthode de modification, c'est un moyen de fixation. Il profite des
résultais individuellement acquis, et les groupe rapidement en une puissante
résultante; il constilue une force au bénéfice des générations suivantes;
il économise le temps; il abrège le nombre des degrés à francliir
entre le point de départ et le poini d'arrivée; il fait, comme j'ai cru pouvoir
le dire ailleurs, de Vatavisme à bref délai.
coM«qwnces Plusicurs conséqucnces découlent de la manière dont j e viens deprérfes
io.s gpjj^g,. ['ac^oQ Jcs reproducteurs et la formation des races. La première et
iopro.!,idion. pi^jg importante, celle (|ui les renferme toutes en réalité, c'est qu'on
ne doit jamais, quel que soit le but qu'on poursuit, choisir un reproducteur
uniquement pour lui-même, isoler l'individu de sa race, compter suil'hérédité
sans l'atavisme. Juger un reproducteur d'après sa conformation
seulement, ou même par son action dans une épreuve, et faire abstraction
de son passé, du passé do sa race, de sa valeur comme représentant de
ses aïeux, c'est s'exposer aux résultats les plus inattendus, et engager follemenl
une partie contre le hasard. Je dirai même qu'un individu appartenant
à une excellente race bien conformée, mais s'éloignant de sa race
par (|uclques dilTérences légères, tout accidentelles, offrira moins de dan-
•ger, comme reproducteur, (ju'un individu plus irréprochable en lui-même
et dérivant d'une race inférieure faiblement constituée. Dans le premier
cas, la puissance de l'atavisme corrigera ce que l'hérédité aurait de tout
à fait personnel; dans le second cas, l'iulluence de l'hérédité ne pourra
lutter utilement contre l'action prépondérante des ancêtres; c'est-à-dire
([ue jamais l'atavisme ne saurait perdre ses droits.
Ainsi se justifie le haut prix que les peuples ([ui se sont occupés de la
])roduction animale avec le plus d'intelligence et de succès ont toiqours
attaché à connaître la généalogie des reproducteurs. Grâce aux shid hooh,
aux herd hooks, l'éleveur peut se renseigner sur la valeur des ascendants
d'un reproducteur, et asseoir ses espérances sur une base solide; d'autre
part, un bon produit donne une idée favorable de son ascendance, en établit
ou en confirme la réputation. Les erreurs qu'oni commises, les mécomptes,
les revers (¡n'ont éprouvés les éleveurs ([ui avaient placé toute
leur confiance, toul l'avenir de leur bétail dans le choix exclusif des reproducteurs
c[ui paraissaient excellents, ont leur explication dans la supériorité
tout individuelle de ces reproducteurs, (]ui ne puisaienl pas dans
l'atavisme une force sufTisanle de Iransmission.
Les principes que je viens d'exposer sur l'action des reproducteur.s
considérés comme source des caractères de leurs produits, et sur les fois
qui règlent la puissance complexe de l'hérédité, vont nous permettre d'apprécier
en ([uoi consistent, dans leur essence et dans leurs effets, les deux
grandes méthodes cpi'on oppose fréquemment l'une à l'autre, et cjui partagent
les opinions de la pratique et de la science. Je veux parler de la
sélection el du croisement.
Le mol sélection, auquel on donne quelquefois pour synonymes d'autres
dénominations d'un sens analogue, est employé généralement pour désigner
le système connu aussi sous le nom d'amélioration des races en ellesmêmes.
Celte dernière appellation présente une idée plus exacte de l'opération
à laquelle elle est appliquée : elle indique de suite que, pour son
travail d'amélioration, l'éleveur n'entend emprunter aucun secours étran-
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