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santé I'll péril; ([uaiid on le pousse à une lactation excessive qui altère sa
constitution, le conduit à l'épuisemeni cl aux plus jTraves affections pulmonaires;
([uand on réduit tellement son ossature que la charpente devient
incapable de soutenir l'édifice; quand, sous prétexte deu obtenir
une force et une énei-jj-ie précoces, ou le soumet trop tôt à des épreuves
(|ui le ruinent avant qu'il soit formé. On ue spécialise pas davantage, on
délruil encore, qnaïul ou développe la facnllé (reiiifraissemen! jusqu'à
amener la stérilité.
Il est aussi une conséquence, sinon nécessaire, du moins prochaine,
([ue Taccroissemenl de volume el d'activité des organes spéciaux peut
déterminer : cest rabaissement de la qualité des produits, résultant d'une
augmenlation dans le rendement. A ce point de vue encore, il ne faut
pas exagérer les efiets des lois pbysiolog-i(|ues ipii règleni l'exercice el le
balancemeni organiipie. Par cela même que ces lois délourneuL une
parlie de l'activité vitale au profil de certains appareils, elles pourraient
mnq)re toui équilibre si elles devenaient Irop prépondérantes.
Quant aux limites économiques (]ue la spécialisalioii doit s'imposeï-,
elles sont indiquées parla nature même du but qu'il s'agil d'atteindre, el
pai- la destination linale des animaux exploités. Si, par exemple, les races
parfaites de bouclierie doivciul arriver à un certain étal de graisse, il ne
s'ensuil pas que la graisse doive supprimer la chair, conune cela est
arrivé pour la race bovine longues-cornes, entre les mains de Bakewell
lui-nu'me. D'aulre part, et pour continuer de s'en tenir ici à l'espèce
bovine, il ne faut pas oublier que la fin dernière de tousles individus de
Celtic espèce es! l'alialtoir. Les races de travail, counne. aussi les races laitières,
doivent donc sapproclier du type de boucherie, daiis la symétrie
de leur organisation, dans leur l'acuité d'assimilation, dans leur maturité
précoce, ¡nsipfau degré compatible avec leui- emploi spécial ; elles doivent
aussi ne pas être utilisées jusqu'à épuisement à un âge très-avancé.
(Vest seulement eu la renfermant dans ces limites cpie la fipénaUsntinn
peut être utilement appliquée, après que l'éleveur a préalablement consulté
la situation agricole de son domaine, et ([u'il s'est inspiré des pi'incipes
sur lesquels repose la théorie elle-même. C'est là l'idée complète que
j'ai voulu représenter, en donnant la spécialisation pour synonyme à la
pevfccdon.
Il est facile de conq)rendre maintenant en quoi consisle i'amélioraiion
du bétail : c'est le progrès obtenu ou à obtenir dans la poursuite du but ^^^
idéal delà perfection, dans la spéciali.sdtion des produits, délinie comme
je viens de le faire.
(Juant aux moyens propres à conduire d'amélioration en amélioration
jusqu'à la perfection, ils consistent nécessairement dans l'emploi des deux
sortes d'inlluences modilicalrices que j'ai déjà distinguées et définies, en
les rapportant à la nutrition el à la reproduciion. Le mot nutrition, je crois
utile de le répéter encore, n'est point employé comme synonyme du
mot alimentation .-il représente, suivant son vrai sens physiologique, tous
les phénomènes qui caractérisent la vie et déterminent le mode d'activité
propre de la machine animale, dans chaque situation où elle peut être
placée. L'examen des diverses causes capables de changer les effets de la
nutrition et ceux de la reproduction constituerait un traité complet de
zootechnie; il ne s'agit ici que d'apprécier la nature des résultats généraux
qu'on peut obtenir dans cette douJjle voie, afin de pouvoir juger la
valeur des théories diverses sur l'amélioration dos races. .
Plusieurs de ces théories laissent apercevoir une tendance à attribuer
le r()le modificateur essentiel aux inlluences qui agissent sur la nutrition
par l'aliment; elles ont été parfois caractérisées par l'épithèt-e de hrnmalologifjiies.
Elles tombent ainsi dans une double erreur : elles exagèrent la
puissance de l'aliment, en voyant en lui le seul agent des modifications
à obtenir, en le plaçant ainsi au-dessus des inlluences aiix(|uelles cepeii-
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De l'iiéi-fdilé
dant son action est subordonnée; et elles méconnaissent le concours nécessaire
de la reproduction pour donner de la certitude aux modifications
riialisées.
Sans doute les partisans de ces idées n'ignorent j)as que, s'il faut commencer
toute, tentative d'améhoration eu agissant sur l'individu, c'est-àdire
en changeant ses conditions d'alimentation, l'opération doit être
aidée et soutenue par lé choix des- reproducteurs parmi les animaux les
plus, aptes à transmettre et à compléter les résultats acquis. Mais en se
taisant sur la reproduction, ils veulent témoigner spécialement de leur
confiance dans l'action des inlluences qui modifient la nutrition. Ils
veulent surtout constater ràntagouismc de leur manière de voir, eu face
d'un antre système qui, tombant dans une exagération inverse, n'attribue
de puissance modificatrice utile el sûre qu'aux reproducteurs empruntés
à une autre race.
Lntre ces opinions il s'agit, en définitive, de la même liitle (ju'entre-les
méthodes dites pîu* sélection et par croisement; il s'agit de dissentiments
sur le rôle des reproducteurs dans l'amélioration des races. C'est ilonc la
nature de ce rôle qu'il importe de préciser ici, et dont l'histoire des races
ne sera ensuite qu'une vérification.
L'inlluence des reproducteurs sur leurs produits est sous l'empire de
la grande loi d'hérédité. Mais l'action de celte loi est complexe; pour ])ien
en apprécier l'économie, il faut en analyser les elTels.
Toutes les fois qu'on a obtenu des hybrides entre deux espèces, les
deux types se sont mêlés dans les produits en proportion variable ; il en
a été de même dans les cas oii ces byln-ides ont été féconds, et lune des
deux espèces associées a fini, après des oscillations diverses, par l'emporter
sur l'autre. Les mêmes résultats ont été constatés pour les métis entre
deux races. L'espèce et la race se défendent donc cpiaiid on les vent faire
sortir de la voie naturelle de leurs alliances; après une lutte plus ou
moins diilicile, la victoire reste nécessairement au plus fort.
D'autre part, tpunid il se produit (pielque variation accidentelle dans
l'espèce ou dans la race, ou la voit prompternent s'eflacer, si l'homme
n'intervient pas, et c'est ainsi qu'à l'état de nature les typ<!s se maintiennent,
])ar l'absorption des individus disparates.
Il y a donc une force propre, une force conservatrice, pour chaque type
povssédant une fixité sullisante; elle a pour effet la perpétuation des
caractères distinctifs des aïeux par les descendants. Elle se manifeste (|uelquefois
sous une fornui saisissante, qui est naturellement celle .sous
laquelle elle a été le plus reniarquce. Souvent, dans une même famille,
on voit apparaître des individus (pie leurs caractères, ou seulement un
trait saillant de leur organisation, éloignent de leurs parents immédiats,
pour les rapprocher de quelqu'un de leurs ancêtres, parfois très-éloigné.
C'est ce phénomène ([ue des médecins et des uatm-alistes ont désigné
sous le nom à'alavisme, que les éleveurs ont souvent considéré conune
une-dégénérescence, que les-Allemands qualiiient de coup en arrière, de
•pas en arrière [liikkschlafr, WicLschrill), et auquel ou a applicpié aussi
la qualification de loi de retour.
Le désappointement (préprouveut les éleveurs, en présence de ces
déviations imprévues, vient de ce qu'ils n'ont pas toujours une uotion
suffisamment exacte de l'influence des reproducteurs sur leurs produits;
de ce qu'ils, ont généralement la coutume d'attacher une impoi-tance trop
exclusive aux deux individus, male et iemelle, qu'ils choisissent pour l'accouplementj
de ce qu'ils- leur allribuent une ])uissauce trop absolue de
transmission ; de ce ([u'ils les isolent trop de leurs ancêtres. Le coitp en
arrière n'apparaît comme uri accident que parce qu'on l'envisage abstraction
faite des principes (pii dominent la formatiou el la conser\atiou
ti