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INTRODICTION.
Il y a sans doute des circonstances où réleveur demande à ses animaux
du Lravaii, du lait, puis de i'engraissenionl, et oii les animaux
réponiloni assez bien aux désirs de l'éleveur. Telles sont celles où se
(rouYC noire race de Salers, par exemple. xMais il faut bien remarquer
(jue si la race de Salers esl, bonne, on é{jard aux conditions dans lesquelles
elle a é[é juscpuci produite et, exploitée, sa valeur est toute relative
; ([u'elle ne saurait soutenir la comparaison, ponr le lait, avec les
i-aces exclusivement laitières; pour la boucherie, avec les races d'enfj'rais
les mieux conÎonnées et les plus précoces; pour le travail, avec les races
ijue l'on peut impunément forcer à la Îatin;ue, parce (ju'on n'en attend ni
cnjjraissement ni lait. Par rapport au rendement de la machine et à son
entretien économique, la race de Salers n'est pas en même tenq)s supérieure
pour la laiterie, pour la boucherie et pour le travail. Comparée à
d'autres races, elle peut avoir un ji-raiid mérite, eu égard aux localités où
elle s'emploie; comparée à la perfection, elle a beaucoup à gagner, et elle
•{•agnei'a si, l'état agi'icole et toutes les romlitions de production s'améliorani,
ou est conduit à la spécialiser.
("est là une explication et une justilication pour la situation acluelle
de la race de Salers et des races qu'on en pourrait rapprocher; mais ce
n'est pas à dire que, lorsqu'il s'agit de perfection il faille l'arrêter à ce
niveau et prendre pour règle la médiocrité, quelque respectable qu'elle
soit. Le but des éleveurs doit être, partout, d'améliorer à la fois le milieu
dans lequel ils opèrent et les animaux qu'ils exploitent. Un milieu défavorable
donne la raison d'un bétail mauvais ou médiocre, l'un et l'autre
parfaitement en harjnonie; mais cette barnionie même est le signe de la
misère et ne peut pas être respectée comme un but atteint. Est-il des
situations oii il soit possible d'améliorer le milieu dans lequel se produit
et s'élève la race de Salers, où il soit possible, par conséquent, d'en
perfectionner les qualités? Personne, je le crois, ne serait tenté de répondre
négativement.
Or, dès c[u'on entreprend de perfectionner ses facultés laitières, par
exemple; de dépasser le reiiileinent moyen de loo kilogrannnes de fromage
que chaque vache de Salers tlonne par an ; de le porter à i 5o, à
200 kilogrammes; dès qu'on combine ralimentation, les soins d'élevage,
le choix des reproducteurs dans ce but , on spécialise les animaux, on les
rend de moins en moins propres à tout. Ou il faul repousser toute amélioration
d'une manière absolue, ou il faul accepter les conséquences inévitables
des lois physiologi([ues et industrielles qui conduisent, en définitive,
à une élévation de la valeur des animaux.
Il en serait absolument de même pour une race dans laquelle on voudrait
associer les (jualités d'un bon animal <le travad et d'une bonne bète
de boucherie : pour notre race parllienaise, entre autres, à propos de la-
([uelle celle prétention a été élevée. Pixrlout où la culture se perfectionne
eii Poitou, où le producteur songe à améliorer la race, ies boeufs parlhenais
passent à l'étable la plus grande partie de leur vie, el y reçoivent
une nourriture substantielle; ils ne sont point excédés de fatigue; on les
allèle en grand nojnbre pour le labour ou ])Our le transport. Les bons
praticiens du pays ne portent au marché ni beurre ni lait, parce qu'ils
nourrissent bien le bétail dès sa iiaissance, et laissent souvent chaque
veau boire le lait de deux vaches. En un mot, le boeuf parthenais est
alors trailé comme un animal destiné déjà plus particulièrement à la
boucherie. 11 travaille bien, |)arce ([u'il travaille peu; il manifeste des dispositions
à reiigraissemenl, grâce au régime auquel on le soumet. Le
force-t-on au travail? Il devient iminédiatement moins apte.à prendre la
graisse. Lui supprime-t-on le travail? Il constitue une excellente bète de
boucherie. Mais, dans l'état d'équilibre où on voudrait obtenir la prétendue
simultanéité d'aptitudes, le boeuf parthenais n'atteint la perfection ni
pour le travail ni pour la boucherie. Je doute qu'il puisse rivaliser avec
l'ancien boeuf du AJorvan, dans des lieux escarpés, à travers les bois, où
le sentier est à peine tracé, dans des chemins boueux, défoncés, imprati-
INTRODUCTION.
cal)les, pour tous les travaux, et dans les conditions qui exigent force
continue, sobriété constante, résistance soutenue; pour arriver à ce point
il cessera d'être une bonne bète de boucherie. Je doute aussi cpi'il égale
le boeuf de Durham pour la précocité, la faculté d'assimilation, l'aptitude
à prendre la graisse; pour acquérir ces qualités il cessera d'être une
bonne bète de travail. Comparée à certaines races moins ménagées à la
fatigue, moins bien élevées ou moins bien nourries, la race parthenaise
peut être supérieure; comparée à la perfection, elle a encore beaucoup à
gagner, et, quand elle gagne, ce n'est qu'en se spécialisant de plus en
plus. La combinaison des deux aptitudes, l'une el l'autre à un degré inférieur
de puissance, peut convenir Iran sito i r eme n t dans certaines conditions
écoiiomiijues, dans un état imparfait d'élevage et d'organisation de
la machine animale; elle ne peut subsister indéfiniment, à moins d'arrêter
l'état actuel comme définitif, et de renoncer, par conséquent, aux bénéfices
de la spéculation vraiment industrielle.
C'est pour la moyenne, et surtout pour la petite culture, qu'on a considéré
les bêtes dites à deux fins comme indispensables. Sans refuser la
supériorité aux ¿mimaux spécialisés, on a affirmé qu'ils n'ont point-leur
place dans les exploitations réduites; (|ue le petit cultivateur emprunte
nécessairement aux animaux qu'il entretient, principalement à ses vaches,
ou à sa vache laitière, la force dont il a besoin pour exécuter ses travaux.
Dans les contrées où la terre est très-morcelée, beaucoup de petits
cultivateurs ne peuvent, en elTet, entretenir simultanément ties animaux
de ti-avail et des bêtes-de lait ou de boucherie, S'ensuit-il que, pour eux,
les principes cessent d'avoir leur application? Ne peut-on concevoir une
cond)inaison dans laquelle les ti-aA aux d'un canton seraient exécutés par
un ou plusieurs entrepreneurs, (pii améliorei'aient leur méthode en même
liMups que leur outillage, et laisseraient leurs voisins libres de spéculer
sur lelle nature de bétail qu'ils choisiraient? Ce serait un moyen d'organiser
la division du travail pour le plus grand profil de tons. Le seul
obstacle à vaincre serait l'absence d'esprit industriel dans les campagnes;
à moins qu'il n'en existât un plus insurmontaljle dans Tamour-propre des
propriétaires, blessés de voir leurs champs parcourus par des charrues
et des attelages qui ne seraient pas les leurs.
Il ne semble donc pas qu'il y ait un domaine qui, par sa nature, par
sa situation économique, par son étendue, doive échapper à la Hjiécialimtion.
Seulement chaque domaine se trouve on doit se trouver à une période
de progrès cultural et zooteclmique à laquelle il faut d'abord faire
rendre tout ce ([u'elle peut donner, avant de faire un pas eu avant; puis le
principe doit s'appliquer de manière à aj-river à la perfectiot) sans arrêt,
avec tous les ménagements, tous les tempéraments (¡ue la sagesse impose,
et en acconnnodant les moyens d'action aux conditions de production.
Ainsi comprise dans sa nature et réglée dans sa marche, la spécialisation
demande encore qu'on la poursuive avec quelcpie mesure. Elle pourrait
conduire à certains écueils l'éleveur améliorateur qui n'ap])liquerail
pas avec prudence les lois physiologi(|ues mises en jeu pour perfeclionner ''
les animaux, et qui n'aurait pas une vue bien exacte du but économitpie
aïKjuel il faut arriver. La spécialisation, même dans son expression systématique
la plus absolue, veut être renfermée dans de certaines limites.
Ces lindtes sont de deux sortes : les unes plus essentiellemenl physiologiques,
les autres plus particulièrement éconoun'([ues.
Les limites physiologiipies, que la spédaUsatiou doit resjjecter, sont
celles dans lesquelles la nature elle-même maintient la con.servalion de
l'individu et la conservation de l'espèce.
Comme j e I fil riippcié bii.'ii des lois iléjù, Iti iiiiicliiiie finiiiiaic exislc à
(les condilions qui n'ont pas iHé posées par nous, el ([lie nous ne pouvons
pas clianger. Comme je l'ai dll aussi, en conimenraiU la desci-iplion des
types, il iaiit que l'animal, avant d'être apte à tel ou tel emploi, se porte
bien. On ne spécialise donc pas l'animal, on le délruil ((uand on mel sa