[NTIIODUCTION.
[loiiion (111 corps possible à la Ibis In facilité de sentir, de se iiidiivoir, de
se iioiiri'ir, de se re])ro(liiire, cliaijue Ibnctioii est très-iiiconipiète ; Texisfeiice
lie l'èlre esl cliélive el obscure. Mais quand un même oi'jj'ane cosse
d'èlri! lion à tiiiil, quaiiil il se crée un inslriiiiient pour cliaipie nature île
besoin, ipianil cliaipic acte élémentaire s'isole el se localise, la vie ileA'ienl
plus puissante, les ioiiclions donnent leur maximiini d'elTel, les proiluils
prenneni plus île valeur
t^ette iendance île la ualure à perreclionner ainsi les orjj'auismes par
la spécialité îles ronclions pousse aux mêmes conséquences que nous
voyons se proilnire dès qu'on demande à la niacliine animale un service
délerniiné. Do sorte que les lois ¡générales comino les lois parliculièros
lin ronctionnenieni ilo celle niacliine sont en complète concordance ; elles
l'in-orisenl lonles la ^¡¡malisalinii îles races par la division du travail
\ i l a l .
Le principe île la apécialtsaiion des races esl donc osseutielloinent pliy-
' sioio{jiquo; les coililitions de ¡lerfection pour la inacliiuo sont les mêmes
" que pour rindustrie a{(ricole; elles ne contrarient pas, elles assurent le
succès de la division du travail dans la production, et il n'y a pas à
craindre que l'animal ne se prête pas aux desseins de l'élevour, et lui
Tasse défaut à mi-clieniin du but.
^iissi, l'application de ce jirincipe, pliysiolofriqncmeut possible et écouomi([
neinent avanlageuse, me paraît-elle être la base sur laquelle doit
s'elevor lont rêdifice de l'économie du bétail. Voilà pourquoi j'ai employé
les mois iipecmlisalion. el peyfeclion comme synonymes en zootechnie.
La doctrine do la spécialisation des raoes, telle qne j e l'ai définie, repose
donc sur l'étude dos lois do l'orjTanisation animale et de la production
inilnslrielle. Elle en établit l'Iiarmonie pour chacune des aptitudes qu'elle
Mllne Eilwnrds. fuLrnduclim à la Zaolof^c géiéi-ale. I'" partie; i 85 1 .
ilisting-ue, et fait concourir à une même démonstration tous les faits ])raliquos
d'hisloire des races améliorées, l'exemple des peuples les plus
avancés eu ag-ricnitnre. C'esl une tentalive l'aile pour formuler la thi'nri/'
île l'applicaiion.
En disant que la spécialisalion des races est la perfirlioii en zoutocbnie,
j ' i n d i q u e le but. Je suis loin de prétendre que ce but esl parloul immédintemenl
réalisable. Il en esl, ii mes yeux, de cotte pcrfeclion en zootechnie
comme do la perfection en culture. Si la suppression des jacliores, l'alternat
el toutes les pratiques de ce qu'on a appelé' la cnlinre intensive,
coustituoni le dernier lerme du projjrès, il ne s'ensnil pas que tous les sols
el tontes les situations économiques doivent admettre, dès aujonril'liiii,
ces prat iques, ('haque domaine comporte, en raison de s;i nature, de son
])assé, de son milieu, un système cultural plus ou moins avancé, doni il fani
obtenir d'alioril le maximum d'olFet; on l'approche ensuite, par périodes
successives et dans la mesure de ses moyens, du ternie de la perfection,
doul l'idéal ne chauj^e pas, mais qu'on no saurait atteindre |)arlonl il'nii
seul bond.
J ' en dis autant de la spécialisatiou des races; elle constitue la perfection
zootecbnique, et tous les éleveurs doivent l'avoir sans cesse devant les
yeux comme but ; mais tous ne le peuvent poursuivre tout d'abord dans
des conditions sulTisammont favorables pour espérer un succès immédial.
Les tentatives doivent répondre aux degrés dii-ers de richesse ag-ricolo,
non pas pour s'y arrêter, mais pour prendre chacun d'eux comme le
point de départ d'un élan nouveau, avec la résolution de ne s'arrêter ([u'à
l'adaptation définitive de la race au service spécial qu'on en veut obtenir'.
C'est donc faire une fausse application des principes de la spécialisation
que de pousser toutes les races dans une même voie, de leur imposer un
type unique de perfection, de leur demander une translbi'ination instantanée.
C'est l'erreur que commettent, par exemple, ceux qui, pleins d'ar-
ISTlîOntICTION.
deur pour la propagation de la race de Durham, en leulont faire partout
el de suite la source de toutes les améliorations. Ils oublient que
cette machine si parfaite en son genre exige, pour fonctionner utilement,
c'est-à-dire pour conserver sa puissance et fournir son rendement, qu'on
l'emploie dans le milieu agricole qui lui convient. Ils ne prennent pas
g a r d e que, placée hors des conditions normales de son exploitation avantageuse,
— soins d'élevage appropriés, alimentation constamment riche
et abondante, cidme en hox ou à l'herbe, repos permanent, — elle
s'aU'aiblirait, arriverait à sa ruine, se déprécierait, sans servir en rien aux
progrès du bétail ni do l'agriculturo. Ne voir que le Durham comme type
et comme moyen, ce n'est donc pas faire do la spécialisation; c'est, tout
au contraire, nier la spécialité de cette raco, en niant sa supériorité d'apti-
Inde; en la présentant comme bonne à tout et partout, ce n'est pas non
plus préparer l'avenir, c'esl le ruiner d'avance, en ne lui donnant pas de
fondement.
11 ne faudrait pas invoquer ici, à l'appui de cette thèse, l'exemple de
l'Angleterre. Si, on Angleter re, la spécialité du service n'est pas douteuse,
si elle est semblal i lo pour plusieurs races bovines', ces races ne prétendent
pas tontes réaliser la perfection au mémo degré, parce qu'elles ne la
poursuivent pas toutes dans des conditions identiques. Chaque race améliorée
pour la boucherie représente bien, eu fait, la même nature (feinploi,
la même tendance, mais avec une différence, une nuance correspondant
à la plus on moins grande fertilité du sol, à la plus ou moins
g r a n d e somme de ressources alimentaires dont cHsposent les éleveurs du
pays, aux qualités acquises préalablement par la race. Durham, Hereford,
Devon, Angus, West-Highland sont, pour ainsi dire, dans l'espèce
bovine, dos degrés sur l'échelle des races de boucherie, auxquels répondent
des degrés divers sur l'échelle de richesse agricole. Toutes
aspirent à une même supériorité, mais chacune marche au but sans rien
e m p r u n t e r à ses voisines, pas même à la race de Durham.
P a r opposition au système dont j e viens d'indiquer l'exagération, il eu
est un autre qui accepte cha(|ue race locale comme étant et comme ne pouvant
pas ne pas être la résultante nécessaire do toutes les conditions agricoles
et économiques du milieu où cette race s'élève. Ce système ne veut
soupçonner chez les éleveurs ni incapacité, ni ignorance, ni indifférence.
Tontes les races, tous les individus de chaque race sont précisément ce
qu'ils doivent être, parce (|u'ils sont ce qu'ils peuvent être, eu raison des
infinences de toute nature qui les entoui'ont, et parce que, si le producteur
ne les mochfio pas, c'est qu'il n'a pas intérêt à les modifier. Les
qualités et les défauts, si défauts d y a, ont leur origine el leur explication
dans les mêmes causes; il faut les accepter comme étant de. même valeur.
De pareils principes aboutissent à la glorification du statu r/ao dans la
r o u t i n e ; ils no repoussent pas seulement la spécialisation, ils nient la
possibilité el les avantages du progrès. Ils no prennent pas l'état actuel
comme un poini de départ, ils s'y tiennent comme au but de la perfection.
Besoins, habitudes, débouchés, voies de communication, mécanique
agricole, mouvement des travaux publics, relations commerciales, tout
change ou va changer; les races seules el leur élevage doivent demeurer
immuables.
Sans être aussi hostile aux améliorations zootecbniques, une antre
opinion se présente, qui défend ce qu'on appelle les animaux a deux fins.
comttie étant nécessaires dans certains cas et seuls profitables. Si elle entendait
cbre par là qu'il y a des transitions à respecter, celte opinion
serait fondée : elle s'appuierait sur les considéi-ations que j e faisais valoii'
tout à l'Iieuro pour indiquer la marche progressive et sage vers la perfection.
Mais elle prétend obtenir, comme résultat dernier, de bons animaux
propres à tout; des vaches qui engraissent tout en donnant du
l a i t ; des boeufs de travail excellents ayant la conformation des bêtes
d'engrais.