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 I M R O D O C T I O N .  
 On  a  cili  aussi  la  nalion  juive,  qui  a  gardé,  à  travers  les  vic.issiUidcs  
 les  plus  noiulireuscs  el  les  plus  élrang-es,  nn  lype  que  les  différences  de  
 milieu  ii'onl  point  allére.  Ici,  c'est  grâce  à  une  sélection  continue  que  lo  
 type  csl  demeuré  intact,  el  ce  fait,  ajouté  à  celui  de  l'incapacité  du  eroisemenl  
 pour  vaincre  la  résistance  des races,  est  loin  de  paraître  contraire  
 à  la  pnissance  des  moyens  mis  en  jeu  pour  l'amélioration  des  races  en  
 elles-mêmes.  
 Dans  ces deux  séries  d'exemples  il  s'ag-it  de  la  physionomie  distinctive,  
 des  formes  ellinoloijiques,  el,  pour  ainsi  dire,  spécifujucs  des  races,  
 c'est-à-dire  des  caractères  ([ui  sont,  par  essence,  immuables.  Cette  nature  
 de  Ibrmcs  n'intéresse  l'économie  du  bétail  quo  pour  la  partie  descriptive.  
 Mais  il  y  a  une  antre  sorte  de  formes,  les  seules  dont  se  préoccupe  l'art  
 d'améliorer  les  races  domestiques,  celles  sur  les([uelles  l'éleveur  a  prise,  
 celles,  en  nn  mot,  qui'se  produisent  sous  l'inllnence  des  conditions  stali([ 
 ues  propres  à  clia(|ue  jienre  de  service,  et  qu'on  pourrait  appeler  les  
 formes physiologiques  ou  zootecliniqnes.  Cette  seconde  espèce  de  formes  
 existe  tonl  aussi  bien  ])our  l'homme  que  pour  les  animaux  domestiiiues;  
 les  lois  générales  qui  président  à  leur  manifestation  sont  les.mêmes  pour  
 Ions,  et  s'il  y  avait  (pielque  intérêt  à  tirer  de  l'espèce  humaine  des  coufoniuitions  
 analogues  à  celles  ([ue  la  zootechnie  recherche  pour  la  précocité, 
   pour  l'ajjlilnde  à  l'engraissement,  pour  la  force,  il  n'est  pas  douteux  
 ipron  ne  les  ohthil.  
 (.)uand,  doiu-,  on  prend  le  peuple  juif,  par  e.xemple,  comme  une  
 preuve  de  l'impossibilité  où  se  trouve  la  sélection  de  modifier  les  races;  
 (piand  on  montre  ce  peuple  conservant  ses  traits  essentiels  sous  les  inllnences  
 extérieures  les  plus  diverses,  on  confond  les  deux  sortes  de  
 formes  {[ue  je  viens  de  distinguei'.  L'objection  cju'on  élève  peut  s'appliquer  
 aux  formes  etbnologi([ues;  elle  n'a  aucune  valeur  pour  les  formes  
 physiologiques.  ÏN'est-il  pas  évident  ([ue,  sans  l'ien  sacrifier des  caractères  
 spéciliipies  de  race,  ou  |)eut  changer  les  dispositions  fonctionnelles,  el,  
 par  suite,  la  conformation  générale"?  En  combinant  convenablement  les  
 inOuences  modilicatrices,  ne  créeriiit-on  pas,  au  sein  de  la  nation  juive,  
 des  tribus  remarqu;ibles,  soit par  leur  tendance Èiprendre  de  l'embonpoint,  
 soit  par  leur  énergie,  soit  par  toute  autre  qualité,  bien  que  le  type  juif  
 lui-même  restât  toujours  parfaitement-reconnaissable?  En  fait  il  se  produit  
 des  phénomènes  de  cet  ordi-e,  résultant  des  différences  dans  la  condition  
 sociale,  dans  la  manière  dont  l'édncalion  physiologique  a  été  
 conduite,  dont  le  développement  a  été  engagé.  Ce  sont  uniquement  des  
 modifications  de  ce genre  que  poursuit  la  sélection,  et  elle  réussit  complètement  
 dans ses  tentatives.  La  race  longues  cornes  de  Bakewell,  la  race  
 Durham,  la  race  Hereford,  la  race  Devon,  la  race Angus,  ont  des  formes  
 zootcchni(|ues  communes,  acquises  par  sélection,  el  qni  les  font  reconnaître  
 toutes  comme  appartenant  an  type  des  animaux  précoces  pour  la  
 boucherie.  Sous  cette  conformation  qui  les  réunil  elles  ne  gardent  pas  
 moius  les  formes  spécillcpies  qui  les  distingnent.  
 Telle  est  la  vertu  propre  de  la  sélection;  aucun  des  soupçons  imagi-  l,soieciwi,,  
 nés  contre  elle  ne  peut  tenir  en  face  de l'autorité  de  la  science  et  des  faits.  1«.n  
 Seule  la  sélection  est  capable  d'améliorer,  de  perfectionner,  de  transformer  
 les  races.  Le  croisement  anéantit  les  races;  par  absorption  s'il  est  
 suivi,  et,  s'il  est  dijus,  par  la  substitution  d'une  population  incertaine,  
 sur  laquelle  on  est  constamment  forcé  de  revenir  avec  des  reproducteurs  
 du  dehors.  Dans  ce  cas,  toute  base  d'opération  fait  défaut,  et  il  ne  
 reste  plus  qu'à  se  tirer  d'affaire  j)ar  des  expédients  qui  pallient  le  nud  
 sans  l'atténuer.  
 Est-ce  à  dire  que  toutes  les  races  doivent  être  améliorées  en  ellesmêmes; 
   que  le  croisement  doit  être  rejeté  d'une  manière  absolue?  En  aucune  
 façon. L'emploi  de  tel  on  tel procédé  est déterminé par  l'état  de la  race  
 et  les coiulitions agricoles de la  localité.  Là  oîi  la  race  est  parfaite  il  ne  peul  
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 évidemment  être  cpiestion  que  de  la  conserver  avec  le  plus  grand  soin.  
 Là  oil  elle  est  médiocre,  mais  où  elle  possède  des  germes  d'amélioration  
 i|ui  se  pourront  développer,  concurremment  avec  la  culture,  la  sélection  
 a  naturellement  sa  place;  là  oil  elle  est  nulle  ou  décidément  mauvaise, 
   et  01!  les  progrès  agricoles  s'accomplissent  avec  une  telle  rapidité  
 ipril  est  impossible  à  la  race  de  les  suivre,  le  croisement  suivi  est  appelé  
 à  substituer  une  race  supérieure  à  la  race  locale;  la  condition  du  succès  
 est  alors  de  persévérer  dans  l'emploi  des  mâles  de  la  race  absorbante,  
 • jus(pi'à  ce  que  le  bnl  soit  décidément  atteint.  
 -A  côté  du  grand  parli  pris  applicable  à  l'ensemble  d'une  race,  une  
 place  peul  encore  être  Irès-utilement  occupée  par  une  opération  qui  consisterait  
 à  obtenir,  avec  les  femelles  de  cette  race  et  les  mâles  d'une  race  
 plus  parfaite,  des  animaux  de  croisement  destinés  à  être  utilisés  comme  
 produits,  mais  ne  devant  jamais  êire  employés  comme  refroiudam.  Les  
 lois  seraient  ainsi  respectées,  les  besoins  les plus  divers  et les plus  pressés  
 seraient  satisfaits,  sans  que  les  ressources  de  l'avenir  fussent  engagées  
 ou  compromises.  Ainsi pouri'aient  trouver  à  vivre, juxtaposées,  des  industi'ies  
 i|ui  s'aideraient  et  se  compléteraient  l'une  l'autre.  Ainsi  la  pratique  
 ponrrail  fonctionner  sur  le  terrain  suivant  les  principes  qui  découlent  
 des  faits.  
 'fel  est,  à  mes  yeux,  le  système  complet  qui  embrasse  l'organisation  
 tout  entière  de  la production  animale.  
 l'our  rendre  cette idée  plus  saisissable,  j'en  montrerai  brièvemenl  l'application  
 par  quelques  exemples.  Admettons  (|ue  la  race  bovine  mancelle, 
   inférieure  sous  tous  les rapports  et n'ollrant  pas  de  point  de  départ  
 pour  une  amélioration  sélective,  soit  incapable  de  marcher  vers  la  perfection  
 aussi  \-ite (|ue  l'agriculture  de son  milieu.  Le  parti  à  prendre,  celui  
 ipi'nn  très-grand  nombre  d'éleveurs  semblent  avoir  pris,  c'est  de  la  croiser  
 jus([n'à  l'absorber  d'une  manière  complète  dans  la  race  qui  paraît  lemieux  
 ré|)ondre  aux  besoins  commerciaux  de  la  région.  Cette  race  est  la  
 race  de  Durham.  Pendant  ([ue  celte  operation  londanientale  s'accomplira,  
 ne  voit-on  pas  que  les  éleveurs  pourront  déjà,  et  pourront jusqu'à  l'entier  
 accomplissement  de  leur  race,  écouler,  connue  produits  supérieurs  aux  
 animaux  de  la  race  locale,  les  mâles  et  les  femelle.s  éloignés  de  la  l'eproduction? 
   Parla  nalnre  même  du  problème  à  résoudre,  et  à  supposer  
 qu'il  ne  soit  pas  avantageux  de  faire  disparaître  la  race  lont  entière  dans  
 le  croisement  anglais,  ne  voit-on  pas encore  qu'à  côté des  éleveurs  menani  
 l'opération  à  bonne  fin  pourront  s'en  placer  d'antres  (|ui  établiront  plus  
 tard  leur  spéculation  exclusive  sur  la  création  de  ces  pi'oduits  de  croisement? 
   
 Des  considérations  du  même  ordre  s'appliqueraient  à  la  race  bovine  
 charolaise.  Les  améliorations  agricoles  et une  entente  plus  intelligente  de  
 l'économie  du  bétail  ont  déjà  permis  à  certains  producteurs  d'élever  
 cette  race  de  plusieurs  degrés  sur  l'échelle  de  la  perfection.  Vlais  je  su])- 
 pose  qu'auprès  de  ces  éleveurs,  procédant  par  sélection,  il  s'en  rencontre  
 d'autres  qui  sachent  se  ménager  des  ressources  suffisantes  pour  bien  
 nourru',  et  qui  soient  favorahlenient  placés  pour  se  livrer  spécialement  à  
 la  production  des  animaux  de  boucherie  :  on  bien  leurs  terres  seront  
 assez  fertiles  JJOIIL'  qu'ils  trouvent  leur  coniptc  à  élever  les  races  pures  les  
 pins  perfoctionnées,  la  race  de  Durham  entre  autres;  ou  bien  ils  préféreront  
 demander  à  leurs  voisins,  ([ui  améliorent  la  race  charolaise,  des  
 femelles  de  cette  race  pour  en  obtenir,  avec  le  taureau  Durham,  des  pi-oduits  
 de  croisement  qui  payeront  bien  les  fourrages  consommés.  Quel  
 que  soit  celui  de  ces  trois  partis  auquel  s'arrêtent  les  cultivateurs  charoláis, 
   amélioration  de  la  race  par  sélection,  élevage  des  races  perfectionnées, 
   ou  création  de  produits  de  croisement,  il  es!  incontestable  qin;  
 chaque  entreprise  réalise  par  elle-même  un  progrès,  qu'elle  sollicite  el  
 .entretient  le  progrès  des  industries  collatérales  dans  la  meilleure  voie,  
 dans  une  voie  déterminée  et  spéciale.  
 En  étudiant  les  races  de  l'Angleterre,  nous  \errons  (|ue  toute  la  |)ro