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I S T R O U t C T I O i V .
(rune issue cerlaiiiu, soutionl In iiiin'clic jDi'Ojri'cssive dii hiHail, sans oxijier
aucune avance qui ne soil dans les moyens de l'agriculteur. On prélend
(|ue les animaux oblenus durant l'amélioration sélective ne prennent
pas de valeui' avant la transformation complète de la race. C'est prétendre
(pi'on jieul rencontrer aubitemeni, la perfection sans l'avoir progressivement
préparée. Mais Èi chaque j^'énération In sélection coinnuinique
nn\ animaux une Iraction appréciable de l'améliorntion totnle. Ces animaux
meilleurs se j)lacent donc inconteslnJilement mieux sur le mnr-
(dié, à,moins qu'on n'admette (pie les boucdiers, les engraisseurs ou
cen.x qui achètent ])Our éle\er de seconde main ne sachent l'aire aucune
dilli''rence entre les (pialités des produits qu'on leui' propose. 11 y a donc
bénéfice croissant poui' l'nniéliornteur, comnif^ il y n valeur croissante de
sa race.
On reproche à la sélection de laisser les animau.v sans caractère de
spécialité durant tout le tenq)s de l'amélioration. Loin d'être un inconvénient,
c'est là un avantage du système. Si la spécialisation constitue In
perlèction, il s'en l'aut, bien, comme je l'ai expli([ué déjà, (pie celte perfection
puisse être inqn'ovisée; les lentntives faites pour réaiiser un tel
miracle ruineraient l'éleveur, son agriculture et son bétail, les principes,
ni le but ne chnnj|ent avec les milieux; mais il y a, entre les moyens
et les résultats, une harmonie pratiipie (pi'il faut savoir respecter, tout en
en (.irnnt parti. La spécialisation serait donc un contre-sens dans un milieu
(pii ne la comporterait pas; idle serait, en outre, une source de dépenses
sans raison et sans coinjiensation.
On n mis aussi en cause les intérêts g-enéraux du pays, et on les a
trouvés compromis, comme ceux des éleveurs, ¡)ar la lenteur et les prétendues
dépenses improductives de In sélection. Une seule observation
snllira, a])rès celles ipii ¡iréc.èdent, pour montrei' combien cette assertion
porte à faux. C'est en vain ([u'oii chercherait dans l'histoire de toutes nos
espèces domestiipics des races formées par le croisement difus, et la
race nnglaise de course, seule, est sortie du croisementí(í/.ií)í, tnndis (|ue
toutes les races d'élite sont nées de la sélection. Les éleveurs et l'Ang-leterre
n'ont pas perdu, que je sache, à la création des Durham, des
Hereford, des Devon, des Angus , des Disliley, des Soutli-Down; les éleveurs
et l'Allemagne n'ont pas eu lieu de regretter celle des montons
électoraux. Ces races ont donné, donnent et donneront, dans toutes les
conditions où elles ont logiquement leur place, des bénéfices certains.
On n'engage donc pas l'agriculture dans une pratique ruineuse, et l'on
ne menace ni les intérêts du pays, ni ceux de l'avenir, quand on pousse
la zootechnie dans une voie au bout de laquelle se peuvent trouver d<!s
races de la valeur de celles que je viens de citer.
C'est par une réponse analogue (pi'il faut réfuter ceux ipii trouvent
un argument en faveur du croisement dans ce fait que les animaux
croisés se vendent bien, même comme reproducteurs. Si l'agriculture,
comme toutes les antres industries,' a pour but la création de produits
qui l'enrichissent, il ne s'ensuit pas que tout ce tpi'elle place avec prolit
soit, par cela seul, supérieur et excellent. Pour les animaux ci'oisés il
y a, le ])lus ordinairement, comme je l'ai déjà tant de fois répété, erreur
sur la qualité de la chose vendue. Considérés comme pyoduitH, qu'on
destine à être utilisés dans un emploi déterminé, ils peuvent être bons,
de quelque manière ([u'ils aient été obtenus. Considérés comme t'cpwducieui
s, ils illusionnent ceux qui en attendent une transmission certaine
des caractères qui les séduisent. De ce que de tels animaux s'achètent,
on ne peut donc pas conclure à leur valeur. Les bénéfices (jue ptuiveut
faire certains éleveurs dans les premiers temps de la spéculation ue résultent
que de l'inexpérience des acheteurs. La conséquence fatale
d'opérations de cette nature n'en reste pas moins la ruine certaine de la
race dans un temps donné. C'est-un escompte de l'avenir, pour le prolit
actuel de qnelijues-nns.
votiiIrLiii'iiL mie
[iliis estimiSs
<1.« I» .dm.«
INTRODUCTION,
Les concours publics d'animaux commettent la même erreur et la
même confusion dans lesquelles tombent souvent les éleveurs; en acceptant
et en primant les reproducteurs croises, ils semblent conseiller l'em-
^ ploi de reproducteurs incertains; ils jugent ces reproducteurs sur leur
bonne mine, sans s'inquiéter de leur videur réelle, sans se préoccuper de
leur origine; contradictoirement à leur but, ils poussent à un mélange
d'où il sera plus tard impossible de dégager un élément de progrès.
Quand il s'agit d'animaux qui vont entrer dans la consommation, de chevaux
de service, par exemple, ou de bêtes de boucherie, il serait illogique
d'imposer au concours la même réserve; les meilleurs animaux
sont ceux qui s'approchent individuellement davantage du type le plus
parfait pour chaque nature d'emploi. Encore laut-il que ces produits
aient été obtenus de manière à ne pas laisser, dans la race d'où ils sortent,
un trouble ])réjudiciahle à l'amélioration ultérieure de cette race. Les
primes accordées à un animal croisé dans les concours de reproducteurs,
pas plus que la faveur dont il peut être l'objet dans le commerce, ne
sauraient rien ajouter à sa valeur intrinsèque; elles ne peuvent lui communiquer
les qualités indispensid)les à un amélioratenr de races.
L-aiiLÓllot^liaii
¡IÜP sílcclion
s'amilorait à iiii
niveau dílerminí
Hitakmctit
Outre ces objections générales, d'après lesquelles la sélection serait
moins avantageuse que le croisement, on en a soulevé d'autres, qui tendraient
à étiddir que la sélection est en elle-même absolument impuissante
pour l'amélioration des races. Ces assertions radicales peuvent être
appréciées en quelcjues mots; on va voir qu'elles n'ont aucun fondement
et ont été produites tout à fait en dehors de l'observation des laits.
On a posé, comme une proposition incontestée, que, dans chaque
localité, il est un point auquel l'améboralion s'arrête naturellement. Quoi
qu'on fasse, on ne pourrait dépasser ce niveau fatal, et, si l'on était tenté
de poursuivre l'amélioration au delà, on se trouverait dans la nécessité
d'emprunter au croisement des moyens nouveaux d'action. Les forces
(¡ni imposent cette limite formeraient un faisceau puissant, qu'on a baptisé
du nom àAndigéml.
^ 11 fout remarquer, d'abord, qu'on est porté à exagérer singulièrement
l'influence du milieu dans la constitution des races. Je suis bien loin de
méconnaître l'action de toutes les circonstances extérieures sur l'économie ;
elles interviennent très-puissamment dans les phénomènes de nutrition !
mais, comme je l'ai dit plus haut, elles ne sont pas les seules causes qui
déterminent et règlent le mode d'activité des animaux; elles ne forment
qu'une partie de l'ensemble des influences propres à chaque nature de
fonctionnement, et que j'ai réunies sous le nom de conditions statiques.
Or, cetinchgénat, qu'on prétend opposer comme un obstacle invincible
aux progrès de la sélection, n'est pas plus immuable que ne le sont les
autres conditions statiques. Ce n'est pas une puissance aljstraite, c'est une
puissance qui se définit, se mesure, se change, et aux effets de laquelle
on peut aisément se soustraire. Sans doute, si la sélection était entreprise
avec la prétention de modifier une race sans modifier en rien ses conditions
de production, elle rencontrerait bien vite une limite à son action,
on plutôt elle ne pourrait même être commencée. Mais par des progrès
dans la culture, par des perfectionnements dans le mode d'élevage, dans
les procédés d'éducation physiologique, dans le régime, dans l'habitation
des animaux, on triomphe successivement de toutes les causes qui formaient
d'abord opposition ; et c'est là, en définitive, le propre de la méthode
d'amélioration des races en elles-mêmes.
La sélection peut donc conduire ses opérations jusqu'au ternie qu'elle
s'est proposé d'atteindre, parce que le milieu même où elle agit subit des
modifications en harmonie avec ses besoins. Que si l'on suppose un milieu
dont la transformation ne soit possilile que jusqu'à un certain degré, le
perlectionnement de la race ne sera lui-même praticable que dans une mesure
correspondante. On afljrme que le croisement pourrait alors achever