I.MIlODUCTIOiV.
trpen pri's impossiI)lc à faire : I'liomine qui a ciiielcjiie expérience sur eel
«i)bjeL, el ijui a apjjorlo (|uel(|iie alleiUion à faire le ciioix des bètes (|ui]
ctdcsiinci à laniniioralion de son Iroupeau, sentira facilement toutes les
ctilillicidlés ((ue Ion est exposé à renconlrer lorsque Ton veut ainsi l'aire
ft l'ace à la Ibis à deux points de rhori/.on qui se trouvent souvent en
tf opposition diamétrale Olui qui voudrait atteindre ces deux buts ne
ff pourrait maïKpier de sVcarter à la l'ois de l'un et de raulrr'.«
L'illustre a{;>'rouoiu<' cite plus loin les poids vifs et les poids nets des
toisons de sou troupeau, et il ajoule : «Le poids des animaux est donc
«en raison de la linesse des toisons la quanlité de laine diminue à
ff mesure qu'on aujjmente la linesse
Il dil ailleurs : « Dans quelques races, les vaches sont presque toujours
«luaijj-res, quelque abondance de iiourrilure quelles reçoivent : ce sont
Kcei'tainemeiil les plus parfaites comme vaches laitières. Parle même
«motif on doit, je pense, considérer les mérinos comme la race la plus
- p a r f a i t e comme producteurs de laine, précisémeni parce que c'est la
frrace la plus dillicile à eugraisser'"'. •'i
On ue saurait rendi-e plus saisissante l'opposition radicale cpii existe,
[)ar la nature des choses et pour l'intérêt de notre industrie, entre des
aptitudes cpie l'on considère troj) souvent comme compatibles. 11 serait
diflicile, en même lemps, de rendre plus (-vident le terme où doit tendr(!
toute amélioi'ation de nos espèces agricoles. Mathieu de Dombasle a d'ailleurs
trouvé une sanction pralique à ses \ ues dans l'exemple de l'Angleterre,
(|u'il 0j)j)0se à la France pour les connaissances relatives à l'art de
modilier les races, ff On possède maintenant, dit-il, dans toutes les ])ar-
•ff lies de l'empire britannique des races distincies de bètes à coi'nes : pour
Mathieu de t)oini)asie, Amiale-i ngricoks de liovilk.
Ici. ibid. [). t g I.
1(1 {bid. Vil, p. 107; i83i.
, 176-17(); 1826..
cria boucherie, pour la laiterie el pour le travail.>7 Bl il ajoute: «Tanl
rrque nous ne verrons pas, comme en Angleterre, un taureau possédant
ffles qualités les plus propres à produire de bonnes vaches c\ lait, ou à
«engendrer des boeufs d'un engrais pi-ompt et facile, se piiyer dix fois,
«vingt fois plus (|u'une bète de même taille, mais de formes moins par-
« faites, nous pourrons être assurés qu'on s'occupe peu de raniélioration
^des races, el qu'on n'en apprécie pas l'inq^orlance'.
Bien ([u'il ne crùl pas le niomenl venu pour nous (f d'élever avec proiil
ffdes boeufs exclusivement pour rengraissemenl,Malhieu de Dombasle
nous considérait cependant comme « vraisemblablement peu éloignés de
«l'époque oii l'on pourrait le hure.n Ce n'était là, à ses yeux, ([u'une
question d'opportunité, qui ne modifiait en rien ses opinions sur le but,
sur la possibilité de l'alleindre-, pas plus ([ue sur noire impuissance d'obtenir,
d'une même race bovine, le rendement le plus élevé el le plus
avantageux en travail, en lait, en boucherie.
L'étude de la race de Durham, comparativement avec celle de la race
mancelle, arécemmeni coiiduil un de nos publicistes, M. .laniet, à mettre
en opposition les deux types des boeufs d'engraissement précoce et des
boeufs de lra\ail^. Pour cel écrivain, l'incompatibilité réelle n'existe
qu'entre ces deux lypes, et il résume sa thèse par cette phrase : « La dis-
« position à l'engraissement rapide et au travail prolitable ne peut se ren-
« contrer dans le même boeuf.« Il a exposé et soutenu souvent cette ihèse
avec une chaleur égale à son admiration pour la race fie Durlumi, cpii
lui a fourni un excellent modèle pour tracer le type des bètes d'engrais.
Peut-être les traits de conformation qu'il considère comme caractéristiques,
et les explications physiologiques (pi'il en donne ne sonl-ils pas
Mathieu de Dombasle, Anuales agricoles de Hovilh. I.
Miütiieu de Dombasle, Calendrier du bon cultivaleur, 1
E. .lamet, Cours d'a{¡rículture. p. 3o'i el suiv. i8/i().
. h-2, hh-ài; iSfih.
° ¿tiilion. [). GaS.
Iiahiiud« , A l'appui des opinions écrites, plus ou moins complètes, plus ou
d«oie»cL moins explicites sur l'antagonisme des aptitudes, la pratique journalière
' E. Jamet, Cours d'agricvllure el Traité <ie l'es-phe bovine, ["• part ie. [). "
INTBODUCTIO^',
tous acceptables; peut-être lui pourrait-on contester quelques-unes de
ses considérations agricoles, quelques conséquences exagérées dans i'apj)
lication; il a, en tout cas, fortement insisté sur l'impossibilité de voir
coexister, chez les mêmes animaux, Taptiludc à l'engraissement et l'aplilude
au travail. Quant à la qualité laitière, il nie qu'il y ait avantage à la
développer dans des races particulières; il lui refuse, d'ailleurs, un lype
distinct, et il aifirrae que les conditions vitales qui favorisent la production
du lait, comme les iormCvS ([III en indiquenl rapliliide, sonlidenliqueinent
les mêmes que celles du lype de boiicliorie. Aussi esl-ce avec les lionnes
races de boucher ie, el surloul avec la l'ace de Durham, la meilleure enlre
loutes, ([u'il serail, d'après lui, le plus économique de produire le lail;
les vaches issues d'une race.bien conformée pour le Iravail prendraient
r a n g e n s u i t eUn e prédilection fort vive pour le Durham avail d'abord
laissé croire à l'anteui' (|ue cette race pourrait donner d'excellents animaux
de croisement pour le travail; il reconnut cependant combien ce
type, si remarcpwble pour l'engraissement, se distingue du type des races
fortes et laborieuses, et fut ainsi amené à généraliser l'opposition entre
les deux ; mais il resta persuadé que la race de Durham est aussi une
race supérieure pour le lait, et il généralisa encore celle opinion jusqu'à
confondre les types des animaux d'engrais précoces a\ec celui des animaux
laitiers.
, J'ai démontré déjii l'erreur physiologique d'une telle confusion. L'histoire
des races, et notamment cclle des races perrectioiinées pour la boucherie,
viendra à chaque pas la rendre plus évidente.
l o g ; i 8 6 6 .
9 - 7 ' .
et commune de tous les pays apporte ses convictions acquises par l'expérience.
Tous les eiigraisseurs, tous ceux qui achètent des boeufs maigres
pour leur faire convertir les fourrages eu viande el en graisse, choisissent
partout sur le niarché les boeufs tendres et non les boeufs durs ou rushV/
ms, les boeufs de noutrilure el non les boeufs de ekirrois, c'est-à-dire "
qu'ils préfèrent les animaux plus jeunes, mieux élevés, toujours bien nourris
el ménagés à hi fatigue, aux animaux plus âgés el moins bien traités.
Ce sont toutes ces considérations qui ont décidé les éleveurs anglais à
entrer dans la voie d'amélioration oii ils ontohtenii tant de succès, liepiiis
longtemps le but de la production du bétail est précis cl simple chez nos
voisnis. Si l'on emploie encore le boeuf pour le travail sur quelques
pouits Irès-restreints, l'espèce hovine se perfectionne partout ailleurs en
vue de deux destinations distincies, l'engraissement et la laiterie. Le ])erfeclionnement
des races domestiques a partout pour princi|)e l'exploitation
de ces races pour un gcju'e de sei'vice unique et déterminé. Il n'y
a , sur ce point, ni incertitude ni liésitalion. Les races renommées de
Durham, de Hereford, de Devon, d'Angus, deWest-Ilighland, représentent
le meilleur type de boucherie; les races d'Ayr, d'Anglesey, d'York,
représentenl le lype supérieur pour la lailerie. Toules les autres race.s
bovines gravilenl, avec plus ou moins de bonheur, anlour de l'une on île
l'antre de ces deux grandes catégories.
• Ce caractère fondamental et ces tendances de l'économie du bétail en
Angleteri'c n'ont pas échappé à l'illusli'e Thacr; on a vu (pie Malhieu de
Dombasle en a été également frappé; tous ceux (¡ni ont étudié ce pays ont
reçu les mêmes inqiressions. Wecklierlin, dans l'élude (¡u'il a faite de.s
moyens d'amélioration du bétail en Angleterre, a signalé, comme une
condition essentielle de la réussite, la sagesse des éleveurs, qui ne tentent
pas de poursuivre deux buts opposés, de réunir des aptitudes qui s'excluent.
.le montrerai, en traçant l'histoire des races anglaises, justpi'à
(piel point les faits justifient ces appréciations.
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