INTRODUCTION.
J1 y a plus, les riices les plus paiiailes, et les seules pariai Los, sont
prrcisémenl celles tpii se soiU façonnées onlre les mains de rhomme, qui
ont été [lar lui appropriées à un nulicu délorniiné, qui ont j)ris des qualités
en rapport avec les besoins, avec les demandes de la consommation,
lit, (liins ce travail ([ui constitue Famélioralion des races, r h omme ne s'est
pas soustrait aux causes naturelles, il n'a pas inia^jiné d'iniluencos artifi-
<'ielles; car il ne saurait inventer de Forces nouvelles, ni échapper à celles
(|ni existent. Il a, bien im conlraire, observé scrupuleusement les lois de
la nature, mais il en a choisi et mesuré les effets, en laissant les unes
pi'édominer, en subordonnimt les autres, dans les limites posées à sa puissance
par les lois mêmes de la nature.
Ces lois sont les lois physiolofjiques, celles (¡ui président au développement
et à la vie des animaux. Les modifications que peut subi r l'espèce
daus les condilions normales ne portent, en effet, ni sur le nombre des
élémenl.s des machines vivantes, ni sur leur ajjencemenl, ni sur leur
Ibi'ine pro|)re, ni sur la nature et l'emploi de leurs matériaux constitutifs;
en un mot elles ne sont point anatomiques, elles sont purement physiolojjicpies.
Non pas (pie la voie g-énérale du développement et du ionclionnement
de ces machines se puisse chang:er : il ne se produi t , en réalité,
(pie (les différences dans l'intensité des phénomènes aux diverses
phases de la vie des animaux; mais ces différences amènent des chang-emeiits
importants dans les dimensions des parties, dans leurs proportions
relatives, dans la densité des tissus, dans les habitudes fonctionnelles,
dans ce (pi'on appelle le tempérament, c'est-à-dire dans la puissance,
dans la perfection, dans la subordination des fonctions.
Comparées entre elles, les inlluences (pii produiseni ces modifications
lie soni pas toutes ég'alement énerg-iques; elles n'agissent pas toutes sur
toutes les parties de la machine; chacune d'elles, prise à part, subit même
des -variations daus son action spéciale, en raison des circonstances qui
acconipajjnent sa nianifeslalion ; mais toutes sont naturelles, et ne sauraient
être autres. Vouloi r étudier ici chacune de ces inlluences en détail,
o u seulement en rappeler le rôle, ce serait entreprendre de formuler la
doctrine entière de la zootechnie. 11 suf f ira à notre but de les distinguer
en deux (groupes : celles (pii se rapportent à la nutrition, en donnant à ce
mot son sens physiologique, et celles qui se rattachent à la reproduciion.
L e s causes dont raclion porte sur les phénomènes de nutrition sont
toutes celles qui modifient l'iictivité vitale. O n croit généralement les réunir
et les caractériser par le nom d'influences du milieu. Ce mot, quelque
l a r g e acception (pi'Dn lui donne, et dùt-on lui faire comprendre les impressions
morales aussi bien que toutes les actions exercées du dehors sur
l'être vivant, ne représente que les influences du monde extérieur sur
l'animal. Ces inlluences sont puissantes, sans doute, mais elles ne sont
pas les seules qui déterminent des modilications dans l'intensité ou la nature
des phénomènes de nutrition. 11 y a des causes intimes, dont l'origine
est dans l'essence même de l 'organisme, et qui font varier l'activité vitale,
c'est-à-dire les besoins de l'économie avec l'aptitude à les satisfaire. C'est
ainsi que ces besoins et ces aptitudes changent avec l'âge, avec le sexe,
avec le tempérament. Elles changent, en outre, avec certaines conditions
et situations qui sont faites à l'animal, et qui peuvent devenir des habitudes,
comme le repos ou l'exercice musculaire, etc.
P o u r tenir compte de toutes les causes capables de modifier l'activité
de l 'organisme, en changeant la direction et les résultats de la nutrition, ,
capables, par suite, de donner naissance aux races, il faut donc en reconnaître
de trois sortes : les impressions du monde extérieur sur l'économie;
les dispositions physiologiques varitLl)les selon les périodes de la
vie, selon le sexe, selon la constitution, selon tout ce qui caractérise l'état
i n d i v i d u e l ; et les influences de situations, d'actions, d'habitudes.
modifier rncliviliî
Des auteurs ont cru pouvoir rapporter toutes les modifications que dd
INTRODUCTION.
la machine animale est susceptible de subii-, à une seule cause, Yalimei}!,
en comprenani sous ce nom tous les éléments c|ue fournisseni au travail
vilal l'air que l'animal respire, l'eau (pi'il boit, la ralion qu'il consomme.
I l s ont considéré que les influences extérieures, que le climat,, résultai
complexe d'une foule de conditions variaJ)les, agisseni essentiellemeiil
s u r les animaux par leur action sur la végéiation, el que leur action directe
est peu de chose. C'est là une vue incomplète et inexacte en parlio.
L a température, la lumière, Thumidilé, elc. ont, par elles-mêmes, une
influence sur l'activité vitale; elles l'ac.célèreni nu la ralentissenl, lui iiiiprimenl
telle ou telle direction. Dans les contrées un peu froides, par
exemple, la respiration es! plus énergique, l'appétit esl plus éveillé (pie
dans les contrées chaudes; la machine animale se trouve, par le seul l'ait
des impressions a[mosphéri([ues, dans une disposilion particulière. Cette
disposition, combinée avec les tendances actuelles de l'animal el avec les
influences qui naissent de la situalinn qui lui .esl faite, concourt à constituer
un ensemble physiologique don! les besoins el la puissance se
trouvent définis. L'alimenI intervieni alors; la machine l'utilise conlbrmément
aux conditions présentes de son fonclionnement, el il devient, à
son tour, cause modificatrice en raison de sa nalure, de sa qualité,.de
sou volume, de sou abondance, de sa constance. L'al imenI a donc un r()le
inconteslid)Iemenf immense; mais, outre qu'il ne résume pas en lui toutes
les influences du monde extérieur sur l'animal, il n'est pas originairement
le point de départ des actions et réactions que sa présence amène
ensuite, insister sur la puissance de l'aliment, c'est appeler avec raison
l'attention de la pratique sur la nécessité de se procurer à discrélion la
matière première ([ue les machines animales niellent en oeuvre; mais il
ne faut pas oublier, pour cela, ([ue l'emploi de celte matière première est
physiologic[uement sous la dépendance des machines ([ui se l'approprienl,
el qu'en dehors de l'alimenl, et avani lui, des inlluences modificatrices
ont préparé ces machines à un fonctionnement spécial. Cela revienl à
dire que, pour obtenir des iiiodilicalions à l'aide de l'aliment, il faut
préalablemeni impressionner les animaux, ou diriger leurs leudan ces nain
rel ies ou acquises dans le sens oîi fou veut que les modilicalions se
produisent. Avant d'administrer l'alimenl, il faut îivoir ri'glé le travail de
la machine, avoir combiné, dans nu hul bien indi(|ué, toutes les influences
physiologiques concordantes, ce ([ue j'ai appelé ailleurs les condiliovs
statiques de chacune de nos opéralioiis zootechni(|ues. L'alimenl ne
rend (pi'eu raison de celle harmonie jiréétablic.
(}uanl aux modilicalions doni la reproduction est l'agenl, elles dépendenl
de toutes les causes (|ui l'oni varier la valeur des animaux accoiiplés,
et ne sonI, en dernière analyse, ([ue la transmissiou, leinaiialion
des modilicalions individuelles subies par les reproducleurs, jxiis conlinuant
de se manifester de génération en génération, plus ou moins s<'mblablemenl
à elles-mêmes. J'aurai plus loin Foccasiou di' rappelei' le
rôle des reprodiicteui-s sous finllucuce des lois d'hérédité; mais, puisipTil
s'agil ici de l'action des causes cpii donneni naissance aux races, il n'esl
pas hors de propos d'indiquer commeni s'accomplil la reproduci ion parmi
les animaux qui soul indépendants de l'homme, par opposilioii à ce (pii
se passe le plus ordinairenieul en domesticilé. C'esl là une condilioii
biologique qu'on a toujours Ui-gligé de coiiqjler pai-nii celles (|ui peuvent
amener des changemenis dans les races, pour ue s'attacher qu'aux résultais
dus aux inlluences extérieures el à l'alimenlalion.
C.ommenI l'acle de la reproduciion est-il réglé dans l'état de nature?
A (l(>s épo([ues précises, le male el la femelle sentent s'éveiller en eux
l'iustincl de la génération, en nK^Tue temps que s'accomplit, dans leurs
organes spéciaux, le travail qui les rend aptes à se reproduire. Les ind
i v i d u s les plus forls se trouvent les premiers prêts à rempli r cette fonction,
et c'est entre eux ([ue l'accouplemenl a lieu. Souvent aussi, entre
les mâles d'une même région on d'une même troupe, des coiidjals ter