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oil ils doivent descendre le long des os sans empàleraenl, se délaclianl
nisémenl. cl se dessinani de façon à ce ([n'on les jinisse, en qnelque sorte,
isoler et com])ter.
Toutes ces conditions rlénieniaires de force pour les bêtes de travail
délerniinent, p;u' leur réunion, nn ensemble ipii donne à ces machines
line forme j^'énérale caractéri.sli(|ue. Il doit nécessairement exister une relalion
étroite entre la niasse inerte à porter et à déplacer et les parlies
actives (jui sont charg-ées de ce support et de cette translation. Le poids
du corps ne doit donc pas èire trop considérable par rapjiort aux meml)res,
(|u'il écraserait sans cela e( réduirait à l'inipuissance; il ne doit pas être
réparli de manière à fa(Í,n'ner l'avanl-main. Ainsi, s'il est avantageux (pie
les innscles de Tarriere-main, auxquels esl conliée l'impulsion en avant,
soient l)ien développés et donnent une ampleur considérable à cette partie
du corps, les épaules et la poitrine ne doivent pas être chargées. Le
ihorax doil olirir les dimensions et la régularité de l'orme r[ue j'ai signalées
préc(Memmenl comme étant nécesssires à raccomplissenienl normal
des nrandes fonctions doni il est le siège; mais il ne saurait acquérir une
Irop gi-ande lianleur, ni une largeur (rop gran<le. Trop descendu entre
les mend)res antérieurs, il abaisse le centre de gravité et rend moins
libre le jen des organes de loconiolion; trop élargi, il écarle les membres,
délermine nn développemeni latéral du corps d'oii résulte, dans la prog'H'ssioii,
inie oscillation où la force se perd, et la l'aligne augmente sans
prolil. Dans un animal de boucherie, la poitrine, nous Tavons vii, ne
pcnl être ni lro]> descendue, ni [rop large.
La peau doil favoriser, par sa fermeté et sa l'ésistance, le jeu des aj)-
pareils locomoteurs. Il nVsl pas besoin quelle soit rnde et grossière, mais
clic doit être d'une texture serrée, el s'appliquer étroitement à toutes les
parties en accusant leurs formes. Les appendices cutanés parlicipent à
ces caractères (>l le lissu corné los pi-ésente également : les sabots acquièi
ent alors la dureté el la résislancc dont ils ont besoin.
11 est facile de comprendre ([ue les exigences d'une telle conformalion
sont tout à fait autres ([uc celles dont nous avons justifié la nécessité chez
les meilleurs animaux de boucherie. La forme parallélipipétiique ou même
cylindrique du corps, la disproportion entre le volume exagéré du tronc
et la dimension réduite des membres, l'atténuation du système osseux, la
linesse propre du système cutané et des parties ([ui en dépendent, la délicatesse
des attaches, notamment celle de Tencolure avec la tête, la nature
des tissus, la proportion des parties, tons les caractères essentiels ([iii
forment le type des machines les mieux organisées pour la boucherie, sont
précisément ceux qui ne doivent pas se rencontrer dans les machines les
plus propres à donner du travail.
Cette opposition organique dériAe d'une opposition pliysiologi(|ue résultant
fondamentalement d'une diliérence dans le mode-de développemeni
des animaux, et se rattachant, par suile, à une dillerence dans
l'ampleur de la cavité llioracique.
Nous savons, en effet, que les lois du développement des,jeunes animaux
oui pour conséquence la formation rapide du Ironc, son ampliation,
la subordination des autres parties, Taptitude à prendre la graisse,
quand ces lois naturelles sont, d'ailleurs, aidées dès la naissance par une
alimentalion substantielle et constamment abondante. Les eliets d'nn tel
régime sont d'autant plus certains el marqués que lous les soins d'élevage
concourent mieux au même but , et ([ue l'habitude fortifie plus la nature.
Les animaux prenneni ainsi des aptitudes tout à fait en harmonie
avec leur confornialion, ou, ce qui esl plus exact, la conformalion répond
complètement-aux tendances physiologiques (pii se prononcent , et la machine
se constitue dans sa spécialité de machine à produire de la viande
et de la graisse. Les mêmes praticpies auront toujours les mêmes résultats;
en les adoptant on ne formera jamai s d'autres machines animales,
e l , par conséquent, on n'obtiendra jamais les machines de Iravail.
Celles-ci, pour prendre naissance, exigeni une bonne alimenlalioii,
l i N T U Ó D U G T l ü N .
mais de telle nature el dans une mesure telle qu'elle ne nuise pas au développement
de tous les éléments de leur force, leviers et muscles, llu
cerlain exercice leur est favorable, parce (|u'il sollicite leurs puissances
locomolrices, appelle la vie dans les appareils du mouvenienl et éveille
leur énergie; en un mot, leur formation doit être soutenue, mais elle ne
doit pas être engagée dans la voie d'un développement hâtif. Aussi leur poitrine
et leur tronc loul entier ne sauraient-ils prendre les dimensions qu'ils
acquièrent chez les animaux de boucherie les mievix caractérisés, et caraclérisés
essentiellemeni par la précocité. Toute leur conformalion suit cette
direclion pi;emière : le système osseux gagne plus de force; les membres
ne soni pas annihilés; l'animal a moins d'étoile, mais il accuse la vigueur
unie à une certaine liberté (Pallure. Les aptitudes sont aussi tout autres;
elles se résumeni en une énergie plus grande, servie par des muscles volumineux,
donI les Obres multipliées déterminent une contraclion musculaire
puissante. Chez les animaux de boucherie, le volume des muscles
ne pourrait produire le même ellet, car l'énergie manque, et quand bien
même l'énergie serait égale, elle n'agirait que sur des leviers faibles,
alors ([ue la résistance à vaincre est précisément beaucoup plus considérable;
reHet ulile serait donc borné et presque nul. A la plus grande
énergie chez les animaux de travail correspondent des poumons plus développés.
L'animal de boucherie mange, rumine el réclame le repos; l'animal de
!r;ivail reste vif, dispos, et appelle l'action. Mis an harnais, l'animal de
boucherie faligue plus et dépérit plus rapidemenl que l'animal de trait,
pour produire moins de Iravail; mais il est toujours un meilleur utilisateur
de sa ration. Cette vérité est méconnue ou oubliée des éleveurs, en
général, pendant loul le temps oii les animaux restent en leurs mains;
mais elle se révèle à eux, en partie, au moment où ils vont conduire sur
le champ de foire les bêles qu'ils enlèvent à la charrue; le soin qu'ils
prenneni alors de parer leurs animaux est un hommage incomplet ([u'ils
leur rendenl. i^engraisseur, en ellel, \a juger ces animaux d'ajjrès leurs
facultés à convertir les fourrages en chair el en graisse; il préférera les
boenis tendres aux boeufs rusinjues, les boeufs de voinrilure aux boeufs de
charrois, c'est-à-dire ipi'il payera plus cher les boeufs les plus jeunes, les
mieux nourris, les plus ménagés ou les [)lus paresseux. D'autre part,
l'éleveur (pii veut obtenir des boeufs tendres nourrit bien et ne fait pas
Iravailler ses boeufs.
L'opposilion complète ([iti existe entre la conformalion des animaux de
boucherie les plus parfaits et celle des meilleurs animaux de Iravail peut,
nous l'avons vu, se rattacher au développemeni de la poitrine, comme au
caractère dominaleur de tout l'organisme; elle est liée à un antagonisme
absolu entre les aptitudes des uns et les aptitudes des autres; conformalion
et aptitudes onl |)our cause une différence première dans le mode
d'élevage, favorisant dans un sens différent la marche du développemeni des
animaux. Aussi l'éleveur peut choisir la voie où il est préférable pour lui
de pousser ses animaux; mais il ne doil pas espérer réunir chez un même
animal la perl'eclion des deux types (jue nous comparons, et entre lesquels
existe une incompaiibilité de bui, d'origine, de moyens.
Celte incompaiibilité n'est pas seulement physiologique, elle esl en
même temps économique. Par suile de leur activité propre, de la puissance
de leurs facultés d'assimilation, les animaux de boucheri e les mieux
organisés ont une formation, un accroissement, un engraissement rapides;
ils atteignent promptement le terme de leur développement; mais
ils ne peuvent produire de travail. L'éleveur ne peut donc en attendre
d'autre profit que le gain vif, et il pousse incessammeni ces animaux vers
leur maturité la plus hâtive, il les mainlient toujours au meilleur régime,
pour arriver à les abattre ni trop tôt, ni trop tard, mais juste au moment
où ils auront atteint leur maximum de rendement. \A\. •précQciié, qui est le
caractère physiologique fondamental des macltines à viande les plus parfaites,
est donc aussi la condition de leur valeur économique propre jioui