
 
		1^•TR0DDCTI0^.  
 les  conditions  ¡^'(MK'raies  de  milieu,  IMdncation  physiologi(|ue,  toutes  les  
 iniluences  auront  étti  et  continueront  d'être  combinées  en  faveur  du  
 i-ésultal  poursuivi,  Paction  du  reproducteur  choisi  se  trouvera  puissamment  
 aidée.  Cette  action  sera  d'ailleurs  d'autant  plus  rapide  el  plus  sûre  
 ipie  la  race  croisante  l'emportera  davantajje  par  une  puissance  pins  
 intense  d'liérédil,é  et  d'atavisme,  par  plus  de  constance,  plus  de  spécialité  
 dans  les  aptitudes,  par  une  supériorité  pliysiologfique  plus  g-raude  des  
 rejïrodncteurs  mâles  employés.  D'antre  part,  comme  on  procède  par  l'emploi  
 uniijne  el  persévérant  du  male  de  la  race  croisante,  comme  chaque  
 génération  Ibrtille  l'action  de  celle  race  et  airaiblit  celle  de  la  race  croisée,  
 conune  la  première  va  toujours  g-agnaul  ce  ([ue  la  seconde  perd,  et  même  
 davantage,  un  jour  arrivera  où  l'ahsorption  sera  complète,  si  l'on  n'arrête  
 l'opération  que  ce  jour  seidement.  Mais,  si  l'issue  n'esl  pas  douteuse,  le  
 .succès  est  tardif,  et,  sous  ce  rappor t ,  il  en  est  du  croisement  suivi  comme  
 di'  l'amélioration  des  races  en  elles-mêmes  :  l'une  et  l'autre  méthode  
 mai'chent  certainement,  niais  lentement.  
 (Juant  au  rroisemml  ou  jiiélissage  diffus,  c'est  une  opération  bien  difficile  
 el  bien  chanceuse,  et  par  la  natur e  du  problème  ([u'on  veut  résoudre,  
 et  en  raison  de  la  (pialité  des  re|)roducteurs  qu'on  met  en  rapport.  Eu  
 ellel,  les  aptitudes  (pi'il  faut  oblenir  n'appartiennent  en  propre  à  aucune  
 des  races  associées,  puisqu'il  s'agit  d'atleindre  à  un  état  intermédiaire,  
 artilicielicmerit  produit  par  l'union  de  deux  reproducteurs,  issus  de  deux  
 races  qui  sont  disparates  quant  au  résidtat  futur.  C'est  donc  déjà  une  
 jj-rande  difficulté  d'apprécier  assez  exactement  la  puissance  propre  d'hérédité  
 et  d'atavisme  des  deux  reproducteurs,  de  calculer  assez  rig-oureusement  
 les  proportions  dans  les((uelles  doivent  se  combiner  leurs  qualités  
 et  leurs  dél'auts,  pour  arriver  à  la  moyenne  précise  (ju'on  a  en  vue  de  
 réaliser.  Il  se  produit  là  des  attractions,  des  neutralisations  réciproques  
 qu'il  est  bien  délicat  de  définir,  bien  difficile,  pour  ne  pas  dire  impossible,  
 lie  prévoir.  On  reste  en  deçà  cki  but ,  ou  on  le  dépasse;  il  làul ,  car  c'est  là  
 la  donnée  du  problème,  retrancher  à  l'un  des  deux  reprodnctonrs  ou  lui  
 ajouter. Mais  alors  s'introduisent,  par  rintervention  du  reproducteur  nouveau, 
   des  g-ermes  nouveaux  i]u'on  ne  peut  ni  maîtriser  ni  dét rui re,  et  ([ui  
 exigent  d'autres  combinaisons,  d'autres  eliorts.  
 A|)rès  bien  des  oscillations,  admettons  qu'on  soit  arrivé  au  dosage  
 exact  (pi'on  a  si  péniblement  cherché;  il  s'agit  de  fixer  le  résultat  acquis.  
 Les  diffiicultés  grandisseni  et  atteignent  décidément  les  proportions  d'impossibilités. 
   D'abord  il  faut  trouver  le  pareil,  l'égal  en  tout  de  ce  métis,  
 son  aller  ego  dans  un  autre  sexe,  el  l'on  retombe  bientôt  ilans  toutes  les  
 vicissitudes,  toutes  les  perplexités  premières.  A-t-on  mis  enfin  la  main  
 s u r  le  couple  précieux,  il  faul  en  tirer  souche',  et  c'e.st  alors  (pi'oii  
 demande  à  ces  reproducteurs  de  donner  ce  qu'ils  n'ont  pas,  ce  (¡u'ils  ne  
 peuvent  avoir;  car  ils  n'ont  pas  d'atavisme,  ils  n'appai'tiennent  pas  à  une  
 race  définie,  ils  ne  sont  rien  qu'un  mélange  accidentel  de  germes  jetés,  
 pour  ainsi  dire,  en  dehors  de  leur  cercle  mutuel  d'attraction,  cherchant  
 leur  milieu,  leur  loi,  leur  harmonie,  et  la  cherchant  longtemps.  La  
 trouvent-ils  enfin?  L'application  des  principes  sur  lesquels  je  me  suis  
 appuyé  taut  de  l'ois  r épond  négativement.  Le  produit  intermédiaire  oscille  
 de  l'une  à  l'antre  des  races  composantes,  et  celle  des  deux  races  qui  possède  
 l'atavisme  le  plus  puissant  finit  par  l'emporter  sur  l'autre  ;  souveni  
 même  il  ne  reste,  comme  résultat  final,  qu'une  population  de  métis  plus  
 ou  moins  disparates  et  décousus,  sans  nulle  force  de  transmission  héréditaire. 
   
 Les  deux  modes  de  croisement  que  nous  venons  de  distinguer  el  de  
 définir  110  sont  pas  les  seules  formes  sous  les(|uelles  on  puisse  comprendre  
 les  associations  entre  races;  mais  ce  sont  les  principales,  el  elles  
 entrent  comme  éléments  dans  toutes  les  combinaisons  possibles.  Par  
 exemple,  après  avoir  procédé  par  le  croiseniont.  iHffm  pour  un  certain  
 nombre  de  générations,  on  peut  recourir  an  rroimnnU  fiiùvl,  s'y  tenir.  
 INTnODUCTlO».  
 ou  revenir  eu  arrière  par  l'emploi  des  métis  obtenus  ;  on  peut,  en  un  mot,  
 osciller  de  l'une  à  l'autre  méthode  durant  un  temps  plus,  ou  moins  long,  
 et  varier  le  choix  des  reproducteurs  selon  qu'on  espère  ajouter  ou  retrancher  
 tel  ou  tel  caractère  au  produit.  Quel  que  soit  le  moyen  adopté,  ce  
 produit  ne  mènera  jamais  à  une  race  définitivement  constituée;  mais  le  
 groupe,  la  famille  d'animaux  (ju'on  aur a  pu  former  aura  d'autant  plus  de  
 chances  de  se  distinguer  et  de  durer  qu'on  se  sera  rapproché  davantage  
 des  procédés  du  croisement  suwi;  qu'on  aura  plus  fréquemment  employé  
 la  race  la  plus  j)uissante  d'atavisme;  qu'on  aura  pris,  plus  de  soin  pour  
 aflaiblir  l'inllucnce  de  la  race  la  plus  faible.  Ainsi,  quand  on  allie  un  
 mâle  puissant  par  son  atavisme  à  une  femelle  dont  l'action  comme  reproductrice  
 a  été  préalidJcment  annihilée,  pour  ainsi  dire,  le  produit  reçoit  
 du  père  une  empreinte  plus  profonde  et  plus  duraljle,  qui  le  maintient  
 |)lus  |)rès  du  type  paternel  que  du  type  maternel;  la  femelle  est  réduite  
 au  role  de  matrice  et  de  nourrice;  si  l'on  continue  de  la  sorte  pendant  
 plusieurs  générations,  le  type  paternel  parvient  à  dominer  et  à  imposer  
 sa  raractéristiipie  aux  -descendants  pour  un  temps  plus  ou  moins  long,  
 ("est  un  exem])Ie  de  celle  nature  que  nous  olIVenI  les  moutons  dits  de  la  
 • Cha rmoi s e ,  et  que  M.  Malingié  a  obtenus  en  donnant  le  bélier  iNew-Kent  
 à  des  brebis  chez  lesipielles  l'action  de  l'atavisme  avait  été  troublée  par  
 li^  mélange  du  sang  de  quatre  races  différentes.  Dans  de  semblables  circonstances, 
   ce  qu'il  faut  redouler  c'est,  en  quelque  sorte,  la  résurrection  
 d'un  des  types  confondus  dans  la  souche  des  femelles,  la  prépondérance  
 soudaine  de  l'ig-Hotiiiit'maternelle,  plus  ou  moins  prononcée,  tantôt  dans  
 un  sens,  tantôt  dans  un  autre.  Les  moutons  dont  je  viens  de  parler  nous  
 présentent  des  exemples  de  ces  accidents.  
 L'histoire  des  races  et  des  tentalives  de  modification  dont  elles  ont  été  
 l'objet,  dans  toutes  nos  espèces  domestiques,  confirme  les  principes  cpie  
 j ' i n v o q u e ;  ces  principes  eux-mêmes  ne  sont,  en  définitive,  (|ue  la  systématisation  
 des  faits  bien  observés.  Or,  dans  l'histoire  des  animaux  domestiques  
 je  connais  plusieurs  races  améliorées  en  elles-mêmes  ;  je  n'en  
 connais  qu'une  qui  ail  été  formée  par  croisemenl  suivi,  la  race  anglaise  
 des  chevaux  de  course;  je  n'en  connais  pas  une  qui  ait  été  obtenue  par  
 croisemenl  A/us,  j'entends  une  race  fixe,  constante,  se  perpétuant  ellemême, 
   toujours  la  même.  Avec  bien  des  elforls,  en  mettant  au  service  
 d'une  rare  intelligence  une  persévérance  plus  rare  encore,  quelques  éleveurs  
 oui  poursuivi  celle  creation  ; aucun  ne  l'a  réalisée.  Les  plus  habiles  
 ou  les  plus  heureux  ont  réuni  de  petits  noyaux,  (pi'ils  maiiileiiaient  à  
 grand'ioeine,  et  qui  se  modifiaient,  s'évanouissaient  dès  ([u'ils  sortaient  
 des  mains  de  leur  auteur.  La  famille  de  moulons  dont  j'ai  parlé  tout  à  
 l'heure  nous  en  ollre  un  exemple;  j'en  pourrais  citer  <[uelques  autres.  Les  
 races  ovines  connues  en  France  sous  le  nom  commun  de  métis-mérinos  
 sont  bien  loin  d'être  homogènes;  elles  le  sont  d'autant  moins  qu'elles  ont  
 moins  reçu  de  sang  mérinos.  Dans  les. pays  oii  se  trouvent  ces  races,  les  
 propriétaires  des  meilleurs  troupeaux  ont  renouvelé,  à  di\-erses  dates,  el  
 renouvellent  encore  l'action  du  bélier  espagnol,  en  le  demandant  à  leurs  
 voisins  qui  élèvent  des  mérinos  purs.  L'Allemagne,  quand  elle  a  eu  créé  
 sa  belle  race  électorale,  l'a  employée,  le  pins  ordinairement  par  croisement  
 suivi,  pour  améliorer  la  laine  des  troupeaux  ordinaires  dans  le  sens  
 de  la  finesse;  elle  a  obtenu  des  résultais  absolument  du  même  ordre  <(ne  
 ceux  dont  nous  avons  été  témoins  en  France  pour  les  croisements  mérinos  
 ;  elle  n'a  pas  fait  de  race  croisée.  
 Il  faul,  loutefois,  faire  une  remarque  iniportiuite,  ipie  je  me  contenterai  
 d'indiquer,  sur  la  facilité  avec  hupiellc  la  loison  se  prête  à  des  coniliinaisons  
 de  caractères  entre  les  races  mélangées.  De  tous  les  systèmes  
 organiques,  l'appareil  cutané  avec  ses  dépendances  est  celui  sur  lequel  les  
 impressions  de  toutes  sortes  s'exercent  avec  le  moins  de  difficulté  et  le  
 jilus  de  puissance.  Bien  <|u'il  n'éclla])pe  pas,  plus  que  les  autres,  à  la  
 force  de  l'atavisme,  c'est  celui  qui  reste  davantage  sous  l'infinence  modificatrice  
 propre  des  reproducteurs,  sous  l'aclion  imniédiale  de  l'hérédité;