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 INÏKODlJCTlOiN.  
 l^iriiii  k's  ciiiUnii-s qui  se sonf  occiipds  du  hétiiil,  il  en  est  peu  qui  naienl  
 plus  ou  moins  senli  les  fliiTiculi.és,  ou  mémo  les  impossibilités  (jui  sopposenl  
 <î la  réuiiion  de  certaines  aptitudes  chez  un  môme  uninuil.  (}uel- 
 (|ues-uiisse  soul  nionlrés  disposes  à  admettre  l'inconipalibilité  entre  deux  
 facultés  seulement,  entre  le  travail  et  l'en^rraissement,  par  exemple;  ils  
 l'ont  méconnue  on  niée  entre  Tune  ou  l'autre  de  ces  deux  lacultés  et  la  
 pi'oduction  dn  lait.  D'autres,  apri'S  avoir  un  instantentrevu  Fanlag-onisme,  
 se  sont  reÎiisés  à  le  prendre  pour  base  d'un  système  sur  ramélioralion  
 (lu  hélail;  ils  ont  craint  de  se  laisser  aller  à  une  utopie  irréalisable  ou  
 daujvereuse.  Quehpies  points  de  la  doctrine  ont,  cependant,  été  mis  en  
 parfaite  lumière  par  des  écrivains  de  divers  pays.  
 «La  nature,  dit  John  Sinclair,  semble  avoir  destiné  les  dillerentes  
 traces  (ranimaiix  à  divers  objels.  On  ne  connaît  pas  une  race  de  bétail  
 t à  cornes,  également  bien  adaptée  à  la  boucherie,  à  la  laiterie  el  au  trait;  
 «cl,  aulani  que  rexpérience  nous  permet  d'en  juger,  les  qualités  qu'on  
 «doit  rechercher  pour  ces  divers  usages  sont  incompatibles  entre  elles  et  
 ff  a])partieunent  à  des  animaux  de  formes  el  de  proportions  dilTérentes..  .  
 ffVii  éleveur  judicieux  doit  donc  deterniinei-  le  principal  objet  qu'il  a  en  
 «•vue,  et  s'ellbrcer  d'élever  la  race  de  bétail  qui  convient  le  mieux  à  ce  
 ':bul,  ou,  en  d'autres  termes,  qui  payera  le  mieux  la  nourriture  qu'il  lui  
 ff  consacnn-a  '.-n  
 Les  faits  généraux  d'observation  el  les  conclusions  qui  en  découlent  
 ne  pouvaient  guère  être  plus  clairement  résumés.  David  Low  est  dans  les  
 mêmes  idées. Voici  conuiient  il  s'exprime,  après  avoir  montré  que  le  cheva  
 se  substitue  au  boeuf  pour  le  travail,  dans  un  étal  avancé  de  l'agriculture c  
 ce  moyen,  chacune  de  ces  deux  espèces  d'animaux  reçoit  la  des- 
 Ktinalion  à laquelle  elle  est  respectivement  le  mieux  appropriée.  Le  cheval  
 retravaille,elle  boenfacquiert,  le  plus  promptement  possible,  cette  nuituwrilé  
 qui  le  rend  propre  à  la  nourriture  de  l'homme.  C'est  en  vue  de  
 ff  diriger  l'altention  vers  ca  résultat  {[ue  nous-  faisons  ici  ces  observations.  
 «Le  principe  de  l'éducation,  lors([u'it  est  appli(|ué  à  un  animal  destiné  ii  
 ff l'engraissement,  est  <le  développer  les  propriétéis  (jui  sont  en  rapport  
 rr avec  la  maturité  la  plus  précoce  des  muscles  et  de  la  g'raisse ;  el  le  priurfcipe  
 de  l'engraissement  est  de  fournir  à  l'animal,  depuis  sa  naissance  
 cf jusqu'à  sa  maturité,  la  plus  grande  quantité  de  nourriture  compatible  
 «avec  la  conservation  de  sa  sanlé  et  les  ressources  fourragères  ([ui  sont  
 ffà  notre  disposition.  Oi-,  ces  principes  ne  peuvent  être  complétenuini  apfr]) 
 liqués  lorsque  les  boeufs  d'une  Ferme  sont  employés  au  travail.  La  
 «conformation  extérieure,  (|ui  indique  la  perfection  d'un  animal  pour  
 ff l'exercice  et  la  force  physique,  est  dilTérente  de  celle  qui  carcictérise  
 « son  appropriation  à un  engraissement  précoce;  d'où  résulte  (|ue  l'emploi  
 «général  des  boeufs  au  labourage  est  défavorable  à  l'allention  (pril.  conf  
 vient  d'accorder  à  une  autre  série  de  propriétés,  et  ne  permet  pas  cette  
 «alimentation  soutenue  depuis  la  naissance,  qui  amène  ranimai,  le  plus  
 "  tôt  possible,  à  la  maturité  nécessaire  n  
 David  Low  a  rendu  saisissables  les  difl'érences  de  conformation  (Mitre  
 les  deux  types,  par  des  descriptions  et  des  figures  analogues  à  celles  que  
 présentent,  sur  ce  sujet,  beaucoup  d'ouvrages  anglais-.  
 Les  dilTérences  fondamentales  qui  séparent  les  deux  industries  dans  
 esquelles  les  boeufs  sont  utilisés  pour  l'engraissemenl  ou  pour  le  travail  
 sonlici  très-nettement  indiquées,  quant  au  butpoursuivi  par  l'uue  ou  par  
 INTRODUCTION.  
 1 autre,  quanta  l'organisation  des  animaux  employés,  quani  {lux  prociVh's  
 d'élevage  propres  k  obtenir  ces  animaux.  
 Mathieu  de  Dombasle,  en  interrogeant  aussi  l'expérience  et  en  envisageant  
 l'amélioration  des  races  dans  ses  rapports  avec  l'état  de  civilisation  
 dos  pays  producteurs,  pose,  avec  l'autorité  ([ui  lui  appartient,  le  principe  
 général  de  cette  amélioration;  il  le  trouve  dans  rapproj)rial.ion  des  races  
 au  ser\ice  qu'on  en  attentl.  
 «L'homme,  dit-il,  en  appropriant  à  ses  besoins  les  races  d'animaux  
 «qu'il  a  soumises  à  son  empire,  a  du  les  modifier  de  manière  à  en  ohte- 
 « nir,  le  plus  complètement  qu'il  est  possible,  le  genre  particulier  d'utilité  
 ffauipiel  il  les  destine,  el  chaque  animal  individuellement  est  d'autant  
 «plus  parlait  dans  son  espèce  ([u'il  est  mieux  approprié  à  ce  but,  et  nous  
 «sommes  souvent  forcés  de  le  considérer  comme  d'aufant  plus  parfait  
 «qu'il  s'éloigne  davantage,  sous  quelques  rapports,  de  ce  (|ui  devait  cons- 
 « liluer,  dans  l'état  de  nature,  sa  beauté  ou  son  véritable  mérite  w  
 «On  parle  quelquefois  de  la  beauté  d'un  taureau,  d'une  vache  ou  
 «d'un  bélier,  mais  toujours  on  place  la  beauté  dans  des  formes  arbi-  .  
 «traires,  qui  n'ont  aucun  rapport  avec  les  qualités  que  le  bétail  doit  pos- 
 «séder  pour  les  divers  genres  de  services  (|u'on  en  doit  tirer  
 Très-souvent  Mathieu  de  Dombasle  revient  sur  la  délinition  de  la  
 beauté^  et  il  la  formule  dans  des  termes  qui  ne  laissent  pas  de  doute  sur  
 l'idée  qu'il  se  faisait  de  la  perfection.  Voici  quelques  lignes,  entre  autres,  
 où  cette  i(l(^e  se  trahit  clairement  :  
 «Si  nous  appliquons  le  mol  de  beauté  aux  formes  d'un  animal,  il  est  
 «certainement  raisonnable  de  désigner  par  cette  expression  les  formes  
 «qui,  en  garantissant  la  vigueur  de  sa  constitution,  le  rendent  le  plus  
 «éminemment  propre  au  service  auquel  il  est  destiné.  Que  les  peintres  
 '  MiUhieu  de  Do m baste,  Ânmies  (i(rncoles  de Roville.  III.  p.  i6ç);  189 G.  
 Id.  ibid.  I,  p.  189^1.  
 «se  créent,  s'ils  le  veulent,  une  beaul,é  idéale  (pianl  à  nous,  dont  le  
 «but  est  de  |)roduire  des  animaux  consacrés  à  une  utilil,é  réelle,  nous  ne  
 «devons  considérer  comme  beauté  <p]e  les  formes  qui  con(;ourent  le  plus  
 «directement  à  cette  utilité;  la  beauté  d'un  cheval  de.  counc  diffère  de  
 «celle  d'un  cheval  île  roulafre,  comme  ht  beauté'd'un  lévrier  diilère  de  
 «celle  d'un  braque,  celle  d'un  chien  covrant  de  celle  d'un  .chien  de  bei:(rer.  
 «C'est  seulement  dans  l'enfance  de  la  production,  ou  lorsque  tous  les  
 «animaux  d'une  espèce  sont  employés  au  même  service,  (jne  Ton  a  pu  
 «se  laire  des  idées  absolues  de  la  beauté  dans  cette  espèce,  mais  à  mesure  
 «que,  par  les  progrès  de  l'induslrie,  ou  a  tiré  des  services  diilerents  de  
 «la  même  espèce  d'animaux,  on  a  senli  la  nécessité  de  créer  des  races  
 «particulières  approprii'ses  à  ces  diiîerents  services;.et,  di's  ce  nio- 
 «nu'nt,  les  idées  de  b(iau(,é  doivent  s'appliquer,  pour  chaque  race,  aux  
 «formes  les  mieux  appropriées  à  ce  service.  Ainsi,  en  Angleterre,  dans  
 «les  races  de  -bêtes  à  cornes  destinées  spécialement  à  la  boucherie,  on  
 «fl'ésigne  par  heauté  des  formes  entièrement  diiTérentes  de  celles  ¡pii  
 « portent  ce  nom  dans  les  rac(is  destinées  à  hi  production  dn  lait  n  
 A  propos  du  perfectionnement  des  races  ovines,  Mathieu  de  Dombasle  
 met  encore  plus  vivement  en  relief  l'antagonisme  des  facultés  ([ue  
 l'on  prétend  souvent  réunir  chez  les  mêmes  animaux.  Comparant  l'ami^- 
 lioration  des  toisons,  en  vue  d'obtenir  des  laines  fines,  à  celle  qui  se  proposerait  
 de  rendre  les  moul.ons  plus  aptes  à  l'engraissement,  il  s'exprime  
 ainsi  :  
 «On  dira  pent-ètre  (pie,  sans  s'écarter  de  l'une  de  ces  deux  routes,  on  
 «peut  aussi  ne  pas  perdre  de  vue  l'antre,  et  que  l'on  doit  faire  le  choix  
 «des  animaux  destinés  à  la  propagation,  de  manière  à  faire  marcher  de- 
 «front  l'amélioration  des  toisons  avec  celle  des  formes  reconnues  les  plus  
 «favorables  à  l'engraissement.  Cela  peut  très-bien  se  dire,  mais  cela  est  à  
 '  M a 111 i eu  fie Doml)asle,  Ayinalcs  a^rncoles  de Boville,  VI, p.  i'18-1/19;  i83o.