V I PRÉFACE.
M. Cohen termine en ce moment sa Description des monnaies
frappées sous l’empire romain; il est fort à regretter que ce
savant, se bornant exclusivement à l’empire d’Occident, n’ait
pas jugé à propos d’adjoindre à cette importante publication
la description des monnaies byzantines, qui sé lient si intimement
à la série romaine, et qui en constituent la suite inséparable.
Mieux que personne assurément, M. Cohen eût pu satisfaire
aux exigences d’un pareil sujet et ce corps de travail,
que la numismatique réclame depuis longtemps, aurait, sous
le rapport de l’ensemble et de l’homogénéité, incontestablement
gagné beaucoup à être traité par la même main. A la
sollicitation de quelques amis, et sur le refus prononcé de
M. Cohen, je me hasarde aujourd’hui à compléter et à.continuer
une oeuvre où, sans m’assujettir servilement à la manière
et à la méthode de mon précurseur, je tâche, selon la
mesure de mes forces et autant que le sujet le comporte, à
rester dans les limites d’un cadre à peu près tracé d’avance.
Des différences bien prononcées distinguent la monnaie
byzantine, dont le travail, les types et les légendes affectent
un caractère particulier. Pour la monnaie de cuivre surtout, si
abondante et si variée, il m’a paru indispensable de rompre
complètement avec la méthode routinière suivie jusqu’ici de
désigner les nominaux par les dimensions de leur module.
N’est-il pas bien plus logique en effet d’appliquer à chaque
pièce le véritable nom qui lui a été affecté de son temps, lorsque
cette appellation nous est connue, et qu’elle indique clairement
d’ailleurs la valeur pour laquelle chaque monnaie était
donnée et reçue? Cette méthode est si simple et si rationnelle
qu’elle a été adoptée partout et de tout temps ; car si chez
quelques peuples de- l’antiquité le numéraire a été reçu au
poids, on n’a du moins jamais songé, dans les transactions, à
stipuler que les payements auraient lieu avec des espèces d’une
PRÉFACE. VII
certaine dimension. Ces motifs m’ont paru suffisants pour légitimer
la nouvelle technologie que j’adopte, d’après l’autorité
des historiens et des chroniqueurs byzantins.
En numismatique surtout, la science et l’érudition ne suffisent
pas ; il est reconnu que la connaissance pratique et le
maniement des médailles sont indispensables. Pour moi, simple
amateur, dont le seul mérite consiste peut-être dans une
longue expérience, mon livre n’est qu’un modeste manuel où
je me suis attaché à signaler et à résoudre, toutes les fois que
je l’ai pu, les difficultés qui se présentent le plus fréquemment
aux personnes qui étudient les monnaies byzantines ou
qui possèdent une collection; elles doivent avoir une connaissance
sommaire des règnes, de l’histoire et des vicissitudes de
l’empire d’Orient. C’est pour leur éviter le travail et l’ennui
de ces recherches que j’ai placé en tête de l’ouvrage l’indication
des dates de l’avénement et de la mort des empereurs ainsi
que la marche des réductions successives et toujours croissantes
du territoire de l’empire. Cet exposé préliminaire ne m’a pas
empêché du reste de donner à chaque règne la biographie
abrégée des empereurs.
L’ouvrage complet formera la matière de deux forts volumes
in-8°, conformes en tout pour le papier et l’impression à ceux
qui composenl la Description des monnaies frappées sous l’empire
romain, par M. Cohen, Tous les types connus des monnaies
byzantines sont gravés avec fidélité sur les planches
nombreuses qui font partie de ce livre ; la reproduction en a
été confiée à la main exercée de M. Dardel.