DE LA DATE SUR LES MONNAIES BYZANTINES
11 est généralement .reconnu que l’inscription de la date sur
les monnaies byzantines ne commence qu’à partir de la douzième
année de Justinien; mais cette opinion est basée uniquement
sur le fait qu’on n’a pas encore trouvé de monnaie avec
une date antérieure. J’ai eu cependant l’occasion de voir chez
M. Hoffmann, qui m’a permis d’en prendre le dessin, un bronze
de Justinien marqué de l’indice K et portant la date de l’an Ier,
dont le module est très-petit, puisqu’il atteint à peine le diamètre
du n° 2 1/2 de l’échelle de Mionnet (13 millimètres).
Ge demi-follis a passé, je crois, dans la belle collection de
M. Thompsen, de Copenhague. J’ai moi-même publié depuis
longtemps un autre demi-follis de Justinien Ier, d’un type différent
et daté également de l’an Ier (1) ; ces deux bronzes, qui
ne portent pas de nom d’atelier et qui offrent une date antérieure
à l’an xn, dérogent par conséquent à la règle ordinaire ;
ils ne sauraient être confondus avec les cuivres dé Justinien
Ier, frappés à Carthage et marqués des dates anno mimo
ou III, dont parle le baron Marchant dans sa XVIIIe lettre,
adressée à M. Dacier.
Sur les cuivres byzantins, la date est ordinairement indiquée
en chiffres romains; mais quelquefois les fractions de dizaines
sont marquées en lettres numérales grecques qui s’ajoutent
aux lettres numérales romaines. Cet usage d’inscrire la date
s’est maintenu seulement jusqu’à Léon III, dont quelques rares
follis portent encore la date de l’an I".
(1) Voir pour ces deux exemplaires pl. XIV, 17 et 18.
Sous le règne de Maurice Tibère et sous celui d’Héraclius
conjointement avec son fils Constantin, nous trouvons par
exception quelques monnaies de cuivre sur lesquelles la date
est indiquée au moyen de l’indiction, par exemple :
1° Sur des monnaies de Maurice Tibère de différentes valeurs
et marquées des indices M—XX—K—X—I ou 0 ;
2° Sur un petit bronze d’Héraclius et son fils Constantin,
portant l’indice XX.
Je pense que Maurice, pour consacrer le souvenir de son
avènement au trône, qui a eu lieu précisément dans la première
année de la dix-neuvième indiction, à partir de l’an 312,
g voulu que quelques-unes de ses monnaies, notamment celles
qu’il faisait frapper à Carthage, fussent datées d’après cette
méthode, qui était d’ailleurs familière aux Grecs et fort usitée
dans les manuscrits. Quant au bronze unique d’Héraclius et
Héraclius-Constantin, où le mot in d ic t io n’est point acompa-
gné du chiffre de l’année, cette indiction est évidemment la
vingtième et correspond à l’an 615, l’année même où Héraclius-
Constantin fut associé à l’empire par son père.
L’indiction est une période de quinze années à partir de
l’an 312 ou 313 de Jésus-Christ, et cette méthode de supputation
fut adoptée, dit-on, pour la première fois par Constantin
le Grand, après la victoire qu’il remporta sur Maxence. Aucun
document authentique n’autorise du moins à faire remonter
cet usage à une époque antérieure, et les premiers exemples
bien constatés de dates notées par indictions se trouvent dans
le Code Théodosien, à propos du règne de Constance II, qui
mourut en 361. On distingue trois sortes d’indictions :
L’indiction de Constantinople, partant du 1er septembre. —
L’indiction Impériale ou Constantinienne, partant du 24 septembre,
— et l’indiction Romaine ou pontificale, dont le point
de départ a été successivement fixé, d’abord au 25 décembre,
puis définitivement au 1er janvier. Aujourd’hui, ce système,
employé quelquefois encore en Russie, s’est presque exclusi-
-vement conservé dans les bulles pontificales de Rome.