DE QUELQUES
IMITATIONS DE LA MONNAIE BYZANTINE
Parmi les diverses imitations contemporaines de la monnaie
byzantine, il faut signaler d’abord les monnaies de cuivre
frappées par les Arabes qui, dans le septième siècle, envahirent
les provinces orientales de l’empire grec. C’est à M. de Saulcy,
le premier, que nous devons l’explication rationnelle des types
et une lecture correcte des légendes bilingues de ces monnaies
de cuivre, aux types des Héraclius ou de quelques autres empereurs,
frappées par les Arabes, avec l’indication des villes
de Damas, Emèse, Antaradus, Héliopolis, Tibériade, Lao-
dicée, Chalcis, Ælia Capitolina et peut-être aussi Apamée. On
trouve des exemplaires de ce genre dans presque toutes les
collections, et le Cabinet impérial de France en possède une
belle suite dont les exemplaires les plus importants ont été
décrits et publiés, d’abord par M. de Saulcy, dans trois lettres
adressées à M. Reinaud (1), et ensuite parM. Adrien de Long-
périer (2). C’est donc à ces deux publications que doivent recourir
ceux qui veulent être complètement au courant de cette
branche de la numismatique.
Outre ces imitations en cuivre, les-Arabes ont aussi frappé
en Afrique, dès les premiers temps de leur conquête, des
monnaies d’or au type byzantin, rappelant par leur aspect
extérieur, leur flan épais et leur module exigu les globules d’or
frappés en Sicile depuis les Héraclius jusqu’à Théophile. Ces
(1) Journal asiatique, 1839-1840.
(2) Annotations aux Lettres du baron Marchant sur la numismatique.
imitations offrent, comme les globules byzantins, le buste dia-
démé d’un empereur ; quelques exemplaires portent deux et
même trois effigies en buste, et le revers est occupé par une
croix en tau [ I ] posée sur des degrés. Quant aux légendes des
deux faces, elles sont inscrites en caractères latins sous lesquels
se cachent les formules religieuses que les Arabes avaient
l’habitude de placer sur la monnaie musulmane de cette époque,
en sorte que, quoique latines par les caractères, ces imitations
d’or ne sont qu’une reproduction du dinar arabe. M. Lavoix,
conservateur-adjoint du Cabinet impérial de France, qui s’occupe
plus spécialement de la numismatique orientale, a bien
voulu me communiquer l’explication de quelques-unes des
légendes mystérieuses qu’on lit sur ces monnaies d’or. Ainsi,'
par exemple, un exemplaire du Cabinet impérial offre la suite
non ponctuée des lettres :
in n d n in d s n is id s , q u ’il faut l i r e : in . n o m in e . d o m in i . n o n .
DEVS . NIS1 . DEVS.
Nous trouvons sur un autre exemplaire les lettres: h sld s fr -
t in a f r k , qui s’expliquent par ces mots: h i c . solidvs . f e r it v s .
IN. AFRIKA.
Une troisième monnaie porte en légende : in n d nmsrm sr ,
c’est-à-dire : in . nomin e . domin i . m is e r e n t is . m isericordis ;
et ainsi de suite de quelques autres légendes du même genre.
Par conséquent, d’après l’interprétation de M. Lavoix, que je
trouve aussi rationnelle qu’ingénieuse, la légende composée
de sigles latins n ’est que la reproduction ou la traduction abrégée
de la légende arabe. En effet, je lis ces mêmes légendes
sur plusieurs monnaies des califes, et pour n’en citer qu’un
exemple, voici la traduction mot à mot de la légende arabe
inscrite dans le champ du revers d’un dirhem seldjoukide de
Kaïkhorrou i l, fils de Kaïkobad, frappé à Iconium, l’an 642 de
l’hêgyre ou 1244 de J. C. : in . n omin e . d e i . m ise r ico r d is . e t .
CLEMENTIS ! — NON . EST . DEVS . NISI . DEVSl
Au reste les Arabes ne se sont pas bornés à ces imitations :
pour les besoins de leur commerce et des transactions indis