avait pourtant été employé longtemps avant Constantin le
Grand, puisque Apulée (Metam., L. IX, p. m. 178) se sert des
expressions solidus aureus pour désigner les pièces de son
temps. Au reste, comme nous voyons encore de nos jours, la
monnaie d’or appelée du nom du souverain qui l’a frappée, et
qu’on dit: un Frédéric, un Louis, un Napoléon, etc., de môme
le sou d’or byzantin, surtout à partir du onzième siècle, est
souvent nommé, dans les écrits du temps, Románate, de Romain
Diogène; — Constantinate, de Constantin Ducas; — Mi-
chalate, de Michel Ducas; — Manuelate ou Manlat, de Manuel
Ier Comnène, etc.
Déjà, sous Constantin le Grand, les payements pouvaient
indifféremment avoir lieu soit en monnaie d’or ayant le poids
légal, soit en or non monnayé, mais seulement au titre prescrit,
qu’on recevait au même taux et pour la même valeur que l’or
monnayé. Cette prescription de Constantin le Grand, qui date
de 1 an 350, est renouvelée dans le code de Justinien Ier. Il
résulte en outre de diverses lois publiées par Valentinien I",
Yalens, Théodose II, Valentinien III, ainsi que par Léon III,
que de leur temps, outre leur propre monnaie, il y avait aussi
en circulation des monnaies d’or des empereurs précédents
et même d’une date très-ancienne, qui différaient, par leur
poids et leur valeur intrinsèque, de la monnaie de l’empereur
régnant, soit parce qu’elles avaient été frappées sur un autre
pied, teoit parce qu’elles avaient frauduleusement été rognées (1)
ou peu à peu détériorées par l’usage. Les lois nouvelles ordonnaient
que toutes ces monnaies devaient être données et reçues
au poids et qu’une livre pesant de ces matières anciennes équivalait
en valeur à celle de soixante-douze sous d’or.
(1) Julien institua dans chaque ville un magistrat spécial désigné sous le
nom grecdeZygostrate pour juger les nombreux procès auxquels la mauvaise
qualité des monnaies donnait lieu. (Études sur l'histoire monétaire du quatrième
au septième siècle, par M. J . De Pétigny. — Revue numismatique,
1857, p. 131.)
Aussi pour couper court aux fraudes et aux discussions que
devait souvent amener un pareil état de choses, le gouvernement
dut établir des poids-étalons rigoureusement contrôlés,
auxquels on donna le nom d’exagium solidi. Ces exagiums à
flan de cuivre, et dont on trouve encore des exemplaires dans
les grandes collections, étaient indifféremment de forme ronde
ou carrée, et avaient juste le même poids que le sou d’or neuf,
c’est-à-dire un soixante-douzième de livre ; ils étaient confiés,
tant à Constantinople que dans les principales villes de l’empire,
à des agents spéciaux qui étaient tenus de procéder au
pesage officiel des matières ou des monnaies d’or, toutes les
fois qu’ils en étaient requis par les parties intéressées. La
Novelle XXV de Théodose II et de Valentinien III, qui traite
de ce sujet, s’exprime ainsi : « De ponderibus quoque utfraus
penitus amputetur, a nobis aguntur exagia quæ sub termina-
tione superius comprehensa sine fraude debeantcustodiri(I).»
Je trouve encore l'exagium mentionné dans .une phrase de
Zonaras (lib. XVI, p. 203, édit. de Paris), où cet auteur accuse
Nicéphore Focas d’avoir diminué le poids des monnaies « cum
hactenus singuli mmmi (c’est-à-dire les sous d’or) exagii pondus
liaberent. » Au reste, Cédrénus adresse le même reproche
à cet empereur.
La monnaie byzantine d’or était livrée par l’hôtel monétaire
dans des bourses portant l’indication du poids (2); elle
comptait trois nominaux, savoir :
Le sou d’or (solidus chrysos ou numisma);
Le demi-sou (semissis ou zmismion);
Le tiers de sou (Irions, tremissis, trismizion ou kokkos).
Dans l’empire d’Orient, le sou d’or conserva longtemps l’aspect,
la forme extérieure et le module des sous de Constantin
(1) Décret de Julien de l’an 363. — Cod. Théod. XII, 7. 2. — Cod. Justinien.
X. 71. 2 : Emptio venditioque solidorum, etc.
(2) Édit de Justinien II. ..C. 2.