n r PRÉFACE.
saurait être séparée, car ce sont deux soeurs issues de la même
famille qui cheminent parallèlement et se coudoient à partir
de la division de l’univers romain entre les fils de Thêodose le
Grand. Après le partage que cet empereur fit entre ses deux
fils, les monnaies de l’empire d’Orient continuèrent pendant un
certain temps, du moins pour quelques-unes, à être fabriquées
dans les mêmes hôtels monétaires. Enfin l’empire de Constantinople,
qui survécut à celui d’Occident, garda longtemps encore
les moeurs, les lois et la langue des Romains, et les Grecs se
considérèrent toujours comme les continuateurs et les héritiers
de Rome, dont ils revendiquaient les gloires passées.
Malgré tant de motifs cependant, la numismatique byzantine
était restée négligée et à peu près inconnue; c’est à peine si,
dans les grandes collections, on trouvait de temps en temps
quelques exemplaires épars, sans place assignée et souvent
encore accompagnés d’une attribution erronée. Mais tout a
changé de face dès que M. de Saulcy a porté la lumière dans
ce chaos : son Essai de classification, publié en 1839, a fait
tout à coup ressortir l’intérêt réel de cette branche importante
de la numismatique, et presque aussitôt de belles et nombreuses
collections se sont formées; dès lors aussi, mus par un zèle
louable, les possesseurs d’exemplaires rares ou inédits se sont
empressés de les publier. Il faut donc le reconnaître, M. de
Sâulcy a posé le premier la base véritable d’une classification
générale, et la science doit surtout lui savoir gré d’avoir appris
à ses émules et à ses successeurs la véritable manière dont
ils devaient étudier. Mais cet infatigable pionnier n’a certes
pas eu la prétention d’épuiser son sujet, d’embrasser l’ensemble
des types byzantins, ni de résoudre toutes les difflcultêsd’une
science à peu près nouvelle et pour laquelle il reste encore
beaucoup à faire, surtout vers l’époque des Paléologues. Aussi
c’est principalement dans ce coin d’un champ ignoré que j ’ai
p r é f a c e . v
cherché plus particulièrement à glaner quelques épis oubliés
par le maître, tout en m’efforçant de combler les lacunes des
temps antérieurs. Je me suis proposé pour but, en écrivant ce
livre, de résumer aussi clairement et aussi succinctement que
je l’ai pu tout ce qui a été publié jusqu’à ce jour sur la monnaie
byzantine, en y ajoutant les réflexions que m’ont inspirées
une longue pratique et mon expérience personnelle. J’ai cherché
à signaler à peu près tous les types connus, dont j ’ai reproduit
des dessins fidèles, car la représentation d’une monnaie
en donne une idée plus précise et plus complète que la meilleure
description. Pour arriver au résultat que j ’avais en vue,
j’ai trouvé, je l’avoue, peu de ressources dans les ouvrages
classiques anciens; la presque totalité de mes matériaux m’a
été fournie par ma propre collection (1), par celle de M. So-
leirol, dont j ’ai acheté quelques exemplaires importants, par
quelques-unes des lettres du baron Marchant, par l’Essai de
M. de Saulcy, ainsi que par divers articles publiés dans différentes
revues. J’ai profité surtout des richesses de M. le comte
de Salis, dont la belle collection est aujourd’hui réunie à celle
du Musée britannique ; les collections nationales des Musées
de France, de Vienne, de Rerlin et de Gopenhague et celle de
M. le duc de Rlacas m’ont été également d’un grand secours;
enfin j ’ai puisé largement dans les cartons de MM. Rollin,
Feuardent et Hoffmann. Partout, je suis heureux de le dire,
chez les directeurs et les conservateurs des Musées, chez les
collectionneurs comme chez les marchands de médailles, j ’ai
trouvé un concours aussi gracieux qu’empressé, pour lequel
il m’est doux d’exprimer publiquement la plus sincère et la
plus vive reconnaissance.
(1) En 1856, ma collection byzantine, composée de plus de deux mille exemplaires,
est devenue la propriété de U. le comte Serge Strogonoff, à Saint-
Pétersbourg.