disparaît en grande partie et la monnaie commence à prendre
le caractère byzantin, qu’elle conserve, sauf quelques modifications
ultérieures, jusqu’à la prise de Constantinople par Mahomet
II. La seule inspection de ces monnaies, mais surtout de
celles de cuivre, suffit pour démontrer combien l’art monétaire
était alors déchu à Constantinople; bientôt, sous les Héraclius,
il tomba dans la barbarie. En outre, le peu d’uniformité des
modules et du poids de ces monnaies nous fournit la preuve
surabondante du défaut d’un système fixe et du désordre qui
devait régner dans la fabrication. Ainsi le module du follis,
marqué de l’indice M, présente souvent, sous le même empereur,
des différences énormes. En me bornant aux seuls règnes
d’Anastase, de Justin et de Justinien Ier, je trouve des exemplaires
de valeur pareille et de même dénomination, dont le
diamètre varie de 28 à 38 et jusqu’à 40 millimètres. On peut
en dire à peu près autant des modules inférieurs, soit qu’ils
appartiennent au môme hôtel, soit qu’ils sortent d’ateliers différents.
L’irrégularité des cuivres frappés à Alexandrie est
également poussée si loin, que parmi les nominaux à l’indice
I. B, il n’est point rare d’en trouver qui ont jusqu’à deux et
souvent trois fois le diamètre, l’épaisseur et le poids des autres
(1).
Les marques monétaires inscrites sur la monnaie byzantine
ont jusqu’ici révélé d’une manière à peu près certaine l’existence
des vingt et un hôtels suivants : Constantinople —Autio-
che — Théoupolis — Nicomédie — Cyzique — Thessalonique
—Ephèse — Nicée — Kherson — Chypre — Constance? dans
l’île de Chypre —Isaurus ou Isaurie — Carthage—Alexandrie
Abazis ou Oasis — Rome — Ravenne — Catane — Milan —
Sicile — Naples.
A partir du règne d’Anastase Ier, la monnaie byzantine d’or
(1) Voir à ce sujet les planches où sont figurées les monnaies d’Anastase,
de Justin et de Justinien Ier.
fut exclusivement fournie par l’hôtel de Constantinople,
comme l’indiquent suffisamment les marques monétaires con.
com. conob. ou comob. inscrites sur les sous d’or et leurs subdivisions.
Ces marques figurent, pour la dernière fois, sur des
monnaies d’or blanc ou de bas aloi aux noms des empereurs
Léon V et Constantin VII. Les sous d’or, les demi-sous et les
trientes de quelques chefs ostrogoths, bourguignons ou mérovingiens,
aux effigies d’Anastase, de Justin Ier, de Justinien Ier
et surtout de Maurice, sont d’une fabrique plus ou moins barbare,
et portent des monogrammes indiquant ou le nom de ces
chefs, ou plus ordinairement les noms des villes où ces monnaies
ont été frappées. Quelquefois aussi les marques monétaires
y sont inscrites en entier, ou bien désignées clairement
par des initiales ou des sigles, comme, par exemple, sur les
monnaies d’or sur lesquelles nous lisons les hôtels de Vienne,
d’Arles, de Rome, de Lyon, de Narbonne, de Marseille, etc.
Mais ces monnaies ne sont que des imitations du type byzantin
et constituent une série à part, sur laquelle feu Lenormant a
écrit une suite d’articles remarquables dans la Revue numismatique
de Paris, 1848 à 1854.
A mon dernier voyage à Londres, en examinant la suite
byzantine du Musée britannique, dans laquelle est venue se
confondre la précieuse collection de M. le comte de Salis, cet
amateur éclairé, avec le tact exquis et le talent d’observation
qui le distinguent, m’a convaincu que feu Lenormant, malgré
tout son mérite, n'avait fait qu’ébaucher ce point de la numismatique
et ouvrir en quelque sorte une voie nouvelle où il
reste encore beaucoup à découvrir et à dire, surtout concernant
les monnaies italiennes des Lombards et leurs diverses ramifications
secondaires. Personne assurément ne peut traiter un
semblable sujet avec plus de compétence et d’autorité que
M. le comte de Salis, au moyen de l’ordre ingénieux et nouveau
qu’il a si heureusement introduit dans la classification de cette
série du Musée britannique. Par ce système aussi simple que