A mon avis donc, je le répète, le demi-follis de Constance II
que je signale ici pour la première fois, a pour conséquence de
prouver que de Constantin à Arcadius on frappait d’une livre
de cuivre soixante-douze monnaies de ce module.
Quant aux follis de cuivre et à leurs subdivisions, frappés plus
tard et calculés d’après le système d’Anastase Ier, de Justinien Ier
et de leurs successeurs, il est difficile, pour ne pas dire impossible,
de préciser le pied véritable sur lequel ils étaient taillés
à la livre; car d’une part les documents officiels nous manquent
à ce sujet, et de l’autre, les monnaies elles-mêmes, à causé de
l’oscillation et des grandes variations de leur poids, ne peuvent
guère nous fournir une base certaine. Ainsi, en me bornant
comme exemple aux follis ou pièces de quarante unités de Justinien
Ier, à partir de la douzième année de son règne, qui
sont pourtant, selon moi, les cuivres dont la frappe paraît la
plus uniforme et la moins irrégulière, je trouve, pour cent
exemplaires que j ’ai choisis parmi les plus intègres et les mieux
conservés, pris du reste à toutes les dates et avec marque
de tous les hôtels monétaires, des poids qui varient entre 17
et 23 grammes et demi, d’où résulte pour moyenne générale de
chacune de ces cent pièces un poids d’à peu près 20 gr. bien inférieur
par conséquent à celui de l’once romaine, qui doit peser
au delà de 27 gr. Le poids des follis, pour les règnes suivants,
est encore plus faible ou aussi inégal, puisque j ’ai obtenu :
Pour ceux de Justin II et Sophie, une
moyenne d e . 15 à 17 grammes
— de Tibère Constantin. . . . 17 à 19 —
— de Maurice Tibère. . . . 11 à 14 —
Julien II : SECVR1TAS. REIPVBLICAE—S. CON 10,10
VOTA. PVBLICA....................................................... 5,20
Jovien : VICTORIA. ROMANORVM—TtSA...................... 8,35
Valentinien I " : RESTITVTOR. REIPVBLICAE—R. T . . . ......... 8,20
Va' ens : RESTITVTOR. REIPVBLICAE—SM. AQP 8,05
Gratien : VRBS. ROMA—R. T .................................................. 10,40
REPARATIO. REIPVBLICAE. SM.—AQP 5,60
Valentinien II : REPARATIO. REIPVB-T. CON......................... 7,45
Il paraît au reste que, du moins pendant un certain temps et
jusqu’en 393, le monnayage du cuivre fut opéré non-seulement
dans les ateliers impériaux, mais aussi et simultanément par
l’entremise d’entrepreneurs privés ou de fermiers. Ce fait résulte
évidemment des termes d’un édit de l’an 393, rappelé
dans le Code Théodosien et par lequel l’empereur Théodose II
abolit les privilèges accordés précédemment à des particuliers,
concernant le droit de frapper de la monnaie de cuivre pour
leur compte.
En 498, Anastase Ier introduisit une réforme importante
dans le monnayage de ce métal, par l’établissement de quatre
modules distincts et en ordonnant que désormais chaque
monnaie de cuivre porterait la marque de sa valeur, usage
qui se continua jusqu’au règne de Michel III le Buveur inclusivement.
Selon que la monnaie de cuivre était destinée à circuler dans
les provinces d’Orient ou d’Occident, l'indice de sa valeur y
était inscrit en lettres numérales grecques ou latines, exprimant
le nombre d’unités pour lesquelles la monnaie avait
cours légal. Cette unité, suivant les époques, est désignée tantôt
sous le nom de demrius, tantôt sous celui de mmmium ou
mmmus.
Le denier est mentionné dans une foule d’auteurs, mais avec
des significations différentes qui ne s’accordent pas toujours
entre elles : le plus souvent il désigne une très-petite monnaie
de cuivre; Cassiodore est plus précis et compte le sou d’or à
raison de 6,000 deniers de cuivre. Quant au terme de mmmium,
il est clairement constaté, ce me semble, par les deux lettres
n -m placées à côté de l’indice, sur beaucoup de bronzes d e diverses
valeurs frappés pour la plupart à Carthage aux noms de
Justin Ier, Justinien I", de Maurice, de Focas et d’Héraclius,
ainsi que par les mots decanummium ou pentanummium, qui,
dans les Glosses byzantines, servent à désigner les monnaies
de cuivre de 40 et de 5 unités.