quer que nous n’en possédions encore que d’argent ou de
cuivre, et qu’il était pourtant probable et même certain qu’ils
devaient avoir également émis de la monnaie d’or. Nous ne
connaissons encore qu’un seul sou d’or qui appartienne indubitablement
à Théodoric, quoique frappé à l’effigie et au nom
d’Anastase, parce que le monogramme de ce roi goth y est
inscrit. La monnaie d’or gothe ou vandale doit donc exister :
la grande difficulté consiste à la distinguer parmi les pièces
nombreuses d’Anastase, de Justin Ier et de Justinien, dont elle
est une imitation quelquefois à peu près complète, mais accusant
pourtant une différence de fabrique et de style qu’une
longue habitude d’observation et une grande connaissance des
monnaies de cette époque peuvent seules faire discerner. Je
crois savoir que M. le comte de Salis s’occupe particulièrement
de ce point important de la numismatique, et ce problème ne
tardera sans doute pas à être résolu.
Lorsque les Francs s’établirent dans les Gaules, les sous d’or
frappés par, ces conquérants, et qui étaient aux mêmes types et
du même poids que les sous romains ou byzantins, furent
longtemps encore les seuls en usage dans ces contrées, concurremment
avec des deniers d’argent. Ces monnaies, surtout
celles d’or, portaient en général les monogrammes des princes
et quelquefois aussi ceux du monétaire ou de l’hôtel. La plus
ancienne monnaie de ce genre, connue en France, est celle
que fit frapper Théodebert, roi de Metz, en 346, offrant d’un
côté son effigie avec les mots dominus noster et de l’autre une
Victoire. En émettant cette monnaie, Théodebert avait eu en
vue de braver "ou de rabaisser l’orgueil de Justinien Ier, qui
avait pris le titre de Vainqueur des Francs.
On trouve dans Ducange une série assez nombreuse de monogrammes
(Gloss.,t. liîp 744 et suiv., édition en trois vol.).
— Nicolaüs Alemannus a aussi réuni les monogrammes employés
par divers papes, dans son livre De parietibus lateranen-
sibus restitutis, in-4, p. 13 et 14. — En 1843, a paru la seconde
édition d’un Dictionnaire de monogrammes, etc., par
MONNAIE BYZANTINE. 83
Brulliot, 2 vol. in-4. — Lelewel, dans sa Numismatique du
moyen âge, donne des tableaux comparés de divers monogrammes,
— et enfin le marquis de Lagoy a publié, la même
année, une notice où il s’est borné à citer les monogrammes
de quelques rois goths d’Italie (1). De mon côté, je me suis
efforcé de réunir à peu près tous les monogrammes et les sigles
de la série byzantine ainsi que les monogrammes des rois goths
d’Italie, que j ’ai groupés dans leur ordre chronologique sur
deux planches n° I et II, et dont voici l’énumératiôn sommaire
avec leurs numéros correspondants à ceux des planches et
l’indication du métal de la monnaie sur laquelle ils sont
inscrits :
Monogrammes et sigles Inscrits sur la monnaie
byzantine.
1. At. Arelatum.
2. At. Mediolanum.
3. Ai- Æ. Ravenna.
4. Æ. Ravenna.
5 à 9. AI. ÆL Æ. Roma.
10. Æ. Kherson.
11 à 15. Æ. Theoupolis.
16 à 18. At- Æ. Théodose II.
19 et 20. Æ.. Æ. Chrisma ou monogr. du Christ (2)
21 et 22. Æ. Marcien.
23. Æ. Léon Ier.
24. Æ. Zénon.
25. Æ. Zénonide.
(1) Explication de quelques médailles à monogramme des rois goths
d’Italie, etc. Aix, in-4°.
(2) C’est su r les monnaies de Constantin le Grand qu’apparut pour la première
fois le monogramme du Christ.