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qu’on nomme les spores: ou les sporutes. Clioz certains champignons, les spores
se réunissent clans des petits sacs appelés sporanges ou sporidies. Dans les agarics,
la partie fructifère (hyménium) est, sous le chapeau, disposée en lames ou feuillets
très-nombreux et très-minces parlant du centre. On rend les spores visibles
en coupant le pédicule ou la lig e à fleur du chapeau, et en plaçant ce
dernier sur un papier de couleur foncée; au bout de quelques heures, le papier
est couvert d’une poussière excessivement fine qui dessine exactement la disposition
des feuillets. La couleur des spores fournit un des principaux caractères
qui servent à distinguer les' espèces. Dans les bolets, les tubes qui se détachent
facilement du chapeau forment la partie fructifère; elle est extérieure dans les clavaires,
les morilles, les lielvelles, tandis qu’elle est intérieure dans les truffes et
les lycoperdons.
Les champignons, tels qu’ils viennent d’être décrits, ne constituent pas toute la
plante; ils ne sont guère que les tubercules visibles d’une souche souterraine qui a
l’aspect d’une moisissure blanchâtre et qu’on nomme mycélium ou blanc de champignon.
C’est dans le mycélium que git la vie de ces singuliers végétaux. Une fois
que les spores lui ont donné naissance, il peut rester en terre bien des années sans
perdre sa faculté végétative, et on peut le conserver, comme on le fait pour les
graines, sans qu’il s’altère en aucune façon. Tant que les circonstances ne lui sont
pas favorables, il resle dans une inertie complète; tels sont les fragments volumineux
trouvés au milieu d’anciens registres des archives de l’Hôtel de Ville de Neu-
chàtel, et dont l ’origine doit remonter bien loin. Mais aussitôt que certaines conditions
de température et d’humidité se ren con tr en t, le mycélium produit un
champignon.
C’est à la présence du mycélium que plusieurs espèces bien connues, comme les
morilles, les mousserons, doivent d’apparaître toujours dans les mêmes endroits.
.\ussi, faut-il se garder, lorsqu’on fait la récolte, d’arracher le champignon avec
la terre qui entoure son pied, il vaut mieux le couper un peu au-dessus du s o l;
c’est précisément cette terre, mélangée de filaments blancs semblables à des flls
d’araignée, qui contient la souche mère destinée à perpétuer l’espèce en cet endroit.
Les spores sont d’une excessive ténuité ; il en est qui mesurent la centième partie
d’un millimètre; elles sont fort nombreuses, peuvent flotter dans l ’air au gré des
veiils, sans qu’on les aperçoive, et être transportées à de grandes distances. Il n’est
aucun lieu où elles ne s’insinuent, et aussitôt qu’elles sont on mesure de se développer,
elles émettent un prolongement qui se ramifie et devient un mycélium. Ceci explique
cette multitude de parasites qui éclosent spontanément sur l’épiderme et sur
feuilles d’un grand nombre de plantes, ainsi que ces végétations qui recouvrent
tout-à-coup et sans cause apparente, les substances organiques en fermentation
ou en décomposition, les tonneaux et les poutres dans les caves, elc. Il s’en développe
même sur les animaux, sur les cornes, les sabols, les poils de certains mammifères,
sur les plumes des oiseaux, sur les larves et les insectes. Les vers à soie
attaqués par le B otrytis Bassiana (découvert en 1835 par M. Gassi, avocat à Lodi),
se dessèchent peu à peu et deviennent blancs et cassants comme du plâtre, Ce fléau,
connu sous le nom de muscardine, a causé souvent de grandes perles dans les magnaneries.
On a trouvé des moisissures dans les sacs aériens d’un canard Eider dont la
respiration était gênée, dans les intestins d’une perruche morte de phthisie, dan.s
des pigeons, des poules, etc. L’homme n ’en est pas exempt : la teigne, maladie de la
peau, est produite par VAchorion schonleinii, et le muguet, maladie qui attaque la
membrane muqueuse du tube digestif des petits enfants, est peut-être une végétation
analogue. M. Goodsir a observé le premier le Sarcina venlriculi, formé de
myriades de petits cubes microscopiques joints ensemble et formant une surface
d’une certaine étendue qui recouvre quelquefois l’estomac humain et en trouble
les fonctions. Deux cas semblables sont mentionnés, l’un par M. le professeur
Hasse, dans les Bulletins de la société des sciences naturelles de Zurich, en 1847,
et 1 autre par, M. le D'' Cornaz, dans les Bulletins de la société des sciences naturelles
de Neuchâtel, en 1857.
Quelquefois ces parasites deviennent un véritable fléau pour l’agriculture, lorsqu’ils
attaquent les plantes auxquelles nous demandons notre nourriture. Chacun
sait les dégâts causés dans les moissons par la carie, le charbon, la rouille, fe r g o l,
qui non-seulement diminuent la r éco lte, mais communiquent aux grains des propriétés
malfaisantes. Les vignobles de plusieurs contrées, et les treilles de notre
pays, ont souflert assez longtemps des atteintes de Voidium, pour que nous ayons
appris à redouter l’invasion de ce dangereux parasite.
En général, les champignons aiment les lieux humides et gras; ils croissent sur
les fumiers, sur les arbres morts, les vieilles souches, les bols coupés, les feuilles
tombées. L’humidité et la chaleur favorisent singulièrement leur développement, c’est
pourquoi les années humides sont celles qui en produisent le plus, et c’est en automne,
saison ordinairement pluvieuse ou brumeuse, que ces végétaux jonchent le
sol de nos forêts. C’est aussi pour celte raison qu’ils viennent de préférence dans
les endroits sombres, sous les arbres serrés et touffus, dans les troncs caverneux,
sous les pierres, dans les caves et même dans les lieux presque inaccessibles à la
lumière.
Les champignons sont très capricieux dans leurs apparitions, et cette irrégularité
va quelquefois si loin, qu’il n ’est pas rare de voir dans certaines années des localités
entièrement privées de ces végétaux, lors même que les années précédentes on
y en trouvait à profusion. On est souvent surpris de ne trouver que quelques mo