§. XIII. Le Duché de Siléfie & le Marquifat
de Moravie. N.° 67.
La Siléfie reconnoît pour type la réduélion de
l’Atlas de Silélie, par Covens & Mortier, qui n’eft
fans doute pas exempte de fautes , & cela n’a rien
d’étonnant. J. C. MiilLer fut chargé , en 1 7 x 1 , par
l’Empereur Charles V I , de cet Atlas; la mort de
cet Ingénieur interrompit ce travail, l’Empereur y
employa l’Ingénieur Wieland en 172.3 , aux frais
des Princes Sc Etats de la Siléfie ; Wieland mourut,
& labia l’ouvrage imparfait ; M. Scubarth l’acheva.
Les héritiers d’Homann, qui en furent éditeurs, corrigèrent
fur les defîins , qui n’étoient pas encore
gravés , l’échelle & la graduation fauffes de ’Wieland,
& firent des correftions fur les-planches
déjà gravées ; les fautes de Wieland ne purent entièrement
difparoître de celles-ci. L’édition fut commencée
en 1736 , ôc interrompue en 174° Par Ja
guerre, oh le Roi de Pruffe obtint la majeure partie
de la Siléfie. Ce prince confentità la publication de
cet Atlas , en 1750 , fans permettre qu’il fût corrigé
fiir le terrain même ; ainfi, lorfque cet Atlas
parut en 17^1, les fautes de Wieland au moins,
qu’on n’avoient pu anéantir, y relièrent. On a été
porté en conféquence à confulter la Silefie de Martin
Eftvig , en 4 feuilles ; elle efl dans le Thcatmm orbis
terrarum d’Abraham Ortelius, & dans le Spéculum
orbis geographicum de Cellarius ; cette carte, corrigée
& perfectionnée, fe trouve dans les dernières
éditions de la Cofmogràphie de Munfter, & dans
l’Atlas de Blaeu ; on a confulté la Siléfie de Jonas
Scu'tetus , publiée en Hollande par plufieurs ; les
partes particulières de Breflau, de Grotkau ou de
Neilfe, de Lignitz, d’Oels, de Wolau & de Glogau,
auffi par Scultetus ; les Principautés de Jauer & de
Schweidnitz, de Frédéric Khunow, par Blaeu &
janfon, enfiiite par Schenk & W alck, avec corrections;
ces Principautés de Golrfroi-Kcehler ; la
Province de Siléfie, avec les Royaumes & Terres
adjacentes, 1626 ; cette province , par Schenk,
Homann, Covens & Mortier, 2.e édition ; la Principauté
de Tefchen, de Jean Nigrinus, copiée par
Schenk ; le Comté de Glatz, de Tobie Mayer, chez
les héritiers d’Homann, 1747. Durant la fufpenfion
de l’Atlas de Siléfie, le graveur Sehleuen, de Berlin,
publia 16 cartes de demi-feuille chacune , des
Principautés de ce Duché & une carte générale ; ce
recueil, dont le mérite furpaffe de beaucoup les
défauts, a auffi été confulté. Quant au Marquifat
de Moravie, il s’appuye fur la réduftion des 9
feuilles de la Moravie , du capitaine Millier , par
Covens & Mortier ; mais comme il y avoit, avant
çet Ingénieur, des cartes paflables, & d’autres afiez
bonnes de ce Marquifat | on a confulté la Moravie
de Paul Fabricius, corrigée par plufieurs gentilshommes
lettrés du pays ; on la trouve dans le
Théâtre du monde d’Ortelius ; elle a été réimprimée
entr’autres par Gérard Mercator ; celle^de Co-
ménius , meilleure que la précédente , publiée |
entr’autres par Fifcher ; & celle plus exafte encore,
qui eft dans la Germanie Autrichienne de Granèllius.
On a confulté avec avantage, fur les divers états
de cet Empire , la Géogtaphie de M. Biifching;
l’Allemagne y eft li bien décrite, qu’on a dû profiter
du jour que cet auteur y a répandu, A l’égard
de la carte générale de cet Empire, N.° 60, elle eft
l’extrait fuccinâ: des morceaux particuliers qui en
contiennent le détail. -
On va maintenant dire un mot des mefures itinéraires
de cette va fte région.; la mefure laplusufitee
dans cet Empire, efl: le mille commun d’Allemagne,
de 15 au degré ; il a ordinairement 20000 pieds
germains de long; ainfi il y a 300000 de ces pieds
dans le degré ; ce pied eft les § du devakh, ou pic
du Caire , & vaut, en pied de Paris, ip. ip. Slig.
y ts. f . Si ce mille commun eft de mille mefures,
comme fon nom l’indique, chacune vaut 20 pieds
germains , ou 22p. ÿ . iolis. ipt. de Paris; c’eft une
perche propre à l’arpentage, laquelle eft en general
de 2 ruthen, ou roues d’Allemagne.
Il y a auffi dans cet Empire des milles de 12 7
au degré ; ce mille eft de deux rafles germaniques ;
il répond à 2 lieues communes de France , ou à
'4 lieues gauloifes ; mais fi ce mille germain etoit
de 6 milles d’Europe, il feroit de 13 j au degre ; il
y a de ces milles en Allemagne, en Hongrie, &c.
Pour établir ces affertions , on remarquera que
Thwrocz, dans fes Chroniques Hongroifes, dit que
la diftance de Thuln , petite ville fur le. Danube ,
jufqu’à Vienne , eft de 3 rafles ; cet efpace, en fui-
vant les détours du chemin , eft fur les cartes', de
13680 tdifes, dont le tiers eft la rafte dont il s’agit;
elle eft 12 fois 7 dans le degré.
Sur diverfes cartes de Hongrie , il y a une échelle
de 13 ÿ milles au degré ; ce mille eft de deux lieues
légales de Caftille. Il y a auffi, fur plufieurs de ces
cartes, une échelle de 13 milles au degré ; on verra
par la fuite les fondemens de cette mefure.
Dans un Gloflaire manuferit de Hondius, on a
trouvé que meil weges, un mille de chemin, con-*
tient 60 gevinden- ; la gevinde renferme 60 ruthen,
tours de roues ou verges, chaque verge contient
7 ellen , aunes, conféquemment ce mille A 27000
aunes ; ce font des pieds. De favans Allemands attri*
buent la même divifion à l’ancien mille Saxon ( d’An-
ville , mef. itinér, >; fi ce mille eft de 12 7 au degré,
comipe il y a apparence ; il eft de 27384 pieds de
f paris, & l’aune qui en eft l’élément, eft de i p. op.
[ de la même mefure. Cette aune eft le pied de Dor-
I drecht & celui de la Brille. Cependant fi ce mille
I étoit de 15 ail degré, comme il contient 22820 pieds I de Paris, l’aune y feroit de io p. i lis. 8P“.^ du même I pied. Ce feroiteelui d’Utrecht, d’Oftende , de Bru-
i xelles, de Cologne, d’Heidelberg & de Gand.
f En Saxe, fous le roi Augufte, en 1722, le mille
I de pofte ou de police fut fixé à 2000 ruhten, ou à
1 16000 ellen de Drefde ; fi cette aune eft les ~ du
ïpied du Rhin, ( fuivant M. Biifching ) ; ce mille con-
J tiendra 4725 toifes, & fera de 12 ~ au degré; ainfi
lie mille Saxon doit être réputé de 12 dans le degré ;
I alors l’aune de Drefde fera 192000 fois dans le
fmême efpace, & vaudra i p. 9*. 4% 8P". f de Paris ;
* c’eft deux pieds d’Europe ou de Bâle,
f La Saxe n’eft pas la feule partie de cette région
! qui ait un tel mille. Sur la carte de Bohème, par
f Millier, les heures de chemin y font de 12 au de-
Igré ; mais cette mefure n’eft pas unique dans ce
I Royaume. En 1268, fous le règne de Primiflas-
lOttocar, le mille y fut fixé à 60 longueurs de
Iterrain, qui répondoient à 4755 Pas géométriques ;
( d’Anvilfe, mef. itinér. ) or le pied a&liel de Bo-
phème, félon le P. Liefganig, Jéfuite, eft les de
(«la toife ; ainfi le pas géometrique eft les de cette
|foife; cela donne un mille de 15 f , ou en nombre
Jentier de 16 au degré.
I L’aune de Brabant, dont l’ufage eft fort étendu,
jetant de 160000 au degré, eft l’élément naturel de
jee mille, lequel contient 10000 de ces aimes, dont
■ chacune eft de 2 pieds & 7 de Caftille. Quant à
P ’aune de Bohème, elle eft plus longue que 2 pieds
Jde Prague d’environ Ce pied, qui eft le pied
iromain, ni l’aune ne paroiflent pas être le principe
jî&uel des milles de ce Royaume.
K En corrigeant la carte de l’Autriche, par Wifcher,
plont les diftances y font dilatées, à peu près dans
ie rapport de 24 à 19 , il y a un mille de 2 heures,
||fur deux échelles différentes ; ces échelles étant réduites
dans le rapport indiqué, donnent un mille
.de 12 au degré, & un autre de 16 ; on en pourroit
adopter un moyen qui feroit de 14 au degré. Le
Kied de Vienne en Autriche eft de 35 2000 au degré,
B&C 1 on fait de très-bonne part que le pied y eft à
ra. aune comme 11 eft à 27 , & que le klafter, qui
Rft la toife de Vienne, y eft à l’aune comme 9 efLà
22 ; cela donne inconteftablement, pour la longueur
#e cette aune, 2 pieds rr de cette ville; en confé-
qiience cette aime eft de 143407 77 au degré.
B Le mille autrichien, de 16 au degré, eft de 1000
lljerches, chacune de 22 pieds de cette ville; le mille
' j r °}1 Peu plus au degré, y eft de 25000 pieds,
■ £ celui de 1% au degré y eft de 12000 aunes, ou
peu moins. Au refte, le pied ainfi que l’aune de
Vienne, paroiflent avoir une origine grecque. En
diminuant le pied de cette ville d’^ , on auroit le
pied grec ; & fi l’on en diminuoit l’aune feulement
d*775 9 elle feroit 144000 fois dans le degré, & auroit
2 pieds 7 grecs de long. Philippe Appian , habile
mathématicien, a fixé dans fa carte de Bavière, en
1568, un mille de 12 au degré ; on en a ufé de même
dans la Suifle, la Suabe, le bas-Rhin , &c. Dans
la Suabe & ailleurs, il y a auffi le mille commun
d’Allemagne ; le pied romain , qui en eft le principe
, fe voit à Augsburg dans toute fa pureté.
Il y a deux aimes différentes dans cette ville ;
l’une qui contient 1 pied & - romain ; c’eft la petite
aune de S.* Malo, elle eft 15000 fois dans le
mille commun d’Allemagne ; l’autre eft de 2 pieds
romains, c’eft la demi-aune de Paris ; elle eft auffi
15000 fois dans le mille de 12 & 7 au degré.
Si l’on eût, dans l’évaluation du mille Saxon, employé
l’aune de Géra, ville aux comtes de Reuff,
èn haute Saxe, dans le Vogtlang , cette aune fur-
pafle de fort peu de chofe la coudée du nilomètre,
qui vaut o,r 28525 ; le mille , compofé de 16000
aunes, feroit de 12 7 au degré. Job de Magde-
bourg, en 1560, mefurant la diftance des principaux
fieux de la Saxe, fixa le mille a 1500 ruhten
ou à 12000 ellen ; fi l’on employé l’aune de Drefde ,
cela fournit un mille de 16 au degré ; & fi l’on fait
ufage de l’aime de Géra, elle donne un mille de 16 f
au degré. Dans le premier cas , ce mille germanique
feroit de 5 milles européens ; & dans le dernier, ce
mille feroit de 3 lieues gauloifes. A Berlin, dans le
Brandeburg, l’aune eft de 166666 f-au degré; elle
eft de 2 pieds de Moravie ; le mille de 16 f au degré
contient iooco de ces aunes. Le pied de Berlin ,
c’eft le pied grec ) eft à l’aune de cette v ille, comme
25 eft à Ç4.
En Silefie, félon les cartes qui en ont été levées,
le mille eft de 1500 perches, ou de 11250 aunes.;
ainfi, dans ce Duché, une perche contient 7 aimes 7.
L’aune de Silefie eft 192000 fois dans le degré; di-
vifant ce nombre par 11250 aunes, que contient ce
mille, il viendra i7M+ ~ au degré. Cette mefure eft
fingulière ; il doit y avoir erreur dans fes élémens ;
il y a probablement 16 milles & f de Siléfie au
degré; pour cela ilfiiffiroit qu’il y eût 1440 perches
de 8 aunes de Siléfie dans ce mille ; ou mieux, fans
doute , il faudroit qu’il y eût 1500 perches de 7
aunes 7 de Pologne dans ce même mille, aunes qui
font de 180000 au degré, ou de 2 pieds grecs chacune.
Cette mefure n’eft vraifemblablement pas la feule
qui foit en ufage en Siléfie ; car on y a joint fiir les
cartes une échelle de milles communs d’Allemagne.
En Moravie, le. pied, eft de 3 3 3 3 3 3 f au degré ;