
point Fait ufage d’opérations trigonométriques ; ces
moyens font longs, 6c la guerre lailTe rarement
le loifir de les employer. On fe contente , pour
l ’ordinaire, de l’eftime vulgaire des diftanees, de
Mémoires locaux fur cet objet ; 6c c’eft un bonheur
, ou le fruit d’une étude préliminaire approfondie
, des mefures dont on s’y eft fervi en différais
temps, fi dans la diverfité de ces mefures, on
rencontre jufte celle qui convient. Peu de pays en
Europe, ont fubi plus de changemens de domination
, de peuples, de mefures, que cette partie de l’ancienne
Hongrie : on a indiqué les principales de ces
mefures, en traitant de la Hongrie Autrichienne,avec
leur valeur abfolue, en fuppolant le degré de 15000
roues. Si l’on forme de la valeur de ces milles,
les fractions fuivantes 4rfï • ttst : 7-777 • t4t7 :
ttH : ttst • 777I • —^ , & que l’on multiplie ref-
pe&ivement, par ces fra étions , les huit différences
en longitude ci-defîiis , on aura pour produits
, les différences en longitude rapprochées,
que voici : 270', o : 274', 2 : 271% 4 : 270', 8 :
273 ', 4 : 27j ' , 7 : 270'' , o &c 2 7 1 ', 7 : on a joint
à ces produits le milieu 273/, 7 , qu’on avoit déjà
trouvé ; puis on a pris, fuivant nos méthodes, une
moyenne parmi Ces neuf différences , 6c l’on a eu
2 7 1 ', 5 ou 271' , 4 : cela donne la longitude
d’Akerman de 28° 02', 9.
Il parôîtroit , par ce détail, que l ’Auteur de la-
première carte , dont on emprunte la différence
en longitude , auroit employé, pour mefurer l’ef-
pace dont il s’agit, le mille de 10 par degré,
au lieu de celui de 13 ~-9 6c, pour abréger, que
l’Auteur de la dernière des huit cartes,auroit fait
ufage du mille de 15 au degré, au lieu de celui
de 12^7.
Dans la prefqu’ifle de la Crimée, dont le Kan
étoit encore , il y a fort peu de temps , vaffal du
Grand-Seigneur, on a affez furement, lëshauteurs
polaires, de Perecop 6c du cap Aya. Entre quelques
indications, de la longitude d’Afow , on préfère
celle qui s’accorde davantage, avec les meilleures
cartes, fur-tout après les avoir affujetties,
à la pofition bien déterminée de Gurjef, fituée au
Nord de la Mer Cafpienne ; car pour les longitudes
de Czerkask 6c de Tangaroëk , dans les environs
d’Afow , elles ne font pas fondées fur des
obfervations affez nombreufes, ni affez sures, pour
ofèr s’y fier, n’ayant point eu de correfpondantes,
du moins à Pans : il en eft de même des longitudes
, de quelques endroits de la Crimée, elles ne
font pas fondées fur des obfervations affez décifi-
ves; d’autres poftérieures permettront fans doute,
de placer Jenikalé, Tangaroëk 6c Czerkask, plus
à l’orient , que celles qu’on a jufqu’à préfent,
Les mefures itinéraires de la Turquie d’Europe,
ont d’abord , pour un de leurs élemens, le pied
Grec,qui étoit,à ce que l’on dit, le pied d’Her-
cule ; fix cents de ces pieds, étoit la longueur de la
carrière, du ftade Olympique : ce ftadè eft devenu,
enfuite, une mefure itinéraire. Prendre le pied d’Her-
cule, pour le pied Grec, eft une métaphore, fondée
fur ce quëTa Grèce, reçut de l’Héraclide Pheidon,
des réglemens fur les poids & mefures. Le pied
Grec, eft de 3 60000 au degré ; l’orgye, qui eft
de 6 pieds, eft de 60000 au .degré ; le ftade étoit
de 600 pieds ou de 100 orgyes; il y avoit donc,
600 ftades Olympiques au degré. On a déjà dit que
huit de ces mefures, forment le mille Romain, 6c que
dix compofent le mille géographique.
Les Itinéraires 6c les Géographes anciens, entreront
encore long-temps, pour beaucoup, dans la
conftru&ion des cartes, de la Turquie d’Europe.
Le mille de 12 { au degré , qu’on emploie dans
différentes Provinces Européennes de cet Empire ,
a- une origine Romaine ; ce mille eft fextuple de
l’ancien mille Romain. Si le Berris de Turquie, eft,
dë 66 f au degré, comme on le croit communément
, il a une origine Egyptienne ; c’eft l’ancien
mille nautique , formé de 10 ftades de même
dénomination, & ce même ftade eft compofé de 100.
orgyes Egyptiennes ,011 de 300 coudées du Caire.
Pour avoir le mille de 13 4 au, degré, dont on a
parlé, on a réuni cinq de ces Berris enfenible.
La longueur du pic de Cohftantinople eft , félon
dix indications differentes, de i p. l p. 3Lis. jp‘s: i > Ie
pied de Cracovie en eft la moitié. Ce pic eft 156250
fois dans le degré ; ainfi il entre 12000 de ces pics,
dans le mille de 13 — au degré, dont on a parlé
ci-devant, 6c dans celui de 10 ~'au degré, il en
entre 15000 : on a aufii fait mention de-ce mille.
Les Turcs, la plupart des Peuples Orientaux
préfèrent, dans l’ufagè , la coudée ou le pic au
pied. Il y a des pics pour différens ufages à Conf-
tantinople ; on préfère ici le pic Stâmbolin. Le pic
en Turquie, eft dé deux pieds de Conftantinople;
ce pied eft celui de Philetère , qui, après la mort
de Lyfimaque , un des co-partageans de l’Empire
d’Alexandre, fonda le Royaume de Pergame ; Héron,
le Mécanicien, le fait ( in Ifagoge) égal au f du
pied Italique ( on Romain ; ) mais le pied de Philetère,
n’eft point le pied Alexandrin, comme le dit
cet Auteur : le premier eft 312500 fois dans le
degré, 6c le fécond 300000 fois; le premier eft au
fécond, comme 24 eft à 25 , ou bien encore , ils
font entre eux-* comme le pied Romain eft au pied
Grec. Le ftade de Turquie, doit être de 600 pieds
Philetéréens, ou de 3 00 pics ; il eft donc de 109 r f |
de France ; fept de ces ftades ? font un mille de
y66r J ; c’eft fort peu plus que le mille Romain,
qui eft "de 76or Voilà pourquoi Hefichius1, verbo
iiihiov, définit le mille à fept ftades ; voilà, pourquoi
Suidas, dit que l’Empereur Anaftafe, conftruifit
le long mur, entre la Propontide 6c le Pont-Euxin,
à 60 milles de'Conftantinople, '6c fuivant Evagre,
à 420 ftades de cette Ville ; voilà pourquoi Pro-
.cope ( dc be.Uo gothico pluribus loris ) évalue les diffames
aux environs de Rome, à raifon de fept
.ftades par mille, tandis qu’il eft certain, d’ailleurs,
que ces milles font de huit ftades Olympiques : ce
n’eft pas par une fauffe compenfation, ni par l’habitude
qu’un Ecrivain G rec, avoit pris par l’ufage,
de compter fept ftades pour un mille , comme un
très-habile Géographe l’a écrit; c’eft parce que le
mille de.7 ftades de 600 pieds Philetéréens, eft au
mille de 8 ftades de 600 pieds Grecs, comme 126
eft à 125 ; c’eft-à-dire que ces milles font à peu
près égaux. •
On a formé, dans cette région, des milles de
différens nombres de ftades Philetéréens, comme
de 5 , 6 , 7 , 8 , 6cc. ftades. Le mille de 8 de ces
ftades eft le Berris -de Turquie, il eft de 65 -f- gp
au degré ; celui-ci, eft au mille nautique , comme
128 eft à 125. On compte fouvent aufii ,_fix de
ces ftades au mille, lequel eft de 86'j | au degré:
il paroît d’un ufage commun fur la Mer de
Marmara, ainfi qu’en plufieurs endroits de cet
Empire.
Il y a aufii, dans cette même Région, des milles
de fept ftades 6c; demi ; Photius lé dit dans fa
Bibliothèque ; l’Auteur d’un Abrégé du Périple du
Pont-Euxin d’Arrien, fait le mille de 7 ftades 6c
demi : on trouve le même rapport du ftadè au
mille , dans un fragment d’une defcription, de la
même Mer 6c du Palus Méotides , ainfi que dans
Agathemer ( Hypotypojîs Géog. Lib. I I : ) on va
en produire deux exemples.
Sirabon évalue la largeur de l’ifthme de Corinthe,
à 40 ftades, 6c Pline l’indique de 5 milles,
qui, à raifon de 8 ftades par mille, font également
40 ftades ; cependant les Grecs ont pofté-
rieurement, défigné cet efpace, par le termé d’Hexa-
milion. Mais avec quel ftade Strabon 6c Pline,, me-
furoient-ils cette largeur? Coronelli a publié de
cet ifthme, un plan à Venife, fur lequel on voit
que le plus étroit de l’ifthmé, eft de 3 460 pas ; le
pas de Venife , fuivant Hérigonius, eft de 57600
au degré; ainfi les 3460 pas , valent 3427 toifes,
lefquelles étant divifées par 40, donnent 8 5r f J ,
pour la longueur du ftade dont il s’agit : c’eft le
ftade nautique , lequel eft exa&ement de 8 5 r f f .
Les 40 ftades nautiques, en valent 45 pythiques;
par conféquent les 6 milles que l’on compte, aujourd’hui,
dans cette largeur, font chacun de 7
ftades 6c demi pythiques.
Ce ftade, vient de celui,oit fe céiébroient les
jeux, en l’honneur d’Apollon, à Delphes ; il eft
compofé,non de 600 pieds Grecs ou d Hercule ,
mais de 600 pieds naturels ou d’Apollon, qui ont
chacun 9'. i lis. 6pt\ du pied de Paris. O r , l*
hauteur de la ftature humaine, eft de 7 fois 6c
demie la longueur de fon pied, pour les figures;,
fveltes , élégantes : telles étoient, fuivant le Com-
menfus des plus célèbres Peintres -6c Statuaires?
Grecs, le rapport des tailles d’Apollon & de Venus ,
à leurs pieds ; la hauteur de la ftature humaine 9
étoit de fept fois la longueur de fon pied, pour
les figures mâles 6c fortes : telle étoit la tailla
d’Hercule, qui avoit de hauteur 7 pieds Grecs +
ou 6P. j p. 1 olis. Ÿ ‘s‘ 7 du Pie<i de P^ns ; cette
haute taille réponaoit, fans doute, à l’idee avanta-
geufe, qu’on avoit en Grèce, de la taille de ce
Héros. La taille d’Apollon, devoit être de fept pieds
6c demi pythiques ; il y a 450000 de ces pieds ai*
degré ; divifant ce nombre par 7 7, il vient 6000o
pour quotient; ainfi, la ftature de ce Dieu de la
Poéfie 6c de la Mufique , auroit eu précifément
une orgye Grecque de hauteur, ou 5P. S7*. 5^. 6pts.
du pied de Paris , fuivant l’opinion des Grecs ,dit
moins à ce qu’il paroît» ,
L’ifthme de la Cherfonèfe de Thrace, 3,40 ftades
de largeur, fuivant Scylax; 37 félon Xénophon,
6c 36 fuivant Hérodote : o r , les 40 ftades de
Scylax, font aux 36 ftades d’Hérodote, comme lac
longueur du ftade Olympique 9 5r 7 * > ta i°n"
gueur du ftade nautique 85 T |J.> La première évaluation
, eft donc en ftades nautiques, 6c les deux
autres le font, en ftades Olympiques ; ainfi, les 4°
ftades de Scylax, contiennent 3423^ toifes; les 36
ftades Olympiques d’Hérodote, s’étendent egalement,
à 3423 toifes; la largeur, félon Xénophon,
eft plus grande d’un ftade Olympique, que chacune,
des deux autres; elle étoit marquée par un mur,
dont la Cherfonèfe, fut couverte deux fois, contre
les Thraces. La ville de Lyjimachia, dans cet ifthme ,
a pris, depuis le nom d’Hexamilion ; c’eft aujourd’hui
Hexa-Mila; la largeur de l’ifthme , de 34235
toifes , eft donc préfentement de 6 milles , dont
chacun eft de 57or 7 , ou précifément de 7 ftades
& demi pythiques.
Pour mefurer la largeur, de l’ifthme de Corinthe,
on a fait ufage, du pas de Venife d’Hérigo-
nius; on auroit peut-être dû employer, le pas reful-
tant du pied de Venife, fi exa&ement defini, par
M. Çriftiani; mais nous ne penfons pas qu’il foit
en ufage, dans la Marine Vénitienne, ou du moins
nous l’ignorons ; quoi qu’il en foit, le pas de Venife ,