
fur un pied & demi, ce qui triple à peu près l’efpace : il eft triple encore
dans les deux âges fuivans , ôc double feulement dans le quatrième.
Les feuilles que l’on jette aux Vers à chaque repas laiffent néçeflairement
beaucoup de débris qui forment une eipèce de litière. Quand elle a plus de
deux doigts d épaifleur , ou qu’en y paflant la main on la fent humide ,
il faut abfolument en retrancher une partie de crainte qu’elle ne moififle ,
c eft ce qu on appelle deliter : cette opération eft indilpenfable dans le dernier
cas ôc voici la façon d y procéder : on fouleve d’un eôté avec les deux
mains, ôc également, le papier du clayon , on en fait tomber une partie
fur 1 autre en la pliant en deux : & pour faciliter l’opération ôc empêcher
les Vers de fe mêler , on met auparavant dans le pli une grande feuille de
papier ; la moitié de la litière fe préfente alors en delfus , on ôte environ
moitié de fon épaifleur, on opère de même de l’autre côté , & au moyen de
la feuille de papier qui eft dans le p li, on remet aifément les Vers dans la
fituation on ils étoient.
On n a pas befoin de tant de précautions au quatrième âge : on peut
alors prendre les Vers fans craindre de leur faire du mal, les jetter d'ua
6oté de la table, ôc apres avoir ôté la litière, les remettre fur la place nette,
& opérer de même pour l’autre côté. Il faut avoir foin d’enlever tout de
fuite la litière de 1 appartement pour éviter l’infeâion ; on peut fl l’on veut
la conferver pour les beftiaux après l’avoir fait féeher. Les porcs en font très
friands.
Si en délitant on s’apperçoit que les tables aient contraclé quelque
mauvaife odeur, on les frottera avec une poignée de thym, de lavande, ou
d’autres plantes aromatiques.
La mue eft toujours précédée par un redoublement d’appetit que l’on
appelle fr tV ; au premier âge il dure un jour , dans le fécond un & demi,
deux dans le troifîéme & deux & demi environ dans le quatrième. Le Ver
ipange très-vite pendant ce tems & a befoin d’une augmentation de nourriture,
pour fùpporter le travail pénible de la mue qui commence auflitôt
après. Il file alors une foie blanche très-déliée dont il attache les brins
par-tout aux ^virons , & autour de fon corps pour retenir fa peau en
arrière, lorfqu’il la portera lui-même en avant. On juge que les Vers font
vigoureux , quand la litière eft bien garnie de fils.
Il
Il faut délitêr la veille de la mue, ôc avant que le Ver commence à filer ,
pour ne pas interrompre fon travail. On diminue alors la dofe du repas,
& on ne jette que peu de feuilles pour les traîneurs : dès que les deux tiers,
à peu près , font entrés dans la mue, on celle tout à fait les- repas, ôc quand
ils en font fortis , on leur en fert deux ou trois fur la même place 8c on
les met enfuite fur de nouveaux clayons qu’on leur a préparés.
Quant a ceux qui tardent à fubir ce travail on les porte avec la litière
'dans un coin le plus chaud de l’appartement, ôc dès qu’ils fe font dépouillés
on leur donne un repas de feuilles entières, après lequel on les replace avec
les plus diligens, qu’on a laifTé jeûner fans inconvénient pendant cet intervalle,
pour parvenir à les appareiller.
La mue doit durer 24. ou 3 6 heures à la chaleur modérée de 1 8 à 20
dégrés.
Hans le premier âge les Vers a Soie ont fer le corps des poils noirs
aflez longs qu’ils quittent en grande partie à la première mue; leur plus
grande longueur eft d’environ quatre lignes : la partie écailleufe de leur tête
eft d’abord grisâtre , mais devient très-noire en féchant, ôc le peu de poils
noirs ôc courts qui relient, parfemés fur une peau blanche, donnent à l’infeae
une couleur gris de perle. A la freze du fécond âge, cette couleur tire
fur le blanc , mais après la deuxième mue , elle eft bai-clair ôc blanchit
par dégrés jufqu a la freze fuivante. Le noir luifant de la tête devient gris
mat, ôc conferve cette couleur dans les âges feivants : la tête elle-même eft
deux ou trois fois plus grofle qu’elle n’étoit auparavant,, La corne fur le
derrière , femblable a celle des Chenilles de la plupart des Sphinx , ôc qui
eft la marque diftinôlive de celles de notre première famille, devient très-
fenfible; l’infeae a alors environ fix lignes de long. On peut à cette époque
lui fervir la feuille entière, ou coupée en grandes pièces , mais choifir
toujours la plus tendre.
Ces deux âges exigent les mêmes foins que le premier ; la perfonne
chargée de 1 éducation ne doit pas les négliger d’un quart d’heure, ôc
trouvera toujours à s’occuper en vifitant fes clayons , fl elle eft aflez
attentive pour feivre minutieufement la route que nous avons tracée jufqu’à
préfent.
Au quatrième âge , c’eft à-dire, après la troifiéme mue , il eft tems de
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