fort ; et à ce recuèfi il a encore joint d’autres prophéties contre Babylone, dont
.a prédisoit la ruine, et il les envoya à Sarajas, fils de Nérias, chap. 5o ^t S i.
En effet, ses prophéties finissent au verset dernier du chapitre 5i ; ce qui a
fait croire, que le chapitre 5a , étoit d’un autre auteur, peut-etrede Baruch
son disciple, ou plutôt d’Esdras, e t de l’auteur du quatrième liv re des Rois,
d’autant que c ’est un extrait mot pour mot des dix-huit derniers versets du
chapitre 24, et des versets 1 et suivans, du chap. 27, de c e Livre. Dans ces
prophéties, Jérémie reprend avec véhémence les desordres du
peuple juif, ceux des princes des prêtres , et des faux prophètes ; à ces <Jer-
niers , il leur reproche leur foiblesse, leur lâcheté , leur avarice -; aux premiers
leurs infidélités, le.urs idolâtries et leur indocilité, et il assure que tous ont
prévariqué, qu’il n’y a plus de justes , qu’ils ne veulent plus entendre les
remontrances des prophètes ; .et, sous diverses paraboles très-vives, il les
instruit, leur représente les châtimens dont Dieu s'est servi pour punir leurs
pères, lors même qu’ils vivoient sous la protection d,e Moïse et de Samuel. Il les
pique de jalousie par les exemples des Récabites, et par les bénédictions que
Dieu répand sur eux ; afin de les porter à faire pénitence, il leur déclare qu’il
gémit jour et nuit sur leurs désordres, et qu’il offre continuellement ses prières
à Dieu, afin qu’il leur pardonne ; tantôt il les menace de la peste, de la famine,
.de la guerre, de la ruine de leur pays, ;et d’une captivité de soixante-dix années.
Il prédit nommément la .captivité de .Sédécias, la mort de Joachim, et celle
,de Jéchonias son fils ; ensuite il console les justes, et ceux qui se convertiront
par l’espérance que cette ruine ne sera pas universelle ; que Dieu les de V
yrera de tous ces maux ; qu’il fera une nouvelle alliance avec eux, qui durera
.éternellement 5 c ’est de celle de Jésus - C hrist dont fi veut parler ; qu’enfin
Dieu se vengera de ses ennemis et de ceux .de son peuple ; que 1 Egypte s.era
désolée ; que les Moabites, les Ammonites, les Iduméens, etc. seront détruits
par les Babyloniens, et que les Babyloniens à leur tour seront défaits par les
puissances du Nord. C’est ainsi qu’il .consola par ses écrits ses frères qui étoient
en captivité : car après que la ville eut été brûlée* il aima mieux , quoiqu il fut
chez les Chaldéens dans une estime et une vénération particulière, retourner
avec les plus pauvres en sa patrie ruinée.
Saint Jérôme dit, qu’autant que ce prophète paroît aisé et simple dans ses
paroles , autant est-il profond par la majesté des sens qu’elles renferment.
/Quelques modernes ont prétendu que Jérémie étant né et élevé, pour ainsi
'dire, dans un village, il y avoit contracté de l’impolitesse ; qu’ainsi on ne
devoit pas s'étonner que ses expressions fussent basses et rustiques ; mais il
n’e$t
n’est pas vraisemblable que ce prophète né d’une race sacerdotale, et par
conséquent d’une famille illustre, et dans une ville sacerdotale , à trois milles
tout au plus de Jérusalem , c’est-à-dire à une lieue ou environ, n’y ait pas reçu
une éducation proportionnée à la dignité de son ministère ; que si Baruch,
son disciple et homme de qualité, lui a prêté sa plume, comme quelques-uns
l’ont cru, toute la supposition de la rusticité de ce prophète s’évanouit, et n’est
pas soutenable. Ceux qui s’appliqueront à le lire dans les sources, ne trouveront
point qu’Isaïe ait sur lui tous les avantages qu’on veut bien supposer ;
les expressions en sont aussi vives, les comparaisons aussi naturelles et aussi
justes, les sens aussi sublimes; et même on peut ajouter, que dans le dernier,
on trouve plus de force et un air plus pathétique. A l’égard de ce qu’on lui
reproche en particulier, comme des suspensions de sens, des phrases trop
entrecoupées, des expressions louches et suspendues, de mettre souvent le
singulier pour le plurier, des temps pour d’autres, du dérangement dans le
discours, peu d’ordre dans la narration ; ce sont des vices communs à tous les
autres, et du style ordinaire de ces anciens, et peut-être qu’ils ne se trouvent
tels à notre égard, que parce que nous ignorons encore aujourd’hui les propriétés
et les délicatesses de leur langue. A l’égard du dérangement, il est
évident que la plupart des mêmes prophètes n’ont pas toujours suivi dans
leurs recueils l’ordre des temps ; cet ordre même a paru très-arbitraire, puisque
les Septante dans l’arrangement de leurs chapitres en ont suivi un autre que
celui de l’hébreu, sans que l’on puisse en deviner la raison.
Le rabbin- Mosus Kimclii, Procopius Gasæus, et d’autres, avec Sixte de
Sienne , soutiennent que Jérémie a écrit le IIIe et le IVe Livre des Rois ; et
c ’est peut-être la raison pour laquelle, il a affecté de n’y presque point parler
de soi, et de diverses choses auxquelles il a eu une part considérable sous les
rois Joachim et Sédécias. Abulensis ajoute , qu’il a aussi composé les deux
premiers ; quelques-uns le regardent encore comme l’auteur desPseaumes
.6,4 et i 36.
7- B