6 H I S T O I R E
Fig- i . Rabot ou rable de bois fervant à retourner la
poudre étendue fur les draps pendant l’eflorage &
le féchage. l. La planche du rabot vue de face pour en mieux di-
(linguer la denture & les dimenfions.
3. Une des tables du féchoir couverte d’un drap fur lequel
la poudre eft étendue.
C C ,D D Extrémité des chevalets fur lefquels les tables
font pofées. C G c 3 d9 D D première moitié de la
table. dD ; C, c fécondé moitié de la même table.
On voit par cette figure comment le drap fur lequel
la poudre eft répandue, eft roulé par fes bords
& que les quatre coins font alfujettis par des pierres.
P L A N C H E X V.
Après que la poudre eft tamifée, on la porte au liffoir
où le frottement mutuel des grains les uns contre
les autres lui donne un luftre recherché pour la poudre
à giboyer -, la poudre à canon ne reçoit pas cette préparation.
Le liffoir eft un bâtiment de forme quarrée qui
a 14 piés de long fur 10 de large dans lequel plufieurs
tonneaux enfilés fur un même axe tournent fur eux-
mêmes, & roulent pendant 24 heures la poudre qu’ils
contiennent.
A empellement de la roue à augets. A B courfier par
lequel coule l’eau qui remplit fùcceffivement les augets.
B C la-roue. DE fon arbre. F G hériffon qüi met en
mouvement les lanternes F H , G I des arbres des lif-
foirs. K L arbre fur lequel font enfilés deux tonneaux
■ ou liffoirs. M N autre arbre fur lequel font auffi enfilés
deux liffoirs ; chaque tonneau ou lifloir a au-deffous de
lui une caifle quarrée pour recevoir la poudre, lorf-
qu’op charge ou qu’on vuide les tonneaux.
P L A N C H E X V I .
1 .Elévation géométrale du moulin vu du côté de la
porte d’entrée. A empellement pour donner l’eau
à la roue. E pivot de l’arbre de la roue porté par
un chevalet. F G hériffon qui a 48 dents. F H, G I
lanternes qui ont chacune 16 fufeaux, enforte qu’elles
font trois tours contre un du hériffon. On a
Supprimé la caiffe & les liffoirs au-devant de la
lanterne F H pour Iaiflèr voir cette lanterne -, la
caifle fupprimée eft indiquée par des lignes ponctuées.
Au-devant de l’autre lanterne G I pàroît un des
deux liffoirs placé dans fà caiffe, on voit feulement
le bout de quatre des huit bâtons qui le traverfent
d’un fond à l’autre.
3. Face oppofee du bâtiment, ou coupe parlalongueur
du courfier. A verrin pour lever la pâlie, a paffage
■de l’eau pardeffous la pâlie qui eft levée, a B cour-
fier qui conduit l'eau fur la roue à augets qui font
au nombre de 3.2. C c courfier du côté d’aval par
lequel l’eau s'écoule à mefùre qne les- augets fe
vuident.
P L A N C H E X V I L
4 . Coupe 8c élévation longitudinale du liffoir vu du
cote d amont. B C la roue à augets. F G le hériffon.
N pivot d’un dçs deux arbres du lifloir. optqr
liffoirs placésau-deffus de leurs caiffes s t}ux.
f . Elévation perfpeétive d’un liffoir & de fa caiffe def1
finée fur une échelle double. Le liffoir Q R a 3 piés
& demi de long 8c 18c demi de diamètre,il eft percé
de 4 ouvertures'quarrées de fix pouces, qui font fermées
par des foupapes que l’onaflùjertit au moyen
d’une ficelle qui fait plufieurs tours fur deux chevilles
fixes à la circonférence du tonneau ; c'eft par
une de ces ouvertures que l’on introduit dans chaque
tonneau du liffoir 200 liv. de poudre qui y
roule pendant environ 24 heures. S T V X Y Z la
caifle au-deffus de laquelle eft placé le liffoir. C. Le liffoir vu par une de fes extrémités. 1, 2, 3 ,4 ,
7,8 bâtons quarrés qui vont d’un fonda
l’autre, 8c fur lefquels la poudre retombe àmefure
que le liffoir tourne fur lui-même.
N A T U R E L L E .
La poudre en fortant du liffoir eft tranfportée
fur les tables l L du féchoir, PI. X III. où on la répand
fur des draps pour fécher au grand air ; 0n
rabotte fouvent la poudre pour la retourner* &
faire que celle qui eft deffous vienne deflus. *
Après que la poudre eft feche, on la repoufte * pour
cela on la met dans de groffes tonnes •, on ne fait cette
opération que quelques jours après, parce que fi elle
étoit faite de fuite, les tamis s’uferoiént beaucoup plus £
caufe de la chaleur de la poudre. Pour faire le repouflè-
tage on commence par égalifer la poudre comme quand
on la veut mettre dans le liffo ir, 8c cela pour en retirer
les pelotons de pouflier qui fe forment dans le liffoir
8c qui tombent dans les tines lorfqu’on le décharge-, on
appelle ces pelotons des Ramandots de lijjoir, on les
rebat dans le moulin. La poudre ainfi égalifée dans une
maye, des ouvriers prennent des tamis fins pour la
repoufleter; ce repouflètage confifte à la balotter afin
de la décharger du fin grain & du pouffier, 8c faire
qu’elle foit propre 8c ne craffe point. Voilà les opérations
par lefquelles paflènt les matières qui compo-
fent la poudre. On la pefe enfuite, 8c on l’enfonce
dans des barils de cent livres, dans chacun defquels il y
a un fac de toile pour contenir la poudre en cas que
quelques barils fe défonçât dans le tranfport. Pour la
pefer on a des tines ovales cerclées de cuivre, qui contiennent
plus de cent livres, on la met fur les plateaux
8c quand on a le poids de cent liv: on la vuide dans une
autre tine pareille, que deux ouvriers tranfportent fous
un hangard d’enfonçage , ils la vuident dans le fac que
les tonneliers tiennent ouvert, ils enfoncent enfuite le
baril, qu’on tranfporte après dans un magafin.
Pour la poudre à canon on obfèrve les mêmes chofes
ci-deffus, à l’exception de l’eflorage 8c liffage, c’eft-à-
dire qu’au fortir du grainoir on la tait fécher, étant feche
on la blute dans un blutoir percé comme un grainoir
de poudre à giboyer, pour la décharger du fin grain 8c du pouffier, puis on la tamife pour extraire abfolu-
ment ce dernier, ce que le blutoir ne peut pas faire,
on l’enfonce comme pour la poudre à giboyer, quand
c’eft pour le public-, pour le R o i on la met ordinaire-,
ment dans des barils de deux cens enchappés.
Préparation du Pouffier.
On met dans une maye faite exprès une quantité de
pouffier pour charger un moulin, puis Je maître-garçon
qui conduit ce moulin vient l’arrofer. Quand il eft ar-
rofe quatre ouvriers fe mettent contre cette maye, qui
peut avoir environ deux piés fept pouces de profondeur
fur fix de long, & quinze pouces de largeur, ils
manient ce pouffier pendant près d’un quart-d’heure,
pour que l’eau foit diftribuée de façon que tout foit
humeélé au même degré, on le porte enfuite au moulin
dans des tines, & on en foit une répartition auffi exade
qu’il eft poffible dans les vingt-quatre mortiers dont la
batterie eft compofée, & c’eft à quoi on parvient aife—
ment, parce que quand un mortier en a trop on en retire
pour ajouter à celui qui eft chargé trop foiblement.
On met en train, 8c on le laifle battre le tems pour le-;
quel il a- été arrofe.’
A chaque fois qu’on va au moulin on balaye avec la
plus grande attention, tant fur les mortiers que fur les
planchers, pour entretenir la propreté néceflàire dans
des endroits auffi dangereux : on obfèrve avec autant
d’exaébitude la même chofe dans les grainoirs 8c enfonr
çages.
P L A N C H E X V I I I .
Cette Planche repréfente une machine pour arrondir
la poudre, en ufàge en Suiffe, elle eft décrite à l’article
Poudre dans l’Encyclopédie, tom. XIII.
C E Arbre d’une roue à l’eau qui donne le mouvement
à la machine. D rouet qui engraine dans la lanterne
conique F , fixée fur l’ arbre vertical EH . G mor-
toife oblongue, dans laquelle paffe l’arbre A A des bobines.
P L A N C H E X I X .
Fig i . Mortier pour éprouver la poudre.
P O U D
i . Boulet de foixante livres que le mortier doit tirer à
une diftance déterminée , par l’Ordonnance qui
fuit, pour que la poudre foit recevable.
O R D O N N A N C E D U R O I ,
Pour regler la maniéré dont doivent être faites a l ’avenir
les épreuves des Poudres à Canon.
Du iS Septembre 1S86.
D E P d R L E ROI.
SA Majefté s’étant fait repréfènter l’Ordonnance qu’-
Elle auroit foit expédier le 4 Avril dernier, pour remédier
aux abus qui fe commettoient dans la confection
des poudres à canon 3 par laquelle Ordonnance Elle auroit
réglé la maniéré dont fe feroient à l’avenir les
épreuves des poudres qui feroient mifès dans les maga-
fins de fès places : & Sa Majefté ayant été informée de la
difficulté qui fè rencontre à l’exécution de fadite Ordonnance,
en ce que quelques-uns des officiers commandant
l’artillerie dans lefiiites places, ayant fait fondre
des mortiers dont les chambres étoient plus étroites
& plus profondes, 8c les boulets de foixante livres,
plus juftes que ceux defquels on s’étoit fèrvi ci-devant,
la même poudre, dont une once mifèdans un des mortiers
avec lefquels les premières épreuves avoient été
faites, qui ne portoit le boulet qu’à quinze toifes, le
portoit à trente-cinq étant mis dans l’un defHits mor1
tiers nouvellement faits. Et Sa Majefté voulant régler
la maniéré de ces épreuves, enforte que dorénavant il
n’y ait plus d’abus ; 8c ayant commandé pour cette
fin que les mortiers dont on devra fe fèrvir pour lef-
dites épreuves, fèroient deffinés fur la même feuille fur
laquelle la préfènte Ordonnance fera imprimée; Sa
Majefté a ordonné 8c ordonne, veut 8c entend qu’à
l’avenir il ne foit plus éprouvé de poudre, que dans
des mortiers dont les dimenfions feront pareilles 8c
uniformes au profil deffiné au bas de la préfènte, dans
lefquels mortiers trois onces de poudre étant mifès
fans être battue, Scie boulet de foixante livres mis au-
deffus, 8c ayant le vent marqué par ledit profil, fèra
porte au-delà de cinquante toifes de diftance dudit mortier
qui aura été mis de niveau, 8c parfaitement pointé
a quarante-cinq degrés d’élévation, chacune toifè com-
pofée de fix piés mefùre de Roi. Veut en outre Sa Majefté,
que toutes les poudres fournies auparavant la
date de la préfènte, lefquelles auront befoin de radoub,
ne foient point, reçues dans les magafins de fes places
apres ledit radoub, qu’elles n’aient été mifes en état,
que trois onces de ladite poudre, chargées dans un
defdits mortiers, ne pouflènt au-delà de quarante-cinq
toifes, 8c qu’au furplus fadite Ordonnance du 4 Avril
dernier fèra ponctuellement obfervée & exécutée.
Mande & ordonne Sa Majefté au fieur Marquis d’Hu- ~
niieres, Maréchal de France, Gouverneur 8c fon Lieutenant
général en Flandre, & grand Maître de l’Artillerie
de ce Royaume, de tenir exactement la main félon 1 autorité de fa charge, à l’exaCte obfèrvation de la
prefente. Fait à Verfailles le dix-huitieme jour du mois
de Septembre mil fix cens quatre-vingt-fix. Signé,
J-OUIS. Etplus bas, L e T e llier.
R E S. 7
Dimenfions du Mortier à éprouver la Poudre.
A Le diamètre à la bouche du mortier, porte fept
pouces trois quarts de ligne.
B Longueur de l’ame, huit pouces dix lignes.
C Diamètre delà chambre, un pouce dix lignes.
BD Longueur ou profondeur de la chambre, deux
pouces cinq lignes.
E Lumière ait ras du fond de la chambre.
F Diamètre par le dehors du mortier, à la volée,
huit pouces dix lignes. '
G Diamètre par le dehors du mortier, à l’endroit de
la chambre, quatre pouces huit lignes 8c demie.
H Diamètre de la lumière, une ligne 8c demie.
A I L ’épaiffeur du métal à la bande fans comprendre le
cordon, eft de dix lignes.
K La longueur de la femelle de fonte du mortier, eft
de feize pouces.
L La largeur de ladite femelle, eft de neuf pouces.
M L ’épaiflèur de ladite femelle, eft d’un pouce fix
lignes.
N Le diamètre du boulet de foixante liv re s , fept
pouces.
O Une anfe repréfentant deux Dauphins fe tenant par
la queue, ladite anfe placée fur le milieu de la
volée.
P Languette de fonte qui tient au ventre du mortier
fur lequel il repofe, & qui répond au bout de la
femelle étant juftement placé dans le milieu. ■
II faut que le mortier foit fondu avec fà femelle, de
maniéré qu’il fe trouve pointé jufte à quarante - cinq
degrés.
Cette femelle encaftrée dans un madrier, 8c attachée
bien ferme par les quatre coins, avec autant de boulons
arrêtés par des clavettes à l’endroit où font placés
les boulons.
Il faudra mettre deux bandes de fer qui pafferont par-
dèffous le madrier, & le viendront embraffer jufques
par-deffus, les quatre boulons feront paffés dans ces
bandes de fer.
Il faut auffi bien obferver que la platte - forme de
bois fur laquelle on placera ce mortier, encaftré comme
il eft dit ci - deffus dans fon madrier, foit bien unie &
bien de niveau, -8c il ne faut point arrêter le madrier
fur la platte-forme, parce qu’il doit avoir une entière
liberté de reculer en tirant.
Fig. 3. Eprouvette en forme de piftolet.
4. Eprouvette en forme de fonnette.
y. Baril pour contenir cent livres de poudre, fà hauteur
eft de deux piés deux pouces, fon diamètre
au milieu un pié deux pouces, 8c vers les fonds, de
onze pouces neuf lignes. 6. Chape pour renfermer le baril précédent, la hauteur
eft de deux piés fix pouces. Le diamètre, au
milieu un pié quatre pouces neuf lignes, celui des
fonds un pié deux pouces neuf lignes.
C ’eft par les procédés 8c au moyen des machines que
l’on vient de décrire, que les hommes font parvenus à
compofer cette poudre formidable, qui auffi prompte
que la foudre, produit de plus grands effets qu’elle: fi
on joint à ce que nous venons d’en dire la leâure des
explications des Planches qui concernent le fàlpêtre,,&
celles de la fonderie des canons, on aura la connoiflàn-
ce complété d’une partie effentielle de l’art de la guerre.