' H I S T O I R E N
mâchoire inferieure, lelquelles s’emboîtent dans ces
cavités quand l’animal ferme la gueule. La tête fait au
moins le' tiers de la longueur de ce Getacee ; c e lt de lui
-que l’on tire le plus de cette matière ptécieuie connue
en Médecine fous le nom de blanc de baleine, elle fe
trouve dans le cerveau & le cervelet, qui font recouverts
par deux membranes nerveufes au-lieu de crâne. .
Cette efpece de Cachalot a communément cinquante
à fô-ixante pics de longueur; les males ont une verge
de cinq à fix piés.
On'voit à lafig. 3. leNarhval«,dorit le caractère principal
c o n f% en deux longues dents au bout de la mâchoire
fu péri*eure. Il eft cependant fort rare de trouver
de vieux Narhvals avec ces deux dents, ordinairement
l’une des deux ne prend point d’ae-croiflèment& 1 alvéole
de celle qui manque fe trouve recouvert par la
■ peau, de façon qu’il n’y refte aucune apparence de la
dent, c’eft ce qui a fait dire à quelques voyageurs, que
<cet animal n’avoit qu’une dent ; mais comme la dent
qui refte eft fur le coté gauche ou fur le cote droit du
mufeau, on doit conclure d’après ce fait, qu’il manque
une dent furie côté oppo.fé, car la nature e ft, pour
ainfi d ire, fymmétrique dans lès productions , & fi le
Narhval n’avoit naturellement qu’une dent, elle le
•trouveroit'placée au milieu du mufeau. Il y a de ces
dents qui ont jufqu à neuf à dix piés de longueur ; elles
font cannelées en fpirale & d’une fubftance beaucoup
plus belle que Tivoire de l’Eléphant. La longueur ordinaire
de ce Cétacée eft de vingt à trente piés, mais on
■■en voit de beaucoup plus grands. Hiß. Nat. de l ’lßande
de M. Anderfon, tom. II.
Q U A D R U P E D E S OV I P A R E S .
P L A N C H E X X V .
On a donné le nom de quadrupèdes ovipares aux T orm
e s , aux Lézards ; mais les Tortues de mer ont au-lieu
de pattes des nageoires , qui les éloignent d’autant plus
des quadrupèdes. On divife les Tortues en Tortues ter-
■ reftres & en Tortues de mer ; les premières ont le plus
de rapport avec les quadrupèdes, en ce qu’elles ont en
effet quatre jambes, qui font terminées par des doigts
garnis à leur extrémité d’un ongle aflèz fèmblable à .
ceux des quadrupèdes. Les Tortues de terre ne deviennent
jamais aufli grandes qne les Tortues de mer, cependant
celle qui a fervi de modele pour la fig.^ 1. avoir
trois piés de longueur d’un bout de l’ écaille à l’autre ,
& deux piés de largeur; elle a été apportée des Indes à
MefÉeurs de l’académie des Sciences qui en dnt fait la
diffeétton. Voye^ le moiTortue.
Les Tortues de mer font communément beaucoup .
plus grandes que les Tortues terreftres, il y en a qui
ont juiqn’à dix à douze piés de longueur. Les lames
d’écailles des T ortues terreftres, & même de la plupart
des Tortues de mer, font trop minces pour pouvoir
être employées à faire des boîtes ou autres ouvrages,
on eft obligé de les fondre pour s’en fervir. La Tortue
deiner appellée Carret, eft celle qui fournir les lames
d’écaüle les plus épaifTes, & par conféquent les plus recherchées;
il y a de ces lames qui ont jufqu’à trois lignes
d’çpaiileiir à leur partie antérieure, mais ordinairement
elles n’ont qu’une ligne ou une ligne & demie.
La Tortue qui a fervi de modele pour le defTein de
la fig. z. eft une Tortue de mer; elle n’a , comme le
Çarret, que quinze lames principales fur le plaftron fu-
périeur, mais elles ont une figure tout-à-fait différente.
IJ y a fur les petites lames latérales des enfoncemens qui
s’étendent jufques dans l’o s, & qui repréfentent allez
exactement l’empreinte de la première articulation d’un
doigt humain. On diftingue dans chaque nageoire, non
feulement les cinq doigts, mais encore on compte les
phalanges dont ils font compofés. J e ne fais pas dans
quelle mer on trouve cette efpece de Tortue de mer;
c’eft probablement dans les Indes, car on connoît bien
celles des mers de l’Amérique; elle eft affezbien confer-
vée au cabinet du Roi, elle n’a qu’un pié de longueur, la
queue eft fi courte qu elle paroît à peine.
Le C am é lé o n ,^ . 3. eft une efpece de Lézard, il fè
a t u r e l l e .
trouve dans tous les pays très-chauds de fancien & du
nouveau continent; celui qui a fervi de modèle pour
cette figure avoit été envoyé d’Amérique, il n’avoit
guere qu’un pié de longueur depuis le bout du mufeau
,jufqu’à f extrémité de la queue. Voytq_ le mot Caméléon.
G RENOUI L L E S & CRAPAUDS.
P L A N C H E X X V I .
On a placé les Grenouilles & les Crapauds dans le
■ même genre, parce que ces animaux ont beaucoup de
1 reffemblançe entre eux, cependant on a divife ce genre
1 en deux parties-, parce qu’on en mange quelques efpe-
ces, Sc que les autres font regardées comme venimeu-
îès. On diftingue les Grenouilles des Crapauds, en ce
qu’ elles ont les jambes plus longues, Sc fur-tour celles
de derrière, les yeux plus gros Sc plus faillans, lè corps
plus alongé, & beaucoup -moins gros à fa partie pofté-
: rieure près des cuiffes : les Grenouilles ont aufli beau-
! coup plus de vivacité & de légèreté que les Crapauds,
Sc s’élancent plus haut & plus loin en fautant, au-lieu
que les Crapauds fe traînent Sç rampent prefque continuellement,
Sc ne fautent que très - rarement.
La Grenouille de la fig. i. fe trouve en Amérique,
, elle eft infiniment plus grande Sc plus grojlè qu aucune
Grenouille de ces pays-ci, elle a communément quinze
à feize pouces de longueur depuis le bout des levres
jufqu’à l’extrémité des jambes de derrière, on lui a
donné le nom de Grenouille mugïjjante, parce que fon
-croaffement imite le mugiffement du Taureau ; elle eft
très-bonne à manger, Sç fa chair, principalement celle
des cuiffes, a le goût du Poulet, de façon que l’on s’y
trompe aifémeut. La face fiï.périeure de cette Grenouille
eft d’un brun verdâtre, avec de grandes taches irrégulières
d’un brun beaucoup plus foncé, Sç prefque noirâtre.
Les orejlles font placées derrière les yeux, & recouvertes
par une membrane très - mince Sc tranfpa-
rente. Les jambes de derriçre ont chacune cinq doigts;
tous réunis les uns aux autres par une membrane qui
s’étend jufqu’aux ongles ; les jambes de devant n’onr
que quatre doigts & fans membrane : ces Grenouilles
font très-noires. Çatefby dit qu’elles font fort friandes
de jeunes vola illes, & quelles avalent des cannetons 8c
des oifons tout entiers. _ r
On voit à la fig. z. un Grapaud d’Amérique appelle
Pipa, dont on a donné la defeription dans le corps de
cet ouvrage; la femelle, comme l’on fa it, pond fès
oeufs fur le dos du mâle, dans de petites cavités dans
lesquelles les petits édofent. On voit fur le dos du Pipa
qui eft repréfenté, non-feulement des petits nouvellement
éclos, mais encore des oeufs entiers enfoncés dans
des cayités, & recouverts par une membrane formée
par l’cpailulfement de la matière vifqueufe qui entoure
le frai de ces animaux.
R E P T I L E S & S E R P E N S.
P L A N C H E X X V I .
On comprend fous le nom de reptiles non-feulement
les Serpens, mais encore les Lézards Sc les Tortues.
Tous ces animaux fe reflèmblent par la maniéré donc
ils fè reproduifent ; ils refpirent tous par des poumons,
comme les quadrupèdes, mais ils en different en ce qu’ ils
font tous ovipares : car quoiqu’il y ait des Serpens 8c
des Lézards dont les petits font vivans au fortir du
corps de la mere, on ne peut pas regarder ces animaux
comme vivipares, parce qu’ils ont des oeufs abfolumenc
femblables à ceux des autres Serpens & Lézards. La
feule différence qu’il y ait entre les Lézards 8c les Serpens
vivipares d’avec ceux qui ne le font pas, c eft que
dans les premiers l’incubation des oeufs fe fait dans le
corps de la mere, au lieu que les autres pondent leurs
oeufs avant l’incubation.
Les Reptiles en général ont le corps nud ou couvert
d’écailles, les uns ont quatre piés, 8c les autresn’enont
pas ; les oeufs des uns & des autres, au lieu d’être recouverts
d’une fubftance dure comme la coquille des oeufs
d’oifeaux,
membraneufè11 ren*erm^s <lansune enveloppe molle &
l e GrocodiJe, Jîg. t. eft le plus grand des L& a td s ,
puilquon en voit a Madagafcar qui ont Jufqu’à 60 piés
oilgueur. Celui qui a lèrvi de modèle pour cette
«eicription, n1 avoit que x z piés de longueur, il avoit
ete apporte d Amérique, il réflèmbloit parfaitement
aux Crocodiles du Nil. Ces animaux font féconds long-
tems avant que d’avoir pris tout leur accroiffement, car
on voit des oeufs très-différens entre eux pour la grof-
leur. L oe uf de h fig. z. duquel on voit fortir le petit
L-rocodile, eft.de la moyenne groflèur.
LeTockaie,_/?£. 3. eft un Lézard de Siaiïi, deux fois
plus gros que notre Lézard verd : il a la face fupérieure
du corps couverte d’une peau chagrinée & d’uné couleur
meiec de rouge & de bleu difpofée par ondes. La peau de
la lace inferieure eftécailleufe & d’une couleur grifeper-
lee avec quelques taches roufsâtres. Voye? lesMém.
pour fervir a Ibift. des animaux, par M. Perrault, tome ili. z.partie. J ai fait copier cette figure d’après celle de
M. Perrault.
P L A N C H E X X V I I I .
Le Seine, fig. 1. eft un Lézard très-connu pat1 le fré-
quent uiage que l’on en faifoit autrefois en médecine. Il
elt reprelente de grandeur naturelle fur cette Planche, il
a tout le corps couvert de petites écailles brillantes, le
lommet de la tête eft verd, & la plus grande partie du
corps elt d un jaune verdâtre avec des taches brunes.
U n ie trouve en Egypte.
Le Seps, fig. z. eft un animal qui fait le paffage des
Lézards aux Serpens. On fçait que les Lézards ont pour
caractères eflèntiels quatre jambes, au lieu que les Ser-
^ ei<r n.f>n ° nt ^as ’ k ^ePs *’ent 1 1 m'keu entre ces deux
claflesd animaux.Laplupart des Auteurs qui en ont écrit,
I ont regarde comme un Serpent, 8c d’autres comme un
Lézard; ceux-ci étoientmieux fondés que les premiers,
piufque le Seps a quatre jambes terminées chacune par
trois doigts, mais ces jambes font fi petites, 8c placées
ii loin les unes des autres, qu’il faut regarder avec attention
pour les diftinguer. Le Seps eft du genre des Lézards,
dont 1 incubation-' des oeufs fè fait dans le corps,
les petits font vivans au fortir du corps de la mere. Il
eft commun en Languedoc, 8c encore plus en Italie.
II eft recouvert en entier de petites écailles, il a fur le
dos des bandes alternatives brunes 8c bleuâtres, qui s’étendent
depuis k tête jufqu’à la queue, & le ventre eft
d un blanc bleuâtre. Le Seps ne devient guere plus grand
que la figure qu on en a donnée fur cette Planche ; mais
,» ev^ent beaucoup plus gros quand il a le ventre plein
doeurs.
La fig. 3. repréfènte laVipere femelle de ce pays-ci
dans le tems où elle k i t fès petits ; celui qui eft au paf-
fage delà vulve eft débarraffé de fes enveloppes; celui v
de la. fig. 4. tient encore à fès membranes, & eft dans
la meme pofîtion qu’il avoit lorfqu’il étoit dans l’oeuf
La.fis* f* repréfence une tête de Vipere ouverte pour
faire vo irie s deux dents canines de ce Serpent. Enfin on
r- g U Serpent g ro ffi, dans lequel
on diftingue le peut ferpent dans une fituatioii diffé-
W Ê f e creîle M SerP 'nt d= 4 - J ’ai fait copief
tomes les hgu.es concernant k Vipere d’après celles que
a des Mémoues pour
le ivir a 1 hiftoire des animaux par M. Perrault. V
P L A N C H E X X I X.
Le Serpent à (omet tes, ef t dû genre des Viperés,
la pins grolle efpece que l’on « ïmoüflè, il fe trouve
tres-hequemment en Améuque, il a ordinairement fix
ajept pies de Ionguqun, & quelquefois hait ô-.i n eu f i
lahioililre eft auffi plus dangeiedfe que celle des autres
Viperes, lui-tout quand il a pris fd{j accro)H3lnent
parce que jes p K Ju ’il fait en mordant font très-
prÿondes. Le Serpent à fonnettes qui a fervi de file r
pour cette ngure, avoir fix piés de longueur ; fes dents
canines, ou plutôt fes ctochefs, eStccdoiem la gencive
de Plus de trois lignes i ilavo it la tête large & applatie
lut la face fiipeneure, & i l étoit fur toute, fa loSgueuc
dün brun jaunâtre avec des taches noues megulieies
Sc tramverfales. On a donné à cette Vipere le nom de
Serpent a fonnettesparce quelle a la queue terminée
par des anneaux d une fubftance tranfparente & à-
peu ^ pies fèmblable à une lame de corne mince St
leche ; ces anneaux tiennent les uns aux autres par une
membrane capable d’ une grande dilatation & d’une
grande contraéhon, de façon que quand cette membrane
fe contraire, les anneaux frottent les uns contre
les autres & font un bruit très-reffemblant à celui que
fendent des pois renfermés dans une veflîe, & aflèz
tort pour pouyoir être entendu à une certaine diftancé-
le nombre de ces anneaux augmente à mefure que le
ferpent vieillit. On voit à la fig. z. une queue entière
de cette Vipere, où elle eft repréfentée de grandeur
naturelle.
On voit à h. fig. 3. un Serpent du genre des Couleu-
vres; il eft entier, d un très-beau bleu foncé fur le dos,
oc clair fous le ventre, il a ordinairement cinq piés de
longueur quand il a pris tout fon accroiftèment il fè
nourrit de petits animaux comme la plupart des Ser-;
pens de fa taille ; on le trouve à la Caroline & à la Vir-
ginie, les Anglois lui ont donné, le nom de Wampuur-
Jaoke j c eft un des plus beaux Serpens que l’on puiflè
voir par rapport a fa couleur. Hift. Nat. de k Caroline
par Catelby, tom. ll.pag. y8. Sc PI. y8.
La fig. 4. repréfente un autre Serpent qui eft auflî du
genre des Couleuvres, fi on peut en juger par k tête
qui eft étroite & petite. On a donné à cette Couleuvre
le nom de Serpent a lunettes, parce quelle a environ à
trois pouces au-delà de k tête k figure d’une paire de
lunettes dont on fe fert pour lire ; tout le refte‘du
corps eft d’une couleur uniforme d’un gris blanchâtre.
Il y a de ces Serpens qui ont jufqu a cinq piés de longueur.
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