s H I S T O I R E
de largeur, pour pofer les feuilles lorfqu’elles forcent
du ereufet, afin que l’étain s’égoutte.
Un petit ereufet de fonte pofé fur un fourneau de
briques avec une grande cuiller de fe r , pour faire la
lifiere ; ce ereufet eft de dix - fept pouces de longueur j
cn-dedans, & en-dehors vingt deux pouces, deux pouces
de largeur au fond, ÔC quatre pouces en haut, le
tout en-dedans, & neuf pouces de forfoce en largeur; ■
profondeur en-dedans cinq pouces, & en-dehors fix
pouces de hauteur, fur lequel il y a une table de fonte
de trois piés&demi de long fur vingt-trois pouces de
largeur, avec une ouverture au milieu de même grandeur
que celle du ereufet.
Un petit fourneau femblable à celui où l’on fond la
mine de fer pour fondre les cràlfes d’étain provenant
du ereufet à étamer, avec un récipient de fonte , au-
defTous duquel eft une chaudière de fonte pour recevo
ir l’étain que l’on diftribue dans des efpeces de lèchefrites
de tôle qui font des pains d’étain d'environ cinquante
ou foixante livres.
Une grande chaudière de fonte pour fondre les fouinons
d’étain de deux piés huit pouces de diamètre,
vingt pouces de profondeur, ladite chaudière pofée
fur un fourneau de briques.
L ’on met dans cette chaudière quinze à feize cens !
livres d’étain en foumons, pour le faire fondre ôc le
tirer en pain comme ci-defTus d’environ cinquante à
foixante livres chacun.
Un poêle de fonte dè quatre piés de toutes faces, j
pour entretenir les feuilles chaudes quand elles font ‘
ctamées, afin de lès récurer au fon.
Une grande table de fonte pofée fur un fourneau
de brique de la longueur dè trois piés huit pouces fur
treize pouces dè largeur, pour pofer les feuilles quand
on veut les dreffèr, étant nécelTàire qu’elles foient chaudes
pour les bien parer avec un marteau de fer pefont
dix livres, à manche court, le martinet bien poli.
Une chaudière dè même grandeur que celle à fondre
l’ étain, pour chauffer l’eau pour le décapage.
Trois paires" de cifoilles pour donner la hauteur ôc
largeur à la feuille de tôle qu’elle doit avoir, au moyen
d’une mefure de fer que chaque compagnon a pour fe j
modeler.
Manoeuvre.
Pour faire travailler le ereufet ainfi détaillé pendant
les jours ouvrables de toute l’année, à raifon de dix-
huit cens feuilles par jo u r , il faut,
Un maitre Etamcur.
Cinq Com pagnons.
Deux Goujards.
Six Récureufes.
On commence par cifoiller les tôles qui viennent de
la platinerie, & leur donner la hauteur & largeur convenables.
Apres cette pïemiere manoeuvre chaque compagnon
gouverne cinq tonneaux dans la voûte du décapage, &
pour les cinq,compagnons il faut vingt-cinq tonneaux.
Cette voûte doit être conftruite de façon qu’il n’y
ait aucun jour j les tonneaux rangés autour doivent
être reliés de fer ; on entretient toujours dans cette
voûte une chaleur fliffifonte pour que l’eau des tonneaux
foit toujours tiede : on confumme pour cet effet
trois grands paniers de charbon pour vingt-quatre
heures.
Quand la voûte efi: échauffée, on met dans chaque
tonneau rempli d’eau chaude à pouvoir y fouffrir la
main, deux mefures & demie de feigle concaffé feulement
, & chaque compagnon v a faire la manoeuvre fùi-
van.te.
Par exemple pour cinq tonneaux. Le premier Janvier
à huit heures du matin il met le feigle dans les tonneaux,
reliant dans cet état jufqu’au lendemain, auquel
tems un compagnon porte deux paquets de tôle , de
foixante-fîx paires chacun, Ôc en met un dans le premier
tonneau, Ôc l’autre dans le fécond.
Le 3 Janvier à huit heures du matin, ce compagnon
ôte les deux paquets du premier & fécond tonneaux, &
les porte dans le troiiîeme Ôc quatrième, & met un
N A T U R E L L E .
autre paquet dans le premier, ôc un dans le fécond tonneau.
Le 4 Janvier à huit heures du matin, le compagnon
ôte les paquets du troiiîeme ôc quatrième tonneaux
les met tous les deux enfemble dans le cinquième tou*
neau; enfuite il ôte les paquets du premier & fécond'
& le s met dans le troiiîeme & quatrième; il met un
nouveau paquet dans le premier, Ôc un autre dans le
fécond.
Le y Janvier à huit heures du matin, on ôte les paquets
du cinquième tonneau , ils fe trouvent décapés f
après quoi l’ouvrier ôte du troiiîeme & quatrième tonneaux
deux paquets qu’il met dans le cinquième ,il ôte
ceux qui font dans le premier & le fécond, &les*remet
dans le troiiîeme ôc quatrième, ôc met de nouveaux
paquets dans le premier ôc fécond.
Cette manoeuvre fe continue avec le premier décapage
pendant quatorze jours, au bout duquel tems on
renouvelle le décapage en mettant dans chaque tonneau
une mefure ôc demie de feigle, lequel décapage
doit durer encore quinze jours, après lequel tems on
met ho rs , ôc on recommence un nouveau décapage.
Ces cinq tonneaux ainlî manoeuvrés par un compagnon
, le cinquième jour de ce travail les deux paquets
qu’on retire du cinquième tonneau fe pqrtent au récura
ge , &fucceffivement tous les jours cette même quantité
pendant un mois fe porte au récurage.
Nota que ces paquets fortant du décapage fe jettent
dans des tonneaux remplis d’eau fraîche, d’où on les
retire à fur & melure du récurage."
Il eft à obferver qu’il arrive très-fouvent qu’une partie
des feuilles retirées du cinquième conneau ne fe
trouvent pas bien décapées, ce que l’on connoît à la
fortie du récurage ; en ce cas on remet ces feuilles dans
le décapage qui ferarenouvellé, en attendant ce renouvellement
on les tient dans un tonneau d’eau fraîche;
lî la voûte du décapage eft en bon train, cet intermédiaire
n a pas lieu, on remet ces feuilles tout-de-fuite
dans l’un des cinq tonneaux, fuivant la quantité.
Après que ces feuilles font bien décapées on les
porte au récurage, pour être récurées par huit récu-,
reufes ou compagnons.
La chambre du récurage doit être pourvûe d’autant
de baquets en quarré qu’il y a de récureufes, entre deux
desquelles récureufes ü y a un tonneau rempli d’eau
fraîche, ou chacune d’elles dépofe les feuilles quelle a
récurées.
Nota. Ces baquets en quarré forment une efpece de
mangeoire ; ils font fêparcs ôc conftruits de façon à
contenir l’eau où l’on jette une quantité de feuilles
pour être récurées.
On porte enfuite ces feuilles bien récurées dans l’éta-
merie, on les met dans un tonneau rempli d’eau fraîche
qui eft auprès du ereufet, jufqu a la concurrence de
dix-huit cens feuilles petit modèle, laquelle quantité
finit la tâche d’un maître Etameur depuis lîx heures du
matin jufqu’à environ cinq heures après midi.
Manoeuvre de £ Etamage.
L ’on prend de ces pains d’étain, comme il a été et-'
deflîis dit, jufqu a la concurrence de onze à douze cens
livres pefont fuivant la grandeur du ereufet; quand cette
matière eft fondue on jette dedans dix livres dç rofette;
enfuite on donne Je degré de chaleur nécelTàire à
ces deux matières jufqu a ce quelles deviennent rouges;
elles relient dans cet état environ une heure &
d em ie ,& peu-à-peu, dans lefpace de trois heures ôc
demie, non compris le premier tems., cette chaleur fe
diminue allez pour que ces deux matières foient mêlées
avec une cuiller de fer à long manche, on les prend du
fond du ereufet, ôc l’ouvrier s’élève le plus haut qu’il
peut pour que le poids en tombant folle remonter la
cralfe qui eft au fond du ereufet fur la furface de la
matière fondue ; à fur Ôc à mefore que la cralfe vient
fer cette furface, l’étameur a une écumoire de fer pour
l’enlever. Cette manoeuvre fe continue pendant l’efpace
de quatre à cinq heures ; il y a des qualités d’étain où
l’on n’employe pas tant de tems ; quand cet étain,
! I , F E R -
& U ro fe t t sn e t a u plus qu un I e i ) lB ip . s , bien
deciafle & purifie, on y jette pour la piemjeie fois environ
dix livres de luif noir par tnoKeau*, on le hiflè
fur la furface de la matière jufqu a ce qti’t f foit fondu
JftjS le ir c demis un peu d'eau fraîche pour.'e Faire gon’
fier. Après celle opération on prend dans le tonneau
cirdevant defigne un paquet de foixante lîx feutfies que
l'on pôle a gauche fitr le bqrd. du crqufet H e c une tenaille
Hgfer, on le met à plat dans le-crètifet & avec
un bâton on retourne eçs feu tlE d eu x ou tapis fois
pendant ce teins elfes doivent prendre 1,'êtàin ; quand
l’ouvrier voit qifelles fou: clamées,.!! les met debout
dans le ereufet,& prend enfuite un pareil paquet qu'il
met encoie dans le ereufet, en obfervant toutefois que
ce dernier paquet ne fe, mâle pas avec le premier ’ce
qui le,fait par Une feuille marq,ùée; on recommence encore
a remuer avea, un bâton, les deux paquets, fie façon
que les feuilles fe trouvent à plat dans, le erèufet s
en &ce duquel & l!gauçhe de rétameur eft un c om f ll f
gnon qui retire du ereufet avec une petite tenaille ,
fei'iflf? feuille, le premier paquet dépolc dans lé creu-
fet, & les met fur une grille de fer en forme de hetfe
d'oti 1 etameur prend la feuille auffi avec tS e petite
tenaille, & la trempe fur la vive-arête de là hauteur
dans la réparation qui eft dans le ereufet j ïé lte féparà-
uon fe fait avec une grande stèle courbée aiix deux
bonis, qui le pofe dans le cieufet : cette opérationï'ap-
pdtle tirer les jeuiUes-au c la ir; en les retirantainfi l'éta-
meur les met auffi fur une grille de fer plus grande que
la première, qui eft pofée à fa droite, auprès de laquelle
eft,un autre compagnon qui prend la feuille
toute chaude, la regarde pour voirrefii n'y a pas de
d e f c a u « | | & s'il n 'jû H S po jnj, il U fait paffir à
« V recureufes qulfont près J J g .éiettfer, pour la paf-
fer sla p r em ie ré ,f® au H t j f o qu'on a p p e lM Iâ f
la première çraiffe ; enfuite on pofe ces feuillésfîiir un
peut creulet dans lequel on fait la Jilîcie, auprès du-
qne il y a deftx com p a ra^ ifo it ouvriers dont un met
Kuille a retulle dkns le petit ereufet, & l’autie la re-
5? ® S c '-'la Pafihet de moLiffè enleve, lès gouttes
d etain qu, leftemMa feuille fortant du grand ereufet
c c lto i quotl appelle faire la lifiere. Apiès la lifiere
laite on porte les dix-huit cens feuilles, deffus & a tix
cotes d un grand poule à l'allemande, oMljis/chauflent
iumiamment pour être paffées une fécondé fois au fon,
ç eit ce qu qn,appelle ôter laJhconde sraejfie Aptèsfjfttee
opération on remet les feiiiljg§||e leconde fois fur 1e
poele, & quand e ll*o n tïfiffifam m cn t chaudes, on
les pâlie au fon nouveafgc'eft èe qu’on appelle jmtter
clair; enfuite il ÿ.a un goujard qui prend ces feuilles
ï ï l t i * “ unes aPras lcs autres avec »” morceau
.! f.?8ïitraï ’ P0:l- une efpece de farine provenant
durohjmns attache à la feuille.
a" ’ fi Porte ces dix-huit
W e m f f lM u Pat,le ’ / " r »n banc de fonte pofe fur
y « M jW » S 9 iÉ .de fe u tn e n , fur lequel il y a un
r. F ai C cflai‘bon, pour donner un peu de chaleur à
Iran J ? ’ IL0ur, dieffees H H SDDHI f«to cH avec uanp Hpei|e 3-la-fofs-^ lles 3 on en Pare trente ou quarante
din<!rî!lte on. ^les embarille, mettant trois cens feuilles
« n e 3 Ü B inftrument de fer foit comme
diftin«.eUf * on numéroté ces barils, & l’on
X U .ar qi’antite cle ces feuilles de fer-blanc par un
M Ê M È P P croix, deux X. double croix, & une
Ètaoicur ’ CC triagc fel,i^es eft foit par le maître
Obfervaxions Ju r Vétamage.
a v o ü !f S r x H B barils blanchis qui peuvent
pvife i-p £ llvres etain chaque baril, rofette com-
tain ;i „ eur retIre du ereufet environ x i o livres d e-
creufet | H SM j de nouveau aflèz pour remplir le
rifié. On 11 taîr roug ,r avec la rofette pour être pu-
detems ..pioie Ta cette Fpuumrifuic-aatuioonn Dbeeaauuccoouupp mmooiinnss
dc Wtiere a p ren a erj ’ PPaarrccee q^uliee lIaa mmaajjeeuurree ppaarrttiiee
c°nmie il a ôt ^ 11 Cf ^ e ^ans a été purifiée ,
u a etc CI devant dit.
b l a n c .
H ° n “ P=“ < ftécifietla quantité de sofétte qu’il
W » » ‘S,?“ O» purifie-l'étain ; c’eft: le fiivoif & lfexpérience
de 1 fitameut, ainfi que. la quantité d’étain, qui
deermment a en mettre pins ou moins. Un habïleEta-
meiif connottà la trempe tfune feuille s’il y én a trop
Qti.tr.op peu. Par exemple, e i» fa u lle e f t terne, S cq a l
le d-gre de chaleur convenabfe foit donné au creufer
c elt une marque qn il n y pas,a®2 de rofettet fi lafeu’Ilè
eft jaune, & que ce mêmédegré de chaleur y foit c’eft
une marque qu ij y » p,op de rofitte. Cependant Bar-
rwe que fans q_u il y ait ■ uop.ni trop peu derofêttè
la femllepeutette terne & jaune, alors la terne marque
que 1 etain n eft pas affez çhaud ; la jaune, c’eft qu'il
J eft trop : ce n eft que l’habitude & l’expérience de
I ouvrier qui peuvent éviter ces différences
. Il y a encore un favoir-feire dans un habile ouvrie. ■
c eft de donner upe dqfe fuffilame de rtjfette, pour que
m m g ÿ a m d"crcaCit ™MBiM iü
n y reftepoint de demi-rond4:co.ii,nieau&par H B Ü
. me depe la femjle aura un b r E t net : enfin il n’y a '
que a longue habitude dans l'art d'étamei qui puiffe donner
les qualités cMeffus, & éviter les défi-auofités. '
Façon de fiaire le ju if noir.
Mettez dix livrée detfi|if|lanc dans un chaudron, &
les faites chauffer jufqu a qu’il foit no ir, jettez-y en-
lutte environ une demi-livre de noir de L y o ,S & avec
une cuiller de bois vSùs remuezees Jléux matières après
vous y jetiez quelques gouttesld'éaii polir Je faire gontes
d eau en remuant j t p p è e qu'il foit pfèsde fortir de
^ « th au tiie re qui refte toti|outs fur le feu pendant cette
manoeuvre , après laquelle vous prenez imafeiu dans le-
quel vous mettez un verre d’eau fraîche que vous teintiez
pour que.le vafe foit mouillé tout'autour, &
vous (etrez^dedans n g qui eft dans la chaudière ; fi la ma-
tiere paftoit pardeffus le feau, vous remuerez avec la
cuiller pour 1 empêcher d é jjru r , enfuite on la laiffe te-
troidir pour la retirer en pain.
Obfervations.
Quand on mettrait éette: quantité de dix livres dans
Je creulet, on en retire fiiffifammSitt du déffus pour
m,a trc dl& ne ehaudiete avec du fuif blanc qui fe perpétue
de façon q(Te vous n’en manquez point : quèlqùé-
foi il arrive qu'il eft trop épa is sie qui fe volt f i l la
feuille en fortant du creulet, alors vous le renouveliez
avec du fuif blanc.
Il 6nt huit livres de fuifblane pour chaque fois que ’
Io n blanchit 1800 feuilles petit modèle, & douze livres
pour le grand modèle.
IJ fout une mefure de fon par baril de petit modèle '
& deux par baril de grand modèle.
Cette dépenfe n’eft pas confîdérable, parce qu’on en
retire a-peu-près le même prix pour engraiflèr les be-
ftiaux.
. Une corde de bois pour étamer fîx barils petit modèle,
ôc pour le grand modèle, deux.
La chaudière cm l’on chauffe l’eau pour le décapage '
peut etre chauffée fur cette quantité de bois. *
Une corde de bois par Termine pour leftoufou grand
poêle.
Une voie ou panier de charbon pour faine Iès lifieres
des lîx barils.
Une demi-voie fous la table du dreffege pour lefdits
iix barils.
So ixante&dix mefures de feigle décaperont par jour
feize paquets de foixante-fîx paires de tôle chacun, &
fucceffivemenc cette même quantité pendant 14 jours.
II fe pourra faire qu’il y aura quelque diminution fer
cette quantité, parce que fi lu tôle eft boffuée ou trop
terreufe, on fera obligé de retarder un jour.
Maniéré défaire le levain pour donner l ’aigre " iix
tonneaux de décapage.
On prend une demi-mefure de farine de feigle dans
deux ou trois pintes de verjus que l’on paîtrit comme
f ilo n v o u lo it foire du pain, que l’on laiflè lever à la
chaleur de la voûte ou d’une platine pendant trois jours;
■