H I S T O I R E N A T U R E L L E .
S A L P Ê T RE.
Fabrique ou extraction du Salpêtre, contenant
4 Planches.
P L A N C H E I«".
LA vignette repréfènté l’intérieur de l’attelicr où le
fait la leffive des plâtras, terres, &c. dont on extrait
le falpêtre; c’eft un lieu clos dans lequel les cuviers
font rangés fur plufieurs lignes parallèles, & loutenus
fur des chevalets à la hauteur d’environ dix-huit pouces
, pour que les demi-cuviers que l’on appelle recettes,
puiflènt être placés au - deffous & recevoir l’eau qui fe
filtre à-travers les gravas ou plâtras dont les cuviers
font remplis ; les cuviers font des futailles jauge d’Orléans,
de trente pouces de hauteur fur vingt-quatre de
diamètre ; on vpit dans le fond de la vignette fix tonneaux
défoncés, 6c quatre autres fur le devant qui font
pofés fur le fol de l’attelier, ils fervent les uns 6c les
autres à recevoir l’eau des recettes ou la cuite, comme
il fera dit ci-après.
Bas de la Blanche.
Plan de I’attelier repréfènté par la vignette, dans lequel
il y a quarante - huit cuviers & vingt - quatre re cettes
; on a repréfènté par des cercles ponctués l’emplacement
chevalets fgt hi> kl qui les fopportent. Les douze recettes
de vingt-quatre cuviers pour laifTer voir les
qui reçoivent l’eau de ces vingt-quatre cuviers,
parodient au - delTous des chevalets & dans les vuides
que laiflènt entre elles les traverfes qui les affemblent ;
c’eft fur ces traverfes 6c fur les chevalets que les cuviers
font pôles, ainfî que les cercles ponâués le font con-
noître.
Pour procéder au travail des vingt - quatre cuviers
qui occupent une des moitiés de l’attelier, lefquels
font ranges en trois bandes de hauts cuviers chacune,
diftingués par les lettres a b c d e f g h pour la première
bande, i k im n o p q pour la fécondé, & r s t
V x y z æ pour la troifieme ; on charge les huit premiers
cuviers a -h de deux boiffeaux combles de cendre, par-
demis lefquels on remplit avec les plâtras concalïès 6c
paflés à la claie, comme il fera dit dans l’explication de la
Planche fuivante. On charge la fécondé bande i -q en
n y mêlant que deux boiffeaux ras de la même cendre
& les plâtras concafles •, la charge de la troifieme bande
R-æ efl feulement d’un boiflèau & demi de cendres au-
deffous des gravas > les chofès en cet état, on verfè de
1 eau fur les cuviers a -h de la première bande- à - peuples
la quantité de deux demi-queues1, cette eau après
avoir traverfe les cuviers, s’écoule dans les recettes i , z, 3 j 4 a la quantité de huit demi-queues, que l’on transporte
fur la féconde bande en puifànt avec des féaux.
La féconde bande i- q leffivée de la même maniéré,
ne rend que la quantité de fix demi-queues dans les
recettes f , <>, 7 ,8 .
On porte ces fix demi-queues fur la troifieme bande
R-æ qui n’en rend que quatre dans les recettes 9 , 10 ,
|1 > Ijg Alors on décharge la première bande, c’eft-à-
dire que l’on ôte les plâtras ou terres & la cendre, on
|ette ces matières fous un hangard pour y être amandées.
On recharge enfuite la première bande avec trois
oiffeaux de cendre & des plâtras concafles, on porte
enlmte les quatre demi-queues d’eau provenue de la
ttoifieme bande que l’on relcve des recettes 9 , 1 0 , 1 1 ,
fur la première bande a b c d e f g h dont on a re-
nouvellé la charge ; il ne fort à cette fois des cuviers
qi\ r t * demi-queues qu’on porte dans la chaudière
le fait l’évaporation, ou que l’on dépofe dans les
onneaux a ou bt cd ou e qui prennent le nom de
UltJ » P°ur de-là être tranfporté dans la chaudière,
ut la féconde bande i -q on verfè la quantité de fix
demi-queues d’eau ; l’eau qui paffe dans les recettes f *
t>, 7 , 8 , fé nomme lavage, que l’on porte fur la troi-*
fieme bande r -æ ; celle qui paffe dans les recettes 9 , i o,
1 1 , iz , fé nomme les petites eaux y que l’on reporte fur
la première bande a -h dont on a levé la cuite, il eri
fort environ quatre demi-queues que l’on nomme les
eaux fortes.
On renouvelle alors ou on recharge la féconde bande
i-Q fur laquelle on tranfvuide les quatre demi-queues
des eaux fortes , & on a une fécondé cuite de deux
demi-queues que l’on porte dans la chaudière ; on procédé
de la même maniéré au lavage de la troifieme
bande r - æ , on porte le lavage qui en provient for la
première bande a - h pour avoir les petites eaux que
l’on porte fur la fécondé bande i -q qui fournit les eaux
fortes -, on recharge alors la troifieme bande, 6c les eaux
fortes y ayant été filtrées, il en fort une troifieme cuite
que l’on porte dans la chaudière. On voit par cet ex-
pofe que chacune des trois bandes devient la première
ou la derniere, 6c que les eaux ou cuites que l’on porte
à la chaudière, ontpaffé fur quatre bandes, quoiqu’il
n’y en ait que trois dans l’attelier.
On procédé de la même maniéré pour le férvice des
vingt-quatre autres cuviers, dont les plans font indiques
par des lignes ponctuées -, on procédera de même
pour vingt-quatre autres cuviers, fi l’attelier en eonte-
noit foixante & douze, quatre-vingt-fèize, ou autre
plus grand nombre.
P L A N C H E I I .
Contenant les Outils & Opérations préliminaires à la lef-
Jivty repréjentée par la Planche précédente.
Fig. 1 . Pic ou pioche à feuille de fâuge, férvant à
l'homme-de-ville du Salpêtrier pour démolir les
vieux murs dont les plâtras contiennent du falpêtre.
z. Pelle ordinaire férvant à charger les tombereaux 8c
hottes, ou à palier les gravas pilés à-travers la
claie.
5. Maffe férvant au manoeuvre du Salpêtrier pour
écrafer les plâtras, ou pour les concaffer, enforte
qu’ils puiffent être tamifés par la claie ; cette malle
eft garnie d’une frette de fe r, & fo n deffous l’eft
de plufieurs caboches ou têtes de gros clous.
5. n°. z. Le deffous delà maflè garni de têtes de clous,
tant pour conférver la maflè que pour divifèr plus
facilement les plâtras par les inégalités qui les rencontrent.
a. Houe férvant à curer les cuviers, Ô'c.
f . La claie de cinq à fix piés de hauteur, fur huit à
neuf de largeur ; les deux extrémités A B , G D font
recourbées d’environ fix ou huit pouces pour retenir
les gravas concafles qui font lancés avec force
contre la claie par le moyen de la pellefig. z. Tout
ce qui paffe à-travers la claie du côté de I , eft
porté dans les cuviers; les morceaux plus gros
que l’intervalle des baguettes qui forment la claie,
tombent en K K au bas de la même claie , où on
les pulvérifè avec la maffe fig. 3. jufqu’à ce qu’ils
uiffent paffer par la claie; cette divifion ou ameu-
liffement facilite à l’eau la diflblution des diffé-
rens fèls que ces matières contiennent ; la claie
eft foutenue dans la fituation inclinée que la figure
repréfènté par deux fourches de bois comme celle
cotée des lettres E F , le corps de la claie eft fortifié
par trois ou quatre traverfès horifontales
dont on voit les extrémités e n E G ,H ; au-Iieu
des fourches dont on a parlé ci-deffus qui foutien-
nent la claie , on fé contente allez ordinairement
de l’appuyer contre un des murs du hangard fous
lequel cette préparation doit être faite, les plâtras
fé pulvcrifânt avec d’autant plus de facilité qu’ils
font plus fées.