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tache noire, & femblent être compofés de pluiîeurs
pièces qui imitent le contour d’une rofc.
Le Léopard ,fig .-i. a tant de reffèmblance avec la Panthère
, qu’on les croiroit au premier coup d’oeil de la
même efpece; c’eft fans doute cette reffemblance qui a
fait dire que la Panthère étoit la femelle du Léopard ;
mais ces deux animaux font deux efpeces particulières.
On diftingue aifémerfr le Léopard de la Panthère parles
taches des côtés du corps , elles font en forme d’anneau
ou de rond comme dans la Panthère, 8c le centre eft de
la même couleur que le fond du p o il, au lieu qu il y a
une tache noire dans la plupart des anneaux de la Panthère
; d’ailleurs ces anneaux font toujours plus petits
8c plus rapprochés dans le Léopard. On trouve ces deux
efpeces d’animaux dans les climats chauds de l’ancien
contient.
L ’Once différé de la Panthère & du Léopard par fa
-couleur, par fa taille, & par fes moeurs, il eff beaucoup
plus petit que le Léopard, & guere plus grand qu’un
gros chien ; il a une couleur blanchâtre avec des taches
en forme d’anneaux, mais d’une figure plus irrégulière
que celles de la Panthère & du Léopard, 8c plus grandes
& plus éloignées les unes des autres ; fon poil au lieu
d’être court comme celui de la Panthère & du Léopard,
eff beaucoup plus long. L ’Once a auffi le naturel plus
doux ; on l’apprivoife en Perfe affèz pour pouvoir s’en
fervir à la chaflè. C ’eft encore un animal de l’ancien continent.
Le Jaguar eff à-peu-près de la grandeur de l’Once,
il reifemble à la Panthère & au Léopard par la couleur
fauve de fon poil , mais il en diffère par fes taches qui
font de différentes figures , 8c beaucoup plus grandes
que dans ces deux animaux-, mais ce qui le caraéterife le
mieux, ce font des bandes irrégulières & noires qu’il a
fur le cou 8c fur les côtés de la tête, au lieu de petites
taches rondes 8c ifolées comme dans le Léopard & la
Panthère. Le Jaguar a la queue moins longue que l’Once
à proportion de fà groflèur. On trouve cet animal dans
l’Amérique méridionale ; il eff beaucoup moins à craindre
que la Panthère 8c le Léopard, il n’attaque même
les hommes que rarement 8c lorfqu ils font endormis ;
un feul chien fuffit pour le faire fu ir , à moins qu’il ne
foie preffe par la faim.
P L A N C H E X .
Le Couguar, fig. x. ne reffèmble au T ig re , à la Panthère,
au L éopard, que parles caraéleres génériques
que j’ai rapportés plus haut. Il a beaucoup plus de rapport
avec le Chat fauvage par la forme du corps > il eff
en entier d’une couleur fauve mêlée d’une teinte de
noir fans aucunes taches. Il a le corps fort alongé, la
tête petite, la queue longue, 8c les jambes hautes ; il eff
à-peu-près de la grandeur du Jaguar, ou même un peu
plus grand. Ces deux animaux grimpent fur les arbres
pour fe mettre en embufeade ; ils font fort communs en
Amérique, principalement dans la Guiane ; il s’en faut
de beaucoup qu’ils foient auffi féroces que les diverfes
efpeces de Tigres qui habitent les déferts de l’Afrique.
Ils font même peureux, 8c il fuffit d’allumer du feu
dans un endroit pour les empêcher d’en approcher,
Le L in x , fig. z. a tous les caraéleres 8c toutes les habitudes
du Chat, 8c même celle de couvrir de poufficre
fon urine-, fes oreilles font terminées par une efpece de
petit bouquet de poils, longs, droits & dirigés en haut.
Ge caraélere fuffiroit pour le faire reconnoître, s’il ne
lui étoit pas commun avec le Caracal. Le Linx a le poil
lo p g , fin , doux, & d’un gris blanchâtre, mêlé plus ou
moins de fauve 8c de brun, avec de petites taches noires
; cés taches font plus ou moins apparentes ; il y a
même des individus dont la couleur de tout le corps eff
uniforme 8c fans aucune tache. Son cri imite le hurlement
du Loup.
Le Linx eff un animal des pays froids. On en trouve
dans prefque toute la partie fèptentrionale de l’ancien 8c
du nouveau continent ; il y en 'a même quelques-uns
fur les montagnes des Alpes 8c des Pyrénées -, ceux de
Sibérie font les plus grands ; ceux du Canada font petits,
mais plus blancs que ceux des autres pays. Il fe fait un
n a t u r e l l e .
grand commerce des peaux de ces animaux, qui ne font
connus parmi les fourreurs quefous les noms de Loup*
cerviet 8c de Chac-cervier. On nomme Chat-cervier les
Linx du Canada, fans doute parce qu’ils ne font en effet
guere plus gros que le chat fauvage, au lieu que ceux
de l’ancien continent font appelles Loups-cerviers, parce
qu’ils approchent de la taille du Loup. Comme cec
animal varie non-fèulementpar la couleur, mais même
par la grofleur, plufieurs Naturaliftes en ont fait deux
efpeces particulières > mais M. de Bufion préfume que
cette différence de grandeur n’eft qu’un effet du climat,
puifqu’on trouve de ces variétés parmi les Linx de l’Eu-
rope^
Le Caracal eff plus petit que le Lin x, 8c il a , comme
cet animal, les oreilles terminées par un bouquet de
longs poils noirs ; mais il en diffère à beaucoup d’autres
égards ; il reffèmble au Chat fauvage par fon poil qui
eff court 8c dur; fa queue eff plus longue que celle du
Lin x , & plus courte que celle du Chat, 8c elle n’a pas
l’extrémité noire, elle eff en entier comme le refte du
corps d’une couleur brune mêlée de fauve plus ou moins
foncé fur les différentes parties du corps. Le Caracal
n’habite que des climats chauds de l’ancien continent,
où fè trouvent les Lions & les Tigres. Il fuit ordinairement
le Lion , & il fè nourrit fouvent du refte de la
proie de cet animal, 8c le précédé auffi quelquefois ; &
c’eft fans doute ce qui lui a fait donner le nom de Pourvoyeur
du Lion. On fè fort dans les Indes du Caracal
pour fa chaffe du lievre , du lapin, & même des gros
oifoaux; il grimpe fur les arbres avec la plus grande facilité
, de même que le Linx.
Le Chat-Pard a comme le Caracal , non-feulement
les caraéteres, mais même la figure du Chat. Il eff à-peu-
près delà taille du Caracal, il a la queue courte comme
lu i, mais fes oreilles ne font pas terminées par de longs
poils. Il eff aifé à diftinguer de tous les autres animaux
de ce genre dont je viens de faire mention, en ce qu’il
a une couleur rouffè plus ou moins foncée, avec des
taches noires ifolées 8c pleines ; il a deux bandes tranff-
verfàles de la même coiffeur que les taches fur la face
interne du haut des jambes de devant, 8c deux autres
moins longues 8c moins apparentes fur le haut de la
face interne des jambes de derrière. On trouve auffi cet
animal dans les climats chauds de l’ancien continent.
P L A N C H E X I .
VHyxne, fig. i . a beaucoup de rapport avec le Loup
par la forme du corps & par le mufoau alongé ; on pour*
roit placeravec raifon cet animal dans legenre du Loup
8c des Chiens, fi on ne lui connoifloit un caraélere
très-différent, qui eff de n’avoir que quatre doigts à
chaque pié, tandis que les Chiens, les Loups , 8c les
Renards en ont cinq aux piés de devant, 8c quatre aux
piés de derrière : l’Hyæne a encore un autre caraélere
qui la diftingue beaucoup du Loup , c’eft une fente qui
fe trouve entre l’anus 8c la queue, comme dans le Blaireau,
& qui communique à deux poches dans lefquelles
il y a un très - grand nombre de glandes, qui font réunies
pour la plupart, 8c qui forment deux efpeces de
grappes dans chaque poche, ces deux caraéleres réunis
8c particuliers à cet animal, font plus que fuffifans
pour en faire un genre à part.
Il y a des naturaliftes 8c des voyageurs qui ont confondu
l’Hyæne avec le Glouton , le Chacale, la Civette,
& même avec le Babouin. M. de Buffon vient de nou.s
donner, avec la plus grande précifion, les différences
qui font entre ces cinq efpeces d’animaux, 8c d’établie
les caraéleres propres de chacune de ces efpeces.
L’Hyæne eft de la grofleur du Loup , mais plus forte
& plus féroce ; elle vit de rapine, elle attaque même
quelquefois les hommes; elle eft fort avide de chair
corrompue 8c de cadavres, qu’elle tire des fépultures ;
l’Hyæne ne vit point en fociété, elle fe retire feule dans
des rochers. Tout fon corps eft couvert de poils affèz
longs, plus durs que ceux du Loup , & d’une couleur
grisâtre ; elle a une crinière formée de longs poils prefque
entièrement noirs, qui s’étend depuis la tête jufqu’à
la queue ; il y a fur les côtés du.corps, les épaules 8c les
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cuiflès, des bandes ondoyantes de couleur noirâtre: on
trouve l’Hyæne dans les climats chauds de l’Afrique &
de l’Afie.
Le Glouton habite au contraire les pays froids du
N o rd , tels que la Laponie, là Sibérie, &c. Il eft beaucoup
plus petit que l’Hyæne, & un peu plus gros que
le Blaireau, fon ventre touche prefque jufqu’ à terre,
parce que fes jambes font très-courtes, il n’a point de
crinière , il eft entièrement no ir, à l’exception des flancs
qui font quelquefois d’un fauve brun, enfin il a cinq
doigts à chaque pié.
Le Chacal vit en fociété ; il eft plus petit que le Loup,
d’un jaune v i f 8c luifànt, ce qui lui a fait donner le nom
de Loup doré ; il a cinq doigts aux piés de devant, &
quatre feulement aux piés de derrière, comme les
Chiens : le Chacal 8c le Glouton n’ont donc rien de
commun, comme l’on vo it, avec l’Hyæne, pour les
caraéleres extérieurs ; mais ce qui les a fait prendre les
uns pour les autres, c’eft qu’ils recherchent & déterrent
les cadavres tous les trois avec la même avidité :
on trouve le Chacal en Afie 8c en Afrique.
La crinière de la Civette a fait prendre cet animal
pour l’Hyæne, c’eft la feule partie par laquelle il a quelque
rapport avec l’Hyæne. Quant au Babouin que l’on a
confondu auffi avec l’Hyæne, c’eft une efpece de Singe ;
il a les doigts 8c les ongles conformés à -p e u -p rè s
comme l’homme, 8c fi différemment de l’Hyæne, que
ce feul caraélere fuffit pour le faire diftinguer de cet
animal. Voye% l’Hift. Nat. gén. 8c part. tom. IX.p. z<5S.
L ’Ours a pour caraéleres génériques fix dents incifi-
ves a chaque mâchoire', les doigts onguiculés 8c fépa-
rés les uns des autres ; il s’appuye fur le talon en marchant.
L’Ours de la fig. z. eft prefque entièrement d’une
couleur brune mêlée de fauve, plus ou moins foncée,
à l’exception des quatre jambes 8c du garot qui font
noirs. Cet Ours fe trouve fur les Alpes ; il y a auffi fur
les mêmes montagnes quelques Ours noirs, en petite
quantité, qui diffèrent de ceux-ci en ce qu’ils ne vivent
que de^végétaux, au-lieu que l’Ours brun eft très-car-
nacier 8c très-féroce, car il attaque même les hommes,
quand il eft preffe par la faim ; on trouve les Ours noirs
beaucoup plus communément dans les forêts des pays
feptentrionaux du Nord & de l’Amérique. La plupart
des Ours de Lithuanie, de Mofeovie, 8c de la grande
Tartarie font blancs, mais les Ours de cette couleur
ne font pas une efpece particulière, c’eft feulement une
variété de l’Ours noir ou de l’Ours brun, car on en
trouve qui font en partie noirs 8c en partie blancs. Il y
a d’autres Ours blancs fur la mer Glaciale qu’il ne faut
pas confondre avec ceux dont on vient de parler, ce
font d’autres animaux, 8c ils en diffèrent, non-feulement
par le moeurs, mais encore par la forme & par
la grandeur.
P L A N C H E X I I .
La Civette ,fig. i . 8c leZibet,_/?£. z. font deux animaux
qui ont été long-tems confondus enfemble; parce
qu’ils donnent l’un & l’autre un parfum très-odorant,
connu fous le nom de civette, on les Croyoit de la
même efpece : cependant il y a entre eux des différences
aflèz grandes pour en faire deux efpeces particulières,
d’autant plus qu’ils n’habitent pas dans le même
pays, car on trouve le premier en Afrique 8c l’autre en
Afie. La Civette a tout le corps couvert de poils longs
8c durs, 8c une forte de crinière qui s’étend depuis là
tete jufqu’au milieu de la queue ; le deffous du cou
eft noir, & il y a de chaque côté de cette couleur
une large bande blanche, & un peu plus haut une plus
petite bande noire : ces caraéleres fuffifent pour la faire
diftinguer du Zibet qui a le corps plus alongé 8c moins
épais que la C ivette, le poil court & d o u x , m,ême fur
le dos 8c fur la qiieue, dont la couleur eft difpôfée par
anneaux alternatifs noirs 8c blancs ; enfin il a fous le
cou de petites bandes irrégulières", dont les unes font
blanches & les autres noires. La Civette & le Zibet ont
chacun cinq doigts à chaque pié , 8c le pouce eft réuni
aux autres doigts. Ils reflèmblent par le nombre & la
N A T U R E L L E . ?
pofîtion des doigts au Blaireau, mais ils ont plus de
rapport avec le Renard & même avec la Fouine, par la
forme alongce de leur corps, & p a r leur mufeau effile 8c pointu ; ils diffèrent du Renard, en ce que celui-ci
n a, comme les Chiens 8t le Loup, que quatre doigts
aux pies de derrière ; & de la Fouine, des Belettes, des
Putois, de laMangouftc, dclaGenette,'de l’Hermine*
de la Marte, &c. en ce que le pouce eft féparc des autres
doigts dans tous ces animaux, & placé plus haun
Le parfum de la Civette 8c du Zibet fe trouve dans
deux véficules affèz grandes, dont l’ouverture eft fituée
entre l’anus 8c les parties de la génération. On nourrit
de ces animaux en Hollande, 8c en divers autres pays
de l’Europe, pour en avoir leur parfum ; on les tient
enfermés chacun dans Une cage étrofte, 8c deux ou
trois fois par femaine on vuide le réfervoir du parfum
par le moyen d’une petite cuillère qu’on y introduit.
La Civette & le Zibet ont à-peu-près les mêmes in*
clinations que la Fouine 8c le Renard ; ils font la chaflè
aux oifeauX & aux petits animaux, cependant ils mangent
des fruits & des racines quand ils n’ont pas d’autre
nourriture. On préfome qu’ils voyent clair dans l’obf-
cürité, parce que leurs yeux brillent la nuit comme ceux
des Chats, c’eft peut-être ce qui leur a fait donner le
nom de Chats mufqués 8c de Chats Civettes. Voyez l’Hift.
Nat. tom.lX.pag. 19 9 . &fiiiv.
La Genette, 3. a comme la Belette, l’Hermine*
les Furets , les Putois* la Marte, la Fouine, le Vifon*
JaMangoufte, &c. cinq doigts à chaque pié, garnis chacun
d’un ongle, & tous féparés les uns des autres ; le
pouce eft fitué plus haut que les autres doigts : tous ces
animaux ont fous la queue des glandes ou des véficules*
dans lefquelles fe filtre une forte de parfum, qui exhale
une odeur plus ou moins forte; ils ne font pas les
fouis qui aient ce caraélere, il leur eft commun avec
d’autres animaux de différens genres, comme la Civette
le Z ib e t, le Renard, le Blaireau, &c. La Genette a
beaucoup de rapport avec la Fouine par fa forme alon-
gé e , fes jambes font cependant plus longues ; elle refo
femble au Zibet par fà couleur, 8c principalement par
les anneaux noirs 8c blancs de la qneue ; elle â for le cou 8c fur le dos des poils noirs & durs qui forment une
forte de crinière; le refte de fon poil eft court, doux*
& d’un gris cendré mêlé de taches noires bien diftin-
étes, principalement fur les côtés du corps. Cet animal
a les mêmes inclinations que la Fouine; elle ne vit que
de proie, elle fait la chaflè aux petits animaux 8c aux
oifoaux, 8c elle caufe beaucoup de perte quand elle
peut entrer dans un poulailler ou un colombier.
P L A N C H E X I I I .
Le C a fto r ,^# . 1. a comme l’Ecureuil, le Lièvre, le
Lapin, le R a t , &c. pour caraéleres génériques deux
dents incifives à chaque mâchoire, point de dents canines,
8c les doigts onguiculés; mais le caraélere qui le
fait le plus aifément diftinguer des autres animaux,
confifte en ce qü’il a la queue plate 8c écailleufe. Le
Caftor a cinq doigts à chaque pié ; ceux des piés de
devant font féparés lés uns des autres, & il s’en fort
très - adroitement pour fàifir 8c porter à fa bouche fà
nourriture ; les doigts des piés de derrière font réunis
les uns aux autres par une membrane qui lui tient lieu
de nageoires.
M. Briffon diftingue trois efpeces de Caftors; fàvoir
le Caftor proprement d it, l’Ondatra, & le Defman :
ces trois animaux ont des rapports entre eux, non-
foulement par les caraéleres extérieurs dont on vient
de parler, mais encore par les moeurs, principalement
le. Caftor & l’Ondatra, ils vivent en fociété, 8c fe con-
ftruifent de petites cabanes fur les eaux. On diftingue
aifément ces trois efpeces les unes des autres; le Caftof
a , comme j’ai déjà dit, les doigts des pics de devant
féparés, 8c la queue large 8c plate horifontalemenr.
L ’Ondrata a les doigts des piés de devant 8c ceux des
piés de derrière îéunis par une membrane, 8c la queue
longue 8c plate verticalement. Le Defman a la queue
plate verticalement comme l’Ondatra, mais il n’a point
de membranes ni aux doigts des piés de devant, ni à