4 H I S T O I R E N A
«boite fl tient la brofîè avec laquelle il balaye la
table; alors le bras c ou d dont il tient la poignée,
le force à marcher auffi vîte que lu i, & par confisquent
le tient toujours également éloigné de la
-meule roulante qui le, fuit.
s . La petite volée ou charrue vue en perfpeéfcive ÔC
deffinée fur une échelle double. H partie de la charrue
qui commence à raflèmbler les matières. G partie
de la charrue qui achevé de la rejetter fous la
voie des meules.
4. La grande charrue auffi deffinée fur une échelle
double. F partie de la charrue qui commence à
ralfembler les matières vers les bords de la meule
giflante. E partie de la charrue qui achevé de ramener
la matière fous la voie des meules.
"Ce moulin qui exifteà Elïbnne, eft le feul de ce mé-
<ehanifme en France. La poudre qui s’y fabrique mile en
parallèle avec toutes les poudres étrangères, ne le cede
«n rien aux plus parfaites ; auffi eft-ce la poudre dont
des R oi & les princes du Sang font ufage. Ce moulin a
«té conftruit en I7f4,par les foins de M. Micault,alors
■ commiflaire-général des poudres ôc filpêtres de France,
furies plans & fous la direction du pere Fery.
Les meules dont il eft compofé font d’ une pierre
bleue grainee, qui fe tire d’une carrière dite Ecojfine,
qui efl à deux lieues de Braine-le-Comte, bourg ficué
■ entre Mons ôc Bruxelles.
Cette pierre eft calcaire, noirâtre, avec des écailles
fpatheufès ôc brillantes qui font de la même couleur ;
elle fe diflout entièrement & avec effervefcence dans
l ’acide nitreux.
La meule giflante, fur laquelle les deux autres font
leurs révolutions, a huit pies de diametre fur vingt-un
pouces d’épaiflèur ; nous ne lui ayons donné que fept
piés-
Le diametre des roulantes eft de fept pies cinq pouces,
l’épaifleur de celle qui eft le plus près du centre eft
dedixThuit pouces, fix lignes, l’épaiflèur de l’autre n’eft
que de dix-fept pouces & demi; nous1 ne leur avons
donné que fept piés dans, nos figures, Ôc feulement
Seize pouces d’épaiflèur. Le pié cube de cette pierre
pefè cent quatre-vingt-fept livres onze onces cinq, gros,
d’où il fuit que chacune de ces meules pefe neuf mille
fix cens fojxante-fèpt livres onze onces cinq gros cinq
fixiemes. Au centre de la meule giflante eft percé un
trou de dix pouces en quarré, pour recevoir la boîte
ou le focle de bois qui contient le palier du tourillon
de l’arbre veéteur des meules roulantes.
Au centre des meules roulantes eft-également percée une
lumière de dix pouces & demi en quarré pour recevoir
les moyeux de bois qui contiennent des boîtes en métal
d’alliage, oij eft reçu l’effieu commun des deux meule
s ; ce-t eflîeu eft de fer de onze piés de longueur, fur
quatre pouces fix lignes de grofleur; il eft exactement
arrondi d’un bout à l’autre , pour être tiré de place
quand il eft befoin, fans que l’on fait obligé de toucher
aux meufes.
On ne fabrique en une fois fous ces meules que
Soixante ôc dix livres de poudre ; la quantité de matière
deftinée à cette compofition fè place d’abord de part
ôc d’autre entre les deux meules. L ’ouvrier leve la
vanne, non à l’aide d’une vis 3c d’un écrou., comme
aux autres moulins, mais au moyen d’une bafcule qui
le met à portée de fon ouvrage. La machine fi? met en
action, Sc lorfque les meules font parvenues fur la matière,
auffi- tôt le Poudrier baillé la vanne Sc vient étendre
la matière uniformément fur toute la route circulaire
des meules. Il les remet en mouvement en levant
la vanne, & appuyant fil main gauche fur l’appui qui
déborde la volée & qui lui fert de guide, ainfi qu’il a
été dit, il balaye la matière fous les meules, à mefure
qu’il avance en les fuivant. Après qu’il a fait ainfi quelques
tours 3c que la matière commence d’être broyée,
il fixe la vîtefle du moulin en lâchant la quantité d’eau
ncceffaire, il defeend l’une Ôc l’autre volée , nommées
ci-devant charrues, dont la deftination eft de diriger
contaminent la matière fous la circonférence des meules
roulantes. Cette quantité de foixante & dix livres
de poudre çft fabriquée dans l’efpacc de fix heures ;
T U R E L L E .
l’arrofage total eft de deux pintes trois huitièmes au
commencement de l’opération, on répand uniformément
une pinte trois huitièmes d'eau fur la totalité de
la matière, enfuite d’heure en heure pn diftribue l’autre
pinte à proportion du befoin.
Au bout de fix heures les matières fè trouvant parfaitement
incorporées enfèmble, l’ouvrier baifle la vanne
pour arrêter la machine, & a u moyen d’une main ou
racifloire de cuivre qui lui a fouvent fervi à remuer la
matière, il la détache des meules ôc la raffèmble pour
la recevoir dans un baquet; après qu’il a recueilli la
quantité qui fe trouve de part & d’autre entre les meules,
il place en ces endroits bien balayés de fortes pièces
de cuir de boeuf, afin que les meules roulantes y
étant reçues ne touchent jamais immédiatement la
meule giflante, ce qui feroit fort dangereux fi elles
venoient à faire feu; il lâche l’eau avec douceur, &
les meules reçues fur les pieçes de cuir, lui laiflent la
liberté de recueillir la poudre qui fè trouvoit dans la
place qu’elles occupoient ci-devant. Il emporte cette
matière au grainoir où elle eft grainee fur-lfc- champ.
On ne tire ordinairement de ces foixante & dix livres
que trente livres de grains, le refte paflè à-travers le
grainoir en forme de pouffier, qui a befoin d’une nouvelle
préparation pour être remis en grains.
Cette poudre fe fabrique en moins de teins que dans
les moulins à pilons ; elle fe fait par compreffion & non
pas par pereuffion. Il y a donc moins d’évaporations, il
y entre moins d’eau dans l’arrofage, vu que les meule?
roulantes changeant de place à chaque, inftant relativement
aux parties de leur circonférence ôc à celles de la
finface de la meule giflante fur laquelle elles roulent, il
n’eft point à craindre que la matière s échauffe & sW
flamme, ce qui arriveroit dans les batteries à pilons, fi
on n’y obvioit pas par des arrofages fiéquens. Cette
poudre eft donc moins chargée de parties aqueufes,
ce qui la rend moins graiflèufe & plus aCtive, mais
l’inconvénient de ces fortes de moulins eft de fabriquer
très-peu de poudre à la-fois.
C ’eft pour cette raifon que le P. Fery, fouvent occti-.
pé fur cette partie, avoit propofe autrefois des moulins
où la poudre fe fît également par compreffion & fans
pereuffion, ôc où l’on pût en fabriquer en huit heures
autant qu’il s’en fabrique en vingt-quatre dans les batteries
ordinaires. Chacunde ces moulins devoit êtrecom-
pofe de quatre cylindres de fer de fonte pefantfix milliers
, qui attachés deux à deux à un brancard commun,
dévoient rouler en ligne droite fur deux tables horizontales
qui auroient eu chacune douze piés de longueur
fur quatre piés de largeur, ce qui donnoit pour
la matière à fabriquer une furface totale de «ttfpiésqttar-
res. L ’ eflai de ce moulin a été fait à Eflonne en 1756.
On y a fabriqué de la poudre en huit heures, ôc fa qualité
furpafloit de beaucoup celle de la poudre des batteries
ordinaires ; mais jufqu’à ce jour on s’eft borneacet
eflai.
P L A N C H E XI .
P O U
L’ouvrierfig -J- ayant charge ion grainoir de la poudre
qui a pafle par le premier, verfè ce qu’il contient
dans le grainoir de l’ouvrier fig. 3. celui - ci à fon tour
dans le gt'dinoir de l 'o u v r i e r 4. ainfi de fuite, quel
que foit le nombre des ouvriers employés à cette manoeuvre.
Pendant cette opération l’ouvrier fig. z» recharge
fon grainoir avec une pelle de bois, il fait paf
fer ainfi de main en main une charge à chaque ouvrier;
alors cous les grainoirs étant chargés , chaque ouvrier
y place fon rouleau, il le fait gliffer Sc rouler dans l’intérieur
dit grainoir jufqu a ce que toute la matière qu’il
contient foie paflee à-travers , ce qui fe fait en balançant
ôc en gliliant le grainoir fur le bâton quarré qui
rraverfe la maye, lequel fert d’attelier à chaque ouvrier.
La matière étant grainee forme autant de tas particuliers
qu’il y a d’ouvriers ; on la raflemble en un fèul tas
pour la tamifer dans des tamis montés de toile de crin,
afin d’en extraire le pouffier Ôc laiflèr le grain dans le
tamis, d’où on le verfè dans des corbeilles.
ABC Plufieurs tonneaux ou gueules-bées dans lesquels
on met le pouffier qui doit être reporte au moulin
comme il fèra dit ci-après, ou la poudre, en attendant
qu’elle paflè dans les autres atteliers. F corbeille
ou tine ronde fèrvant à tranfporter la poudre au moyen
du bâton que deux ouvriers portent fur leurs épaules*
Bas de la Planche.
Plan d’un quart du grainoir. Le grainoir ou atteliér
où on graine la poudre eft éclairé pat quatre croifées ôc
une porte, la maye ou les rrtâyes régnent tout-ati-tour,
lé plafond eft foutenu par deux poteaux X autour def-
quels pn range les tonneaux A , f i , C , D, È qui contiennent
les matières dont on a parlé ci-delfus. 1 grainoir
à gros grains placé fur fon bâton quarré ôc garni
de fon rouleau. 2 , 3 ,4 , grainoirs percés de trous du
grain de la poudre à giboyer avec chacun leurs rouleaux.
P L A N C H E X I I *
Fig. 1. Grairioîr vu en plan dc garni de Ion rouleati ; ce
gfainoir a deux piés ôc demi de diametre, ôc a intérieurement
environ lîx pouces de profondeur.
4. Le même grainoir en peripedive, il a extérieurement
huit pouces de hauteur.
3. Le rouleau vu en plan, il eft de bois & a huit pouces
de diametre.
4. Le rouleau vû de profil, il a deux pouces & demi
d epaiflèur, les angles en font un peu arrondis.
On met les rouleaux dans les cribles à graincr la poudre
pour déterminer la pâte à fè brifer & à paflèr à-travers
les trous du grainoir; mais la poudre qui a été fabriquée
fous les meules étant beaucoup plus dure que
celles des batteries, comme moins humeCtée, on emploie
dans les grainoirs des boules de cuivre , au-lieu
de rouleaux de bois.
f. Tamis monté en toile de crin, il a les mêmes di-
menfions que le grainoir.
<>• Le même tamis en perfpeCtive.
7- A B Bâton quarré fur lequel on promene & on balance
le grainoir pour grainer la matière, a Ôc b
taflèaux qui font fixés aux faces intérieures de la
maye pour porter le bâton quarré.
8. Maye représentée en perfpeçfcivC ôc profil, deffinée
fifr une échelle triple, ainfi que toutes les autres
figures de cette Planche.
La maye a quatre piés de large de dehors en
dehors, deux piés neuf pouces de hauteur fur le
devant ou côtés des ouvriers, trois piés quatre
pouces du côté oppofé, & environ douze pouces
de profondeur; les poteaux montans font à la di-
ftance de fept piés les uns des autres, & ont fix
Pouces d’équarri (l'âge, le tout eft cômpoféde madriers
de chêne de trois pouces ou trois pouces ôc
demi d’épaiflèur, aliénables fans aucune ferrure.
5* 1 elle fèrvant à charger les grainoirs ou les tamis,
elle eft de bois ôc n’a rien de particulier.
les moulins à pilons ou batteries ordinaires,
°Qipofees de 24 pilons, U quantité de matière eft de
D R Ë S. f
480 liv. à 20 Av* pour châquè mortier. tôrlqiie cfela
a pafle par le grainoir , il ne rapporte ordinairement
que 220 à 140 liv. de grains, le refte fè réduit en pouffier
ôc fe rebat de nouveau pour être graine * ainfi qu’il
fèra dit ci-après.
P L A N C H E t f l l L
f La vignette repréfènte l’attelier de l’eflorage & dti
fechage.
Le féchoir eft un grand bâtiment allez fèmblable à
une ferre chaude pour élever des plantes ; la face de devant
qui doit être tournée vers le midi, eft garnie de
grands vitreaux à-travers lefquels les rayons du fblcil
peuvent pafler. L’intérieur de ce bâtiment efl occupé
par des chantiers fur lefquels on pofè des tables où on
mer eflorer la poudre; l’efpace au-devant de cet atte-
lier eft garni de femblables chantiers Ôc de femblables
tables où on faitfécher la poudre en plein air après quelle
a reçu plufieurs préparations. On voit dans la vignette
qu'atre rangs de ces tables extérieures, leur nombre
& leur étendue varient félon le plus ou le moins de
fabrication*
Bas de là Planche.
- Plan du féchoir pour l’eflorage, & d’une partie des
tablés qui font au-devant. A , B portés de l’eflorage ,
pratiquées dans les murs latéraux; le mur poftérieur eft
fortifié dé diftanee en diftance par des contreforts qui
. contrebuttent l’action de la face inclinée des chaffis. G
E , DF chevalets fur lefquels font placées les tables à
la hauteur de deux piés ôc demi ; les tables ont fept piés
de large, & font formées par des planches de cette longueur
qui traverfènt d’un chevalet à l’autre. G table réparée
du refte H I Ôcc. I drap de toile qui eft ployé, ÔC
dans lequel la poudre qui étoit répandue deflus pour eflo-
rer eft renfermée pour être tranfportée dans un autre atte-
lier. K & L deux draps étendus fur la table prêts à recevoir
la poudre au fortir du grainoir. M drap chargé de
poudre; il y en a f o liv. que l’on répand également fur la
furfâce du drap au moyen d’Un rabof oïl rateau denté ; la
poudre refte ainfi étendue environ une demi-heure en
été, & en hiver fuivant que le tems eft favorable'; on
a foin de la raboter fouvent, afin que la poudre qui eft
defloüs, vienne deflus, ôc reçoive également les im-
preffions de l’air. Quand la poudre eft fuffifammentef-
forée, on ploie les draps dans lefquels on la ràflèmble,
& les ouvriers la tranfportent dans un atteüer fèmblable
au grainoir où onl’cgalifè, on la tamife enfuite;
on fe fert pour la première opération de grainoirs fèm-
blables à ceux avec lefquels elle a été formée. ôc on
fait cette opération pour ôter les pelotons de pouffier
& les grains un peu trop gros qui s y trouvent; les uns
& les autres refterit dans le gfainoir, c’eft ce qu’on
nomme égalifiires ; on tamife enfuite pour en fépàrer
le pouffier qui a pafle à-travers le grainoir.
Les tables extérieures fervent de féchoir pour lécher
la poudre après qu’elle eftfortie du lifloir. c e, </ƒ chevalets
dont les piés font fcellés en terre, g g table com-
pofée de deux parties qui ont trois piés & demi de
large chacune, & fept piés de long, h h table dont les
deux parties font jointes. On met autant de ces tables
auprès les unes des autres que la longueur des chevalets
en peut contenir. I , l deux tables fur chacune desquelles
un drap eft étendu ; les bords de ces draps font
roulés pour empêcher la poudre de fe répandre, & leurs
coins font chargés de pierres pour empêcher le vent de
les enlever: les autres rangs de tables font copftruits de
la même manière , ÔC fervent au même ufage.
P L A N C H E X I V .
Le haut de la Planche repréfènte le profil ou eôupe
tranfverfàle du féchoir pour l’eflbrage, dont le plan &
l’élévation font dans la Planche précédente. A B chaffis
vitré. E F mur qui lui eft oppofé. F G contrefort. C D
chevalets fur lefquels les tables font pofees.- c d ; efche-
valets ôc tables extérieures fur lefquelies on fait féche.t
la poudre*
E