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 porte à  Cayenne, selon Montbeillard,  le nom de Sicouri, et  dans divers  
 cantons de Saint-Domingue  celui de  Chardonneret.  Les habitons  l'ont  
 appelé ainsi, sans doute  d'après  quelques  rapports dans son  chant  avec  
 celui de cet oiseau ; mais à  cet égard  il se  rapprocherait  davantage, selon  
 moi, de notre  Fauvette  d'hiver  (M o t a c i l l a modularisé.  Lorsque  ce  
 Sucrier  fait entendre son  ramage,  il se  tient souvent immobile sur  une  
 branche, et répète, pendant une  heure  entière,  une phrase assez monotone  
 ,  mais  qui  n'est  pas sans  agrémens. Son  cri  peut  s'exprimer  par  
 deux  syllabes, zi, zi, prononcées  d'un ton  aigu et  faible. Cet oiseau qui  
 n'a pas l'habitude de grimper,  mais qui s'accroche  au bout des branches,  
 comme font les Mésanges, se nourrit d'insectes et du miel cles fleurs qu'il  
 pompe de même que les Colibris : selon les Créoles , il suce aussi les cannes  
 de sucre  en introduisant sa langue dans les  gerçures.  
 Le temps  des  amours,  qui  force l'oiseau  vivant absolument  seul,  de  
 quitter sa solitude  pour se rapprocher  d'une compagne , est aussi  celui  
 où un  grand nombre  d'espèces  n'affecte  qu'un  seul  canton.  Tel est  ce  
 Guit-guit : lorsqu'il  s'est  apparié, il s'en approprie  un où il  ne souffre pas  
 d'autres Sucriers. Si plusieurs se bornent à un petit arrondissement,  c'est  
 qu'ils ont choisi  le  plus abondant en fleurs et en  insectes ;  mais  tous  
 préfèrent  ceux  qu'arrosent des  ruisseaux  ombragés de  lianes  qui,  dans  
 ces contrées,  s'élèvent, en rampant, à la cime  des  arbres les plus  hauts.  
 C'est à  l'extrémité de  leurs rameaux  que l'oiseau suspend son nid ; il sait  
 les  rapprocher , et  quoiqu'avec de  faibles  liens,  les contenir avec force.  
 Ce n'est pas encore assez pour mettre sa nouvelle  famille à  l'abri des rats,  
 des lézards et des serpens;il choisit les branches les plus flexibles , et surtout  
 celles  qui descendent  vers  le  milieu  du  ruisseau.  L'industrieuse  
 construction du nid est le travail de la  femelle.  Le  mâle  se  contente  de  
 l'accompagner dans les nombreuses courses  que  cette  occupation  nécessite; 
   elle attache  ce léger  berceau  par le  sommet,  et lui donne la forme  
 d'un  oeuf  d'autruche :  la  mousse, des brins d'herbe  sèche ,  le coton et  
 le  duvet  des  plantes, sont  les  matériaux  qu'elle emploie ;  les  premiers  
 pour le dehors, et les autres  pour  l'intérieur.  Le tout est si  artistement  
 lié, qu'on le mettrait en  pièces si on  voulait  le  retirer, sans couper  les  
 lianes. L'entrée est en dessous , à la partie du nid qui fait face à l'eau. Une  
 cloison le  divise intérieurement en deux pièces : la première  qui sert d'entrée  
 à  l'oiseau  est  une espèce d'escalier qui monte presque jusqu'en  haut,  
 et  communique avec la seconde, dont le fond est au  niveau de  l'ouverture  
 extérieure.  C'est dans cette division  que la  femelle dépose ses oeufs. Cette  
 disposition garantit  la couvée de ses ennemis, mais expose  la  couveuse à  
 un autre danger : si le mâle est absent, comme  elle ne  peut voir ce qui  
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 se passe  au-dehors, on l'emprisonne aisément  en fermant l'entrée; mais  
 on  la  surprend  difficilement, s'il est dans  les  environs;  car dès  que  le  
 moindre objet  l'inquiète, il l'avertit aussi-tôt par un cri  particulier.  
 Le Sucrier mâle a la tète, le dessus du cou,  le dos d'un brun  noirâtre;  
 le croupion d'un  jaune verdâtre; une bande  blanche prend naissance  sur  
 le  front, passe au-dessus des yeux,  et se perd à l'origine du cou; un beau  
 jaune borde  les  ailes  vers  leur  pli,  couvre  la  poitrine,  le  ventre, et  
 s'éclairciL sur les parties postérieures ; le blanc borde les pennes primaires  
 vers le  milieu des barbes extérieures, et termine les deux plumes latérales  
 de chaque côté de la queue.  Longueur  totale,  trois pouces  deux  tiers ;  
 bec, cinq  lignes, noir, ainsi  que les pieds; langue  ciliée à son extrémité.  
 Dans la femelle,  les  parties  supérieures sont d'un cendré brun; le  croupion  
 n'a  de  jaune  que sur sa partie inférieure et le dessous  du corps est  
 d'un  jaune  pâle.  
 Cet oiseau est dans la collection de Desray.  
 N'ayant pu nous procurer en nature  les Guit-guits suivons, nous nous  
 bornerons à  les décrire  d'après les Auteurs.  
 Le GUIT-GUIT ROUGE, Certkia mexicana {Seba, T/ies. t.  i,  
 pag.  78, pl. , fig.  6. ) , habite au Mexique, et a,  dit-on, un chant fort  
 agréable.  Le dessus de la  tète est  d'un  rouge-clair  brillant;  la  gorge  
 et  la  partie  inférieure du cou sont vertes;  le  reste du corps,  la  queue,  
 les  ailes  d'un rouge foncé, et les pennes des dernières terminées de bleu ;  
 le  bec et les pieds sont d'un  jaune  clair;  longueur  totale,  quatre pouces  
 et demi ;  bec,  dix  lignes.  
 Le GUIT-GUIT A TETE NOIRE, Certhia mexicana (Seba, Thés,  
 pag. 74, pl. 70 , Jig.  8.),  habite  la  Nouvelle-Espagne.  Montbeillard en  
 fait  une  variété  du précédent.  Il a  la  tète  d'un  beau  noir ;  les  couvertures  
 du dessus  des ailes d'une belle  couleur  d'or;  le reste du corps d'un  
 rouge clair,  plus foncé sur les ailes et la queue. Longueur  totale,  quatre  
 pouces ;  bec, sept  ligues.  
 Le GUIT-GUIT VERT ET BLEU A GORGE BLANCHE, Certhia  
 spiza 3 var.  Cet oiseau  décrit par les  Ornithologistes,  d'après  Edwards  
 {pl.  i 5 , f i g . inf.), me paraît  être le même oiseau que le Pipit vert {Motacilla  
 cyanocephala.  Gmelin , Syst. nat.). 11 habite le Brésil.  Le dessus  
 de la  tète  et  les petites  couvertures des ailes sont  bleus ;  le menton est  
 blanc;  le  reste  du corps  d'un  vert  jaunâtre;  les  pennes primaires sont  
 d'un  brun  obscur;  les pieds jaunâtres; le bec est  blanchâtre en  dessus,  
 et cendré foncé en dessous.