C A R A C T È R E S G É N É R I Q U E S.
uereaux Héo-rotaires dont j'ai pu examiner le bec, j'ai vu qu'il n'avait
ni dents, ni échancrure { f i g . 7). Tous ne l'ont pas pareil dans eette
famille 1 les uns l'ont très-arqué, en [orme de faucille , et d'autres presque
droit, comme 011 peut le voir en comparant les figures que nous donnons
de ces oiseaux.
Les Méthodistes ont tiré un caractère générique de la langue; mais
ils n'auraient pas dù le donner pour tel : il n'est que spécifique, comme
ou va le voir , puisque celui qu'ils indiquent n'appartient qu'au Grimpereau
européen {fig. i ) . Beaucoup de Souï-mangas, quelques Guitguits
et plusieurs Héo-rotaires ont la langue bifide, c'est-à-dire divisée
en deux filets, comme celle des Colibris ( f i g . 5). Les uns, depuis la
moitié jusqu'à l'extrémité, et les autres un peu avant cette dernière;
d'autres l'ont ciliée au bout, c'est-à-dire en forme de pinceau { f i g . 7 ) ;
dans quelques-uns, elle est divisée en deux, et chaque division est ciliée
{fig. 1 ). Lalangue variant dans ses formes, indique que toutes ces espèces
cherchent leur nourriture de diverses manières, et que les alimens ne sont
pas les mêmes pour toutes. Celles qui sont obligées de les chercher sur
l'écorce des arbres, dans les gerçures et les crevasses des murs et des
rochers , ont ordinairement la langue pareille à celle du Crimpereau
proprement dit. Parmi les autres, on a observé que les oiseaux dont la
langue est divisée en deux filets, ou ciliée à son extrémité , joignaient aux
insectes le miel des fleurs. Ceux-ci ne grimpent pas, mais saisissent leur
proie sur les feuilles, dans la corolle des fleurs et même en l'air. C'est à
tort que l'abbé Ray dit, dans sa Zoologie ( pag. a47 , article du Grimpereau)
t qu'ils ne sucent pas les fleurs, et ne pourraient le faire; que leur
» langue n'y est pas destinée comme celle des Colibris ». Cette opinion de
Ray est aussi celle des Ornithologistes de l ' E n c y c l o p é d i e méthodique. Il
paraît que ces Auteurs ne connaissaient pas les diverses formes des langues
des Souï-mangas et des Guit-guits, et qu'ils ne voyoient dans tous
les Grimpereaux qu'une langue pareille à celle de l'Européen. Cependant
s'ils avaient voulu lire dans Buffon, l'article du Souï-manga pourpre,
ils auraient vu qu'Edwards y est cité comme ayant dit que cet oiseau a
la langue divisée par le bout, et que plusieurs vivent du suc des fleurs;
mais Kay, comme bien d'autres, ne cherchait dans les Ouvrages de cet
illustre Naturaliste que des erreurs inévitables pour celui qui décrit des
oiseaux étrangers d'après (les mémoires qu'il croit véridiques. Lorsqu'on
veut faire une juste critique, il ne faut pas combattre une erreur par
une autre, et croire qu'un ton tranchant la fera passer pour une vérité.
Il faut prouver avec des faits tirés des habitudes , de la manière de vivre,
et avec des observations prises sur les oiseaux vivans ; mais cc Zoologiste
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n'avait peut-être pas même examiné leurs dépouilles : je serais presque
tenté de le croire. Il en est beaucoup qui décrivent ainsi, et cependant
contredisent des observations faites sur la Nature. J'ajouterai à ce qu'a
dit MonLbeillard, ce que m'a assuré un Naturaliste instruit, très-bon
observateur ( Perrein de Bordeaux ' ) , qui a étudié la manière de vivre
des Souï-mangas sur la côte d'Afrique, pendant plusieurs longs voyages.
B assure que les Souï-mangas pompent le suc des fleurs comme les Colibris.
Enfin, M. Latham cite des Héo-rotaires se nourrissant de même,
au rapport des Naturalistes qui ont voyagé aux Terres australes et dans
les îles de la mer Pacifique.
Parmi ces Grimpereaux, plusieurs ont les pennes de la queue d'une
forme différente. Celles des Souï-mangas et Gnit-guits sont arrondies par
le bout; plusieurs des premiers ont les deux intermédiaires beaucoup
plus longues que les autres. Le Grimpereau ordinaire les a rcides, pointues
et comme usées à l'extrémité {fig. 12). Sa queue lui servant de
point d'appui pour le soutenir lorsqu'il grimpe, éprouve un frottement
qui en use le bout. C'est le seul connu jusqu'à présent qui les ait ainsi
conformées. Plusieurs Héo-rotaires les ont comme tronquées, et finissant
tout d'un coup par une petite pointe {fig. i5). Ces différences peuvent
paraître minutieuses; cependant 011 doit y avoir égard, lorsqu'elles
sont des indices certains de quelque habitude particulière. Peut-être
pour faire une bonne méthode, faudrait-il rapprocher toutes ces différences
, sur-tout dans les genres aussi nombreux que celui-ci. Au moins
si elles ne peuvent être génériques , elles serviraient à la distinction des
espèccs. Quoi qu'il en soit, il est certain qu'on ne peut mettre trop de
circonspection , lorsqu'on applique aux espèces étrangères des caractères
tirés d'une espèce européenne.
Ce genre contenant un grand nombre d'espèces très-différentes, comme
je viens de fe dire, par leur physique, et même par leurs moeurs , j'adopterai
la division de Montbeillard. Je rangerai dans la première section,
sons le nom de Souï-mangas, les Grimpereaux d'Afrique et de l'Inde,
vulgairement appelés Sucriers; dans la seconde , ceux de l'Amérique méridionale
sous celui de Guit-guits ; dans la troisième, les espèces peu
connues et même nouvelles qui n'habitent que les îles des mers Australe
et Pacifique. Je donnerai à ces derniers, pour les distinguer des précésl
d'après ses Mémoires, qu'il a bien voulu me communiquer, que je ferai connaître plusieurs
nouvelles qu'il conserve dans sa nombreuse collection.