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1 0 H I S T O I R E N A T U R E L LE
comme on l'a dit, de trente à quarante, voyagent sous la conduite d'un
oiseau d'un plumage différent 1, auquel les habitans ont donné le nom de
Roi, sans doute parce qu'il est toujours à leur tète, et s'élève constamment
plus haut que les autres. Ceux-ci ne s'en séparent jamais, soit qu'il vole, soit
qu'il se repose; mais cet attachement pour leur guide les met quelquefois
en danger, quand il se pose à terre ; car ils ne peuvent se relever que
très-difficilement, d'après le grand nombre, la position et la longueur
des plumes subalaires. Les Indiens qui les guettent, les prennent, et les
tuent. Cette chasse leur est d'autant plus avantageuse, qu'alors le plumage
n'est pas endommagé, comme il arrive souvent à ceux qu'ils se procurent
d'une autre manière. Le bec de cet oiseau fort et robuste exige de
la précaution, lorsqu'on le prend vivant : c'est pour lui une arme défensive
dont il se sert avec courage.
L'Emeraude aime à se percher sur les arbres élevés des îles d'Arou,
particulièrement sur le tvaringha à petites feuilles et à fruits rouges %
dont il se nourrit. Son cri ressemble au croassement du corbeau. Le volume
de ses plumes le fait paraître aussi gros qu'un pigeon; mais il ne l'est pas
plus qu'un merle , lorsqu'il en est dépouillé. Durant la mousson de l'est,
à ce que rapportent les habitans d'Arou, cet oiseau est privé de ses trèslongues
plumes, qui, dans l'espace de quatre mois, pendant la mousson
de l'ouest, sont remplacées par de nouvelles. Montbeillard et plusieurs
Auteurs le caractérisent en lui donnant la tète fort petite à proportion
du corps, et les yeux encore plus petits. Mais je crois qu'on ne peut
rien décider d'après des têtes comprimées ou privées du crâne ; d'autres
lui donnent la grosseur de celle du Choucas ; ce qui me paraît vraisemblable
et mieux proportionné.
Sa longueur est de 12 pouces 8 lignes depuis le bout du bec jusqu'à celui
de la queue ' ; les mandibules sont d'un jaune verdâtre, et ont 18 lignes;
1 II est noir avec des taches rouges. Valentyn.
* Ficus Benjaraina. Hort. Malab. n 5 , f. 55. Rumph. Amboin. 5 , f. go. Forster.
3 Latham lui donne î s pouces et demi anglais. Cette mesure se rapporte assez à celle que j'ai prisa
sur quelques individus. Mais ceux qui connaissent ces oiseaux dans l'état où on les voit en Europe,
savent qu'on ne peut se lier à des dimensions prises sur des dépouilles aussi déformées. C'est pourquoi
on ne doit pas s'étonner si je diffère de3 Auteurs, non-seulement dans les proportions, mais encore
dans la description de leurs couleurs. Des oiseaux ainsi mutilés ne peuvent donner une idée certaine
de leur longueur et de leur grosseur. Pour avoir de justes proportions, il faudrait les observer dans
leur pays natal. Mais aucun Européen, jusqu'à présent, ne les ayant vus vivans, tout ce qu'on
peut en dire se borne à des conjectures. Enfin, des plumes à reflets variés, dont les couleurs ont
perdu plus ou moins d'éclat, soit par vétusté, soit par les apprêts qu'on leur a l'ait subir, ne peuvent
être parfaitement ni également jugées.
DES OISEAUX DE PARADIS. ,1
la supérieure est un peu échancl'éeàson extrémité. Les plumes qui en couvrent
les bases ont la douceur, la beauté du velours, et sont d'un noir changeant
en vert foncé : celles du cou et du sommet de la tête sont d'un jaune
pile. Une belle couleur verte à reflets métalliques et dorés orne le menton
et le gosier. La gorge, une partie de la poitrine sont revêtues d'un brun
violet velouté ; toutes les plumes sont droites , courtes, serrées ; mais sur
le reste do la poitrine et le ventre , ellcssont pluslongues , soyeuses, moins
pressées, et d'un marron foncé qui s'éclaircit sur le dos , le croupion, les
ailes et la queue. Les plumes mbalaires d'inégale longueur, décomposées,
transparentes , seréunissenteu masse sur chaque côté , et s'étendent dessus
et dessous la queue; leur couleur estd'un blanc sale et d'un rouge vineux
vers leur extrémité , sur les barbules seulement. Cependant on remarque
quelques taches rouges sur lesmoins longues; les deux filets ne sont point
nus, quoiqu'ils le paraissent à l'oeil; 011 s'en apperçoit au toucher, en
passant le doigt dessus à rebours. Leurs barbes sont duveteuses à la naissance,
ensuite roides, très-courtes, plus longues à l'extrémité ; ce qui
leur donne la forme d'une palette étroite et alongée. La couleur des
uns et des autres est brune. Les pieds sont robustes et de la couleur du
bec, ainsi que les ongles qui sont longs.
Les Indiens disent que la femelle est plus petite • ; Brisson , qu'elle
différé du mâle, en ce que les barbes de l'extrémité des filets sont beaucoup
plus courtes. Gmclin ajoute que ces filets sont plus courts, nus et
droits.
Cet oiseau est dans la collection d'Audebert.
J. Otton Iîelbigîus.