Les Guit-guits indigènes d'Amérique s'éloigneraient encore
plus des Colibris, si, comme le savant Mon.beillard le
rapporte, ils volent par troupes, ne sucent point les Heurs
se nourrissent de fruits et d'insectes, et vivent en ocete
avec les oiseaux de leur espèce, et avec d'autres petits o -
seaux, tels que les Tangaras, les Sittèles. p e n d a n t
Créoles deCayenne qui les voient déplus près, donnent assez
généralement aux C ô t o i e nom àe Colibris j ne devra,ton
pas en conclure qu'ils trouvent entr'eux quelque ressemblance?
Nous serions tentés de le croire, puisque \ I E I L L O T ,
observateur très-exact, a vu à Saint-Domingue 1 W
sucrier (Certhia fiaveola) se stationner en 1 air devant les
Heurs comme les Oiseaux-mouches, et en recuedbr le miel.
Son vol, il est v r a i , n'était pas continuel ; car après avoir
visité quelques fleurs , il se reposait , et ne faisait que de
momens en momens cette douce récolte.
Le nom de Soui-mangas que p o r t e à Madagascar une belle
espèce de ces oiseaux, a été donné par Montbedlard a la
famille entière. Il les a distingués par-là des Gnmpereaux
étrangers à l'Afrique et à l'Asie. Ce Naturaliste a de même
appliqué aux oiseaux d'Amérique qui ont des rapports avec
nos Gnmpereaux, le nom de Guit-guits donné par les Sauvages
du Brésil à une très-belle espèce. VIEILLOT, daprès
cet exemple , a étendu le nom d ' N oe - r o i a i r e s à tous les
oiseaux de ce genre qui se trouvent aux îles de la mer du
Sud et de la mer Pacifique. Celui de Grimpereau est reste
à ceux d'Europe, et bien convenablement, puisqu'ils groupent
sans cesse, ne cherchant et ne trouvant leur nourriture que
le long des arbres, des murailles et des rochers.
Ouoique ce nom générique de Gnmpereaux ne convienne
«mère a la plupart des Guit-guits et des SouUmangas , nous
le leur conserverons, parce que les Ornithologistes l'ont généralement
adopté d'après les Méthodistes.
Les Méthodistes ont placé dans le même genre tous les
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oiseaux dont le bec et les pieds sont à-peu-près pareils : ils
ont classé de même les animaux d'après les pieds etles dents,
et les insectes d'après la bouche et les antennes.
Qnelqu'étrange que paraisse d'abord cette manière déclasser,
qui pourrait exposer à confondre, d'après quelques rapports
superficiels, les espèces les plus disparates, nous nous
garderons bien de la blâmer. La science est devenue trop
vaste, trop compliquée, pour pouvoir être embrassée d'un
coup-d'oeil: la confusion l'accompagne j il a fallu suppléer à
la faiblesse de notre mémoire, trouver un moyen sûr et abréviateur
qui permit de démêler sans fatigue, de distribuer
avec ordre l'effrayante multitude d'objets à étudier. Mais il
faut user sagement de ce secours, de peur de le rendre pernicieux;
car si chacun, si les maîtres, et sur-tout les écoliers,
voulaient donner des méthodes, il faudrait bientôt des méthodes
pour débrouiller les méthodes, et de-Ià une confusion
dont on ne pourrait sortir. D'ailleurs, quel avantage, quel
honneur en espérer? De même qu'on n'est point historien
pour écrire uue gazette ou quelque table chronologique, on
n'est point naturaliste pour compter des griffes et des becs,
et compiler quelque froide nomenclature. Bien loin de l'être,
on détruirait la science eu la présentant sous des dehors si
ingrats. Ce n'est pas ainsi que BCFFON s'est couvert de tant
de gloire. Pour peindre la Nature, et la faire aimer, il n'en
présenta point le squelette. Doué de la plus rare éloquence,
profondément instruit, il adoucit, il para de mille charmes
ce q u e la s c i e n c e avait d'âpre et d'aride ; il féconda la stérilité,
fit germer des fleurs jusques sur le sable; et pour me servir des
expressions de ce grand homme, il sut élaguer le chardon
et la ronce, et multiplier par-tout le raisin et la rose. Mais
cet admirable exemple sera difficilement imité, et l'on verra
bien des Méthodistes avant de revoir un BUFKON.
On a donc d'après leur bec et leurs pieds, rangé dans la