leur écorce pour en êlre convaincu. Celle de l'écorce du C. omit, rappelle le mode d'organisalion que
j'ai décrit on prenant pour type le C. Calisaya (Vid. tab. Il, fig. 33 et 36); qu'on la compare avec celle
des CC. pvbescens et cordifolia, dont le type de structure a été décrit, et figuré en même temps que lé
précédent (fig. 31, 3 i et 37).
Q u i n q u i n a - O v a t a . Tab. X XIX, fig. 12-18.
Aucun Cinchona, si ce n’est le C. Condaminea, n’est aussi susceptible de varier avec le terrain et le
climat que le C. ovala; et c’est surtout dans l’écorce que ces variations se font sentir: elles se présentent
tantôt dans sa couleur, tantôt dans sa structure même, ou dans les deux à la fois. Dans quelques circonstances,
la physionomie du quinquina-Ovata se rapproche tellement de celle du quinquina-Calisaya, que
c’est avec difficulté qu’on l’en distingue. Cette forme se manifeste dans la variété rufinervis; on là connaît
au Pérou sous le nom de Cascarilla-Carabaya, parce que c’est surtout dans la province de Carabaya
qu elle se recueille, et elle y sert habituellement à sophistiquer le quinquina-Calisaya. Les Cascarilleros de
l’intérieur l’appellent plus fréquemment Cascarilla zamba-morada. — Un même individu de C. ovala produit
fréquemment de chaque côté de son tronc des variétés distinctes d’écorce. Le périderme, en effet,
est généralement bien moins épais dans cette espèce du côté du levant que de celui du couchant; de ce
dernier côté même on trouve fréquemment le derme réduit à son liber, et creusé à sa superficie de ces
sillons digitaux ou conchas que nous avons notés comme caractéristiques du quinquina-Calisaya. Du
côté opposé, où l’exfolialion n’a pas eu lieu ou a été moindre, le derme reste constitué en dehors par la
tunique cellulaire; et si sa surface dénudée n’est pas tout à fait lisse, au moins n’est-elle tourmentée que
par une exfoliation partielle. Les variations que l’on observe dans les jeunes écorces des différents individus
sont peut-être plus saillantes encore, surtout du côté du périderme.
Je ne doule pas que beaucoup des quinquinas roulés de Loxa et de Huanuco ne doivent se rapporter
a cette espece. M. Guibourt a positivement reconnu dans l’un des échantillons que je lui ai communiqués
l’écorce qu’il a désignée sous le nom de quinquina de Lima gris fibreux.
Dans les parties du Pérou que j ai visitées, les belles qualités du quinquina-Ovata roulé passent pour
du Calisaya. Quant aux variétés ordinaires, quelle que soit leur forme, on les appelle Cascarilla morada
ou morada ordinaria, pour les distinguer du quinquina-zaméa-jworada mentionné plus haut.
Enfin j ’ai cru un instant que c’était aussi au C. ovala que devait être attribué le qq. rouge (') vrai de
I Histoire des drogues ; mais, a la vue des échantillons que M. Guibourt a bien voulu me. montrer, j ’ai
été obligé de suspendre mon opinion. Les écorces sur lesquelles j ’avais fondé celle manière de voir ont
été recueillies dans les vallées au nord du Cuzco, et comme l’arbre qui les produit présente en même
Í') L’histoire des quinquinas rouges a é t é . de tout temps, enveloppée de beaucoup d’obscurité. Ilolide est un des premiers auteurs qui aient
essayé de la débrouiller, e t il fait preuve, à ce sujet, d'u n e érudition non. moins grande que celle qui caractérise le reste de son travail ; mais, Outre
q u ’il n’a fait que citer un grand nombre de faits sans les discuter, il était trop prédisposé en faveur des opiuionsde Mutis pour juger la question
avec une entière impartialité. Il n’est pas douteux, en effet, que ce ne soit en grande partie à Mutis lui-mèmc que la confusion doive être attribuée.
Voici les faits: Dès la première découverte du quinquina de Loxa par les Espagnols, les Cascarilleros avaient pris l’habitude de désigner par leurs
nuances ( rouge, ja u n e e t blanche) les différentes variétés d’écorces q u ’ils recueillaient ; e t ces désignations entrèrent bientôt dans le langage commercial.
Qr, comme les nuances étaient censées caractériser aussi les qualités des quinquinas, le nom vint à avoir une très grande importance
dans toutes les transactions mercantiles ; à tel point que lorsque Mutis découvrit le Quinquina dans le royaume d cS an ta-F é , il cul la malheureuse
temps quelques différences dans ses feuilles, j ’en ai fait une variété séparée, en lui donnant l'cpilhelc
d’erylhroderma qui rappelle son caractère le plus intéressant.
Q.-Ovata roulé^i- Périderme très variable, ressemblant tantôt, à s’y méprendre, à celui du quinquina-
Calisaya, quoique un peu moins épais; d’autres fois membraneux et ne présentant que quelques rares
scissures annulaires; finement ridé dans le sens de sa longueur, et variant pour la couleur du gris clair
au brun foncé, et fréquemment recouvert sur toute sa surface par des mousses ou des lichens ; tombant
généralement avec assez de facilité, surtout dans la forme que l’on pourrait appeler pseudo-Calisaya. Face
externe du derme d’un brun fauve clair, lisse ou marquée de lignes déprimées correspondant aux scissures
du périderme. Face interne d’un jaune grisâtre ou rougeâtre, finement fibreuse. Fracture transversale un
peu filandreuse en dedans; cercle-résineux à peine marqué. Saveur promptement amère et styplique.
Q.-Ovata p lat.—De forme très variée ;-se rapprochant souvent beaucoup par sa figure du quinquina-
Calisaya, mais, en général, beaucoup moins dense; constitué quelquefois par le liber seul, ou, plus fréquemment
encore, par celui-ci et une partie plus ou moins considérable de la tunique celluleuse, lace
exleme tantôt lisse, marquée de quelques dépressions linéaires transversales, à surface entièrement
celluleuse; tantôt anfractueuse,: 'et présentant souvent des sillons digitaux à fond nettement fibreux,
ou cachés en partie sous une couche de tissu d’aspect subéreux ou fongueux dont la desquamation 11 a
pas été complètement opérée; d’une couleur fauve plus ou moins grisâtre dans quelques écorces, rougeâtre
dans d’autres, offrant enfin chez quelques unes des marbrures de nuances plus foncées résultant
du mode de préparation. Face interne d’un jaune grisâtre mat, ou orangé brillant, comme dans quelques
variétés de Calisaya, à texture finement fibreuse et à grain parallèle. Fracture transversale plus ou moins
subéreuse en dehors, fibro-filandreuse en dedans, ou présentant sur toute sa surface ce dernier caractère.
Fracture longitudinale peu esquilleuse; couche périphérique d’une nuance moin; clafee que l’interne;
chatoiement des fibres très marqué dans quelques cas, d’autres fois presque nul. Saveur : Amertume considérable
et se développant avec assez de promptitude dans les écorces récentes.
J’ai dit, en parlant du quinq.-Calisaya, comment cette écorce pouvait se distinguer de celle qui nous
occupe en ce moment; il est inutile que j ’y revienne. Le périderme ne persiste que rarement dans son intégrité
sur les écorces âgées ; son caractère principal est dans les scissures transversales qui le parcourent,
et qui lui donnent quelque ressemblance avec celui du quinq.-Calisaya, et plus encore avec celui du
qq.-Boliviana. Son épaisseur, du reste, varie considérablement, ainsi que sa couleur; on peut le voir
d’un gris clair et d’un brun foncé sur le même échantillon.
idée de distribuer aux Cinchonas de ce pays les mômes noms que ceux des espèces de Loxa q u ’il ne connaissait pas. Dans ce partage, celui de
quinquina rouge échut à une écorce tout à fait différente du quinquina rouge de Loxa, e t n’ayant aucune de ses propriétés : a l’écorce de son
Cinchona oblongifolia, le C. magnifolia de la Flore Péruvienne, et le type de mon genre Cascarilla. C’est grâce â celte méprise que I on a cru
pendant si longtemps que c et arbre fournissait le quinquina rouge des pharmacies. L’e rreur fut reconnue d’abord par BIM. Schrader et Bergen en
Allemagne, et vérifiée depuis par M. Guibourt sur les échantillons d’écorce du C. oblongifolia provenant de 81 utis lui-mèmc, e t rapportés de Sanla-
Fé par 81. de Humboldf. Mais l’exemple de Mulis ne devait pas être stérile ; car les auteurs de la Flore Péruvienne,voulurent également avoir leur
vrai quinquina ro uge, et il en résulta une troisième variété, différente de celle de Loxa, mais de meilleur aloi au moins que celle de Santa-Fé : Ici
quinquina rouge de VHistoire des drogues. — L'opinion que 81. Guibourt professe aujourd'hui est, s i je ne me trompe, que la couleur rouge
n’est aucunement propre à une seule espèce de q uinquina, mais dépend de circonstances d’un ordre accidentel, telles, par exemple, que l’exposition,
le sol ou le mode de dessiccation. 81 es observations confirment pleinement celte manière de voir. Non seulement j ’ai remarqué la nuance
rouge dans le C. ouata, dont il est ici question, mais je l’ai vue également dans le C. scrobiculala, dans le C. pubescens. e t dans le C. Calisaya lui-
mèmc. Il n’est pas douteux enfin, selon moi, qu e les quinquinas jaune c l rouge de Loxa n’aient été fournis par des variétés du môme a rb re, comme
l'attestent les observations de La Cohdaminc ,'d e Joseph de Jussicu c l de Caldas.