INTRODUCTION.
Peu de sujets en Histoire n atu relle o n t eu le privilège d’exc iter 1 in té rê t g én é ra l à
u n plus h a u t degré que le q u in q u in a ; a u c u n , p e u t-ê tre ,n ’a m é rité ju sq u ic i 1 a tten tio n de
plus d’hommes éminents.
Depuis La Condamine q u i, le prem ier, fit co n n a ître en Eu ro p e 1 arbre du q u in q u in a,
ju sq u ’aux illustres voyageurs H um b o ld t e t Bo n p lan d , auxquels nous devons les premières
observations s u r la géographie de ce gen re de plantes, u n e foule de savants de tous les pays
en o n t fait l’o b je t de leurs recherches, e t la liste seule des ouvrages publiés s u r ce tte ma tiè re
occuperait b ien des pages ('). Un b ien p e tit n om b re c ep en d an t d’e n tre ceux q u i o n t d éc rit
les Q u in q u in a s les o n t étudiés dans le u r pays n a ta l, e t ce so n t les o bservations de ce p e tit
n om b re q u i o n t servi de m a tiè re à la p lu p a rt des au tres tra ité s.
L’orig in e de l’écorce de q u in q u in a é ta it encore u n mystère av a n t que les voyages dans
des pays lo in tain s vinssent aid e r à l’éclaircir. Ce fu t La C o n d am in e, comme je l ’ai d it,
q u i souleva le p rem ie r u n coin du voile; mais la voie q u ’il o u v rit n e fu t suivie q u e len te m
e n t. Joseph de Ju ss ieu (2), seul, v isitait, presque en même temps que le célèbre astron
ome, les forêts de Q u in q u in a s de L o x a , et reconnaissait éga lement celles d u Hau t-P é ro u ,
(') Les plus anciens écrits que l’on possède sur le quinquina remontent h l'année 1650 ; mais ils ne traitent uniquement que de ses vertus médicales.
I.c premier qui ait attaqué son histoire, sous le point de vue botanique, paraît être Sébastien Badus, un médecin Génois; son ouvrage est intitulé :
Anaslasis Corlicis Peruviani son Chinoe Chinoe defensiocontra Chistetum et Plempium. Gen., 1 6 6 3 ,6 8 .
(-i) Joseph de Jussicu accompagna en 1735 .comme botaniste, la commission de l'Académie des sciences, envoyée pour mesurer un degré du
méridien sous l'équateur. Après avoir visité la province de Loxa, il descendit vers le sud. Dans le Haut-Pérou, il pénétra presque jusqu'à la frontière
du Brésil. Il ne rentra en Europe qu’en 1771, privé de la raison, e t après une absence de trente-six ans.
La Condamine visita Loxa en 1737 , environ deux ans avant Joseph de Jussieu. Son mémoire su r le Quinquina parut l’année suivante dans les
Mémoires de l'Académie royale des sciences. Le voyage du savant académicien su r l’Amazone, en 1 7A3, est trop connu pour que j ’en parle ici.
C’est dans cette descente célèbre qu ’il fut tenté, pour la première fois, de transporter en Europe des Cinchonas vivants. Le voyageur réussit à les
conserver pendant les premières mille lieues de la route, mais un accident vint alors détruire les fruits de h u it mois de soins. Une vague engloutit
tout. Les tentatives faites par d'autres, depuis, dans le même but, ont été également sans résultat. Les plants levés depuis peu au Jardin des Plantes de
Paris, de graines recueillies par moi en Bolivie, sont donc, si je ne me trompe, les premiers vrais Cinchonas que l'on ait vus vivants sur notre con