appliquées que lâchement à celles qui leur sont immédiates, ou en sont même complètement indépendantes,
et flottent, pour ainsi dire, libres au milieu du tissu cellulaire environnant.
2° Que l’on prenne une écorce analogue de C. scrobiculata (tab. II, fig. 4-1 ; tab. XXVIII, fig. 5 et 6);
au lieu de ces sillons à Tond fibreux dont j ’ai parlé, et qui caractérisent si bien le quinquina-Calisaya, il
ne se présente ici, en dehors, qu’une surface presque unie et de texture celluleuse, parcourue seulement
çà et là par une légère impression linéaire, la face interne étant fibreuse comme dans l’écorce
précédente. Sur une coupe transversale (lab. Il, fig. 32 et 35), on voit les fibres plus nombreuses que
dans celle-ci et très rapprochées vers le côté interne; mais elles diminuent subitement en nombre près
de la périphérie .(*), et la couche la plus excentrique en est totalement dépourvue. Ces mêmes fibres
enfin, examinées à la surface d’une section longitudinale (fig. 38), se présentent avec une longueur
presque double de celle des fibres du quinquina-Calisaya, et leurs extrémités sont constamment soudées
avec celles qui les avoisinent, leur biseau étant à cet effet plus allongé.
3° Si on étudie avec la même attention l’éçorce du C. pubescens ( tab. II, fig. 40 ; tab. XXIX fig. 2 0),
on lui trouvera une structure tout aussi particulière. Sa surface extérieure est assez semblable à celle de
l’espèce précédente, à l’exception de quelques marbrures blanchâtres formées par la persistance de parcelles
du périderme, et des scissures irrégulières qui peuvent résulter de la dessiccation. La face
intérieure est fibreuse comme chez les écorces précédentes; mais sa coupe transversale (tab. II, fig. 31
et 34-) démontre qu’elle est formée en majeure partie de tissu cellulaire (*), au milieu duquel les fibres
ne forment qu’un petit nombre de séries irrégulières et concentriques, dans la moitié interne de l’écorce;
et ce qui frappe, au premier abord, c’est le volume de ces- fibres, dont chacune est souvent trois ou
quatre fois plus grosse que dans l’une ou l’autre des variétés déjà décrites ; ce qui résulte de ce que plusieurs
d'entre elles sont souvent réunies et soudées en faisceau, comme le démontre parfaitement l’examen
d’une section longitudinale de la même écorce (fig. 37).
Comme on le voit, j ’ai supposé ici qu’on avait affaire à des quinquinas dépourvus de leur périderme,
parce que, en effet, c’est généralement sous cette forme qu’ils se trouvent aujourd’hui dans le commerce.
Si le hasard voulait qu’ils fussent encore revêtus de leur enveloppe naturelle, ce serait un
élément de plus que l’on aurait à sa disposition, mais qui n’infirmerait nullement les notions que j ’ai
exposées; car rien ne serait plus facile que de faire soi-même l’abstraction de cette partie et de mettre
la surface du derme à nu. Quoi qu’il en soit, la structure de toutes les écorces de Cinchona se rapporte
plus ou moins exactement à un des trois types que je viens d’examiner, et, comme je l’ai dit, on pourrait
former sans trop de difficultés, sur ce plan, une série de groupes qui renfermeraient tous les quinquinas
C) L’analogie qui existe entre la partie périphérique de celte écorce cl la couche p d (tab II-, fig. 30) du quinquina-Calisaya est évidente. C’est
la même partie q u i, persistante dans l’u ne, s’est exfoliée dans l’autre. Leur développement se fait également de la même manière, à cela près que
lé où il n’y a aucune desquamation au profit du périderme, il est beaucoup plus lent.
(2) La tunique cellulaire est bien moins nettement limitée ici que dans l’écorce précédente. I.e nombre des fibres, qui ne diminue que graduellement
vers la circonférence, et la rareté des rayons médullaires, jettent complètement dans l’incertitude a ce sujet. Cependant on remarque une
notable différence entre la forme des cellules de la zone extérieure c l celle des cellules de la zone intérieure. Ces dernières sont construites identiquement
sur le même modèle que les cellules du liber des espèces précédemment examinées, tandis que du côté du suber ( lab. II, lig. 31 bis ce.);
elles sont très comprimées de dehors en dedans. Dans les jeunes écorces, où les cellules extérieures de la tunique cellulaire présentent cette même
conformation, on remarque une autre particularité a laquelle j ’ai déjà fait allusion ailleurs : c’est la présence d’une ou deux séries de grandes lacunes
à parois propres, gorgées, comme tout le tissu environnant, de matières gommo-résineuscs. La position de ces lacunes, véritables vaisseaux lalicifèrcs,
est immédiatement extérieure au liber, entre celui-ci et la tunique cellulaire. Lorsque l’écorcc avance en âge, elles finissent par disparaître, soit
par suite de l’cxfoliation, soit par l’oblitération même.
connus. Le but que je me suis proposé cependant, en exposant ces particularités, a été surtout de
faciliter l’intelligence d’un fait très important dans le diagnostic des différentes sortes de quinquinas : je
veux parler des variétés qu’elles présentent dans leur mode de fracture. Quelque singulier que cela puisse
paraître au premier abord, il est facile de démontrer que l’on peut, jusqu’à un certain point, conclure
ded’aspect de la surface fracturée à la composition chimique de l’écorce sur laquelle on l’é tudie;ou,
pour parler plus clairement, il y a , une relation entre les caractères chimiques des quinquinas et leurs
caractères anatomiques, et ceux-ci sont constamment révélés par une forme spéciale de fracture :
lisse ou subéreuse là où elle a divisé la tunique ou enveloppe-cellulaire de l’écorce, courtemenl fibreuse,
filandreuse ou ligneuse, dans les cas où elle a intéressé l’une ou l’autre des trois formes de liber
décrites plus haut. — Maintenant, il est un fait qui nous est bien acquis, c’est que l’écorce qui renferme
la plus grande proportion de quininé est le quinquina-Calisaya, et l’expérience nous a appris
que les écorces qui, après le quinquina-Calisaya, en renferment davantage, sont précisément celles
dont la structure se rapproche davantage de la sienne; à savoir, celles dont le derme est réduit au
seul liber par l’exfoliation successive des tuniques plus extérieures, ou, du moins, par leur adjonction
au périderme. D’autre part, l’expérience semble aussi, jusqu’à un certain point, avoir démontré que
les quinquinas gris (que nous avons vus être en général les jeunes écorces des autres espèces) contiennent,
en moyenne, une, pins grande proportion de cinchonine que de quinine; nous savons encore que
plusieurs écorces âgées qui ont conserve la tunique-cellulaire qu elles avaient dans leur jeune âge, sont
également plus chargées en proportion de cette dernière base; d’où nous devons conclure que la quinine
a de préférence son siège dans le liber, ou, pour parler plus exactement, dans le tissu cellulaire
interposé aux fibres du liber (*), et que la cinchonine occupe plus particulièrement celui qui constitue la
tunique ou enveloppe cellulaire.proprement dite. Quant au tannin, il se trouve aussi en plus grande
proportion dans cette dernière partie que dans la tunique fibreuse; fait dont il est facile de s’assurer
sur l’écorce fraîche, où les couches extérieures du derme présentent un bien plus haut degré de
stypticité que les couches internes.
Ainsi, plus la surface de la fracture transverse d’un quinquina s’approchera de la forme subéreuse, plus
on pourra présumer qu’il renferme de cinchonine; plus, au contraire, elle s’approchera de la forme cour-
tement fibreuse, c’est-à-dire du premier des types, plus on devra être porté à croire qu’il contient de
quinine.
En d’autres termes, il est d’autant plus probable qu’un quinquina-fournira un bon rendement:
1° qu’il offrira une plus grande conformité dans la texture des différentes couches de son derme; 2“ que-la
répartition de l’élément fibreux et de l’élément cellulo-résineux du liber sera plus égale, et enfin, 3° que
les fibres qui composent cette dernière couche seront plus courtes et plus indépendantes les unes des
autres, soit latéralement, soit par leurs extrémités.
C) Il semble que l’on devrait pouvoir conclure de là que plus le tissu cellulaire est abondant dans le liber, plus la quantité de quinine qu’il
contient devrait être considérable; il n’en est cependant rien. En cflet, lorsque le tissu cellulaire qui se trouve entremêlé aux fibres corticales augmente
au-delà d’une certaine mesure, comme cela s'observe dans le C. pubescens, le liber semble alors s’assimiler par ses propriétés, comme par
sa constitution anatomique, à la tunique-cellulaire. — La réciproque de la proposition e s t, au contraire, parfaitement vraie : c’est-à-dire que plus
le nombre des fibres augmente dans le liber, plus celles-ci sont rapprochées, e t moins, par conséquent, elles sout entremêlées de tissu cellulaire,
comme dans le C. scrobiculata cl le C. amggdalifolia, par exemple, moins aussi on y rencontre de quinine. — La densité des fibres elles-mêmes
e s t, du reste, trop grande pour qu’il soit permis de supposer qu'elles contiennent, de leur côté, une bien notable quantité du précieux alcaloïde.