Dans les jeunes feuilles du Cinchona Calisaya qui ont été l’objet de mes observations, le mouvement
moléculaire est également visible dans les cellules épidermiques du dessus et du dessous de la feuille,
et dans les cellules des stomates ; mais les poils en sont complètement exempte. Ayant détaché du tissu
sous-jacent une lamelle d’épiderme, et l’ayant placéë sur le porte-objet du microscope dans une goutte
d’eau que j ’avais soin d’entretenir, j ’ai vu le mouvement se continuer dans ses cellules pendant plusieurs
heures; et lorsque la dessiccation les atteignait, une à une, leur circonférence d'abord s’affaissait, e lle
mouvement, refoulé peu à peu vers le centre, se maintenait toujours aussi vif, jusqu’à ce qu’il disparût
tout à fait. — Si j ’y laissais arriver une gouttelette d’alcool, à l’instant tout s’évanouissait. — La
Ogure des particules, quoique souvent sphérique, m’a semblé cependant en général plus ou moins
allongée, ou un peu triangulaire.
IV. La forme des cellules épidermiques des feuilles de Cinchona n’est pas non plus tout à fait sans
intérêt, étudiée surtout à leur face supérieure; elles y sont, en effet, presque constamment limitées par
des bords sinueux (tab. I, fig. 21 et 23). On peut, à l’aide de ce caractère et sans le secours des organes
floraux, distinguer avec assez de certitude une feuille de Cinchona de celles de tous les genres voisins où
ces cellules paraissent être constamment limitées par des lignes droites. Je n’ai observé cette dernière
forme bien tranchée qu’une seule fois chez les vrais Cinchonas, sur un échantillon de Cinchona hirsula.
V. Non seulement les stipules des Cinchonas, mais celles de tous les genres voisins que j ’ai eu occasion
d’observer, et même celles de toutes les Rubiacées arborescentes, sont plus ou moins baignées à leur
face interne par une humeur gommeuse ou gommo-résineuse, résultat de la sécrétion des petites glandes
qui hérissent la base interne de ces organes. Liquide et transparente dans les Cinchonas et les Cascarillas,
celte matière est complètement solide et opaque, dans plusieurs autres genres, où elle soude de telle
sorte les stipules avec le bourgeon qu’elles embrassent, qu’on a de la peine à concevoir comment celui-ci
peut se développer. Ce fait est surtout remarquable dans la plante que je décris plus loin sous le nom de
Pimentelia glonierala.
Dans un autre genre de Rubiacées, voisin des Rondeletia (*), cette curieuse production est molle comme
la cire et d’une belle couleur verte. Les habitants du Pérou, qui lui donnent? le nom d’Aceite-Maria
(huile de Marie), la recueillent avec soin, et en font des emplâtres pour diverses maladies. Les glandes
slipulaires ont une figure ovale ou lancéolée, et sont un peu aiguës; leur structure est particulière, et les
place dans la classe des glandes composées. Elles sont sessiles dans le voisinage immédiat des nervures
de la stipule; mais je n’ai pu y découvrir de trace de vaisseaux, quoique dans la stipule elle-même les
trachées soient abondantes. — L’axe de la glande a la forme d’un côue allongé; il est composé d’un tissu
cellulaire allongé et assez dense. Perpendiculairement à sa surface on voit d’autres cellules également
allongées, tronquées à chaque extrémité, prismatiques ou légèrement obconiques et serrées ensemble, à
observations mode in the morJhs o f June, J u ly and August 1827, on Ihe particles contained in the pollen o f p la n ts , and on the général existence
o f active molécules in organic and inorganic bodies; avec un pelil supplément : A d d itional remarks, paru en juillet 1829. Les lignes suivantes .
extraites de ce dernier ouvrage, résument parfaitement les idées de son auteur sur ces faits curieux :
« Lorsque des particules extrêmement ténues de matière solide, soit organique, soit inorganique, se trouvent en suspension dans l’eau pure ou
» dans quelques autres fluides aqueux, elles laissent apercevoir des mouvements dont la cause m’échappe, e t q u i, par leur irrégularité e t leur
«indépendance apparente, ressemblent, h un degrc remarquable, aux mouvements moins rapides des infusoires les plus simples.— Les plus
» petites de ces particules mouvantes, que j ’ai nommées molécules actives, paraissent ê tre sphériques ou presque sphériques, e t avoir un diamètre
» de un vingt-millième à un trente-millième de pouce. — D’autres particules enfin, de figure très différente, présentent des mouvements analogues
» dans les mêmes circonstances. »
f ) J e lui donne le nom de Eloeagia.
peu près comme les akènes d’une composée sur leur réceptacle. Enfin, les extrémités libres de ces petite
corps, qui paraissent être l’élément le plus important de la glande, se dessinent sur toute sa surface extérieure
sous forme de menus polygones au centre desquels s’aperçoit l’ouverture d’un petit canal qui
semble parcourir tout leur intérieur. — Ces particularités sont rendues apparentes dans les figures que
je donne de ces organes; tels que je les ai vus sur les jeunes stipules du Cinchona Calisaya (tab. I,
fi«*. 12-17). Quant à la saveur de l’humeur inter-stipulaire des Cinchonas, elle se rapproche beaucoup
de celle de la gomme ordinaire.
VI. Les fleurs des Cinchonas présentent, dans la grandeur relative de leurs organes sexuels, des variations
assez intéressantes à étudier, tant à cause de la fréquence avec laquelle elles sè présentent dans plusieurs
espèces, que par les circonstances curieuses qui semblent parfois les accompagner. Si les stigmates
sont exserts, les anthères sont presque sessiles dans le milieu du tube de la corolle; si, au contraire, les
anthères, élevées sur leurs filets, apparaissent à la gorge de cette enveloppe, le style alors se trouve
réduit, et les stigmates occupent la place qu’occupaient, dans le cas précédent, les anthères. En un mot,
le développement du style et celui des étamines sont constamment en raison inverse l’un de l’autre; et
non seulement celui des organes mâles est toujours accompagné du développement simultané des enveloppes
florales, mais, chose bien digne.de remarque, d’autres parties de la plante paraissent se ressentir
de cette prédominance du sexe fort; les feuilles, par exemple, peuvent être plus colorées, l’écorce plus
robuste. Or, les Cascarilleros, qui, bien certainement, ne se sont pas occupés des détails de la fleur, ont
cependant remarqué dans le port, dans le produit même de leurs Quinquinas, des différences telles,
qu’ils ont eu l’idée de les distinguer par les épithètes de mâle et femelle (macho y hembra) ; et, depuis que
mon attention a été éveillée sur ce point, je n’ai pas été peu surpris de trouver une coïncidence entre
cette épithète de macho, appliquée si naïvement par les hommes des bois, et la prédominance du système
sexuel mâle, dont je viens de parler. — Dans les deux cas, les organes qui concourent à la reproduction
semblent également aptes à cette fonction, et, à part une ou deux exceptions, il ne m’a pas paru que la
position inférieure des anthères, par rapport aux stigmates, influât matériellement sur la facilité de la
fécondation. Il n’est pas besoin de dire, enfin, que cette variation dans un des caractères spécifiques les
plus faciles à constater ne laisse pas que d’être un peu embarrassante dans un genre aussi naturel que le
genre Cinchona. Heureusement qu’elle ne se présente en général que comme exception.
VII. L’amertume, qui donne tant de prix aux écorces des Cinchonas, n’existe pas uniquement dans
cette partie; les feuilles, et les fleurs surtout, en sont également douées; celle des feuilles est dominée
par un assez fort degré d’acidité; dans les fleurs, au contraire, elle est accompagnée d'un arome délicieux,
plus suave peut-être que dans aucune autre plante. J ’ai remarqué que la saveur amère, qui est
très sensible dans la corolle lorsqu’on la mâche, ne l’est plus lorsqu’on fait une simple infusion de
celle-ci dans de l’eau bouillante. Ce véhicule ne lui prend, en effet, que son huile essentielle. J’ai
souvent pris du the de fleurs de Cinchona et l’ai trouvé très agréables^- Le tissu ligneux de toutes les
espèces que j ’ai eu occasion d’étudier, m’a semblé presque insipide, soit que je l’aie examiné dans le tronc
et les branches, soit au contraire que je l’aie pris dans leur portion souterraine. L’écorce des racines,
par contre, que l’on néglige généralement, parait posséder, jusqu’à un certain point, les mêmes propriétés
que celle des parties aériennes de la plante.