lo vrai Calisaya de toutes ces espèces sont : la brièveté des libres qui couvrent toute la surface de sa
fracture transversale, et la facilité avec laquelle, celles-ci s’en détachent, au lieu de se plier en restant
adhérentes , comme cela s’observe dans le quiriquina-Iiufinervis et Scrobiculata. Enfin sa couleur uniformément
fauve, et non marbrée de blanc dans son épaisseur, le distingue assez bienduquinquina-Boliviana.
Joignez à ces caractères sa grande densité (elle est telle que l’ongle qui râcle sa surface interne en travers
y laisse ordinairement une trace brillante), la profondeur de ses conchas et la saillie des crêtes qui séparent
celles-ci, et l’on arrivera presque toujours à reconnaître le Calisaya-plat de toutes les autres écorces avec
lesquelles il pourrait se trouver mêlé. — Quant au Calisaya-roulé, il est beaucoup plus difficile de le
distinguer; car non seulement son périderme, par ses caractères physiques, ressemble extrêmement à celui
de plusieurs autres espèces, et notamment à celui des quinquinas Scrobiculata et Bufinerv.s, mais la fracture
ne donne plus ici des signes aussi nets que dans les écorces âgées. Si donc on ne veut se servir
du microscope pour leur élude, on sera obligé de s’en tenir à quelques caractères bien légers pour les
reconnaître : tels, par exemple, qu’un faible excès dans l’épaisseur du périderme et la plus grande largeur
du cercle résineux, tout en tenant compte, bien entendu, de leur degré d’amertume, qui, dans les cas douteux,
est sans doute le plus sùr moyen qu’on puisse appeler à son secours pour décider la question (■)«
Pendant bien longtemps les auteurs de Matière médicale ont attribué le quinquina-Calisaya au Cinchona
coriifoha, trompés sans doute par la désignation de quinquina jaune qui était donnée par Mutis à Pécorce
de cet arbre. M. Guibourt est le premier qui ait bien fait justice de cette erreur; et, guidé par les
échantillons authentiques des quinquinas de Mutis rapportés par M. de Humboldt, il a pu décider qu’il
devait aussi peu son origine au C. lancifolia du même auteur, dont d’autres ont également voulu le faire
déri verHÈiLa véritable source du quinquina-Calisaya n'en restait cependant pas moins dans l’obscurité. - H
Dans ces derniers temps enfin, M. A. Delondre reçut de la Bolivie des échantillons de feuilles, de fleurs et
de fruits de divers arbres qu’il avait raison de croire être ceux qui fournissaient I’écorce en question.
M. Guibourt, qui les examina, hésita sur des pièces aussi incomplètes à y reconnaître des espèces nouvelles,
croyant d’ailleurs y découvrir les caractères de plusieurs plantes déjà connues, et entre autres du
Cinchona Condaminea, H. et B., et des C. lanceolata et micranlha, Ruiz et Pav. Les échantillons de cette
collection que j ’ai eu occasion de voir se rapportent à mon C. Joseph ¡ana et au C. Boliviana décrit plus
loin. — J’ajouterai que M. Delondre avait essayé de faire transporter en Europe un arbre vivant du
C. Calisaya, mais cet arbre mourut en chemin.
Dans les ports de France lé quinquina-Calisaya a valu en moyenne, depuis un assez grand nombre
d’années, de 6 à 8 fr. le kilogramme. Souvent aussi son prix s’est grandement éloigné de ces limites.
Dernièrement encore, par exemple, on avait de la peine à en avoir à 18 et même 20 francs le kilo-
gramme, et il a été vu, par contre, aussi bas que 3 francs.
(•) Il ne faudrait pas cependant trop se fier à ce signe lorsqu’il s’agit d’une grosse écorce. J ’ai en ce moment devant les yeux un échantillon de
quinquina-Calisaya de 15 millimètres d'épaisseur qui possède à peine l’amertume des quinquinas les plus inférieurs. Cet exemple vient jusqu’à un
certain point à l’appui de ce que disaient les anciens, à savoir que les vertus des écorces diminuent en raison de l’âge. Heureusement que mon
exemple n’est qu’une rare exception.
Je ferai ici une remarque qui est applicable à tous les quinquinas en général : aucun de leurs caractères n’est infaillible. Tel d’entre eux qui
sera très facilement appréciable su r un échantillon préparé et conservé avec tous les soins nécessaires, ne le sera plus sur un fragment d’écorce mal
recueilli et qui a séjourné longtemps dans un suron humide, où non seulement il a pu perdre beaucoup de ses caractères physiques, mais, bien
plus, une assez grande partie de scs vertus. Dans des cas semblables, aucune description n’est suffisante ; l’expérience seule, c i , mieux encore,
l’analyse, est juge compétent des qualités de ces produit«.
On peut se faire une idée de l'immense consommation de cette écorce par le fait que la Compagnie
bolivienne en exporte annuellement, sauf sophistication, plus de 4-,000 quintaux ou 200,000 kilogrammes.
Il est difficile que les forêts suffisent longtemps à l’alimentation de semblables besoins. —
La quantité d’écorce fournie par un Cinchona Çalisaya varie nécessairement beaucoup. Un arbre de la
plus belle venue peut en donner jusqu'à 6 ou 7 arobes('), pesée après dessiccation. Un arbre de 10 mètres,
avec un tronc de 2 décimètres de diamètre, en livrera à peu près 9 ou 10 kilogrammes. La Compagnie de
La Paz l’achète, terme moyen, à raison de20 piastres (100 francs) l’arobe, rendue à leurs dépôts; et dans
la province voisine de Carabaya au Pérou, où il n’existe pas de monopole, elle se paie A0 piastres (*) ;
sur la côte, le prix du Calisaya est à peu près le double de cette somme.
2 . C IN C H O N A C ONDA MINE A.
Tab. IV, IV bis et V.
C. foliis lanceolati s, ovatis vel su b ro tu n d is , ple rumq u e a cu tis, supra glaberrimis, nitidis,
subtus in axillis v en a rum in te rd um scrobicùlatïs ; d en tib u s calycinis trian g u lâ ri-acum i-
natis lanceolatisve; filamentis dimidium a n th e ra rum subæquantibus iisve lo n gioribus;
capsula oblonga vel lanceolata, floribus m u lto lo n g io ri; seminibus ellipticis, ma rg in e d en ti
culatis.
Cini'.hona Condaminea Lamb. Illustr. g en. Cinc/i. 2, exclus, syn. Lindi, nitid.
« Condaminea v e ra , foliis ovato-lanceolatis, a cu tis,- in axillis v en a rum s cro b icu latis;
limbo calycis subcam panulato, d entibus trian g u la rib u s ; an th e ris filamento ple rumque
in u lto lo n g io rib u s; capsula oblongo-ovata, lo n g itu d in e du p lam la li t tuli ncm vix excedente.
C. officinalis Linn. S y st. Ve g ed. X , 9 2 9 ; e t S p . P la it, ed. I I, 2 hit. — Valli. Act. soc. h . n. Hafn. I , p. 1 7 , 1. 1. — Lamb. Monogr. p. 16,
t - 1 . C. lancifolia Roltde, Monogr. 53, exclus, syn. FI. Peruv. -—- C . Condaminea Humb. e t Bonpl. Plant. Æ q u in . I , 33 , t. X. —
Humb. in Mag. Ges. not. Deri. (1807), p. 112. — DC. Prodr. IV, 352. — Lindi. FI. Med. p. 616, n. 8 3 1 , G. Condaminea e t
Bonplandiana Kllzsch. Hague's Arzneigew. XIV, adnot ad t. 1 6 . C. C. Chahuarguera, Uritusinga e t slupea Pav. AI ss. in herb. div.
et Quinol. in e d . Quinquina Condara. Mém. Acad. P a r. (1738), p. 116.
H ab. Loxa. — (v. s. ty p . Bonpl. in h e rb . Mus. Par.)
P Candollii, foliis obovatis su b ro tu n d isv e, basi cuneatis ro tu n d a tis vel su b co rd a tis,
apice acutiusculis; limbo calycis c am p an u la to , glab rescen ie , d entibus lanceolatis; stigma-
tibus subexsertis.
('■) L’arobe équivaut environ è 11 kilogrammes et demi.
(*) Avec des avantages semblables, on ne peut s’étonner que, malgré la vigilance la plus active, la contrebande se fasse encore assez activement
de ce côté, surtout par les passes de l’intérieur, q u ’il est impossible de garder. C’est ce qui explique pourquoi on embarque des ports du Pérou une
bien plus grande quantité de quinquina- Calisaya que ce pays lui même n’est apte à en produire.
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