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to u t de le u r princ ipe fébrifuge , la q u in in e , devient de plus en plus considérable; je crois
q u ’il p e u t ê tre u tile d’appe ler l’a tten tio n su r les écorces q u i, u n jo u r , d ev ro n t remplacer
le q u in q u in a Calisaya d o n t l’épuisement devient de plus en plus im m in en t. Ces espèces,
si elles so n t beaucoup moins riches en principes actifs, nous o ffrent encore , p a r leu r
ab o n d an c e , quelque sécurité co n tre la chance prochaine de nous vo ir privés d u médic
ament le plus précieux du règ n e végétal. C’est u n iq u em en t à la description de ces
plantes q u e j ’étais décidé à me b o rn e r dans le p rin c ip e ; mais le u r é tu d e m’ay a n t obligé
de passer en rev u e le g ro u p e to u t e n tie r, je résolus de d o n n e r à m o n p lan u n e plus g ran d e
la titu d e. F rap p é , d ’ailleurs, des différences q u e je rem arq u ais dans Xhabitus de quelques unes
des espèces réu n ies ju sq u ’ici d an s u n même g en re , et q u i m e semblaient coïncider ju sq u ’à
u n ce rtain p o in t avec celles qui existaient aussi e n tre leurs proprié tés médicales, j ’ai voulu
essayer de les d is trib u e r d’u n e m an iè re plus na tu re lle . R a rem en t on a vu s’appliquer
plus rig o u reu sem en t la célèbre p roposition lin n é en n e : « Plantce quoe genere conveniunt
» etiam virtute conveniunt. »
Quelques n o tio n s générales s u r l’itin é ra ire q u e j ’ai suivi p o u r re co n n a ître les districts
austraux de la rég io n des Q u in q u in a s, p eu v en t tro u v e r place ici : elles s e rv iro n t d’intro*-
< lu d io n à ce q u e je d ira i plus ta rd su r le u r diffusion géographique.
C’est p a r le pays des In d ien s Chiquitos q u e je p én é tra i en Bolivie, au mois d’ao û t de
l’anné e 1846; je venais de faire mes d ern iers adieux aux Campos du Brésil.
La conform ation du sol de c e tte provinc e est to u t à fait incomp atib le avec l’existence
des vrais Cinchonas. To u s les p o ints q u e j ’en ai parco u ru s so n t te llem en t bas e t p lan s,
qu e, p en d a n t la saison des pluies, ils so n t couverts p a r u n e vaste in o n d a tio n . J ’y ai
traversé de grandes forêts presque u n iq u em en t composées, dans quelques p a r tie s ,
de diverses espèces de Myrtacées, et semées, dans d’au tre s, de gigantesques Cactus qui
lèvent leurs g ran d s b ras épineux au milieu des tronc s fusiformes de monstrueuse s Bom-
bacées. Les Chiquiténiens o n t c e p en d an t le u r Q u in q u in a , qui est u n e espèce de Garvoya"
eur donnés au Muséum par M. Boissicr. Les types des Plantoe Æquinocliales de MM. Humboldt c l Bonpland avec plusieurs échantillons
donnés par Mulis lui-même à ces savants, s'y trouvent également, de même qu 'u n assez grand nombre de plantes d u même genre rapportées par
les voyageurs plus modernes: Goudot, Hartweg, Poeppig, etc. — Dans le Musée botanique de M. Dclessert, j'a i vu une série bien intéressante des
Cinchonas de Ruiz et Pavon, provenant de l'herbier de Vaillant, avec des étiquettes originales. Plusieurs de ces échantillons semblent avoir servi
de types des Ggurcs de la Flore Péruvienne. — Dans l'herbier de M. Ad. de Jussicu, j ’ai étudié les Cinchonas recueillis par Joseph de Jussieu.
La riche collection de M. Wcbb enfin m’a offert, parmi la nombreuse série de plantes que ce botaniste obtint de Pavon, les types de la Quinologie
inédite d e cet auteur, mise au jo u r par De Candolle.
En Angleterre, j'a i puisé d’utiles connaissances dans la collection du Musée Britannique, riche d ’une grande partie de l’herbier de Lambert et
surtout des types de la monographie des Cinchonas d e c et auteur consciencieux. — Sir W . Jackson Ilooker avec sa libéralité accoutumée, m’a
permis aussi d ’étudier les espèces de son immense et magnifique h e rb ie r, et M. le professeur Lindley a bien voulu me faire connaître dans sa
collection les échantillons qu’il possède du genre Cinchona, et dont plusieurs ont servi de types pour le travail qu ’il a fait sur ce groupe dans sa
Flore médicale.
Obs. Des phrases diagnostiques de presque toutes les espèces nouvelles décrites dans ce volume ont été publiées dans le numéro de juillet I 8/18
des Annales des sciences naturelles.
dénia ('); c’est u n p e tit a rb re d o n t le tro n c à 1 à a décim. de d iam è tre , e t d o n t l’écorce est
douée d’u n e ce rtain e am e rtum e ; il se rap p ro ch e p a r la taille du Stychnos Pseudoquina ou
Quinado Campo des B résiliens.— Ju sq u ’à Santa-Cruz de la Sierra je n ’o btins aucune lumière
nouvelle s u r le su je t qui m’occupait; mais les indications commençaient déjà à d ev en ir ici
u n peu plus précises, e t, s u r celles q u e l’on m’y d o n n a , je m e décidai a me p o rte r vers le
Sud. Me rem e tta n t donc en m a rch e vers la fin de n o v em b re, je gagnai le R io -G ran d e , en
passant p a r Piray e t Abapo, e t trav ersa i ensuite l ’intéressante provinc e de la Co rd illera ,
celle d’Azero e t les h au ts plateaux de Pomabamba e t de la provinc e de G in ti, ju sq u ’à T a rija ,
capitale d u d ép a rtem en t du même n om , o ù je mis les pieds à la fin de ja n v ie r 1846* Ce
voyage, q u e je poussai un peu plus ta rd vers l’E s t, ju sq u ’au Gran-Chaco, est u n des plus
pénibles que j ’aie en trep ris ; mais le b u t que je me proposais fu t a tte in t : c’é ta it de d é te rm in e r
avec exactitude la limite austra le de la région Cinchonifère. J’ai d o n n é le n om de Cin-
chona australis à l’espèce q u e je découvris, sentinelle re tiré e , s u r ce p o in t ex trême sis vers
le 19e parallèle de la titu d e sud. — Les h ab itan ts de T a rija p ré ten d en t, à la vérité, posséder,
eux aussi, u n Q u in q u in a dans les montagnes d’Ita u ; ma is, sous ce r a p p o rt, ils so n t moins
h eu reu x encore q u e les G h iq u iten ien s, ca r le u r espèce n ’est pas même u n e Rubiacée.
Au commencement d’ao û t, je q u itta i derechef, e t p o u r q u e lq u e temps, les vallées, p o u r
visiter quelques g ran d es villes de la Bolivie: Potosi, Chuquisaca e t Cocliabamba, dans aucune
desquelles on ne s’occupe d u commerce des q u in q u in as (*) ; to u t celui-ci se faisant, p o u r
ainsi d ire , à La Paz, où réside u n e compagnie à laquelle le g o u v e rn em en t en a v en d u le
monopole.
A Cocliabamba commença p o u r moi u n e phase b ien curieuse de m o n exploration. Je
traversai près de là la g ran d e chaîne des Andes, avec le dessein de g ag n e r La Paz p a r les
vallées de l’in té rie u r, comprises dans les provinces de Ayopaya, Enquisivi e t Yungas :
longue e t belle série d’échelons n a tu re ls , su r lesquels le voyageur s’abaisse g rad u e llem en t,
en passant successivement en rev u e toutes les variétés de climat e t to u tes les nuances de
végétation qui le u r co rre sp o n d en t.— Les différentes espèces de Cinchonas se mu ltip lia ien t
' (1) Cette espèce est nouvelle. Je la caractérise de la manière suivante : G a rd en ia Ciiiqui te n s i s , fo liis laie e llip ticis obooalisve, apiculatis, basi
cuneatis, subattenuatis, supraglabralis, subluspetiolisquepubescenti-tomenlosis, r ig id is ;s tip u lis interpetiolaribus, lanceolalis, lib e r is , m a x
deciduis; fruclu orbicidari, nuciformi, laie areolata, dentibus calycinis brevissimis, persistent ibus coronata.
Arbor 4-6 metr. a it., trunco recto, cortice griseo-fuscescenti, amaro, peridermide loeviuscula, pedunculis axillaribus , paucifloribus; ra-
midis apice tomentosis.
Bien d’autres arbres intéressants habitent aussi cette province, parmi lesquels je ne citerai que le Gayac, le Gomme-élastiquier, et le Copaibier.
Ce dernier est si abondant que les Indiens se servent de son huile pour peindre leurs maisons.
(2) Cependant l’indifférence que les villes du sud o n t affectée jusqu'ici pour celte branche de commerce, ne semble pas devoir d u re r; car je viens
d'apprendre qu’il s’organise en ce moment h Sucre ou Chuquisaca, capitale de la Bolivie, une compagnie pou r l’extraction du sulfate de quinine
dans le pays. La fabrique doit être établie dans les environs de Santa-Cruz de la Sierra, e t serait alimentée par les écorces tirées du département
de Cochabamba, e t sans do u te , aussi, par celles qui s'extrairaient de la province de la Cordillera. — On s’est souvent étonné de ce qu’il n’a
pas été fait plus souvent des essais de ce genre, qui semblent en effet devoir promettre de très grands bénéfices; la raison en est que plusieurs des
matériaux exigés pour l’extraction de la quinine n’ayant pu jusqu’ici se tirer que de l’Europe même, le surcroît de frais qui en résultait annulait
l’avantage obtenu par l’économie du fret de l’écorce.