tincfdu 0* orange ou Ctnch. lancifolia de Mutis par ta grandeur relative de ses étamines et par les.
glandes que présentent ses feuilles dans l’aisselle de leurs nervures. » Ce dernier écrit porte, dans le livre
dont je l'extrais, une date antérieure à celle du premier; mais il y a là sans doute erreur. Quoi qu’il
en soit, il paraît à peine y avoir pour M. de Humboldt d’autre différence entre les deux espèces que celle
qui résulterait de l’existence des scrobicules et de la longueur des étamines, caractères dont j ’ai apprécié plus
. haut la valeur; Si enfin il est vrai, comme il le paraît, que M. de Humboldt n’a eu connaissance de la
plante de Mutis que par les dessins que celui-ci lui aurait communiqués ou par des échantillons d’herbier,
on comprendra plus facilement pourquoi je me suis hasardé à appuyer une opinion différente de la sienne.
J’avoue néanmoins que c’est un point qui a encore besoin d’être revu, et je pourrais en dire autant des
autres variétés. Il serait surtout désirable que l’on comparât bien ensemble l’écorce de ces arbres sur des
individus du même âge. C’est pour moi la pierre de touche la plus infaillible pour prononcer sur l’affinité
des espèces de ce genre, et je crois que ce n’est qu’en combinant les caractères de l’axe avec ceux
des organes appendiculaires que nous finirons un jour par voir l’histoire des Cinchonas complètement
éclaircie. Je n’ai eu sous ce rapport, pour m’aider dans l’appréciation des formes du C, Condaminea, que
des matériaux très incomplets ; de sorte qu’il peut bien me rester quelques doutes sur le rang que j ’a i .
donné à plusieurs de mes variétés. Je voudrais surtout voir l’écorce du tronc de la variété a ; si son péri-
derme est dépourvu de ces lames subéreuses micacées que l’on remarque chez la variété S (•); ce ne sera
alors, je crois, que justice de rendre à ces plantes le rang dont je les ai provisoirement privées. L’écorce
de la variété lucumoefolia est très remarquable sous le rapport du développement de ce tissu micacé.; j ’en
ai vu plusieurs échantillons authentiques dans la collection du Musée britannique qui m’ont particulièrement
frappé. Ce caractère, s’il est constant, suffirait à lui seul pour distinguer le C. Condaminea de toutes
les autres espèces du genre ; dans aucune autre, en effet, le système subéreux ne prend un accroissement
qui puisse lui être comparé.
C’est particulièrement au C. Condaminea que se lient les nombreuses histoires rapportées sur la décou-
verte de la célèbre écorce fébrifuge (■) ; aussi, dans le monde, est-ce l’espèce la mieux connue de toutes.
Beaucoup de personnes s’imaginent même que le quinquina de Loxa, qui est un de ses produits, conserve
encore dans la médecine toute son ancienne supériorité. — Linné, qui ne prévoyait pas combien
d’espèces utiles recélaient encore les forêts du Nouveau-Monde, appela le Quinquina de la Condamine
Cinchona officinalis; mais ce nom, comme on sait, ne lui a pas été conservé. En effet, lorsque Linné
reçut plus tard de Mulis une nouvelle espèce de Cinchona (*), il la confondit sous le même nom que la
(•) Voyez page 17, noie 1.
(*) La plus curieuse de toutes ces fables e s t, sans co n tredit, celle qui nous montre les lions de Loxa guérissant leurs fièvres en mangeant de
Pécorce de Cinchona, e t les Indiens suivant aussitôt un si bon exemple. Cette histoire n’e s t , au surplus, guère plus invraisemblable que celle qui
attribue la découverte du Quinquina de Loxa à un fiévreux qui se guérit en buvant Peau d’un lac où étaient tombés accidentellement quelques
troncs de Cinchona. Eu effet, à moins q u ’on les y a il transporiés, je doute q u ’à Loxa on trouve plus qu’ailleurs les Cinchonas au bord des lacs ou
des étangs.
(3) L échantillon dont il est ici question aurait été envoyé à M mis, de Loxa, par le directeur de la Monnaie de Santa-Fé, don Miguel Santcsteban,
e t ne serait au tre , d ’après le témoignage du célèbre botaniste de Bogota, que le Cinchona cordifolia. Voici, à ce sujet, l’opinion de M. le professeur
Lindley telle qu ’il l’exprime dans l’excellent article su r le genre Cinchona qu’il a publié dans sa Flore médicale. « Il a été beaucoup p a rlé , »
dit-il. » d échantillons envoyés par Mutis i Linné. J e les ai examinés. Ceux qui se trouvent dans l’herbier de Linné lui-méme consistent en fleurs
isolées de deux espèces différentes, l’une desquelles est le C. pubescens; je n’ai pas reconnu l’autre. Avec ces échantillons il y a des fru its, isolés
aussi, d une espèce assez voisine, apparemment, du C. slenocarpa, e t une feuille qui n’est même pas celle d’un Cinchona. Ces fragments sont accompagnés
d ’un dessin barbare où on a sans doute voulu représenter le C. pubescens : le tout sous le nom de Cinchona Pcruviana. »
J ’a i , de mon cô té , aussi étudié ces reliques ; mais, je l’avoue, j ’y ai encore moins vu que M. Lindley.
précédente; et celle confusion fut encore augmentée par l’application subséquente de la même appellation
à deux autres Quinquinas, ce qui, joint au manque d’à-propos de l’épithèle (puisque toutes les espèces sont
officinales) , a fait rejeter complètement le nom de C. ojficinalis, que MM. de Humboldt et Bonpland
remplacèrent avec beaucoup de justesse par celui de C. Condaminea. Le nom mutisien C, lancifolia a , à
la vérité, sur celui-ci le privilège de l’ancienneté, mais il a l’inconvénient de ne pas être applicable à
toutes les variétés.
D’après M. de Humboldt, la zone de végétation du C. Condaminea occuperait en hauteur toute l’étendue
comprise entre 1,7x50 et 2,340 mètres d’élévation au-dessus delà mer, et serait soumise à une température
moyenne de 18 à 20 degrés du thermomètre centigrade. Caldas, qui est un de ceux qui ont
étudié les Quinquinas de Loxa avec le plus d’attention, donne comme limites extrêmes de la végétation de
cette espèce 1,600 mètres d’une part, et 2,700 de l’autre (*), chiffres dont la moyenne correspond assez,
comme on le voit, à celle de M. de Humboldt ; mais la température moyenne de cette zone, dont la largeur
est de 1,100 mètres, ne serait, selon lui, que de 14 à 15 degrés du thermomètre centigrade. La
variété lancifolia s’élèverait, selon M. de Humboldt, beaucoup plus dans les montagnes que la plante dont
il vient d’être question, la limite supérieure de sa zone se rencontrant au-dessus de 2,900 mètres. Les
individus qui croissent à cette élévation se trouvent exposés pendant les nuits froides à une température
voisine de zéro. .
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Les écorces qui semblent devoir être comprises sous ce titre sont surtout diverses variétés de quinquinas
gris, et spécialement celles qui portent les noms de quinq. gris-brun de Loxa, quinq.-Car thagène spongieux
(quinq. orangé de Mutis, quina naranjada), et de quinq.-Pitaya ou Pitayon, nommé aussi quinq.
d Aniiochia par M. Guibourt (*). — Les Quinologistes rapportent encore d’autres quinquinas à l’espèce
qui nous occupe, mais ils sont tellement en contradiction sur ce point, que je n’ose les suivre dans leurs
hypothèses. H est peu douteux cepèndant que l’écorce qui était connue sous le nom de quinquina jaune
du roi d’Espagne, n’ait dû, au moins en partie, son origine à la même source. Ces produits sont bien loin
d’avoir le même prix qu’autrefois; et la plupart d’entre eux n’en ont, pour ainsi dire, aucun, à cause de
la minime proportion de Quinine qu’ils contiennent; la quantité de Cinchonine qu’ils peuvent fournir
n’est même pas très considérable. Le quinquina-Pilaya serait, à la vérité, incomparablement plus riche
que les autres sortes, à en juger par l’analyse qu’en a faite M. Guibourt; mais il paraît que ses alcaloïdes
sont très difficiles à isoler.
Voici en quelques mots les caractères généraux duquinquina-Condaminea.
(•) Bcschrcibung des âchtcn (toiwa-Baumes von Loxa, Cinchona o fficinalis, jelZl Condaminea, v o n F .- J . de Caldas, ans dem spanischcn ori-
ginal-manuscript verdeuisclu von j # v. Martius. Flora, (I8Ù6), n. 25.
(*) Je puis encore rappeler ici que c'est essentiellement à ce quinquina ou à ses préparations qu’ont appartenu les noms de « Poudre de la Comtesse »
( Putois Comitissoe), « Poudre des Jésuites » ( Cortex s. Pulvis Jesuiticus, Pu lv is Patrutn) , « Poudre du Cardinal de Lugo » ou « Poudre
Cardinale » ( Pulois Cardmalis) , «. Poudre de Talbot, » etc. On sait comment Louis XIV, reconnaissant des services que lui avait rendus le
quinquina, en popularisa l’usage, après avoir acheté à l’Anglais Talbol le secret de son remède. La vogue de l’éçorcedu Pérou devint telle que les
seigneurs de la cour, a l'exemple du ro i, prenaient comme liqueur du vin de quinquina.