Q M h » V u t n a -C a H a a t fa (Tal). XXVIII, iig. 1-û).
La prééminence du quinquina-Calisaya sur toutes les autres écorces de Cinchona date surtout dès immortels.
travaux de Pelletier et Gaventou ; prééminence partagée jadis avec le quinquina de Loxa, qui est
aujourd’hui sans valeur, pour ainsi dire. Ce dernier, en effet, ne contient presque uniquement que de la
cinchonine; le quinquina-Galisaya au contraire ne renferme qu’une minime proportion de cette base,
tandis qu’il fournit jusqu’à 30 ou même 35 pour 1000, c’est-à-dire 3 à 3 1/2 pour 100 de sulfate de
quinine. Gomme la plupart des écorces de Cinchona, cette espèce se- rencontre dans le commerce sous
deux formes qu’il est nécessaire de distinguer. Ce sont le Calisaya roulé et le Calisaya plat. Le premier
est presque toujours revêtu de son périderme ; le second en est généralement dépourvu (*).
1. Q.-Calisaya roulé. — Périderme assez épais, rugueux, inégal, marqué de distance en distance de
scissures annulaires, et, dans l’espace intermédiaire, de crevasses transversales et longitudinales plus ou
moins rapprochées, souvent anastomosées, et à bords épaissis et relevés; d’un blanc argenté mat ou
grisâtre, ou à fond d’un brun noirâtre ou un peu ardoisé, avec des marbrures blanches, produites par les
cryptogames (5) qui le recouvrent.. Derme lisse extérieurement, ou plus souvent marqué de petites impressions
linéaires anastomosées ou puncliformes, répondant aux scissures ou aux crevasses du périderme,
d’une couleur fauve, obscure ou violacée ; face interne finement fibreuse, d’un jaune fauve : fracture
transversale assez nette, largement résineuse extérieurement, à fibres peu saillantes en dedans.
2. Q.-Calisayaplat. ^Généralement constitué par le liber seul, quelquefois d’une épaisseur de 10 à
15 millimètres, d’une assez grande densité, et, en général, d’une texture parfaitement uniforme. Surface
extérieure irrégulière , marquée de sillons longitudinaux confluents à fond fibreux et de crêtes saillantes,
d’un jaune fauve un peu brunâtre, fréquemment parsemé de taches d’un rouge noirâtre. Surface interne
très nettement fibreuse, à grain souvent ondulé, d’un jaune fauve, quelquefois un peu orangé, surtout si
l’écorce est fraîche. Fracture transversale purement fibreuse, à fibres très courtes, se détachant au moindre
effort et pénétrant la peau avec une grande facilité , causant une démangeaison que l’on a comparée à
celle qui est produite par les fibres du Dolichospruriens. Fracture longitudinale sans esquilles, à surface
(') En commençant celte partie de mon travail descriptif, il e st de mon devoir de témoigner combien je dois h M. Guibourt pour les renseignements
qu'il m’a dounés su r la nomenclature de mes écorces. Il a bien voulu les comparer avec celles de sa collection e t m'indiquer les noms sons
lesquels elles sont connues aujourd’hui dans la matière médicale. J e me suis également, chaque fois que mes propres observations m'ont fait
défaut, servi très largement des excellents travaux publiés par le même savant.
(-) Pour éviter la confusion, je dirai ici par anticipation que toutes les fois qu’il sera question d ’une écorce routée, j'entends parler de ce que
les Cascarilleros nomment canuto ou canutillo, c’est-à-dire la dépouille des branches e t des petits troncs, dont, comme je l'ai déjà d it, on a l'habitude
de ne point enlever le périderme. Par la désignation d’écorce p la te , au contraire, je voudrai signifier ce que les mêmes Cascarilleros connaissent
sous le nom d e tabla ou plancha, c'est-à-dire les écorces qu’on a privées artificiellement de leur périderme en les percutant au moment de les enlever
de l'arbre, e t qui, retirées des gros troncs, ont été soumises à une pression plus on moins parfaite qui leur a empêché de prendre la forme de tuyau
ou de cylindre creux que l’on trouve au quinquina-roulé. Ces distinctions, je le sais, n 'ont rien de scientifique et admettent de nombreuses exceptions,
puisque, d'une part, on voit souvent des écorces roulées sans périderme, c l d’autre part, des érorccs qui en sont pourvues, etc., etc. J e les ai
adoptées néanmoins à cause des plus grandes facilités qu’elles offrent pour la description, celle-ci étant toujours faite su r des pièces comparatives;
parce que, enfin, la pensée pourra toujours suppléer aux lacunes apparentes de mon système. J e rappellerai encore ici que j'emploie le mot périderme
pour désigner celte partie de l’écorceque les Cascarilleros nomment enoes, et que. pour plus de brièveté, je me sers du mot derme pour signifier toute
celle qui est comprise entre le périderme e t le bois.
(s) M. Fée a étudié avec un soin tout particulier les cryptogames des écorces officinales, et. il a proposé d’en tirer parti pour la distinction
des diverses espères de quinquinas. Cependant, quelque ingénieux que soit ce moyen de diagnose, son utilité ne me paraît pas devoir être bien
grande; aucun de ces parasites n 'e st, en effet, propre à une seule espèce de Cinchona; et leur existence, qui est loin d 'être constante, paraît tenir
bien plus à la nature de la localité qu’à celle de l'arbre lui-même.
p a r s e m é e de points brillants dus au chatoiement de la lumière sur les fibres dénudées ; couleur uniforme
dans toute.l’épaisseur de l’écorce.-
Saveur franchement amère se développant peu à peu à la mastication, à peine astringente.
La variété que je viens de décrire est la plus fréquente; elle porte en Bolivie les noms de Colisaya
amarilla, C. dorada ou C. anaranjada. Une autre, remarquable parla nuance foncée de sa face externe,
qui est souvent en entier d’un noir vineux, porte les noms de Colisaya zamba, C. negra, ou C. macha. Je
l’ai surtout remarquée à Apolobamba, en Bolivie, et dans la province de Carabaya, au Pérou.
Une troisième variété enfin, à surface moins inégale, quelquefois demi-celluleuse et de couleur plus
pâle, a mérité la désignation de Colisaya blanca.
Le périderme prend, comme je l’ai déjà dit, un plus grand développement dans cette espèce que dans
aucune autre. Il n’est pas rare d’en rencontrer des fragments restés adhérents au derme, et qui n’ont pas
moins d’un centimètre d’épaisseur. On voit alors que celui-ci est formé de plusieurs couches distinctes
résultant des plaques qui ont successivement concouru à le former (lab. H, fig. 30 bis). Sa couleur est
ordinairement plus oii moins grisâtre en dehors et brune intérieurement, et il est constamment marqué
de profondes crevasses longitudinales et transversales limitant en général des surfaces quadrilatères. (Tab.
XXVIII, fig. 1.)
L’écorce de Cinchona Josephiana, ou Ichu-Cascarilla des Péruviens (tab. XXVIII, fig. 4), n’a trouvé
jusqu’ici qu’un rare accès dans le commerce, quoique dans la médecine indigène elle serve peut-être aussi
souvent que toute autre, à cause de la facilité qu’on a à se la procurer. Son périderme est brun ou d’un
gris noirâtre ou ardoisé (couleur qui, je le dirai en passant, m’a semblé commune à toutes les écorces de
Ginchona développées à l’influence du vent et du soleil), sur lequel se détachent avec beaucoup d’élégance
les lichens pâles qui le recouvrent. —Comme cette écorce est très adhérente au bois, elle ne s’en détache
qu’imparfaitement et sa surface interne est souvent déchirée.
On m’a montré au Pérou une autre sorte de quinquina fournie par ce même Ichu-Cascarilla , non plus
par son tronc ou ses rameaux, mais par ses grosses racines ou plutôt sa souche ; et il n’est pas impossible
que cette variété ne soit appelée à rendre un jour d’assez grands services, malgré quelques difficultés qu’offre
son extraction, car non seulement elle forme une mine dans laquelle il n ’a été jusqu’ici presque aucunement
puisé, mais elle semble aussi devoir fournir un produit supérieur à beaucoup de ceux dont on s’occupe
aujourd’hui. Cette écorce se présente en morceaux courts, aplatis, ondulés, ou plus ou moins contournés,
dépourvus de périderme, à surface interne fibreuse ou presque lisse ; très légèrement celluleux extérieurement,
d’un jaune ochracé uniforme et d’une amertume franche, mais moins forte que dans le bon Calisaya
dont il présente d’ailleurs les caractères de structure intérieure.
La rareté croissante du quinquina-Calisaya porte sans cesse les Cascarilleros à y mêler les écorces de
plusieurs autres Cinchonas, et ils réussissent en général d’autant plus facilement à faire passer celte fraude
qu’on y est déjà presque accoutumé, et qu’à moins d’une très grande habitude il est bien difficile quelquefois
de la découvrir. Le mélange se fait surtout avec les écorces du C. Boliviana et du C. ovala var.
rufinervis, ou plus rarement, et sur la côte seulement, avec le quinquina-Scrobiculata ; en d’autres termes
avec ces écorces que M. Guibourt appelle, avec beaucoup de justesse, Calisayas légers du commerce. Avec
le quinquina-Scrobiculata il est bien difficile de le confondre longtemps ; mais rien n’est plus facile que de
le faire avec les deux premiers, à tel point qu’en Bolivie le quinquina-Boliviana. est appelé aussi Calisaya:
désignation que ses propriétés lui o n t, du reste, bien méritée. Les meilleurs caractères pour distinguer