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Sous le rapport important des caractères dé la bouclie ,
les orthoptères tiennent presque également aux névroptères
et aux coléoptères ; car les parties de la bouche, dans les insectes
de ces trois’ ordres , sont à très-peu-près les mêmes ,
sauf quelques particularités , et la diversité des développe-
mens de ces parties, selon les races;
Mais , d’une part , les orthoptères se rapprochent plus
des coléoptères que des névroptères par leurs ailes , puisqu’ils
ont des élytres très-distinctes ; et de l’autre part, ils
tiennent de plus près aux névroptères qu’aux coléoptères
par la métamorphose , puisque leur nymphe est active,
marche et mange comme celle de beaucoup de névroptères
, tandis que celle des coléoptères n’a aucune activité
, ne marche et ne mange point. Les orthoptères doivent
donc être placés entre les deux ordres d’insectes
broyeurs que je viens de citer.
Les entomologistes qui attachèrent beaucoup d’importance
aux particularités de la métamorphose, trouvèrent
de ^grands rapports entre les orthoptères et les hémiptères.
Ils les virent dans la nymphe active des uns et des autres,
et même dans les élytres demi-coriaces de ces insectes. Us
rapprochèrent donc ces deux ordres, et par-là, ils mélangèrent
, dans leur distribution, les insectes uniquement
broyeurs avec ceux qui sont tout-à-fait suceurs , c’est-à-
dire , les insectes dont les parties utiles de la bouche sont
extrêmement différentes , et dont les habitudes le sont pareillement.
O r , j’ai montré, par la citation de faits bien connus
, que la métamorphose variait dans les ordres les plus
naturels, parce qu’elle dépend des habitudes principales
de l’insecte; tandis que la nature des parties de la bouche
ne varie nullement dans l’étendue de chaque ordre, et
SANS VERTÉBRÉS.
qu’il n’y a d’autres variations dans ces parties , que celles
qui tiennent au plus ou moins de développement de ces
mêmes parties , selon leur plus ou moins d’emploi.
D’après ces considérations , la prééminence de valeur
doit appartenir à la nature des parties de la bouche, et 1 em">
porter sur la métamorphose ; car celle-ci, qui n’a pu etre
employée que dans sa généralité pour Caractériser la classe,
ne saurait, dans ses particularités de detail, servir a la détermination
des ordres. Si on l’employait , il faudrait dila»
cérer les plus naturels ; il faudrait meme rompre ou mutiler
de véritables familles.
Dans une distribution des animaux où l’on procède du
plus simple vers le plus compose , du plus imparfait vers
le plus parfait, ayant prouvé la nécessité de commencer la
classe des insectes par ceux qui ne sont que des suceurs,
afin qu’ils avoisinassent les vers pareillement suceurs , et
de terminer cette classe par les insectes uniquement
broyeurs ; il est évident que les névroptères, les orthoptères
et les coléoptères , étant uniquement broyeurs , doivent
constituer les trois derniers ordres de la classe.
La convenance de ces rangs assignes est d’autant plus
grande que, dans une pareille distribution des animaux, 1 on
est forcé , par les caractères zootomiques , de placer les
arachnides et les crustacés après les insectes ; et l’en sait
que dans, les animaux de ces deux classes , l’on trouve
aussi des mandibules et des mâchoires qui agissent par des
mouvemens latéraux et transverses, tout-à-fait analogues
aux mouvemens des mandibules et des mâchoires des insectes
broyeurs.
Certes , ce ne sont pas là des déterminations arbitraires
; et je crois qu’il sera- difficile de contester solidement
ces principes.
Les orthoptères ont de si grands rapports avec les coléoptères
, que Geoffroy ne les en a point se£arés. H en