
de manches j xe<ço^£T«». On trouve le dernier mot em
ployé pour défigner les tuniques des Barbares, des efféminés
, chez les Grecs & chez les Romains, jufqu’au
troifième fîècle. Aulu-Gelle ( lib. j , cap. 12 ) dit :
? C ’é to it, pour les hommes, une honte à Rome & dans
“ tout Ie Latium de porter des tuniques qui couvrirent
M les bras jufqu’aux poignets. » Audi voit-on ( Cicero ~
Pkilipp. X I , cap. 1 1 ) Antoine ne prendre des manches,
accipere manie as, qu’en fortant de Rome ; mais l ’ufage
■ contraire prévalut. L’empereur Aurélien ( Vopifcus ) dif-
tribua au peuple des tuniques blanches garnies de manch
e s , qui avoient été fabriquées dans diverfes provinces
J’en donne fous le n°. 4 , PI. CX III, un modèle
tire d un bas-relief de la villa Panfîli : c’eft le portrait
d ’un jeune patricien ( Monum. ant. Winck. 189 ), On
obfervera que les manches des Romains n’étoient pas
étroites & ferrées au poignet, comme celles des Barbares.
La longueur de la tunique des hommes varia fuivant
les pays & les tems. On peut dire en général que cellè
desGrecs ne defeendoit pas au deffous du genou , &
qu a l’aide de la ceinture, les voyageurs la relevoient
jufqu’au milieu des cuifjfes. 11 en fut de même à Rome,
& les militaires, de même que les voyageurs, la relevoient
au deflus du genou. QuintiHen (X I ) dit : Cui lati
claufi jus non erit, ut tunic/t prioribus oris infra genuapau-
lum , poftenonbus ad medios poplités ufque perveniant : nam
infra, mulierum ejî ; f upra, centurionum. Mais les hommes,
amollis par le luxe en Grèce & à Rome, portoient
quelquefois, comme les femmes & les Orientaux, des
tuniques qui defeendoient jufqu’ aux pieds.
Lorfqu’on ne portoit point de ceinture ( ufage de s !
hommes efféminés & des femmes plongées dans l’afflict
io n ) , les plis de la tunique n’étant point interrompus,
etoient droits & perpendiculaires :-de là vint, chez les
Romains, la dénomination de tunique droite ( tun ica
refta ) . C ’eft ainfï que la portoient, félon Pline (lib. 8 ,
caP ' 38 jfà i . 74 ) j les nouveaux foldats & les nouvelles
mariées,
s Chacune des deux pièces qui compofoient la tunique,
5 aPpeloit à Rome pîagula. Les prolongemens qui coudoient
le commencement du bras s’appeloient, chez
les. Grecs,, les ailes ou les aiffelles.
Tunica afem.a, tunique fimple, fans ornemens extraordinaires.
Lampride ( Alex. Severo, cap. 33) définit les
tuniques afems....... « des tuniques à longues manches,
tres-peu ornées de pourpre. »
§. III. Tunique des femmes.
, P ans la feélion piécédente j’ai parlé de la tunique
intérieure ou de la chemife-des femmes, & j’en ai donné
un modèle d’après les vafes grecs d’Hamilton. je vais
parler ici de la caftala, longue jupe qu’elles portoient
quelquefois feule, & quelquefois fous une tunique courte,
Çette jupe fe lioit au deflus des hanches , & defeendoit
jufqu’aux pieds. On en voit diftinilement la forme fur une
Bacchante d un bas-relief du muféum Capitolin ( tom. I V
ta.-. 5 8 ) , qui eft deflinée ici fous'"le n°. y , PI. CXIII.
On pourra juger de la fineffe de l’ étoffe par celle des plis!
Quelquefois cette jupe n’étoit fermée que d’un côté,. &
laiffoit v oir, lorfqu'elle étoit agitée, la cuiflè & la jambe
de l’autre coté : tel étoit fans doute le vêtement des, filles
de Lacédémonè. On en trouvera ici au n°. j PL, ÇX1V
un modèle qui eft tiré d’un bâs-relief du même muféum
{ ibidem , tàb. 47 ). Varron ( apud Nonium , calcula ) dit :
cc caftula eft un vêtement que les femmes ceignent
” a r?u ai* deffous du fein, & dont elles font ufage de-
33 PU1S flu’elles ne portent plus de tunique intérieure. »
Caftula eft palliolum pracinftui, quod nud& infra papillas
pr&cinguntur , qdo mulieres nunc & eo mugis utuntur pofl-
quam fubuculis defierunt. Elle refïembipit au limus des
Vîaimaires, mais elle fe lioit plus haut.
Lorfque les femmes portoient une jupe , elles metr
toient une tunique courte, comme on le voit à la figure
précédente. Quand cette tunique courte étoit dépourvue
de manches, comme celle du n°. 2 , PI. CX IV , qui eft
tirée des-vafes grecs ( Pafferi, Picl. Etrufo. 1 J pag. 63 )•
on pouvoit ne pas la lier avec une ceinture j mais il n’eiî
etoit pas de même quand elle étoit garnie de manches
n . 3 , Pl. C X IV (ibidem).
La tonique longue des femmes, garnie ou dépourvue
de manches , defeendoit jufqu’aux chevilles des pieds.
Elles la laiffoient flotter fans la lier avec une ceinture
( Nonni Dionyf lib. 5 , verf. 40 y ) , lorfqu’elles étôient
dans 1 affliction (xuri^irayti). C ’eft ainfï que paroît Andromède
fur un bas-relief du Capitole ( Muf Capitol,
tom. I V , tab. y2) , où elle eft délivrée par Perfée. Elle
eft ici deffinée fous le n°. 4 , PL CXI V. Les femmes pôr*
toient dans le lit la tunique longue, dépourvue de manches
& fans ceinture. C ’étoit alors.leur feul vêtement j
ce qui.etoit exprimé en grec par le mot /*ovo%Itû)v. Lorf-
qu après la mort d’Antoine, Cléopâtre eut un entretien
fecret avec ƒ ) (Slave, elle étoit couchée fur un lit de
feuillage, vêtue d’une feule tunique (Plutarck. Anton.),
C eft probablement dans le même fens qu’ il faut entendre
le mot ecTrisrxos, fans manteau, dont Pindare (Nem.
1 » verf ^ 74 ) fe fert lorfqu 'il peint Alcmène s’ élançant
de fqn lit pour écrafer les ferpens avec lefquels Hercule
Iuttoit dans fon berceau.
La tunique longue, dépourvue de manches, étoit
ordinairement liée avec une ceinture. Lé«°, y, PL CXIV,
en préfente un modèle que Pafferi ( Pi3 . Eirûfc. tom. i ,
Paë; 6$ ) a fit® des vafes grecs. Le même auteur a def-
fine, d après les memes vafes (ibidem), l’habillement dp
n°. 6 , PL CXIV; il eft compofé d’une longue jupe, fur
laquelle eft placée une moins longue : fur ce lle-ci, une
tunique courte, dépourvue de manches, eft liée avec
une ceinture.
Souvent en G rè ce, prefque toujours dans l’ Ionie,
dans 1 Orient .& chez les Romains, la tunique longue
étoit garnie de manches qui quelquefois ne paffoient
pas le coude, mais qui ordinairement defeendoient jufqu’au
poignet. Cette tunique fut appelée, à Rome fpé-
cialement, ftola, nom qui avoit défïgné en G rè ce, &
primitivement à Rome, tout habillement long de l’ un
ou de 1 autre fexe. La fiole des dames romaines étoit
fermée au haut du cou, & defeendoit jufqu’aux talons}
de forte que l’on ne pouvoit voir que le vifage & les
mains. Horace le dit expreffément (Sermon. lib, 1 , fat. 2,
™/- S>4 ) :
Maxrona prater fàciem nil ccrncre pojfiS ÿ
Catera , ni Caria eft, demijfâ vefte cegencis.
& ailleurs (ibidem , verf 28 ) :
.............fttnt qui noVnt tttigijfe, nifi illas
Quarum fubfuta taios Légat mftua. vefte.
La bande de pourpre, formant bordure au bas de la
fio le , touche ici les pieds, de même que dans le vers
fuivant de la même fàtyre ( verf. 99) :
Ad taios ftola demifa , & circumdata palla.
Une des filles de Niobé ( Le ns, PL V , n°. T l ) jprefente
la fiole en fon entier 5. eh® eft deffinée ici fous îe n°. 1 ,
'P I X X V . On la verra encore à la Mufe de la tragédie ,
aux Rois grecs, &c. Il faut diftinguer la fio le , tunique
:: ]onCTUe de la ftola ou bande d’ étoffe, dont il fera parlé
I dans la feétion troifième.
Xyfiis, -bsis. C ’é to it, félon Pollux .(lib. 7 , cap. 13),
un vêtement, un manteau & une tunique. La tunique
appelée xyftis étoit ( Suidas ) une tunique de femme qui
defeendoit jufqu’aux pieds, & Photius, dans fon Lcxi-
i que, ajoute qu’elle étoit de diverfes couleurs.
§. IV . Tunique des enfans.
Sur les monumens des Grecs, les enfans font ordinairement
repréfentés nus. Lorfqu’ ils font vêtus , ils le font
comme leurs parens. Sur un bas-relief du palais de la
i villa Borghèfe , qu’a publié Winckelmann ( Monum. ant.
i b°. 8.9 ) , o,n voit les plus jeunes enfans de Niobé fe fer-
i rant contr’elle. Le petit garçon ne porte qu’une chla-
Imyde, & la petite fille porte une longue ju p e , une
tunique courte & un manteau. Il en eft de même des
enfans romains repréfentés fur les farcophages ; ils font
vêtus comme* leurs parens,
; Nous lifons dans Suidas (voce x<r<yv ) que les enfans
efclaves portoient une tunique garnie de manches. -
Les Anciens emmaillotoient les enfans. Un bas-relief
( Monum. ant. 71 ) préfente Télèphe qui vient de naître.
On le voit ici aun9. 2 , PL CXV. Sur une urne romaine
eft fculpté Julius Diadumenus , qui n’avoit vécu que
quatre heures (Antiq. êxpliq. tom. 111, PL X X X V I ) j il
eft ici deffiné fous le n°. 3 , PL CXV.
§. V. Tunique des Rois & des Empereurs, des Reines, &c.
: On voit ici au n?. 4 , PL C X V , le roi C ré on , tiré
d’un bas-relief du palais Lancellotti (Mon. ant. n°. 91 ) ,
publié par Winckelmann ; il porte les caractères diftinc-
tifs des Rois grecs hors des combats, le bandeau royal
& la longue tunique garnie de manches. OEdipe , s’exilant
de Thèbes après s’être privé de la vu e , porte fur
un bas-relief du palais Rondinini (iôrdem, n°. 103 ) une
longue tunique garnie de manches courtes, & un ample
maqteau. C’eft ainfï que paroiffoient les Rois fur les
théâtres des Grecs & des Romains, & de plus ils te-
noient un feeptre de leur hauteur.
Les Empereurs romains évitèrent long-tems de porter
un habillement qui rappelât le fouvenir des anciens
Rois. « Avant Dioclétien, ditEutrope ( Breviar. lib. 9,
" cap. 2 6 ), c’ eft-à-dire, avant la fin du troifième fîècle,
35 1 Empereur n’étoit diftingué des citoyens que par le
j ” manteau de pourpre : fes autres vêtemens ne préfen-
33 toient rien d extraordinaire..... Dioclétien le premier
** ac*opta les attributs & les formes de la royauté, étran-
33 8e,rs a 'a liberté romaine. » Les premiers Empereurs
portèrent une tunique blanche , fans manches, & ornée
d luie bordure de pourpre par le bas, comme le dit
expreffément de Septîme-Sévère Spartien ( cap. 1 9 ) .
q voit dans ce même hiftorien, queCaracalla portoit le
aticlave ou la tunique ornée de deux bandes de pourpre
perpendiculaires lorfqu’il fe rendit au Sénat après la
mort de Géta. C ’eft le feul écrivain qui attribue le lati-
0 ave aux Empereurs 5 mais l’ on peut croire qu’ils le
Pprtoîeijt comme les Sénateurs.
Alexandre-Sévère reprit, dit Lampride (cap. 33), les
tuniques (afemà Vel macro cher s.) fimples. & à longues
manches, ornées de bandes étroites de pourpre, que
portoit Septime-Sévère. Gallien renonça a -cette fîmpli-
;cité antique (Trebel. Pollion. cap. 16) ; il fe revêtit d’ unej
tunique de pourpre ornée d’o r , & garnje de longues
manches. Le fage empereur Tacite ne porta pis d’autres
tuniques que celles des particuliers ( Vopife. cap. 10 6*
11 ). Enfin, les fucceffeurs de Conftantin portèrent toujours
la longue tunique des anciens Rois : àuffi voit-on
une tunique defcéndant jufqu’ aux pieds, & brodée en
o r , entre les ©rnémens de la royauté que les Empereurs
de Conflantifioplé envoyoient, dans le fîècle de Jufti-
nien, aux Rois des bords du Pont-Euxin ( Agaih. Hiftor.
■ Juftiniani, lib. 2 , pag. 60 : 1660 ). Le poète Corippus
décrit cette tunique royale dans l’éloge de Juftin jeune
(lib. 1 , n°. 18). C e Prince, fuccédant à Juftinien , fe
revêt des habits impériaux. La tunique intérieure eft le
feul des vêtemens ordinaires qu’il ne quitte pas.
'. , . . . . . .. cultu ipfe priore
Exuicur, cantùmque uno veftituS amiüu
Càriftieit, . . . . . . . .
. . . . . tuniçâque plus inducitur àrtus
Auratâ fe vefte tegens. . . . .
SubftriSl.oque finu vêftis divina. pependit
Poplité fufa tenus, pretiofo candida Unibci.
« 11 prend d’ abord la tunique impériale blanche, ornée
« de broderies en o r , de riches bordures, & il la relève
à l’ aide de la ceinture > de forte qu’elle ne defeend
» pas plus bas que les jarrets. «
§. V I . .Obfervations diverfes fur les tuniques.
' K.qoKe>rw étoit une efîpèce de tunique de couleur
jaune-rougeâtre ou de fafran. Suidas, qui l’appelle vêtement
intérieur, relativement à une efpèce de manteau, à
Ltyx.uK.xos, dit que c’étoit un habillement confacré aux
fêtes de Bacchus. Les Latins l’ appelèrent crocota. —
! K.nço%l?-<or étoit une 'tunique de couleur de d re ou jau-
! nâtre. Pan étoit vêtu quelquefois d’une femblable tunique
( âohen&i Deipnof lib. 10 , cap. 20, pag. A.jc ). —
Bajfaris , tunique traînante, à fleurs, que porte fouvent
Bacchus. — La calafiris étoit une tunique ornée de bandes
d’ une autre matière ou d’une autre couleur que celles
du fond. Hefychius dit qu’elle étoit propre aux cheva-..
liers & aux cochers. C ’étoit auffi la longue tunique dé
coton que portoient les Égyptiens. — «I>xiv*xijs, tunique
facerdotale, félon Suidas.
. C olob ium. Ifîdore ( lib. 1 9 , cap. 32) dit que les
anciens Romains (relativement à lu i, qui écrivoit dans
le fixième fîècle de l’ère vulgaire ) appeloient de ce nom
une tunique fans manches. Il faut l’entendre de manches
longues j car Caffien (de Habitu monachi, cap. y ) dit
que certains moines portoient des colobium de lin, & il
ajoute qu’ils defeendoient à peine jufqu’au bas des coudes,
Iaiffant les poignets entièrement découverts. Les
écrivains liturgiques attribuent à faint Silveftre ,. au commencement
du quatrième fîèc le, la fubflitution des dal-
matiques aux colobium chez les prêtres ; fubflitution qui
eut pour motif de couvrir la nudité des bras avec les
longue« manches des premières. Le mot mxoCos, court
ou raccourci ( racine du mot colobium ) , annonce I’ab-
fence des longues manches ou des manches proprement
dites ; mais il n’exclut pas les manches courtes. Am
jrefte, le colobium fut orné de bandes de pourpre i ü