
(PL IXy n°. 2 4 ) , on voit l’Empereur à chevalj il porte
le cafque du n°. y. La forme eft très-différente, de celle
des cafques dont fe fervoient les Romains trois fiêcles
auparavant. Le cimier s porté par un aigle éployé 3 eft
Turmonté d'un panache qui paroît- formé de plumes &
de crins. L’ ornement découpé du frontail eft très-remarquable.
Pl. LIy n°. 6. Une petite ftatue de bronze , trouvée
dans l’Etrurie, qui repré, ente . un guerrier (Muf. etrufc.
tom. Iy tab. 1 17 ) y porte ce cafque, qui eft entouré d’ une
couronne de rayons. Le panache eft remarquable par fon
exceifive-grandeur. Il defcend jufqu’au bas des reins. '11
paroît que c’étoit une lame de métal. Au refte, on retrouve
chez tous les peuples fauvages le goût pour les
coiffures exagérées ; il a fans doute pour objet la terreur
qu’ils veulent jeter dans l’ame de l ’ennemi.
De ce que Céfar ordonna à fes foldats de frapper au
vifage y pour les défigurer 3 les jeunes patriciens* qui
combattoient pour Pompée , on a conclu que les cafques
des Romains laifloïent le vifage découvert. Mais on peut
oppofer un trait d’hiftoire de la même époque , qui paroît
prouver le contraire. (Hiniusy de belio africano ,
cap. 16.) Labienus , lieutenant de Pompée , méprifoit
Jes légionnaires de Céfar , & les appeloit de jeunes
foldats j tirones. L’un d’ eux courut fur lui en difant qu’ il
étoit vétéran de la dixième légion. Labîenus répondit'
qu’il ne voyoit point les marques de ce grade. Alors
celui-ci, jetant fon cafque pour fe faire connoître , dit
l'hiftorien 3 cafftdem de capite dejecit 3 ut cognofci ab eo
pojfet y cria : Tu vas me reconnoître, Src.
Je dirai, pour concilier les deux feritimenç , que la
vifîère rabattue ou le cafque abaiffé laiffoitle bas du
vifage découvert. Du moins peut-on le conclure d’un
pafxage de Dion Caffius ( lib. 7 2 , cap,:jcf) 3 qui dit quev
Commode, après avoir combattu avec des gladiateurs ,
& remporté des yièloires qu’on ne lui difputoit qu’en
apparence, « baifoit fes amis 3 félon fon ufage, au tra-
» vers de fon cafque/ »
11 eft difficile de-fixer l’epoque où les pluqiès furent
employées poqr orner les çafquès. Il eft certain qu’Ho-
mère n’ en fait aucune mention, & qu’il parle toujours ,
de crins de cheval. Théophrafte, qui écrivoit dans le ;
quatrième fièçle avant l’ ère vugaire, dit, dans fon hif- j
toire des plantes (chap. y , liv. 4 ) , que l’ on plaçoit fur
les cafques des plumes d’autruche. Pline , cinq fièeles
après , parlé du même ufage.
Nous li fions dans Céfar ( Bell, gai lie. lib. 2 , cap. 21) &
dans Plutarque ( Lucu IL pag. 17$, tom. J I I , Biiani ) J que
les Romains, dans les. marches, çouvroient les cafques
îivec un étui de peau,
A C T I O N I I /
. Cuiraffes.
On voudroit en vain fixer des caractères diftin&ifs
entre les cuiraffes grecques & les cuiraffes romaines. Peut-
être les lames circulaires de métal qui çeignojent la poitrine
, le ventre & les reins , pourroient-elles être affectées
aux Romains feuls.
Les cuiraffes faites de plaques de métal, fixées en re-r
eouyrement fur des tiffus , comme des écailles de poifi-
ions ou comme des tuiles, paroiflent n’avoir pas été
ufitées çjiez les Grecs j mais les Barbares les employèrent
ordinairement. ( Paufan. in Attic. cap. 21. )
Quoique le§ Grecs des tenns héroïques foient le plus
fouvent repréfentés nus, avec le cafque &r le manteau ,
on croyoit cependant que les Grecs , affiégeant Troye ,
•avoient porté des cuiraffes de toile de lin, doublées plufîeurs
fois. Dans le fameux tableau de Polygnote, qui repré-
fentoit le fac de Troye ( Paufan. in Lacon. ) , on voyoit
fur un autel une cuiraffe d’airain , compofée de deux
pièces, l’une defquelles coüvroit le dos & les épaules 5
l’autre, le ventre & la poitrine : elles fe réuniffoient fur
les côtés avec des agraffes.
Cuiraffe grecque prife fur,les vafes' étrufques d’Hamilton.
Les deux pièces de la cuiraffe ne s ’attachent pas furies
côtés , mais fur la poitrine & fur les reins. La tunique
eft vifible fur les genoux. (PL L U , n°. 1 . )
Cuirafje grecque, tirée des vafes grecs d’Hamiltôn,
publiés en 1795. Elle reffemble à la précédente ; mais
les détails font mieux exprimés. ( PL. LU , n°. 2. )
Cuiraffe grecque. Un héros grec porte cette cuiraffe fur
un des bas-reliefs publiés par Winckelmann. (Monumenti
amichiy &c.) Le nu eft fi bien exprimé, qu’ on ne peut
douter que la cuiraflè ne fût faite de cuir ou d’ un tiffu
de lin , telle que la portoit Alexandre. (Plutarq. in Alex.)
Elle eft dépourvue d’ornemens inutiles , car on ne doit
pas donner ce nom aux bandelettes qui defeendent de
la ceinture aux genoux. Les'cuiffes étant-divifées, & fe
mouvant indépendamment l’une de l’autre, ne pouvoient
être renfermées dans un tiffu épais & continu. Il fallut
les défendre par des portions de cuir ou d'autre matière
fouple, q u i, étant très-divifées', fe prêteroient à tous
le môuvemens. ( PL L U 3 n°. 3. )
Cuiraffe de Barbare. Elle fait partie d’un des trophées
qui font au Capitole, & que l ’on appeloit jadis trophées
de Marius. Winckelmann (Hifl. de l'Art, liv. 6 , ch. .6)
les attribue à Domitien, & croit que ces dépouilles font
celles d’ un chef des Daces. On remarquera les écailles
qui couvrent cette cuiraffe. Ces trophées fe trouvent à
la fuite de la côlonne trajane. (P L L l l , n°. 4. J
Cuiraffes de foldat romain , prifes des bas-reliefs de la
colonne trajane. Elles font faites de lames de métal, qui
défendoient les reins, l’eûomac, le ventre & les épaules.
On placoit ces lames fur une tunique épaiffe. Deux
agraffes les lioiént fur la poitrine, &r une feule fur le dos.
(P L L l l , n°. y. PL LU I3 n°. 1 .)
Cuiraffe romaine. Sur une pierre gravée de la galerie
de Florence on voit cette cuiraffe, qui eft ornée d’un
croiffant. Le bras eft défendu par des bandelettes fem-
blables à celles qui protégeoient les çuiffes. ( PL L U I ,
n°. 2. I
Cuiraffe romaine. Une ftatue de Céfar, placée au Capitole,
porte cette riche cuiraffe. Elle eft ceinte fous les
mamelles, d’une bandelette qui pouvoit fervir à fufpen-
dre un poignard. (P L L U I , n°\ 3.)
Cuiruffe romaine 3 prife des bronzes d’Herculamim.
(Tom. VIy tav. 6 1 , ) Le triple rang de bandelettes qui
en forme la partie inférieure défigne un chef Les académiciens
de Naples ont cru reconnoître , dans la figure
équeftre qui la porte , Alexandre. Je la crois plutôt
romaine. (P L L U I3 n°. 4. )
Cuiraffe-romainey prife des mêmes bronzes. Elle préfente
des détails plus riches que la précédente, & l’agencement
du paludamentum qui l’entour oit, ( PL LU I , n°. y )
Cuiraffe romaine,. On trouve dans le voyage de la Grèce
de Choifeul-Gouffier, le torfe d’une ftatue antique-,de
guerrier. La cuiraffe qui couvre ce torfe eft remarquable
par le nombre des pièces qui la composent. ( Pl. L IV 3
n°.. i.s) ' f
Cuiraffe romaine, qui paroît faite, en grande partie de
chaînettes
chaînettes & de fils de métal. Elle appartient à un guer- ,
rier qui monte le navire antique publie par Winckelmann
dans fes Moiumcnti anuchi. ( Pl. LÏV 3 1. ) . . . .
■ Cuiraffe romaine. La ftatue du Capitole, qui étoit jadis
à Rome dans le palais des Maffimi, où on l 'appeloit
Pyrrhus, roi d'Epire , repréfente , félon M. Vifconti
(Muf. Pio-Clement. ) , Mars barbu. Je donne.ici fa
brillante cuiraflè! ( MuJ. Capit. 48.) {PL
Cuiraffe romaine y tirée du même muféum (tab. y 8 ).
File eft placée fur une ftatue de Marc-Aurèle. ( PL LIV ,
Tunique de cuir, qui ne defeendoit pas plus bas que
les hanches. On la mettoit fur la tunique ordinaire, &
elle tenoit lieu de cuiraffe. On la voit fouvent fur la colonne
trajane ( n o ) ; les prétoriens & les cavaliers la
portent ordinair'ement. Varron l ’appelle ptUorale de coriu
crudo. (Ling. lat. lib. 4.) Tacite nous apprend ( Hifl -
lib. 1 , cap. 79 ) que les chefs des Sarmates en faifoient
ufage. On l’appeloit feottea, tunique de cuir. (P l . L IF ,
n°.y.)
S E C T IO N I II .
Chlamyde , paludamentum , sa'gum.
Tes Gr.ecs armés portoient par-deffus la cüiraffe la
chlamyde. En tems de paix, les militaires la portoient
fur la tunique, comme on le voit fur les peintures du
Térence du Vatican. Les comédies de Plaute, qui font
grecques ; quoiqu éerites en latin, nous apprennent que
ce vêtement étoit auffi celui des voyageurs, par la raiïon
que le pallium ou manteau grec auroit gêné les mouve-
mens. En effet, celui-ci fe jetoit autour du corps, comme,
la toge, quin’étoit qu’un rallium plus ample ; , comme
celle-ci, il n’étoit point lié par une agraffe. La chlamyde
avoit la forme d’un carré long. Sa largeur, étoit ordinairement
égale à la diftance qui fe trouve du cou au
milieu des -jambes d’ un homme de grande ftature , & fa
longueur étoit double. Une agraffe la lioit quelquefois
par les deux coins placés fur la longue ligne. Souvent
auffi cette agraffe la lioit, non par les coins, mais à deux
points placés fur la longue lign e, & à peu près à fes
deux tiers. Au refte, que la chlamyde fût liée de l’une
ou de l'autre .manière ,.elle flottoit librement, & l’agraffe
fe trouvoit tantôt fur la poitrine , tantôt fur l’une ou fur
l’autre épaule. Celles dont on voit une partie fur les
cuiraffes des planches précédentes, préfentent ces différentes
fituations.
La chlamyde fetvôit d’ arme défenfive lorfque l’ on
étoit furpris fans bouclier. On l’entortilloit alors autour
du bras gauche , pour parer les coups de l’ennemi.
La chlamyde des Grecs, le paludamentum des généraux
romains & le fagum des foldats romains àvoient la même
forme ; ils ne différoient que par l’ampleur, la grandeur,
le fiffu, la couleur & les ornemens ; c’eft pourquoi j'in-
fifterai fur fon développement. Pour le faire connoître, je
donne ici (n ° . 1 , PL L F ) , deux figures tirées d’un
fragment de bas-relief (publié par Winckelmann, Monum.
antic. n9. 136 ) , qui repréfente le corps d’Heôior rendu
aux Troyens. La figure du jeune homme préfente fur le
devant la première moitié de la chlamyde : on voit l’autre
fur le dos de là fécondé figure. A l’un & à l’autre l’ agraffe
lie lg chlamyde, non par les coins ( qui font libres tous
les quatre) , mais par deux points placés fur la ligne fupé-
fieure. On voit une de ces chlamydes développée fous
le n°. 1 , PL L F . Les lettres indicatives correspondant
à celles des deux figures. A eft le premier coin fupé-
rieur j B , le premier point faifi par l’agraffe ; C , le fécond
point i D , le fécond coin fupérieur 5 E , le fécond coin
inférieur ; F , le premier coin inférieur.
On fait que la chlamyde macédonienne étoit diftin-
güée de cellés dès autres Grecs ; mais on ignore fes
caractères diftinétifs Peut-être étoit-ce l’ampleur & la
longueur, fi l ’on en juge d’ après la figure d’ Alexandre ,
que l’ on voit fur un bas-relief publié par Winckelmann.
( Morum. antic. 174. ) Cette figure, dont la tête n’eft
pas antique, eft de fît née ici fous le n°. 3, PL L F . Sa
chlamyde defcend plus bas que la cheville du pied.
Sous le n°. 4 , PL L F , on voit un foldat romain revêtu
du fagum. 11 eft en marche , & il porte fon cafque
fufpendu fur la poitrine. Il eft pris de la colonne trajane,
n°. 64.
Le paludamentum des généraux romains étoit quelquefois
blanc ; mais ordinairement il étoit rouge. C e rouge
étoit écarlate, & non pourpre ou rouge-violet. Pline
( 22, 1 ) dit en effet que « le grain du coccus ( le kermès)
« eft confacré à la teinture du paludamentum des géné-
93 raux. » Cocci granum imperatoriis dicatum paludamentis.
Cependant les écrivains latins fe fervent- du terme générique
purpureus.
Hirtius (Bell, afric. cap. yy) dit qu’ un chef du parti
de Pompée, appelé Scipion , en portoit un pareil.....
Sagulo-purpureo uti folius . On vit une femme fe revêtir
de cet habillement affeCbé aux généraux. Agrippine,
fèmme de Claude , parut à fes côtés ( P lin. 3 3 , 3 , 19 )
avec un paludamentum tiflu d’ or pur, fans aucune autre
matière...... Indutam paludamento , auto textili fine aliâ
materiè.
Le fagum des foldats romains étoit ordinairement roux.
Il avoit la même forme que le paludamentum. , comme
nous venons de le voir dans ce paffage : fagulo purpureo.
Cependant tous les fagum n’avoient pas d’ agraffe , car
Claude-le-Gothique mandoit à Regillianus ( TV^e/. Pollio
de Regill. pag. 276 ) de lui envoyer deux fagum , mais des
fagum à agraffe..... Duo faga......fed fbulatoria.
Tunique militaire , &c.
Je ne donne aucun deffin de la tunique militaire que
l’on portoit fous la cuiraffe, ou fous la chlamyde immédiatement
, parce qu’elle ne différoit que par la petiteffe
de.celle que l’ on portoit à la ville & aux champs. Je
ferai obferver feulement qu’elle éprouvoit les mêmes
changemens, comme nous le voyons à la-figure du foldat
romain. Sa tunique a , comme celles des figures du
même âge , des manches extrêmement larges.
Je ferai obferver encore qu e , fur la colonne trajane ,
les foldats & les chefs portent une efpèce de cravate :
c’eft une légère draperie ou un linge lié lâchement fur
la poitrine, après avoir entouré le cou On pourra exprimer
cette partie du coftume militaire lorfqu’ on repré-
fentera des Romains du fiècle de Trajan.
On voit auffi fur cette colonne , que. les militaires
romains portoient de longues culottes (campefire), qui
defeendoient jufqu’aux mollets. Elles n’étoient point
fendues vers les genoux, comme les nôtres ; mais elles
étoient fermées, & s’appliquoient au haut de la jambe.
C ’eft probablement d’un femblable habillement qu’Ulyffe
menaceTherfite de le dépouiller ( l l ia d . i l3 verf. 2 6 2 ) ,
pour le mettre entièrement nu. Les foldats romains ne
îë portèrent que depuis Augufte, & peut-être feulement