
dans les régions froides , telles que la Germanie , la
Belgique, & c . On croiroit qu'ils le plaçoient immédiatement
fur la peau , car on lit dans Volcatius Gallicanus
{pag. 4 3 3 ) , qu'une fédition violente s'étant élevée dans
le camp d‘Avidius Cajftus^ il fortit de fa tente nu & couvert
feulement du campejlre...... Procejjit nudus 3 campeftri
folo teltus.
■ S E C T I O N IV.
Jambarts & chaujjures militaires.
En lifar.t les auteurs grecs 3 on voit que leurs guerriers
couvroient le devant des jambes avec des plaques de
métal, pour les garantir des coups d'épée ou de lance.
Ce tte armure, que j'appellerai des jambarts (par analogie
avec les braffards & les cuijfards de nos paladins) , ne
couvroit que le devant de la jambe , depuis le genou
jufqu'au coudepied, & elle étoit liée avec des courroies
fur le derrière de la jambe. On la plaçoit fur une
éponge très-fine ou fur un feutre : tous deux fervoient
auffi à doubler les cafques. Quelquefois on ne po'rtoit
qu'un feul jambart ; il étoit alors attaché à la jambe gauche',
à celle que l’ on avarfçoit lorfqu’ on fe défendoit
avec le bouclier tenu du même côté. Enfin les figures
fardes, confervées dans le cabinet du collège romain ,
portent les jambarts fur le gras des jambés, & le devant
eft fans défenfe.
Sur un bas - relief de la villa Borghèfe, publié par
Winckelmann ( Monum. antic. n°. 132 ) , un efclave
agenouillé chauffe à Achille un jambart. Il le place fur fa
chauffure ordinaire. On les voit ici au n°. 1 , PI. LV I.
N°. 2, PL LV I . Un des Caftors qui fe chauffe le
jambart ,■ fur un vafe grec de la bibliothèque du Vatican.
( Monum. ant. n°. ' 22. )
N ° . 3 , PI. L VI. Dans un bofquet de la villa Borghèfe,
près d'une fontaine , on voit une ftatue grecque dont je
donne ici les jambarts. ( Coftumes de tiens }fig. 31. )
N°. 4 , PI. LVI. On voit dans le Mufeum eirufcum de
Gori ( tom. 7, tab. 108) , un guerrier armé d'un cafque ,
d’une cuiraffe & des jambarts. Sur fa cuiffe droite font
gravées deux lignes de caraétèrés étrufques.
N°, 1 , PI. LV 1I. Jambart que porte aJa jambe gauche
leprétendu gladiateur Bâton à la villaPampnili. {Monum.
ant. n°. 199.)
Il eft difficile de trouvér des chauffures militaires grecques
, parce que les perfonnages des tems héroïques
font ordinairement reprëfentés nus. D’ ailleurs , les pieds
de prefqué toutes les. ftatues étant reftaurés, on ne peut
récourir qu’aux bas-reliefs.
Le n°. 2 , PI. L V l l , préfente une chauffure très-
fîmple , tirée d ’un vafe grec ( Winch. n°. 98 ) , qui
repréfente Théfée châtiant le brigand Sinnis.
N os. 3 & 4 3 PI. LVll. Chauffures des Amazones,
tirées d'un bas-relief publié par Winckelmann. ( Monum.
ant. n°. 138.)
N°. y , PI. L V l l. Sur un bas-relief grec ( Monum.
am. n ° -6 ) Mars paroît armé d’une cuiraffe & portant
cette chauflure.
On peut dire en général que les chauffures des Grecs
différoient des chauffures romaines. Les premières laif-
foient découverts les doigts & une partie du deffus du
pied î les fécondés couvroient le pied & une partie de
la jambe jufqu’au deffus de la cheville. Cette diftinélion
fe fait remarquer ordinairement dans les chauffures militaires
, de même que dans les chauffures civiles.
On voit au »°. 6 , PL L V l l , la chauffure de Marc-
Aurèle à cheval dans l'expédition dé Syrie. Ce bas-relief
eft au Capitole. ( Admiranda roman. Antiq. n°. 7 . )
Sur le même marbre le chef des prétoriens, qui accompagne
l’Empereur, porte la chauffure du n°. 1 ,
PL L VIII.
La ftatue équeftre de Marc-Aurèle au Capitole porte
la chauffure du n°. 1 , PL LV I I I . ( Perrier, n°. 1 1 .)
N os. 3 & 4 , PL LV1II. Chauffures des foldats romains
fur la colonne trajane. ( N ° . 16 .)
Les femelles de la caliga étoient'armées de cloüs :
c'étoit le caractère diftinétif de cette chauffure, portée
par les fimples foldats. Une lampe confervée dans le
cabinet du collège romain ( Muf. K ire hcr. Bonanni) nous
en a confervé la forme. Elle.eft ici fous les nos. 5 & 6 ,
PL L V I 11.
S E C T I O N V.
Boucliers.
Ne trouvant point dans Homère le mot qui défîgnoit
lés anfes du bouclier, on en a conclu que les premiers
Grecs ne fe fervoient pas de cette anfe. Ils portoient,
dit Euftathe ( lliad. I I 3 verf; .388) , le bouclier fufpendu
au cou par le moyen d’une longue courroie ou d'une
lame de bronze, qu'ils rapprochoient- ou éloignoient à
l’ aide d’une agraffe. 11 feroit difficile d’en trouver aucun
exemple dans le Recueil des vafes étrufques d’Hamilton,
ni dans le Mufeum etrufeum. Je penfe qu'on aura pris
pour le bouclier fufpendu le pétafe des voyageurs rejeté
fur les épaules.
Boucliers grecs.
Le 7z°. 1 , Pl. L IX , fait connoître le mécanifme des
deux anfes : la plus grande fervoit à paffer le bras} elle
étoit fixée vers le milieu du bouclier. La main retenoit
le bouclier par la plus petite des anfes, qui étoit fixée
vers le bord. C e bouclier g r e c , *<5™ , eft rond, tel
que le portoient les Argiens & les cavaliers. {Monum.
ant. 109. ) • -
Le même Recueil de Winckelmann («°. 88 ) nous fait
connoître ce mécanifme pour le bouclier ovale. La grande
anfe n'étoit plus au milieu, mais elle fe rapprochent du
b o rd , pour donner plus de facilité. Ba s-relief grec.
(PL L lX 3 n°. 2.)
Les Grecs gravoient fur leurs boucliers la première
lettre du nom de la cité pour laquelle ils combattoient.
{Xenoph. Hift. gr&c. Il b. 4 , cap. 4.) J'en donne deux
exemples dans les boucliers fuivans, qui appartiennent
aux Lacédémoniens. On voit au haut le lambda initial,
&• dans le bas le kappa, fécondé confonne du mot Lacoh.
Cléomène l l , Roi de Sparte dans le troifième fièclë
avant l'ère vulgaire, fit abandonnèr à fes concitoyens
l’ufage déporter le bouclier fufpendu, & leur fit adopter
celui des anfes. ( Plutarch. in Cleomene. ) Fourmont
découvrit en 1728 , dans les ruines d'Amyclée , près de
l’ancienne Sparte, les trois boucliers' que l’ on voit ici
fous les hos. 3 ,4 6 ? y , PL L lX . Us étoient gravés en
relief fur dès pierres, & avoient 1 mètre 19 centimètres
(3 pieds 8 pouces) de longueur. Les deffins font dans
l’Hiftoire de l’Académie des belles-lettres. ( Tome X V I ,
pag. 101. ) ^ / ,
Le bouclier de Tydée pré-fente une fingularité dont
il n’y a peut-être pas d’ autre exemple, c’eft de voir la
lettre’ A gravée en dedans. File eft l’ initiale du mot J
Argos & elle rappelle que T y dée conduifoit les Argiens |
dans h célèbre expédition des fept chefs contre Thèbes.
Le bouclier rond de T yd é e , deffiné ici fous le «?•. '6 ,
pi. L IX 3 eft pris du beau fearabée étmfque qui repréfente
cinq chefs délibérant. {Monum. anc+n0. loy. ).
-Adrafte, Roi d'A rgo s, p o r te , fur la même pierre
gravée, le bouclier du n°. 1 , PL L X 3 qui eft. ovale &
I double échancrure figurée.
Le bouclier d'Adrafte rappelle celui, des Beotiens,
qui étoit ovale & échancré réellement aux deux extré-
mités du petit diamètre. 11 forme le .type de leurs médailles
,.( Gejfneri 3 tom. I , tab. I y , nos. 8 , 9.) (PL L X }
Le n°. 3 , PL L X 3 préfepte le bouclier qui défigne
fur les médailles la Macédoine.' Celui-ci forme le type
de quelques médailles de la famille C&cilia. La dépouille
d'éléphant, qui remplit le milieu , ne s’y trouve pas
toujours. On peut croire que telle étoit la forme des
boucliers dont fe fervoient les Macédoniens.
La pelta étoit une forte de petit bouclier léger & très-
maniable. Elle donna fon nom aux troupes légèrement
armées, peltafts., par oppofition aux oplites , pefamment
armés , qui portoient de grands & larges boucliers. Les_
Amazones portent ordinairement fur les marbres la peltq.
Sa forme varie peu. Ce bouclier eft en général échancré,.
( Ammonius. ) Il préfente quelque reffemblance avec un
croiffant. Les Thraces, les Macédoniens ", les Africains,
les Efpagnols & les Crétois fe fervoient de la pelta.-
Sur un des vafes grecs d’Hamilton, publiés en 1795>
une Amazone eft armée de la pelta du n°. 4 , Pl. LX.
Sur une pierre gravée de la galerie de Florence , une
Amazone porte la pelta du n°. y , PL LX.
Un bas-relief de la villa Borghèfe repréfente les Amazones
qui viennent au fecours de Priam. ( Monum. antic.
n°. 137, ) On y voit la pelta du 1°. 6 , P l. LX.
Sur un bas-relief de la villa du pape Jules , Achille eft
repréfente embraffant la Reine des Amazones , qu'il
vient de bleffer à mort. ( Monum. antic. n°. 139.) Cette
Reine & une de fes compagnes portent la pelta du n°. 1 ,
PL LXI.
On voit dans le Mufeum etrufeum de Gori {tom. I ,
tab. 31) } un bas-relief où Minerve porte le bouclier du
n°. 2, ri. LXI. Cette tête de Médufe., qui tire la langue,
rappelle un gefte moqueur ufité chez les Romains, &
probablement auffi chez les Grecs. Du moins voit-on
iouvent fur les médailles de ceux-c i une tête de lion
ouvrant la bouche & tirant la langue. Avant le combat
de Manlius Torquatus & d'un Gaulois, celui-ci fe mo-
quoit du Romain , dit Aulu-Gelle {lib. 9 , cap. 1.3 ) , &
tiroit la langue..... lrriderc atque linguam exertare.
La tête de Médufe forme auffi 1 *umbo, l'ornement du
milieu du bouclier d'Heêtor, dont on tranfporte le corps.
Bas-relief déjà cité. {Monum. ant. n°. 136. ) Agamemnon
portoit un femblable bouclier. (N° . 3 , PL -LXI. )
On voit le même ornement fur un bouclier grec du
meme Recueil, au frontifpice duquel eft gravée Minerve,
à qui il appartient. Il eft ici fous le n°. 4 , PL LXI.
La tête de Médufe couvre en entier le bouclier grec
du n°. y.■ , PL LX I y qui eft gravé fur une pierre de la
galerie de Florence.
Le bouclier du n°. 6 , .PL L X I , eft remarquable par
le fujet qui y eft repréfenté. On peut le regarder comme
line efpèce de trophée, il eft porté par un des frères de
Méleagre fur un bas-relief du palais Barberini, que
Winckelmann a publié. {Monum. ant. n°. 88.)
Le fujet que repréfente le bouclier grec du «°. 1 ,
PL L X ll y eft moins intéreffant. On y voit un jeune cerf
dévoré par un quadrupède ailé. Ce bouclier eft gravé
fur une pierre de la galerie de Florence.
Un cheval ailé, Pégafe peut-être, fait Y ornement du
bouclier deffiné fous le «°. 2 , PL L X l l. Il eft tiré des
vafes étrufques d’Hamilton.
La fuite du même Recueil, publiée en 1795 , avec le
véritable titre, Vàjes grecs, préfente le bouclier du n°. 3,
PL L X ll.
On voit fur une pierre gravée par Teucer, & publiée
par Winckelmann ( Monum. ant. 116 ) , le bouclier grec
du «°. 4 , PL L X ll.
Le bouclier grec du n°. y , PL L X l l , remarquable par
fa fimplicité, eft tiré du même Recueil.
On pourroit conclure, d’ un paffage de Strabon , que
les boucliers grecs étoient de bronze ( lib. 4 ) . 11 die des
Liguriens, qu'on les croyoit d'origine grecque , parce,
qu'ils portoient des boucliers de bronze.
On voyoit fur le bouclier d’Achille un cheval marin }
fur celui d’ Etéocle, un homme efcaladant des murs 5 fur
celui de Parthénopée , un fphinx tenant un homme entre
fes pattes ; fur celui d'Agamemnon, une Gorgone 5 fur
celui de Ménélas, un dragon j fur celui d’Heftor , un
lion ; fur celui d'Idoménée, un coq 5 fur celui d’ Ulyffe,
un dauphin ; fur celui d'Epaminondas, un dragon ; fur
celui d Amycus, un crabe 5 fur celui d’Alcibiade, 1 Amour
courbant un foudre , & c .
Boucliers romains.
Du tems de Philippe, roi de Macédoine , c’eft-à-dire ,
deux fiècles ayant l'ère vulgaire , les Romains portoient
encore,comme l’attefte Polybe {lib. 1 7 , cap. 1 4 ) , leurs
boucliers longs & courbés, fufpendus avec des courroies ,
i pour pouvoir tenir les javelots & le pieu deftiné à former
fes paliffades. On ne fait quand ils adoptèrent les anfes.
Nous fommes mieux inftruits fur l'époque à laquelle leurs
fantaffins quittèrent le bouclier rond des Gre cs, pour
adopter les boucliers carrés-longs des Sabins , feuta
fabina. Plutarque {in Romulo) fait Romulus auteur de
ce changement, qui fuivit la réunion des deux peuples.
Le feutum étoit tantôt plat, & alors il repréfentoit le
yippav des Grecs 3 tantôt il étoit courbé en forme de
canal, & c'étoit alors le Svptis des Grecs. Le feutum
appartenoit aux fantaffins. Au refte, c eft fouvent le mot
générique dont on fe fert pour défigner toutes fortes de
boucliers. _
Les cavaliers romains portoient la parma ou boucher
rond , plus petit que le clypeus. Us n’ adopterent point la
pelta des Grecs : les troupes auxiliaires feules la portèrent
dans leurs armées, à moins que ce nom défignât auffi
quelquefois le bouclier rond.
Le n°. 6 y PL L X l l , préfente les deux anfes du bouclier
d'un légionnaire, qui eft fculpté fur un tombeau
publié par Muratori dans fon Recueil d’inferiptions.
r U paroît que le bouclier des légionnaires changea de
forme, mais fans perdre de fa longueur : nous l’avons
vu à fix pans au numéro précèdent. Celui du n°. 1 ,
PL LX I I1, eft carré-long. On le yoit dans les bas-reliefs
de l'arc de Septime-Sévère.
Celui du n°. z j PL L X I I I , eft pris du meme arc de
triomphe. _ _ ,
Les bas-reliefs de l’ arc de Conftantin prefentent le
bouclier du n°. 3 , PL LXIII.
Le foudre gravé fur le bouclier du n°. 4 , PL LX I1I ,