
Végèce parle d'une efpèce de fronde particulière
appelie fuflibalust « C’ eft , dit-il ( Hb. 3 , cap.. 1 4 ) , un
» bâton long de quatre pieds , au milieu duquel eft liée
« une fronde de cuir : agité avec les deux mains, il lance
>» des pierres comme l’onagre ( machine de guerre ) . *>
Les monumens ne nous ont présenté aucun fuftibalus.
S E C T I O N IV.
Haches , marteaux } majjues , &c.
Homère parle de la hache dont il arme fes héros. A
la vérité il la nomme tantôt 'a |Itn (lliad. X III, verf. 612) ,
tantôt nUtxus ( lliad. X K , verf. 711)5 mais il les diftingue
l’une de l’autre dans, ce vers 71 I e . > où il les nomme
toutes les deux. Le tara&ère qui les diftingue le plus
vilîblement eft le tranchant fimple ou double. Dans
l’ iliade , Pifandre combattant Ménélas , « fort 3 dit Ho-
» mère , de delïbus fon bouclier une belle hache de
» bronze, qui avoit un manche long bien p o li, de bois
» d’ olivier. » Les Amazones font armées d’ une hache
double 3 qui eft proprement la ulxtxvs. Aufïi les villes
qui fe glorifioient d’avoir eu pour fondatrices des Amazones
, plaçoient-elles cet inftrument fur leurs médailles.
Pau'anias ( Eliac. 1 3 pag. 400) dit qu’on voyoit dans les
bas-reliefs du temple de Jupiter à Elis 3 Thé fée armé
d’une hache double ( ) , combattant les Centaures.
- . '
La hache ne paroît pas avoir fait partie des armes des
Romains. Sur la colonne trajane 3 ils fe fervent feulement,
pour conftruire les palilfades 3 de hache à fimple tranchant
3 armée d’ une pointe au revers.
Végèce ( lib. 4 3 cap. 46) recommande dans un combat
naval l’ufage de la hache double 3 qu’ il décrit ainfi : Bi-
pennis eft fecurïs habens ex utrâque parte latijftmum & acutif-
Jîmum ferrum. Des plongeurs s’en fervoient pour couper
les liens du gouvernail des vaiffeaux ennemis.
LerBarbares fë fervoient de la hache dans les combats :
tels furent les Scythes. Ç ’ étoit l’arme de jet en ufage
chez les Francs. Procope (.Bello gothico 3 lib. i 3 cap. 15)
dit que chaque Franc porte une hache armée d’un double
fer 3 épais, tranchant, & garnie d’un manche de
bois court. En abordant l’ennemi il la lapçoit avec tant
de force 3 qu’elle brifoit les boucliers, tuoit les guerriers,
& avec tant d’adreffe qu’ il atteignoit toujours fon but.
La hache, qui fert de type aux médailles de Ténédos ,
préfente -tous ces caractères. Voici le témoignage de
Sidoine. ( Carm. -247, epift. IV 3 2-0. )
Excuffijfe citas vafium per inane bipennes
Et plags. pr&fciffe locum , clypeçfque rotare
Ludus.
N°. 1 , P/. LX X IX . Hache double, à long manche,
Une Amazone en eft armée , fur une pierre gravée de
la galerie de Florence.
N°. 2 , PL LX X IX . Hache double, à long manche.
On la voit dans les mains d’ une Amazone, fur un bas-
relief de la villa Borghèfe, publié par Winckelmann,
( Monum. antic. n°. 137.)
Nos. 3 & 4 , PL LX X IX . Haches doubles , à manche
. court. Elles fervent de type aux médailles d’argent de
Ténédos ( Gefth. I , tab. 79 , n°.s. 7 & 8 ) , & elles pré-
i fentent tous les caractères des haches des Francs.
Un marteau à long manche & à deux têtes fe voit fou-
vent dans les mains des génies & des furies, fur les bas-
reliefs trouvés en Etrurie.
N°. y , PL LX X IX . Marteau double, ou maillet à
long manche. (Muf. etrufc. 1 , tab. 84. )
Sur les vafes grecs qui font fuite aux vafes d’Hamilton
( r7 9 f ) , une Amazone eft armée du marteau fimple à
long manche du n°. 6 , PL- LXXIX.
La majfue eft fur les monumens l’arme des perfonnages
que l’ on fuppofe avoir vécu dans les tems héroïques.
Dans l’armée de Xercès, les Aflyriens & les Ethiopiens
étoient armés de maifues de bois , durcies avec le fer.
( Ber0dot. lib. 7’ , cap. y39. ) Les Daces portent des
maifues fur la colonne tra ane. On ne permettoit aux
efclaves de ptarter d’ autre arme que la malfue.
Le n°~. 7 , PL LX X IX 3 préfente une malfue année de
fer , qui fert de type aux médailles fur lefquelles Commode
fe fait appeler l’Hercule-Romain.
N°. 8 , PL LX X IX . Malfue que porte une ftatue de
Mars dans une peinture antique publiée par Winckelmann.
( Monum. antic. n°. 177. )
On voit la malïue du n°. 1 , PL L X X X , dans la main
d’une Amazone, fur un bas-relief de la villa Borghèfe.
( Ibidem , n°. 1 37. )
L ’arme extraordinaire du n°. 1 , PL L X X X , eft prife
des bas-reliefs dont font ornés les reftes des temples
d’Athènes. (Stuart. )
J’ ai placé avec les armes fingulières, fous le n°. 3 ,
Pl. L X X X , cette efpèce de harpe que tient Perfée, fur
une agate-onyx de la collection d’Orléans. ( Tome 1 >
PL X C IV . )
SE CONDE PARTIE.
CHAPITRE III.
s e c t i o n P r e m i è r e .
Cavaliers et chevaux de guerre.
J e ne ferai qu’ une feule obfervation fur l’époque à.
^laquelle on doit fixer l’ufage de la cavalerie -, c’eft qu’elle-
eft antérieure! la guerre de Troye. A la vérité, Homère,
îqui parle fouvent- de chars, ne fait aucune mention de ,
[cavalerie ni de cavalier 5 mais l’ opinion générale des An- ;
iciens fupplée à ce filence. Caftor & Pôllux étoient tou- •
jours repréfentéscombattant à cheval. Dans le combat
Ide Théfée & des Amazones, celles-ci étoient repré-
Ifentées à cheval.' Sur un beau bas-relief de la villa Bor-
Ighèfe ( publié par Winckelmann, Monumenti ined. n°. ) ,
|ces héroïnes viennent au fecours de Priam, montées fur
ides chevaux. Virgile n’ a pas. cru choquer les idées re-
Içues, en repréfentant Afcagne & îa jeuneffe troyenne
i ( Æneid, lib. c verf. 94 y ) montés fur des chevaux,. aux
jeux que célébra Enée pour les funérailles d’ Anchife.
I; Les Anciens connoilfoient diverfes efpèces de chevaux
; mais on peut douter qu’ils aient employé, ceux
que nous appelons de race anglaife , c’eft:-à-dire, ces
■ chevaux qui ont une tête mal faite, placée fur une très-
Ilongue & étroite encolure ; du moins ne les voit-on
[point furies monumens antiques. On peut dire en gé-
!> néral que lès chevaux repréfentés fur les monumens
: grecs font, plus fins que- ceux des monumens romains 5
I mais les uns & les autres ont l’ encolure plus forte que
■ •celle de; nos chevaux, & l’on fait combien cette force
idonne de beauté. Pollux (lib. 1 , fegm. 189) veut qu’ils
Baient le cou agréablement courbé du, co q , & non le cou
■ droit du bouc.
1 Les cavaliers montoient-ils des chevaux hongres , tels
[ que ceux de la cavalerie moderne ?...... Le problème
lièroit difficile;, à réfoudre par les monumens, car on y
| voit des chevaux entiers & des hongres j mais un pafîage
Id e Xénophon pourroit faire croire que les chevaux de
I la^ cavalerie grecque^ëtoient hongres. Il dit dans l’expé-
| dition de Cyrus. ( lib. 3 , cap. 4 , n°. 21 ).,,que la manière
| de camper des Perfes étoit fort incommode lors des
ï furprifes de nuit , parce que leurs chevaux avoient les
■ pieds engagés dans des entraves. C’ eft ainfi que cela fe
. pratique aujourd’ hui en Egypte & dans l’Orient,. parce
| qu’on, y monte des chevaux entiers. Le foin que prend
I Xénophon de faire obferver aux Grecs cette pratique
»des Perfes, paroît prouver que les premiers,ne montoient
■ que des chevaux hongres.
K On peut- conclure le contraire pour les Romains d’ un
■ padage de Strabon ( lib. 7 , pag. 3 12 , edit. 1620 ) , OÙ il
Irait remarquer que.les.Scythes & les Sarmates (peuples
K qui. palfoient leur vie entièreVà cheval ) ne fe fervoient
I que de chevaux hongres , afin-de les rendre plus docile^.
I Auroit-il fait cette remarque fi'les chevaux de la cavalerie
6 de fa.nation n’ëuffent été entiers ?
1 • ^-e f errer les chevaux , en appliquant à leurs
I pieds des. fers, n’ a pas été, connu des. Grecs ni des Ro-
I ^rns. F a b te t t iq u i ay,oit examiné tous les chevaux des
I monumens. antiques ^ ç.olonnes & bas.-reliefs , difoit que
le feui p ied ferré qu’il eût v u , étoit fur un bas-relief du
palais Mattéi, qui repréfente une chaffe de l’empereur
Gallien. Mais Winckelmann a reconnu ce pied pour une
refta.uration moderne ; de forte qu’ avant le dixième fiècle
de notre è r e , on ne trouve aucune preuve de la ferrure
des chevaux. Il n’en eft pas de même des mulets & des
mules. Lès Anciens les ferroient, mais en renfermant
leurs, pieds dans une efpèce de fabot de fer. Les mules
de Néron étoient ferrées d’argent.
On obferve fur une belle émeraude de Stofch, publiée
par Winckelmann (Monum. antic. n°. 68) , & qui
repréfente le tyran Diomède faifant dévorer le jeune
Abdèrepar fes jumens, que les Anciens coupoient quelquefois
la crinière de leurs chevaux. Les quatre chevaux
ae Venife , qui font placés devant- les Tuileries , ont
auffi la crinière coupée. Cet ufage étoit affetté plus fpé-
cialement au tems de deuil. Admète, à la mort d’Alcefte,
& les Theflfaliens, à la mort de Pélopidas, coupèrent les
crins de leurs courfiers. m
Les étriers n’ ayant point été en ufage avant le fixième
fiècle de notre è r e , les Anciens ne montoient point à
cheval comme nous. Ils s’élançoient fur les chevaux ,
ou ils montoient fur des- corps élevés qui les plaçaient a
la hauteur des flancs du cheval, ou enfin ils fe faifoient
foulever par des écuyers. Virgile (Æneid. i i 3verf. 288)
! parle de la première manière :
. . . . '. . . . Corporafaltu.
Subjiciunt in. equps.....
Pour rendre cette manière plus aifée, on dreffoit les
chevaux à s’agenouiller. (Pollux.3 lib. 1 , fegm. 2 13 .)
Silius Italicus peint le cheval de Cloelius , s'inclinant
auprès de fon maître, bleflTé à la bataille de Cannes ,
comme s’il eût voulu favoriferTa fuite (lib. 10, ver/. 465) :
Inde inclinatus colla, & fubmijfus in armos ,
jDe more inflexis pr&bebat feandere terga
•Cnuribjts..*...
Une lampe trouvée à Herculanum (tom. V I I I , pag. 114 )
préfente un cheval dans cette attitude. On le voit ici fous
le n°. 4 , Pl. LXXX.
Xénophon (de Equitatu, c. 7 , n°. I ) , parle d’ une
autre manière de monter à cheval à: l’aide de la lance.
Cette expreffion avoit toujours été mal interprétée : on
Tavoit crue fynonyme dë celle-ci : Du côté de la lance ,
c’ eft-à-dire , du côté droit;.Mais Winckelmann a expliqué
C Monum. antic. n°. 202 ) une pierre gravée de Stofch ,
que l’ on voit ici au n°. y , Pl. L X X X , & qui donne
l’ intelligence parfaite du texte de Xénophon. Au bas de
la lànce d’ un cavalier, eft fixé un crampon fur lequel il
place fon pied.droit ,.& l’élève à la hauteur du genou
du cheval.
Equités, defultores } fauteurs qui paffoient d’un cheval
fur un autre. Chez les Indiens, les Scythes & les
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