
cription. Comment l’avoit-il donc reconnu ?..... D’ après
la ftatue de Manies, qui eft au Capitole. Mais cette ftatue,
comme l’avance Faber (Imag. llluftr. Virorum) , avoit à
fes pieds une boîte ronde , deftinée à mettre'des rouleaux
d’écriture ; ce qui eft un fymbole ordinaire des fénateurs
ou des favans, & Ma à us n’étoit ni l’un ni l’autre. C ’ eft
avec aufli peu'de fondement qu’on a donné le nom de
Manus aux têtes du palais Barberini & de la villa Ludo-
vifi, ainfi qu’ à la ftatue aflife de la villa Négroni, qui a
été dans le muféum Pio-Clémentin , & que M. Vifconti
a reconnue pour Ménandre. Elle eft aujourd’hui dans Je
mufée français. (P/. X X / , n°. 4 .)
SYLLA. Les médailles de la famille Corr.el'a nous
préfentent le portrait de ce Romaiii, célèbre par fes v ictoires
& fes proferiptions. C'eft d’après ces mônumens-
inconteftables que l ’on a reconnu un bufte de bronze
trouvé dans les fouilles de Portici., & qui eft plaèé dans
la, colledlion d’Herculanum. ( Tom. V , pag 1-47. ) On
voit dans le muféum de Florence une très-petite* ftatue de
Sylla, dont la dénomination paroît peu fondée (Statue').
(P L X X I ,
POMPÉE. Cette belle tête du défenfeur du Sénat, &
non d’un défenfeur du peuple romain, eft prife d’une-
pierre grayée du muféum français. (Mariette 3 tom. I I ,
pl. X L 1I. ) Sa reflemblance avec la tête des médailles du
grand Pompée n’eft pas douteufe. On ne peut pas en
dire autant de fa ftatue qui eft au palais Spada. l es
éditeurs milanais de YHijt. de l'A n ont fait connoître
une belle ftatue de Pompée en marbre blan c , plus
grande que nature, que l’ on voit dans la villa de Çaftel-
la z z o , près de Milan. Elle eft nue , à l’exception d’ une
draperie qui, de l’épaule gauche, pend jufqu’à terre.
Elle a été tranlportée de Rome, & elle a été reftaurée
en plufîeurs endroits. (Pi. X X I , n°. 6. )
CICÉRON. Winckelmann ( Hift. d e 'l'Art , liv. 6 ,
chap. y ) , après avoir examiné tous les monumens que
l ’on croit repréfenter le Démofthène romain, fait, pour
'éclairer cette difeufli on , l’obfervation fuivante : Plutarque ,
eft le premier écrivain qui ait dit que le célèbre orateur I
fut furnommév Cicero à caufe d’un porreau qu’ il avoit fur
le nez , & ^ qui reffemblo'it à un pois chiche , cicer.
Prifcien a répété cette alfertion. Mais Pline l’ancien,
■ qui écrivoit avant Plutarque, dit flib. 18, cap. 3) que
les Fabius , les Lentulus, les Cicérons, avoient été ainfi
appelés du genre de légume. qu’ ils favoient le mieux
cultiver......N Cognomina..... jam Fabiorum, Lentulorum,
Ciceronum , ut quifque aliquod optimè genusfereret. Que
penfer à préfent de la ftatue du Capitole, au nez de
laquelle on a incrufté un pois chiche ?
On regarde le bufte du palais M attéi, qui porte lé
nom de Cicéron gravé fur la bafe , comme fon véritable
portrait, parce que l’ infeription eft antique. A la vérité,
le n e z , les lèvres & le menton font des reftaurations
modernes. On le voit ici. ( PI. X X , »°*. 3 ,4 . ) -
Il eft tire des Monumenù Matth&iana (tom. I I , tab. 10
& 11 ). La reftauratidn eût été mieux faite fi le fculpteur
avoit connu les deux pierres gravées de la galerie de-,
Florence (tom. I , tab. 4 1 , «Gs. 2 , 3 ) , dont une eft ici
defîinee. (P/. X X I I , n°. 1 . ) Le baron de Stofch , en
les voyant, dit qu’elles reflèmbl oient au bufte de Cicéron
du palais Mattéi, & à la tête que lui-même avoit publiée
(tab. 27) avec le nom du graveur Diofcoride. EPaprès
ce la , ce prétendu Mécène de Diofcoride, <k celui d e .
Solon, que l’on verra, plus bas , font les véritables portraits
de l’ orateur romain.
J’ajouterai que toutes les médailles fur lefquelles on a
vu ou cru voir la tête de Cicéron font fuppofées, excepté
celles de Magnifie dé I y d ie , où on lit en grec autour
d’ une tête qui a l e nez droit (non aquilin ) : Man us
Tullius Cicero. Lambecius ( BibLCuf Vindob tom. I l ,
pog. 726 ) , Liébe ( Gotha Numarid, cap. y , n°. 21 ) , &C.
ont voulu en prouver la vérité.
TITE-L IVE . Mariette (tom. I l , pl. X L V I ) a cru
reconnoître dans cette t ê te , qui eft dans la colléétion
des pierres gravées de la République françaifê, les traits
de l’hiftorien de Rome, de 1 immortel Tiu-Liye. Gro-
novins (Thefaur. A n -if grue. tom. 111 ) , a publié une
tête femblable d’après le bas-relief d’un tombeau trouvé
à Padoue, fur lequel étoit gravéé cette infeription:
T . LIVIUSL1V 1AE T . F. Q U ARTA E L. HALYS. Mais
il a laifle appercevoir fes doutes fur le Titus Livius dont
parte cette infeription : je filmai fon exemple. (PL X X I I ,
« ° .2 .) ■
^ MARC-ANTOINE. Le portrait de l’ efclave de Cléopâtre,
que l’ on, voit ic i, eft pris d’une pierre gravée' du
Muféum Florentinum. (Gem. I , tab. 42., n°. 12. ) Il ref-
femble parfaitement aux médailles de çe triumvir, dont
les débauches feront connues de la poftérité là plus
reculée, parce que l’éloquence de Cicéron leur a donné
une éternelle, mais déplorablecélébrité. (PI. X X I I , n°. 3.)
CLEOPATRE. On trouvera fa tête avec celles des
Rois barbares, après les têtës romaines.
LEPIDE. Un bufte de b ronze, déterré dans les fouilles
de Portici (Herculan. tom. V,pag. i y i ) , & qui reffemble
aux médailles confulaires de ce triumvir , nous préfente
fon portrait. Voilà cet homme fans talefts, fans energie,
que la bizarre fortune fe plut à, élever, qui fut deux fois
conful,-grand pontife, triomphateur fans avoir combattu,
commandant de trente légions fans aucune conrioiflànce
de l’art militaire, triumvir & maître du fort de .fes deux
collègues fans en faveir profiter> enfin, qui traîna une
longue vieilleffe dans la honte & le mépris. (Pl. X X I I ,
.? • 4 - ) . .
JULES-CÉSAR. Cette belle' tête étoit dans la collection
des pierres gravées du Palais-Royal (tom. I I ,
pl. X IX y , qui appartient aujourdhüi à l’Empereur des
Ruflïes. Ce Romain fut l’un des plus grands-hommes
dont l’Biftoire ait confervé le fouvenir , par la réunion
des talens militaires & de l’art d’écrire..;.. Mais il donna
des fers à fa patrie ! On ne connoiflbit de véritables
portraits de Céfar qu’un bufte coloflal au palais Farnèfe
& la ftatue du Capitole i car le bufte du Capitole n’a
pas'd’authenticité. Mais on voit aujourd’h u i, dans le
muféum Pio-Clémentin, un bufte très-beau de Jules-
Céfnr. (Pl. X X I I , n°. 6 .)
-MARCUS JUNIUS BRUTUS. Les médailles fur lefquelles
font placés, d’un côté, la tête de Brutus, & de
l’autre le bonnet de la Liberté, avec la légende, ID.
MART. les Ides de mars, jour de la mort de Céfar ,
ont fait reconnoître le vengeur de la liberté fur une
pièrre gravée ( Muf. Florent. Gem. 1 , tab. 1 , n°. 9 ) du
muféum de Florence. ( Pl. X X I I , n°. y. ) Le muféum
français renferme un bufte en marbre tiré du Capitole.
VIRGILE. Une tradition fort ancienne a fait donner
le nom du chantre d’ Enée à une tête couronnée de laurier
, devant laquelle étoit placé un mafque porté fur un
piédeftal- Fulvius Urfinus a publié cette médaille que
oerfonne n’a vue depuis, & que l’ on croit fâuffe. Le
mafque avoit fait croire à Fortunio Liceti (Gem. antiq.
cap. 118 ) , que çe.portrait étoit celui d’ un poète comique
où d’un poete tragique. Mais Gronovius & Gori ( Muf.
Florent. Gem. /, tab. 43 , n°. 7 ) penfent qu’il rappelle
les Mânes,pour faire allufion à la defcription des enfers,
qui eft dans l’Enéide. Quoi qu’il en fo it , je donne ici la
tête de Virgile d’après la pierre gravée du muféum de
Florence, fur laquelle Gori l’a cru reconnoître. ( P l
X X I I I , n ° . 1 .) '
. AUGUSTE. La collection du Palais-Royal (tom. I l ,
pl. X X I I ) m’a fourni cette tête à’Augufie. Les traits font
les mêmes que ceux du beau médaillon d’ or qui a été
trouvé dans les ruines d’Herçulanum. En vain l ’heureux
Augufte combla-t-il de faveurs les p oètes, afin que fon
nom ne parvînt à la poftérité qu’entouré d’éloges 5 le
burin de l’Hiftoire a eternifé les crimes d"Octave, c’eft-
à-dire, l'aftaffinat de Cicéron & les proferiptions exécrables.
On voit au Capitole deux ftatues à’Augufte -, l’ une
le repréfente en fénateur affis, & l’antre nu, à l’héroïque.
Dans le muféum Pio-Clémentin, on confervoitune ftatue
antique, revêtue de la to g e , fur laquelle on a placé
une tête antique d’Augufte : elle étoit à Venife dans le
palais Giuftiniani, & aujourd’hui elle eft dans le muféum
français. Il y a dans le muféum Pio-Clémentin une autre
ftatue qui repréfente Augufte facrifiant, & qui vient des
fouilles d’Otricoli, l’ancien Ocriculum. C e t Empereur
y paroît auffi nu,"à l’héroïque : cette ftatue étoit dans le
palais Vérofpi. Les têtes & les buftes d3Augufte font
communs. On voit dans le muféum Pio-Clémentin un
beau bufte couronné d’ épis, qui étoit autrefois à la villa
Mattéi, & un autre bufte qui repréfente. Augufte vieux.
Sa tête coloflàle fe voit à la villa Mattéi, & une de fes
têtes eft dans le Capitole. Sa tête couronnée de chêne,
qui orne le muféum français, fe voyoit au cabinet Bévi-
lacqua de Vérone : il y en a une dans la bibliothèque de
Saint-Marc à V en ife, & trois femblables font à la villa
Albani. On voyoit à la bibliothèque du Vatican une
belle tête d 'Augufte, gravée fur une calcédoine de. plus
de deux décimètres de hauteur. (P L X X l i l , n°. 2. )
MÉCÈNE. Parmi les têtes de divers âges & de di-
verfes formes auxquelles le nom de Solon eü joint fur
les pierres gravées , & que l’ on avoit prifes jufqu’au
• commencement du dernier fiècle pour les portraits du
•légiflateur d’Athènes, on diftingue celle-ci (PL X X I I I ,
n°. 3 ) , qui eft gravée fur une pierre du Palais-Royal.
( Tom. I l , pl. X X . ) Solon eft le nom du graveur , &
non celui du perfonnage. Le duc d’Orléans,. régent,
remarqua & corrigea l’ erreur des antiquaires. Depuis
cette epoque, on crut y voir le portrait de Mécène. Mais
le baron de Stofch y a reconnu celui de Cicéron, diaprés
le bufte du palais Mattel, qui eft gravé dans ce R ^ ie il.
(P L X X , nos. 3 & 4. K
MARCUS AGRIPPA. Une pierre gravée du muféum
de Florence ( Gem. I , tab. 2 , n°. 7-) nous préfente le
gendre d’Augufte. Cette tête.reflemble parfaitement aux
médailles d’Agrippa. Elle repréfente ce favori d’Augufte,
qui eut le courage de lui confeiller d’abdiquer l’Empire
<k de rendre à Rome fon ancienne liberté. Sénèque
(Epift. 94) en a fait un bel éloge , que l’Hiftoire confirme
en tout point : M. Agrippa, vir ingentis animi, qui
folus ex his , quos civilia bella claros potencefque fecerunt,
felix in publicum fuit. « Seul entre tous ceux que les
» guerres civiles ont rendu célèbres & puilfans , ce
.33 grand-homme eut le bonheun de procurer le bien
»3 public. 33 On voit fa tête coloflàle au Capitole, & une
ftatue héroïque dans le palais Grimani, à Venife. (P L
X X I I I , n°. 4.)
L IV IE , femme d’Augufte, célèbre par fa'diflimulation
& par fa crüauté. Calîgula la nommoit Ulyfle déguifé.
Le defir de voir régner fon fils , Tibère la porta à faire
périr tous les fuccefleurs immédiats de fon mari, le jeune
Marcellus, les Céfars Caïus & Lucius. Elle eflaya même
d’empoifonner fon époux , &. cependant elle mourut
tranquillement dans fon lit. Cette tête eft tirée de la
colle&ion du Palais-Royal. ( Tom. I I , pl. X X V .) On
voit dans le muféum Pio-Clémentin une ftatue de Livie ,
qui la repréfente fous l’emblème de la Piété. (PL X X I I I ,
JULIE. On voit dans la colleftion d.es antiques de la
République françaifê (Mariette, tom. 11, pl. L V l ) , cette
tête de la ,belle & fpirituelle Julie, fille d’Augufte, &
l’ objet de fon amour fi l’ on en croit Calîgula 5 elle fut
un inftant l’ époufe du jeune Marcellus'5 plus long-tems
celle d’Agrippa, & jufqu’ à fa mort celle de Tibère. Ses
débauches ont flétri fa mémoire, & ont empêché de
donner des larmes à fa fin funefte. ( PL X X I I I , n°. 6. )
TIBÈRE. Le modèle de Louis X I 3 le plus diflimule ,
le plus perfide des hommes paroît ici. La collection du
Palais-Royal ( tom. I l , pl. X X V I ) renferme cette tête ,
qui reflemble parfaitement aux têtes des médailles de
Tibère. (PL X X IV , n°. I . ) ' ,
; Le nom de Tibère réveille l’idée des débauches lès
plus horribles, qu’ il n’ a pas eu honte de confacrer fur
: des médailles appelées fpintrU.
î On voit à la villa Borghèfe une tête plus grande que
i nature, & une ftatue demi-nue de Tibère. Deux têtes du
! Capitole le repréfentent âgé ; mais la tête de la ftatue ,
qui eft dans la villa A lb an i, le repréfente jeune. On voit
aufli une tête de Tibère dans le muféum Pio-Clémentin >
& dans le muféum français , une tête en bronze prefque
coloflàle. Là fe-trouvent la ftatue avec la toge , déterrée
dans.file de Caprée, ftatue qui étoit au Vatican, & le
bufte de la villa Albani,
GERMANICUS. Les médailles de ce héros ont feryi
à caraélérifer deux pierres du muféum de Florence.
(Gem. I , tab. 4 , n°. j , & Gem. I l , tab. 9 , n°. I. ) Ç ’elt
fans doute aufli d’après elles que l’ on avoit donné le
nom de Germanicus à une ftatue de la villa Montalto
(appelée depuis Négroni) , que Louis XIV fit placer
dans la galerie de V erfailles , & qui èft à Paris dans le
muféum français. Elle eft nue : une draperie eft fuf-
pendue à fon bras gauche, & tombe fur la tortue qui eft
fculptée fur la plinthe. On peut douter que cette ftatue ,
qui eft véritablement antique, & la feule peut-être qui
n’ait aucune reftauration ( f i l’on excepte deux doigts-
d’une m ain ), repréfente Germanicus. Mais on a trouvé
dans les fouilles d’Otri.coli, une ftatue qui préfente les
traits de ce Prince.infortuné. On voit au Capitole une
très-belle tête de Germanicus. Vifconti reconnoît, dans
la "ftatue du prétendu Germanicus , quelque orateur